Blogue de Lyne Robichaud

31 mai 2009

Été de mécontentement...

Maryn McKenna

Voici un excellent article signé par Maryn McKenna dans CIDRAP News. Elle y aborde les problématiques de la surveillance des nouveaux virus de la grippe A (H1N1).

Il y a un mois (lorsque l'OMS est passé en phase 5 d'alerte pandémique), David Nabarro a averti sur Facebook que les prochains mois seraient difficiles, lorsque le virus sortirait des écrans radar de la surveillance.

Maryn a brossé un aperçu de ce tableau estival, tout en pointant les différences avec la grippe saisonnière.

Cinamon et Gaby ont fait de l'excellent boulot avec la traduction en français: merci beaucoup!

Le nouveau virus de la grippe peut occasionner un été de mécontentement
Traduction en français (par Cinamon et Gaby) de
"New flu virus may bring summer of discontent"
29 mai 2009 | Par Maryn McKenna | CIDRAP News

23 mai 2009

Mes deux coups de cœur de la semaine: Sandman et Nabarro

Peter M. Sandman

David Nabarro

J’ai deux coups de cœurs à partager avec vous.

Mais tout d’abord, faisons un petit tour d’horizon des derniers développements (et des non-développements).

Ce matin, je me disais que la situation n'avait guère progressé, d'un point de vue POLITIQUE, depuis le 4 mai dernier, date où j'ai rédigé le billet «OMS, ONU, accordez vos violons».

Nous sommes toujours en phase 5.

Aucune décision n'a encore été prise dans les plus hautes sphères de la gestion de pandémie, et personne n'ose encore appeler les choses par leur nom. Alors que le virus de la grippe A (H1N1) se propage dans le monde entier, il ne fait guère de doute que nous sommes déjà dans les premiers stades d'une pandémie généralisée. Néanmoins, nous assistons à un concert de résistance considérable à appeler ce qui se passe une «pandémie».

«Les arguments sur l'état de la pandémie de grippe porcine sont une distraction de la lutte contre l'épidémie», a averti Declan Butler le 21 mai dernier dans Nature.

Comme l'a répété si souvent Henry Niman, le virus de la grippe porcine ne lit pas les communiqués de presse de l'OMS, et ce virus poursuit inexorablement sa conquête de l'espèce humaine, voyageant d'une contrée à une autre. Combien y a-t-il de cas réels? Je suppose que cela doit tendre désormais vers le million de personnes infectées. Le magazine New Scientist a indiqué que des calculs basés sur les débuts du virus ont prédit qu'il y aura un milliard de gens infectés d'ici le mois de juillet 2009. «Les experts de la santé ont expliqué à New Scientist, que sur la base du taux d'augmentation exponentielle calculé peu de temps après que l'OMS ait commencé à compter les cas, le H1N1 pouvait infecter plus d'un milliard de personnes d'ici juillet 2009

Cette semaine, le numéro 2 de l'Organisation mondiale de la santé, le Dr Keiji Fukuda, a déclaré que les données ne signifiaient plus grand chose: «Les chiffres eux-mêmes sont devenus de moins en moins pertinents (...) Ils vont de moins en moins refléter ce qui se passe réellement

Pendant que l'OMS et l'ONU hésitent avant d’augmenter l’alerte pandémique au dernier cran, nous avons l’impression que les nations se traînent les pieds pour déclarer le moins de cas possibles.

Consulter la liste des cas confirmés par pays (bulletin no.37 de l'OMS) fait sourciller. Au 23 mai 2009, 28 pays (sur 42) ont confirmé moins de 10 cas de grippe porcine chacun.

Le directeur du CIDRAP, Michael Osterholm, a mentionné cette semaine que quelque chose clochait avec les chiffres européens. Il a dit que les chiffres officiels de la Grande-Bretagne ne faisaient pas sens, et que «si les autorités ne cachent pas de cas, elles ne font pas tellement d’efforts pour trouver le virus. Les chiffres de la Grande-Bretagne ne racontent pas vraiment toute l’histoire. S’il n’y a vraiment que quelques cas en Europe, nous devrions tous y envoyer des équipes pour savoir ce qui s’y passe», a-t-il dit.

Donc, les États-Unis d'Amérique semblent être le seul endroit sur la planète où il survient de très nombreux cas de grippe A (H1N1): 6552 selon le dernier décompte. Et dans le pays d'à coté - le Canada - il n'y en a que 719 (ce nombre n'a pas été mis à jour, le dernier total affiché par l'Agence canadienne de la santé publique étant de 805 cas au 22 mai 2009).

Même que le Dr David Butler-Jones, administrateur en chef de la santé publique du Canada, nous a affirmé dernièrement que le pire du foyer d'infection était derrière nous. «Il semble à ce point que nous ayons franchi le pire au Canada pour cette saison», a-t-il déclaré.

Ce qui est en contradiction directe avec une déclaration de la directrice générale de l'Organisation mondiale de la santé, Margaret Chan: «Nous nous attendons à ce que le virus continue de se propager à de nouveaux pays, de même que dans les pays déjà touchés

Le Canada est le troisième pays le plus touché au monde par la grippe porcine, et donc si nous nous fions aux dires de Margaret Chan, les cas vont continuer d’augmenter, et non pas aller en décroissant, comme voudrait que nous le croyions le Dr David Butler-Jones.

Voici mes deux coups de cœur.

Le premier consiste en un article publié dans Nature par le communicateur de risque Peter M. Sandman, intitulé «Pandémie: une bonne hygiène ne suffit pas». Le plus grand défaut du CDC [et de tous les gouvernements] est de ne pas en faire suffisamment pour aider le public à visualiser ce à quoi une pandémie grave pourrait ressembler, a dit Peter M. Sandman. Lisez l’article au complet, il est très instructif et révélateur.

Mon second coup de cœur est arrivé par surprise, hier en fin d’après-midi, quand j’ai ouvert mon compte de Facebook, et que j’ai vu que David Nabarro, coordonnateur senior de l’action des Nations Unies contre la grippe aviaire et humaine, avait posé un défi: «Défi: Pouvons-nous demeurer vigilants, tout en nous assurant que la solidarité mondiale et les partenariats se maintiendront au sommet des défis de la préparation à une pandémie au cours des trois prochains mois?»

David Nabarro s’est soudainement mis à interagir avec des membres de la sphère du Flublogia ces dernières semaines, alors qu’il était demeuré assez réservé au cours des derniers mois. Il a noué de nouvelles amitiés, et a même écrit sur des babillards. Par exemple, j’ai vu passer des échanges entre lui et Greg Dworking (bloguant sous le pseudonyme de DemFromCT). Il est également devenu ami avec Craig Vanderwagen, du HHS américain.

Solidarité mondiale? Comment est-il possible de faire encore totalement confiance aux autorités?

L’expression «solidarité mondiale» s’applique-t-elle aux citoyens? Où sont donc passés les préparatifs sociaux mentionnés dans le 4e Rapport intérimaire de l’ONU sur la gestion de la grippe aviaire? J’imagine que dans les circonstances, ils devraient également s’appliquer à la grippe A (H1N1). J’en ai peut-être manqué des bouts, mais j’ai l’impression que dans l’opéra qu’on nous joue, l’acte qui devait porter sur les préparatifs sociaux a été complètement supprimé du spectacle, à part les recommandations sur le lavage des mains.

«Fondamentalement, les fonctionnaires doivent se demander s’ils voient la population en tant que victimes potentielles à être protégées et rassurées, tout comme de jeunes enfants, ou des combattants d'une pandémie – des adultes - qui peuvent jouer un rôle actif dans la crise qui pourrait être à venir. La différence de tonalité pourrait sauver des vies.», a indiqué Peter M. Sandman.

15 mai 2009

Cool! Un groupe portant sur l'ONU à GovLoop

L'ami Adriel Hampton nous a informé dans Twitter qu'un nouveau groupe de discussion portant sur l'ONU vient d'être créé dans GovLoop.com.

Je viens de m'y inscrire.

http://www.govloop.com/group/theunitednations

Participez en grand nombre.

08 mai 2009

Sommes-nous mûrs pour un WHO2? C'est ce que nous propose gsgs

L'ami Guenter Stertenbrink (gsgs), un passionné de mathématiques, casse-têtes, échecs, influenza, programmation, robotique et "futur éloigné", m'a contactée il y a deux jours pour me faire part de son idée de WHO2, une sorte de "Greenpeace for health".

"An ideal world would be able to separate the science from the politics. Unfortunately in our modern world, politics always gets involved with the wider implications that health crises cause, either global or domestic," a indiqué Guenter Stertenbrink.

Cela fait deux ans que je songe à cette même idée. À force d'observer les entités gouvernementales locales, régionales et internationales, ainsi que la communauté scientifique, j'en suis venue à la même conclusion que mon ami Guenter.

Nous assistons à une montée des goverati en ce moment. Alors je crois que cela pourrait être le bon timing pour créer davantage de transparence. La communauté de pratique Flublogienne est-elle prête à passer à un autre niveau de collaboration?

Afin d'appuyer Guenter Stertenbrink, j'ai effectué un retour sur FluTrackers.com. J'ai opté pour la même signature que celle de Twitter: mon nom d'utilisateur sur ce site est Lyne_Robichaud.

Voici mes commentaires publiés sur FluTrackers aujourd'hui. Je n'ai pas le temps de les traduire en français.

Gsgs, I agree with you idea: there is a need for an independant entity.

There are no Flublogian diplomats or ambassadors.

The Greenpeace model, built by environmentalists, is successful. Why not apply it to health?

These past 3 years, I observed the scientific community, UN agencies, and governments. The "scientific renaissance" announced by Keiji Fukuda on May 7, 2008 never really unfolded before our eyes. The same un-transparency seen for H5N1 could probably be repeated for A(H1N1).

"We are in a period in which information on a number of different aspects of influenza is just burgeoning. In many ways, we are in a kind of scientific renaissance, but the technical information about a number of different issues have really increased at a huge pace." [Dr. Keiji Fukuda, Coordinator of WHO's Global Influenza Program. Source: WHO to Update Guidelines for Possible Flu Pandemic, By Lisa Schlein, FluLab, May 7, 2008]

Recently, (my friend) Dr. Mark Drapeau, researcher at the Center for Technology and National Security Policy (CTNSP) (@cheeky_geeky) came up with a new expression: "goverati". Since the beginning of 2009 - associated to the increased implementation of Governement 2.0 - we are assisting to the rise of goverati.

What is a goverati? "It is made up of people with first-hand knowledge of how the government operates, who understand how to use social software to accomplish a variety of government missions, and who want to use that knowledge for the benefit of all.

The goverati includes not only government employees, but also people from think tanks, trade publications, and non-profits. And it includes high-profile thinkers outside of the government who have an interest in a more open, transparent, and efficient government," according to Dr. Mark Drapeau.

The Sunlight Foundation uses the power of the Internet to shine light on the interplay of money, lobbying, and government. It is also a succesful model that we could look into.

CrisisCamp 2009 (Gov2.0 related to health and emergency issues) will take place on June 12-14 2009 in Washington, DC. I invite everyone to participate via Twitter, follow @Crisiscamp, and discuss and promote the idea of a "Greenpeace for health".

05 mai 2009

Le commissaire belge sur l'influenza, Marc Van Ranst, effectue un virage 2.0

Marc Van Ranst

Après Craig Vanderwagen (USA) et Thierry Saussez (France), Marc Van Ranst et la Belgique se lancent dans le web participatif et embrassent les médias sociaux. Voir mes billets précédents annonçant le virage de Craig Vanderwagen et celui de Thierry Saussez.

Le Commissaire interministériel sur l'influenza du gouvernement belge, Marc Van Ranst, a créé un nouveau groupe sur Facebook. Cela faisait longtemps que j'attendais cela! Je pressentais que Marc Van Ranst était mûr pour ce saut (depuis février dernier). Bravo, troisième nation au monde à prendre un virage 2.0 en lien avec questions pandémiques!


Mexicaanse griep H1N1 - Grippe mexicaine H1N1 - Mexikanische Grippe H1N1

Le commissariat interministériel influenza
Le commissariat interministériel influenza a été créé le 20 octobre 2005. Il s’agit d’un organe de coordination générale des actions et de concertation avec toutes les instances concernées, au niveau fédéral, régional et communautaire. Le commissariat établit également des contacts avec les instances européennes et les institutions internationales.

Grippe mexicaine H1N1
Il s’agit d’un nouveau virus humain composé d’une combinaison de gènes d’origines différentes : ils proviennent en partie de virus porcins, d’un virus aviaire et d’un virus humain. Ce virus a été détecté au Mexique pour la première fois le 18 mars 2009.

Call center: Pour toutes vos questions, notifications ou remarques, le call center influenza est accessible du lundi au vendredi de 9h à 17h au numéro gratuit
0800 99 777.

Michel Vermeulen

Ce groupe a été rejoint par 127 utilisateurs de Facebook (au 5 mai 2009 à 10h30 ET). Naturellement, le médecin et blogueur sur l'influenza Michel S.f. Vermeulen fait partie de ce groupe.

ONU et OMS, accordez vos violons!


Quel(s) pays exerce(nt) des pressions sur Margaret Chan et l'OMS?

Ce matin, la directrice générale de l'OMS a déclaré qu'elle passerait en phase 6 (voir La directrice de l'OMS indique que la pleine pandémie sera déclarée).

Margaret Chan

Quelques heures plus tard, le directeur général de l'ONU, Ban Ki-moon, affirmait le contraire... L'OMS "n'a pas le projet pour l'instant d'augmenter le niveau d'alerte à 6", degré le plus élevé de l'échelle d'alerte, a assuré lundi le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.

Il était accompagné en conférence de presse par David Nabarro, le coordonnateur senior du Système de grippe humaine et aviaire des Nations Unis. Voir ici et ici.

Il faudrait peut-être que les hautes instances de l'ONU et de l'OMS s'efforcent d'accorder un peu mieux leurs violons, s'ils veulent conserver leur crédibilité, en ce début de crise sanitaire mondiale majeure.

Ban Ki-moon

Le Secrétaire-général de l'ONU a annoncé qu'aura lieu dans deux semaines à Genève "une réunion des États, pays donateurs et secteur privé, qui s’inscrit dans les efforts visant une œuvre efficace de la stratégie de préparation."

Attendra-t-on jusque à cette rencontre pour déclencher la phase 6 d'alerte pandémique?

Les coffres de l'ONU ont un urgent besoin d'être renfloués pour passer à travers de la pandémie. Nous pouvons deviner que la crise économique mondiale a probablement dû toucher les budgets de préparatifs de pandémie des nations. Des coupures budgétaires ont fait en sorte que les pays donateurs ont dû diminuer leurs contributions à l'ONU pour la lutte contre la grippe aviaire. À la fin du mois de février 2009, Bernard Vallat, le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE), a indiqué:
"Les informations recueillies sont convergentes. On observe un peu partout à travers le monde une décroissance des budgets publics dans les domaines relatifs à la santé animale, à commencer par les ressources affectées à la surveillance et à la détection précoce des maladies des animaux d'élevage ou sauvages. Beaucoup des 172 pays membres de l'OIE envoient des signaux témoignant d'une baisse de la garde vis-à-vis des menaces sanitaires vétérinaires. Nous ne disposons pas encore de chiffres précis, mais la tendance est manifeste, tant dans les pays en voie de développement que dans les pays développés."

Il doit y avoir des tensions politiques. Cela doit jaser fort dans les couloirs du pouvoir...

Un autre élément a attiré mon attention. Le président mexicain Felipe Calderon a déclaré avoir regretté d'avoir fait preuve d'honnêteté et de transparance: "Je trouve injuste que, parce que nous avons été honnêtes et transparents avec le monde, certains pays prennent des mesures répressives et discriminatoires, fruits de l'ignorance et de la désinformation", a-t-il regretté.

Ajoutez à cette étrange déclaration le fait que le Mexique ne cesse de claironner depuis vendredi dernier que l'épidémie de grippe A (H1N1) recule, et que le pic est passé (alors que cela n'a pas encore été scientifiquement démontré). Des milliers d'articles de presse ont répété cela ce week-end, ce qui a fait en sorte que le public était sous l'impression que l'épidémie régressait, alors qu'en fait elle a progressé, a-t-on pu lire dans d'autres reportages.

Que se passe-t-il donc entre l'OMS et l'ONU? Et entre ces agences et les nations du monde? Des tiraillements majeurs, j'en ai l'impression. La pression doit être très forte pour ne pas basculer dans une pleine pandémie.

Déjà que la crédibilité de l'OMS en prend un coup ces derniers jours parmi la population, ce genre de volte-face pourrait coûter cher en crédibilité. Et ce n'est pas le temps, surtout pas le temps de perdre la face. Peter Santilli (@PeterSantilli) sur Twitter - notez qu'il a le nombre non négligeable de 34,783 followers - a écrit lundi soir (4 mai): "W.H.O. now stands for What Hasn't Occurred."

04 mai 2009

Quels groupes à risque retrouverons-nous dans le Guide Autosoins du gouvernement du Québec?


J'espère que le gouvernement du Québec modifiera son Guide Autosoins.

Ce document est un précieux secret d'État. Presque personne n'en a entendu parler.

Il est prévu dans la stratégie gouvernementale qu'il soit publié en phase 5 d'alerte pandémique.

Nous sommes passés en phase 4 le 27 avril 2009.

Puis nous sommes passés en phase 5 le 29 avril 2009.

Et la directrice générale de l'Organisation mondiale de la santé, Margaret Chan, annoncé aujourd'hui qu'elle augmenterait l'alerte d'un dernier cran: LA DIRECTRICE DE L'OMS INDIQUE QUE LA PLEINE PANDÉMIE SERA DÉCLARÉE.

Et pendant ce temps, toujours pas de Guide Autosoins en vue sur le site de Pandémie Québec. J'ai regardé dans tous les racoins du site, et je ne l'ai pas trouvé.

La version de juin 2007 de ce document cible les personnes âgées et atteintes de maladies chroniques, et non pas les enfants et adultes en santé.

La journaliste Helen Branswell rapporte que les gens de 60 ans et plus seraient mieux protégés contre la grippe A (H1N1). Des recherches préliminaires laissent croire que les gens âgés de 60 ans et plus seraient dotés d'anticorps qui leur accorderaient une protection supplémentaire contre le virus de la grippe A (H1N1).

Une amie a indiqué sur Facebook qu'elle espérait que cette découverte "fera réagir les autorités québécoises, car si la grippe A (H1N1) devient pandémique, il faudra changer de cible vaccinale, et donc expliquer à la population pourquoi on vaccinera plutôt les jeunes."

J'espère qu'il n'est pas écrit dans le béton, ce fameux Guide Autosoins, et que les planificateurs québécois auront le courage de changer leurs groupes à risque.


Le problème avec un changement de groupes à risque, c'est qu'il implique un changement majeur dans la planification stratégique, afin que les nouveux groupes à risque soient protégés, et donc que des mesures - comme la fermeture d'écoles et de garderies - soient implantées.

Le plan québécois a planifié pour la continuité des opérations dans le milieu de l'éducation, et des garderies. Nous avons eu un exemple ce matin, avec le Collège Charlemagne: l'école n'a pas été fermée, même après qu'un de ses 1400 élèves ait contracté le virus lors d'un voyage au Mexique (voir Le Collège Charlemagne ouvert ce matin).

Un changement de groupes à risque signifierait qu'il faudrait qu'il y existe un plan B de lutte à une pandémie. Une autre possibilité serait que le gouvernement du Québec se dépêche pour écrire un plan B au cours des prochaines heures.

Le Collège Charlemagne demeure-t-il ouvert parce que nous ne sommes pas encore passés officiellement phase 6? Ou est-ce parce que l'on suit à la lettre le plan de lutte actuel? Les États-Unis se comportent déjà comme si nous étions en phase 6, alors rien n'empêche à la nation canadienne et québécoise d'agir en amont des décisions des agences onusiennes, si cela est fait dans le but de protéger la population.

Mais... il est certes beaucoup moins paniquant de faire croire aux citoyens que seules nos grand-mères et gens déjà très malades seront à risque avec le nouveau virus de grippe A (H1N1). Et cela exige la mise en oeuvre de moins de mesures drastiques.

Puisque le Guide Autosoins n'a jamais été publié, il n'y a jamais eu de discussion à son sujet, à part quelques billets et commentaires publiés dans Zonegrippeaviaire, et possiblement des discussions à huit-clos chez des associations de professionnels, dont monsieur et madame tout le monde n'en aura reçu aucun écho. La population québécoise n'a pas eu la chance de commenter le Guide Autosoins. Je l'ai déploré auparavant, et je le déplore encore. J'ai souvent parlé du Guide Autosoins, et j'ai souvent parlé des groupes à risque, que j'ai toujours considérés comme ayant été mal ciblés pour une pandémie grave (qui pourrait être semblable à celle de la grippe espagnole de 1918).

Comme l'a mentionné le Dr Henry Niman cette semaine dans L'OMS confirme une transmission humaine soutenue du H1N1 porcin, la grippe A (H1N1) comporte de nombreuses ressemblances avec le virus de la grippe espagnole:
"La pandémie est plutôt prévisible, et a beaucoup en commun avec la flambée de 1918, incluant le début à la fin du printemps en tant qu'infection légère, la cible d'adultes auparavant en santé, et l'origine en tant que H1N1 porcin. Au cours de l'été, le H1N1 porcin proliférera dans l'hémisphère sud et se recombinera avec du H1N1 de grippe saisonnière, ce qui conduira à un H1N1 encore plus virulent à l'automne."

J'ai bien hâte de voir ce qui va sortir de la boîte à surprise du gouvernement du Québec... Et une fois que le Guide Autosoins aura été imprimé en 4 ou 5 millions d'exemplaires, et distribué dans les boîtes aux lettres de chacun des ménages québécois, il sera trop tard pour faire changer ne serait-ce qu'une virgule.

Les groupes à risque n'est pas le seul élément qui devrait être modifié dans le Guide Autosoins. Mais c'est une autre histoire... que j'aborderai dans un autre billet (si jamais j'ai le temps).

02 mai 2009

Veratect, les médias sociaux et la transparence des données de grippe A(H1N1)


Je ne connais pas encore les raisons exactes pour lesquelles Veratect Corporation - dont la devise est "Empowering A World At Risk" - a stoppé ses tweets à propos des données sur les cas humains mondiaux de grippe A(H1N1). [Voir @Veratect sur Twitter.]

Il était environ une heure du matin cette nuit (2 mai) lorsque j'ai remarqué que les feeds avaient cessé. Je suis Veratect tant bien que mal depuis le début de son projet Twitter, traduisant dans Zonegrippeaviaire.com ce que je peux en français quand j'ai du temps. Veratect a publié 1,224 tweets depuis une semaine. D'habitude, j'ai plusieurs pages de tweets en retard. Puis cette nuit, je suis remontée jusqu'au tout dernier tweet. Je me suis couchée là-dessus, un peu abasourdie par cet arrêt. J'ai pensé: "Tiens, ils sont allés se coucher. Bizarre."

Puis ce matin, la corporation a annoncé qu'elle se concentrera sur les cas confirmés américains uniquement. Très curieux, puisque l'entreprise couvre les nouvelles internationales depuis le début.
"Due to the progression of the ongoing Influenza A (H1N1) event worldwide, ...Veratect will focus Twitter posts on confirmed cases of Influenza A (H1N1) in the United States."(about 3 hours ago)

Pour une fois que nous goûtions à de la transparence et que nous pouvions suivre en temps réel les données sur les cas humains, j'espère que cela ne s'arrêtera pas d'un coup sec. Parce que je ne suis pas certaine que mon coeur puisse le prendre. Il y a belle lurette que j'ai enterré l'idée de la transparence au Canada et au Québec, mais je n'ai jamais cessé de croire que cela puisse exister ailleurs sur la planète.

Celles et ceux qui ont passé - tout comme moi - des années à suivre les structures gouvernementales mondiales et locales dans leurs préparatifs pandémiques ont observé de très nombreuses situations où les données publiées étaient nébuleuses. Nous devinions que l'on ne nous donnait pas toujours l'heure juste. Plus d'une fois, nous avons dû nous contenter d'une part de pizza, et n'avons jamais pu contempler le portrait global.

Peut-être que je me trompe et que ma théorie de main-mise sur les données par une quelconque autorité est dans le champ, et que si Veratect a cessé ses activités sur Twitter, c'est en réalité parce qu'il n'y a plus un seul cas humain de grippe A(H1N1) survenant à nulle part sur la Terre - la transmission interhumaine ne survenant dans aucune autre "région", à l'exception des États-Unis (et du Mexique). Le virus aurait brusquement arrêté sa course d'un coup sec, un peu après minuit cette nuit... ???

Ce matin, j'ai par hasard eu très envie de relire l'article du Dr Mark Drapeau, qui recommandait aux autorités gouvernementales il y a deux semaines, d'être un "rat social": "Be Real, Authentic, Transparent", a-t-il indiqué dans Federal Computer Week (Drapeau: Web 2.0 best practices already surface). J'ai vu qu'il y avait un récent article portant sur les médias sociaux et la grippe A(H1N1). Et c'est ainsi que je suis tombée sur cet article à propos des activités de Veratect sur Twitter.

Voici l'article du Computer Federal Week. Je n'ai pas le temps de le traduire en français. Vous remarquerez que l'article parle aussi du blogueur Scott McPherson.


Swine flu news infects social media
May 01, 2009 | Federal Computer Week

There’s no doubt about it: Talk about the swine flu — dare we say it? — has gone viral.

Jessica Mintz, a technology writer for the Associated Press, reports that a company called Veratect is using a combination of computer algorithms and human experts to comb the Web and other sources for signs of possible outbreaks around the world.

“The idea fueling Veratect and similar companies is that blogs, online chat rooms, Twitter feeds and news media and government Web sites are full of data that public health agencies could use to respond faster to problems like outbreaks of swine flu,” Mintz writes.

The company provides full reports to government agencies and private corporations that are concerned about the health and economic risks that such threats pose around the world.

Veratect also posts information on a public Twitter feed. It is worth noting that neither the company nor Twitter were around during the original health scares about Severe Acute Respiratory Syndrome (SARS) and H5N1 avian influenza.

During the past decade, federal health officials have developed a number of Internet-based systems for gathering and correlating information from hospitals, health clinics and local health officials, making it possible to get early indications of potential outbreaks.

But social networking has added a whole new component to response efforts, particularly when it comes to getting the word out to the public.

The Washington Post’s Jose Antonio Vargas reports that the Centers for Disease Control and Prevention and the Health and Human Services Department have turned to Twitter, YouTube and other sites to disseminate information about H1N1. The heads of CDC, HHS and the Homeland Security Department also staged a virtual town hall on CDC and HHS Web sites, inviting the public to submit questions via e-mail.

The catch, of course, is that the viral nature of social media also means that misinformation can spread far and wide before health officials can counter it.

That is what concerns Evgeny Morozov, who is currently writing a book about the impact of the Internet on global politics.

Twitter is helping to facilitate “an unnecessary global panic about swine flu,” Morozov writes in a post on Foreign Policy’s net.effect blog. Rather than inform people, Twitter has provided “misinformed and panicking people…with a platform to broadcast their fears,” resulting in “only more fear, misinformation and panic.”

This pathological pattern also complicates the work of people monitoring Twitter with hopes of identifying meaningful patterns in all the chatter. The conversation ultimately feeds on itself, creating far more noise than content. As a result, "tracking the frequency of Twitter mentions of swine flu as a means of predicting anything thus becomes useless,” he writes.

As might be expected, all of the buzz about the swine flu has not eluded the notice of spammers. Security experts say spammers are sending out messages with subject lines such as “US swine flu fears” in hopes of luring recipients to click on links to malware sites or open malicious attachments, InformationWeek reports.

Cisco Systems' IronPort anti-spam service said swine-flu spam has accounted for as much as 4 percent of global spam recently, the magazine reported.

The virtues of a home office

Telework proponents, meanwhile, say organizations should be prepared to have employees work from home, Network World reports. Telework could help organizations contain the spread of the flu in their offices or keep operating in the event that health officials announce building closures, said Chuck Wilsker, president and chief executive officer of the Telework Coalition in Washington, D.C.

According to a recent report by the Office of Personnel Management, 60 percent of federal agencies include telework in their plans for emergency operations, but only about 7 percent of federal employees telework on a regular basis, InformationWeek reports.

Finally, ComputerWorld blogger Scott McPherson wonders if cloud-computing technology is up to the task of helping organizations continue operating in the event of a severe pandemic.

For example, he asks: “Should we consider moving all e-mail operations to the cloud, and leave it to Google or Yahoo or whomever to manage our volume? Should we engage them only when we fall down?”

"In the case of peak demand, will voice over IP, videoconferencing and other Internet-based technologies “be effective — or even operational — in the face of a pandemic?”


DERNIÈRE HEURE - MISE À JOUR - 10h45

Le tweet de Veratect annonçant que cette corporation allait se concentrer sur les cas humains américains a apparemment été supprimé, et la corporation a publié à la place il y a quelques minutes:
"Due to the progression of the influenza A (H1N1) event, Veratect will focus Twitter posts on confirmed influenza A (H1N1 cases worldwide,...in addition to community-transmission of the virus as described by health officials. #swineflu #H1N1" (9 minutes ago)

Hourra! Go go go Veratect!

Puis Veratect a enchaîné avec un tweet portant 39 cas au Mexique et des cas en Israël, Italie et Suisse.

Fiiiouuuu. J'ai vraiment eu peur, et senti le sol se dérober sous mes pieds, pendant 9 longues heures.
 
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