Blogue de Lyne Robichaud

27 août 2011

Changement de culture et voix du Québec

Ces vingt derniers jours, je n'ai pas blogué. Je suis plus silencieuse que d'habitude (même que j'ai perdu un point Klout ces trois dernières semaines). Le rejet du projet Gouvernement ouvert et Francophonie par IDÉtr, et leur refus de me rencontrer en personne, m'ont considérablement ébranlée.

Ma semaine du 22 août a été parsemée de plusieurs éléments qui ont attiré mon attention, que je partage avec vous.

J’ai noté un petit geste de l’équipe @GautrinWeb2, que j'interprète comme une amorce de changement de culture, ce qui permet d’entrevoir avec espoir que le Québec est en VOIE d’affirmer sa VOIX (en matière de gouvernement ouvert). Et aussi de trouver prochainement une solution à mon dossier. Espérons-le!

ESPOIR ET OPTIMISME, LE LEGS DE JACK LAYTON
Tout d'abord, je désire souligner le départ d'un grand politicien, qui laisse un vide dans le paysage politique canadien. «En travaillant pour le changement on peu effectivement provoquer le changement. L’espoir est meilleur que la peur. Gardons espoir et restons optimistes. Et nous changerons le monde». Jack Layton, le chef de l’Opposition du Canada, a écrit ces encouragements dans une lettre d'adieu deux jours avant son décès. Cette lettre a bouleversé des milliers de citoyens, moi y compris. Cette lettre demeurera gravée dans le cœur des Canadiennes et des Canadiens. J’ai appris l’annonce du décès de Jack Layton lundi matin, en surfant dans les médias sociaux sur mon iPhone, de retour d’une rencontre avec le député de Maskinongé. Les funérailles nationales de Jack Layton ont été célébrées ce samedi après-midi (27 août), au Roy Thomson Hall, une salle de spectacles de Toronto (Ontario).

INTERVENTION DU DÉPUTÉ DE MASKINONGÉ
J’essaie toujours d’obtenir un appui des autorités québécoises au projet Gouvernement ouvert et Francophonie, malgré une décision défavorable de Innovation et développement des affaires de la Ville de Trois-Rivières (IDÉtr). J’ai demandé une révision de leur décision, et le directeur général de IDÉtr a souhaité prendre auparavant conseil auprès de la députée de Trois-Rivières. Mme Danielle St-Amand a transféré le dossier au député Jean-Paul Diamond, député de Maskinongé, le 16 août. Puisque IDÉtr ni la députée de Trois-Rivières ne m’ont accordé de rencontre (IDÉtr a pris une décision sans même m'interroger et me permettre de répondre à leurs questions), j’étais vraiment contente que Jean-Paul Diamond accepte de me parler en personne le 22 août dernier.

Mon objectif de rencontre avec le député de Maskinongé est de trouver une solution de démarrage du projet international de déploiement du gouvernement ouvert à travers la Francophonie.

M. Diamond a indiqué qu’il acceptait de s’occuper de ce dossier.

J’espère qu’il se créera rapidement une sorte de tandem entre M. Diamond et le leader parlementaire adjoint du gouvernement, Henri-François Gautrin, qui pilote depuis octobre 2010 une analyse en cours sur le potentiel du Web 2.0. Le rapport final de cette analyse est attendu le 15 décembre 2011.

Le projet Gouvernement ouvert et Francophonie a été présenté il y a sept mois au gouvernement du Québec en février 2011. Il reste encore quatre mois avant le dépôt du rapport final de Henri-François Gautrin. Comment faire pour accommoder le démarrage de ce projet, avant la fin de l'année?

Pour le moment, aucune solution n'a encore été proposée, mais je tiens à souligner les efforts de messieurs Diamond/Gautrin pour tenter d'en trouver.

LA COLOMBIE-BRITANNIQUE EXPÉRIMENTE AVEC UN NOUVEAU TYPE DE LEADERSHIP
Pendant que les mois s’écoulent et que je demeure dans l’attente d’un engagement de la part du gouvernement du Québec (depuis le début de l’année), Christie Clark a eu le temps d’être élue à la tête du gouvernement de la Colombie-Britannique, déclarer son intention de devenir la première ministre la plus branchée au Canada, déclarer l’implantation d’un gouvernement ouvert, (entre autres) lancer la première plate-forme provinciale de données ouvertes avec un nombre impressionnant d’ensembles de données (juillet 2011) et produire cette remarquable vidéo sur le gouvernement ouvert (http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=3pq6V40uQYY#).

Cette semaine, le chevronné @fusedlogic a reçu Stephanie Cadieux, la ministre du Travail, des Services aux citoyens et du Gouvernement ouvert à l’émission Gov2TV. L’hôte de cette émission est Walter Schwabe. Il parcourt le monde pour découvrir comment le gouvernement utilise la technologie en ligne et l'Internet pour devenir plus transparent, efficace et réactif.

L’éditeur de gouvernement ouvert de O’Reilly Media, Alex Howard alias @digiphile a gazouillé cette déclaration de la ministre Cadieux: "To tackle problems, we need to engage the hearts, the souls, the minds of the smartest people" --- «pour s'attaquer aux problèmes, nous devons engager les cœurs, âmes, et esprits des personnes les plus intelligentes». Voir le billet de @digiphile à ce sujet: http://radar.oreilly.com/2011/07/british-columbia-open-government-data.html.

Avec cette déclaration, je trouve que la Colombie-Britannique se rapproche d'un style de soul of leadership, approprié dans un contexte de gouvernement ouvert. La Colombie-Britannique commence à décoder l'alchimie du cœur et d'un grand leadership.

Un véritable leadership commence au niveau spirituel. Il ne s'agit pas de popularité, de puissance ou d'entassement des profits, mais de réussir à parvenir à écarter l'égo de la route afin que les personnes qui composent une organisation puissent servir le plus grand bien. Une femme ministre, et de surcroît une personne en fauteuil roulant, a peut-être davantage de conscience et de chances d'exercer ce type de leadership?

Un accident de voiture à l'âge de 18 ans a changé le cours de sa vie. «J'ai les mêmes rêves que tout le monde, les mêmes chagrins... Sauf que j'utilise un autre mode de locomotion», a indiqué Mme Cadieux. Cette autre façon de se déplacer lui a permis de développer son cerveau pour penser autrement, ce qui pourrait expliquer qu'elle puisse envisager de diriger autrement.

«Dans notre monde toujours plus interconnecté, nous avons appris que ni le gouvernement ni le secteur privé peuvent trouver seuls des solutions aux problèmes. Nous devons travailler en partenariat et nous devons «gérer avec l'âme» pour atteindre nos objectifs communs», indique Deepak Chopra dans son récent livre.

Cette déclaration de la ministre Cadieux contraste avec la réponse que j'ai reçue de IDÉtr. On m'a dit que je suis «trop bonne». Il s'agirait d'une des raisons du rejet de mon projet.

LA RÉPONSE DE LA CHEF DE L’OPPOSITION
Le 23 août, j’ai assisté à Trois-Rivières à la première assemblée citoyenne organisée par le Parti Québécois. Mme Marois a dit qu’elle souhaitait «redonner de l’intégrité au gouvernement, en faisant le ménage des institutions gouvernementales ce qui devrait redonner de la confiance aux citoyens, en éliminant la bureaucratie et le dédoublement des structures.» Tout cela pourrait être atteint par le biais d’un gouvernement ouvert. J’ai demandé à la chef de l’opposition, Pauline Marois, d’aller plus loin dans ses réflexions, en adoptant la philosophie du gouvernement ouvert. Elle a répondu qu’il «ne faut pas négliger ces questions, mais que cela prendra une révolution». Il y a lieu d’espérer que le Parti Québécois développe une approche de gouvernement ouvert et qu’aient lieu des interventions de membres de l’opposition officielle à l’Assemblée nationale cet automne, en lien avec le mandat d’analyse sur le potentiel du Web 2.0.

AMORCE VERS UN CHANGEMENT DE CULTURE, ET LA «VOIX» DU QUÉBEC
Visitez, commentez, suggérez des idées et votez pour des idées http://www.consultationgautrinweb2.gouv.qc.ca.

Le vent tournerait-il? Il y a lieu de le croire.

Premièrement, on m’a accordé une audience. Le député de Maskinongé à accepté de me rencontrer le 22 août, et a dit qu’il allait se pencher sur mon dossier. Une fenêtre de collaboration pourrait s’ouvrir.

Deuxièmement, l’équipe Gautrin commence à reconnaître les initiatives de citoyens. En fin d’après-midi, vendredi (26 août), l’équipe @GautrinWeb2 a gazouillé ceci, à @CapitaleOuverte: «Bravo pour votre initiative et votre engagement!»
(http://twitter.com/#!/GautrinWeb2/status/107146160023670784)

Je considère que ces félicitations sont une marque de reconnaissance des efforts d’un "grass-roots movement" déployés par des citoyens, pour que la Ville de Québec libère ses données. Cela pourrait être lu comme étant un pas vers le «changement complet des mentalités», qui est nécessaire à l’articulation d’un gouvernement ouvert, a déclaré Henri-François Gautrin, dans un reportage du 9 août de la SRC à propos de son mandat d’analyse.

En mode veille, être à l’écoute signifie s’efforcer d’aller au-delà des attentes, afin de créer un environnement propice à l’évolution. Se contenter de recueillir les idées sur la plate-forme de consultation, ce n’est pas suffisant. Les citoyens le font sentir depuis le début de la mise en ligne de la consultation publique, dans leurs commentaires et gazouillis.

Une démonstration de reconnaissance constitue un excellent point de départ.

Celles et ceux qui suivent avec intérêt les travaux de l’équipe Gautrin espèrent qu’une stratégie, un plan d’action, ou des éléments de vision, leur soient dévoilés, d’ici au 15 décembre prochain. Quelque chose - quelque espoir - à quoi s’accrocher, qui permette d’entrevoir vers quoi s’enligne la vision de Henri-François Gautrin.

La «voix» d'une organisation est révélatrice de sa culture. La culture organisationnelle, dans le domaine des études organisationnelles et de la gestion, est décrite comme étant la psychologie, les attitudes, les expériences, les croyances et les valeurs (valeurs personnelles et culturelles) d'une organisation. La culture organisationnelle est définie aussi comme «la collecte spécifique des valeurs et des normes partagées par les personnes et les groupes dans une organisation et qui contrôlent la façon dont ils interagissent les uns avec les autres et avec les intervenants à l’extérieur de l'organisation.»

Veuillez noter que cette définition met l'accent sur la façon dont les personnes interagissent les unes avec les autres ainsi qu’avec les intervenants extérieurs à l'organisation. L'interaction entre les gens est en grande partie facilitée par les communications. Les communications se traduisent par des attitudes, des actions et le ton des conversations. De nos jours, les attitudes, gestes et ton des conversations sont devenus «open source», alimentés par la puissance des médias sociaux.

Les gens (pour un gouvernement, des employés, des citoyens) consistent en la puissance de toute organisation, et à moins d’être investis d’empowerment individuel, ces gens se sentent impuissants.

Unifiés autour d’une cause, d’une mission ou d’un objectif commun, des personnes peuvent et vont faire des choses hors du commun. Des choses peu fréquentes - telles que vaincre l'impossible, explorer l’inattendu et sortir hors du cadre, de ce qui n’est pas planifié -, de ces choses, en marge de situations rares, survient l'innovation.

Je considère que davantage de communication ferait le plus grand bien à tout le monde, en ce qui concerne le projet GautrinWeb2. J’ai proposé trois axes simples à développer à M. Gautrin cette semaine.

Le premier ministre Jean Charest a initié une démarche, en octobre 2010, en confiant un mandat d’analyse à Henri-François Gautrin. Le premier ministre est directement responsable des dossiers jeunesse. Des communiqués fréquents d’ici à la fin de l’année seraient souhaitables.

Si les dirigeants gouvernementaux ne parviennent pas d'abord à changer leur propre culture (ou pour reprendre les mots de Henri-François Gautrin, à instaurer un «changement complet des mentalités»), ils ne parviendront pas à puiser dans les «open source» de la culture des médias sociaux. Tenter de le faire, sans préalablement modifier leur propre culture, est une voie vers l'échec.

Par conséquent, des démonstrations tangibles de changement de culture sont souhaitables, dès maintenant.

Par ailleurs, la «voix» du Québec doit s’affirmer au cours des prochains mois, notamment par:
- La mobilisation des citoyens à participer à l’analyse sur le potentiel du Web 2.0 et à collaborer avec le gouvernement;
- La mobilisation de ses propres institutions gouvernementales, ainsi que la mobilisation des municipalités du Québec, à s’engager dans une démarche conduisant à la libération des données et à l’adoption d’une gouvernance ouverte;
- Se rallier aux autres gouvernements déjà engagés dans cette voie dans l’espace canadien;
- La mobilisation des pays ayant le français en partage en leur proposant d’adopter le gouvernement ouvert comme mode privilégié de gouvernance (via le projet Gouvernement ouvert et Francophonie);
- Se rallier aux autres gouvernements à travers le monde, notamment en développant un volet complémentaire francophone au Open Government Partnership.

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DERNIÈRE HEURE --- 8 septembre 2011
RÉPONSE FINALE DU GOUVERNEMENT
Le député de Maskinongé, Jean-Paul Diamond, a répondu le 1er septembre 2011 ceci: "Il n'y a pas de solutions. Il n'existe rien au gouvernement du Québec qui permette de démarrer ce projet".

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