L’œuvre Eros Bendato a été réalisée par Igor Mitoraj, un artiste polonais, connu pour avoir provoqué de vives polémiques. Il s’inspire de la statuaire antique pour illustrer la nature humaine et ses imperfections. Ses sculptures sont délibérément blessées ou écorchées. Adriel Hampton (e)ADRIEL nous l’a fait découvrir le 22 septembre dernier, via Flickr, lors d’un déplacement à St.Louis, aux États-Unis. J’ai constaté par la suite qu’il existe plusieurs autres Eros Bendato, situés un peu partout dans le monde, dont à Vancouver, au Canada, et à Cracovie, en Pologne.
Eros Bendato est une sculpture en bronze d’une grande puissance, qui ressemble à un fragment d’une statue de Eros, le dieu de l’amour. C'est une critique de la civilisation contemporaine et une intense mise en garde.
Précarisation des relations amoureuses
La tête arrachée du dieu Eros nous fait réfléchir sur l’état actuel des relations hommes/femmes.
Dans toutes les sociétés les sociétés développées, la montée de la solitude est devenue un phénomène social majeur. Alors que les interactions entre les individus sont permanentes, de nombreuses personnes éprouvent un sentiment douloureux d’isolement. Plusieurs personnes font le choix de vivre seules. Cette réalité est le fruit d’une profonde mutation des rapports hommes/femmes, encore inaboutie.
Si les femmes ont enfin obtenu une autonomie nouvelle, dans le travail comme dans la sexualité, cette indépendance n’a pas encore été pleinement intégrée dans les mentalités. D’où une crise des rôles masculin et féminin et une précarisation des liens intimes: un mariage sur deux se termine par une rupture, surtout à l’initiative des femmes.
Illusions de la communication et du virtuel
Dans la vie réelle, il existe de moins en moins de lieux d’échange et donc de rencontres fortuites. Dans les grandes villes, les gens sont proches les uns des autres, mais ils ne se rencontrent pas. Ainsi, pour sortir de son réseau familial ou amical, il ne reste qu’Internet. L’explosion des médias sociaux coïncide ainsi avec une crise structurelle des relations homme/femme, de même qu’avec un durcissement des relations de travail.
La solitude n’est pas toujours perçue comme telle, car elle peut être masquée par des rencontres (croiser beaucoup de gens, sans nécessairement ressentir quelque chose de significatif) et de l’agitation.
J’ai été très surprise que William James Pitcher (e)RZR pose aujourd’hui la question suivante sur Facebook, puisque je réfléchis justement à ce sujet ces derniers jours : «Do you ever have days where you feel that social media makes you less social?»
Les informations sont de plus en plus nombreuses, mais aussi de plus en plus fractionnées. Le problème est que toutes nos connexions sont saturées et qu’il y a plus de place pour un territoire intime. On échange de l’information, mais l’incommunicabilité est devenue la règle. Notre esprit se dilue dans la surinformation, et nous perdons l’esprit critique et une sensibilité envers Autrui. Nous croyons communiquer beaucoup, mais nous ne le faisons le plus souvent que d’une façon rapide et superficielle. Toutefois, un échange profond nécessite du temps.
La véritable intimité implique avant tout de la disponibilité, la capacité à repérer si l’autre va bien ou non. Au lieu de cela, nous fuyons tout face-à-face avec nous-mêmes et avec les autres par des communications où nous n’échangeons aucunement.
Fin de l’épaisseur
Avec l’accélération du temps et l’impatience de notre époque, nous manquons d’espace libre pour rêver et pour nous relier en profondeur avec notre entourage. Nous développons ainsi un faux-soi adaptatif, qui amène les personnes à perdre le contact avec leurs véritables sentiments intérieurs, et à vivre une existence dépourvue d’authenticité.
L’œuvre Eros Bendato s’avère une puissante mise en garde que c’est la fin de l’épaisseur, c’est la fin de la profondeur des sentiments. Tout est superficiel, à fleur de peau. D’ailleurs, la peau du dieu Eros est toute écorchée. Tout comme le sont nos cœurs.
Empowerment, maturation
Cependant, la solitude n’a pas que de mauvais côtés. Elle peut apporter énergie et inspiration (empowerment). La capacité de rester seul est une ressource précieuse, qui permet d’être en contact avec ses sentiments les plus profonds et de développer son imagination créatrice. Les expériences de solitude s’avèrent également des expériences d’apprentissage. Un rapport positif à la solitude constitue une étape importante de maturation.
Avec Internet, il devient possible de rencontrer des gens que l’on n’aurait pas croisés ailleurs et avec qui on peut véritablement échanger, même si cet échange ne concerne qu’une facette de nous. Nous pouvons adapter chaque lien aux différentes facettes de notre personnalité. Dans cet état d’esprit, il y aura plusieurs personnes qui compteront, plutôt qu’un être cher unique.
Dans un contexte de gouvernement 2.0, plus d’empowerment individuel constitue une tendance positive. Des individus plus matures seront davantage portés à devenir responsables de leur communauté, à s’intéresser à ce qui se passe dans leur milieu et à s’impliquer activement pour améliorer la qualité de vie de la collectivité.
Le règne de Dragonne
Aujourd’hui, la Dragonne (@dragon_flaming:}~~~ (e)SLEEP) a décroché la première position sur le site Empire Avenue. Je me réjouis qu’elle se soit rendue au faîte du site. Elle véhicule des valeurs d’amitié, de solidarité et d’amour. La communauté qu’elle a fondée il y a quelques jours à peine, The Dragon’s Cave, est un succès retentissant. On y échange en badinant et en s’amusant en construisant au gré des conversations l’univers magique de la Cave. Les liens se consolident rapidement, et des amitiés solides y naissent.
Ma collaboration étroite avec la Dragonne me permet d'observer de plus prêt les effets de la promotion de la chaleur humaine dans les médias sociaux. À The Cave, «Nous sommes des amis. Nous nous apprécions, nous nous aimons. Nous nous soutenons. Ensemble, nous sommes incroyables.»