Blogue de Lyne Robichaud

05 mai 2009

ONU et OMS, accordez vos violons!


Quel(s) pays exerce(nt) des pressions sur Margaret Chan et l'OMS?

Ce matin, la directrice générale de l'OMS a déclaré qu'elle passerait en phase 6 (voir La directrice de l'OMS indique que la pleine pandémie sera déclarée).

Margaret Chan

Quelques heures plus tard, le directeur général de l'ONU, Ban Ki-moon, affirmait le contraire... L'OMS "n'a pas le projet pour l'instant d'augmenter le niveau d'alerte à 6", degré le plus élevé de l'échelle d'alerte, a assuré lundi le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.

Il était accompagné en conférence de presse par David Nabarro, le coordonnateur senior du Système de grippe humaine et aviaire des Nations Unis. Voir ici et ici.

Il faudrait peut-être que les hautes instances de l'ONU et de l'OMS s'efforcent d'accorder un peu mieux leurs violons, s'ils veulent conserver leur crédibilité, en ce début de crise sanitaire mondiale majeure.

Ban Ki-moon

Le Secrétaire-général de l'ONU a annoncé qu'aura lieu dans deux semaines à Genève "une réunion des États, pays donateurs et secteur privé, qui s’inscrit dans les efforts visant une œuvre efficace de la stratégie de préparation."

Attendra-t-on jusque à cette rencontre pour déclencher la phase 6 d'alerte pandémique?

Les coffres de l'ONU ont un urgent besoin d'être renfloués pour passer à travers de la pandémie. Nous pouvons deviner que la crise économique mondiale a probablement dû toucher les budgets de préparatifs de pandémie des nations. Des coupures budgétaires ont fait en sorte que les pays donateurs ont dû diminuer leurs contributions à l'ONU pour la lutte contre la grippe aviaire. À la fin du mois de février 2009, Bernard Vallat, le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE), a indiqué:
"Les informations recueillies sont convergentes. On observe un peu partout à travers le monde une décroissance des budgets publics dans les domaines relatifs à la santé animale, à commencer par les ressources affectées à la surveillance et à la détection précoce des maladies des animaux d'élevage ou sauvages. Beaucoup des 172 pays membres de l'OIE envoient des signaux témoignant d'une baisse de la garde vis-à-vis des menaces sanitaires vétérinaires. Nous ne disposons pas encore de chiffres précis, mais la tendance est manifeste, tant dans les pays en voie de développement que dans les pays développés."

Il doit y avoir des tensions politiques. Cela doit jaser fort dans les couloirs du pouvoir...

Un autre élément a attiré mon attention. Le président mexicain Felipe Calderon a déclaré avoir regretté d'avoir fait preuve d'honnêteté et de transparance: "Je trouve injuste que, parce que nous avons été honnêtes et transparents avec le monde, certains pays prennent des mesures répressives et discriminatoires, fruits de l'ignorance et de la désinformation", a-t-il regretté.

Ajoutez à cette étrange déclaration le fait que le Mexique ne cesse de claironner depuis vendredi dernier que l'épidémie de grippe A (H1N1) recule, et que le pic est passé (alors que cela n'a pas encore été scientifiquement démontré). Des milliers d'articles de presse ont répété cela ce week-end, ce qui a fait en sorte que le public était sous l'impression que l'épidémie régressait, alors qu'en fait elle a progressé, a-t-on pu lire dans d'autres reportages.

Que se passe-t-il donc entre l'OMS et l'ONU? Et entre ces agences et les nations du monde? Des tiraillements majeurs, j'en ai l'impression. La pression doit être très forte pour ne pas basculer dans une pleine pandémie.

Déjà que la crédibilité de l'OMS en prend un coup ces derniers jours parmi la population, ce genre de volte-face pourrait coûter cher en crédibilité. Et ce n'est pas le temps, surtout pas le temps de perdre la face. Peter Santilli (@PeterSantilli) sur Twitter - notez qu'il a le nombre non négligeable de 34,783 followers - a écrit lundi soir (4 mai): "W.H.O. now stands for What Hasn't Occurred."

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