Blogue de Lyne Robichaud

11 août 2009

Les dernières volontés


Quelques mois se sont écoulés depuis le 27 avril dernier, date où l’Organisation mondiale de la santé est passée en Phase 4 d’alerte. [Personnellement, je considère que la pandémie a débuté à peu près à cette époque. Étant donné que les instances gouvernementales accusent toujours un certain décalage (retard) par rapport à la réalité, il fait sens à mes yeux de fixer les débuts pandémiques à ce moment.]

Mai, juin, juillet, et maintenant août. Nous avons été submergés par une marée de nouvelles. Même si le nombre d’articles de presse a considérablement augmenté (par rapport à la période appelée «flu fatigue»), l’abondance est illusoire. Cela ne parle pas encore vraiment des vraies affaires, et nous restons sur notre faim, en quelque sorte, espérant toujours que les autorités mettent de côté leur peur, et se décident enfin à affronter la réalité. Ce qui fait que, fidèles à nous-mêmes, nous ramons toujours dans l’océan de publications – toutes les langues réunies - pour tenter de définir un portrait réaliste de la situation. Une chose est certaine, la vraie situation ne correspond pas à l’image à laquelle tentent de nous faire croire les autorités.

La communauté de pratique francophone flublogienne est demeurée active au cours de la période estivale. Les billets se sont faits moins nombreux, mais les échanges en privé se sont considérablement multipliés. Certaines personnes ont eu l’impression d’avoir tout dit et sont restées bouche bée devant le spectacle officiel, d’autres se sont senties impuissantes et auraient souhaité pouvoir rajouter des années au temps, afin que puissent être complétés les préparatifs sociaux (qui n’ont jamais en fait vraiment débuté).

Toutes et tous s’entendent sur un point et partagent le même sentiment: la vie est précieuse et il faut en profiter au maximum, pendant qu’il en est encore temps. Les amis m’ont raconté à quel point ils s’en sont donné à cœur joie, déposant, le temps d’un été, le lourd fardeau de la vision de ce qui s’annonce.

Une amie chère, qui a le même âge que moi, a dressé la liste de toutes les choses qu’elle souhaitait faire avant de mourir. Elle a bravement sauté en parachute de 10,000 pieds dans les airs. Pendant ce temps, j’étais en bas (solidement sur la terre ferme), la regardant gracieusement flotter dans le vent, tel un papillon, profondément émue, les yeux embués de larmes.

Peter M. Sandman

Dans Zonegrippeaviaire, ces derniers mois, un travail remarquable de traduction a eu lieu, concernant les billets du communicateur de risque Peter M. Sandman: je lève mon chapeau à Gaby et souligne son travail de longue haleine et ses nombreux efforts. Admirable, Peter M. Sandman continue de se battre et d’argumenter (longuement!). Il est trop tard pour mettre sur pied une campagne de préparatifs sociaux: la plupart des membres du Flublogia l’ont deviné, et ce, dès le mois d’avril dernier. La blogueuse américaine et colorée Catherine Mitchell avait alors déclaré: «La fenêtre des préparatifs s’est refermée.»

Mai, juin, juillet, et maintenant août. Nous avons mis de l’ordre dans nos affaires, nous nous sommes efforcés de nous préparer à affronter le spectre de la pandémie au mieux de notre intuition et de nos connaissances – acquises pour la plupart d’entre nous sur le tas, à force de partage d’informations et d’idées, avec la communauté de pratique flublogienne du monde entier. Nous avons passé en revue nos dernières volontés, et célébrons maintenant la beauté de la vie, savourons chaque petit instant de bonheur, de soleil et d’amour, faisons le plein d’énergie, et amassons tout ce que nous pouvons de courage, devant le grand Inconnu.

1 commentaire:

myramir a dit...

tu es très forte, une battante, et tu remues des montagnes, j'admire sincèrement
Myriam

 
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