Blogue de Lyne Robichaud

20 août 2009

Butler-Jones pense que l’école ouverte est une «situation contrôlée» et Aglukkaq dit non à l’idée d’un tsar de pandémie

Sheila Fraser, vérificatrice générale du Canada

Vous arrive-t-il de vous pincer l’avant-bras, en vous demandant si vous avez rêvé en consultant les nouvelles? J’ai dû faire cela ce matin, en lisant les commentaires du Dr David Butler-Jones à propos des fermetures d’écoles. Croyez-moi, j’en ai encore les sourcils collés dans le haut du front, tellement je suis époustouflée par ce que j’ai lu.

Le Globe and Mail publie depuis quelque temps d’excellents reportages. Celui intitulé «New school year could recharge flu virus», signé par Gloria Galloway et Caroline Alphonso, a attiré mon attention.

David Butler-Jones indique qu’une école ouverte est une «situation contrôlée». «Si cette école est fermée, vous prenez cette situation contrôlée et créez une situation incontrôlée», a-t-il déclaré.

Attendez que je fasse une pause, parce que ce concept a de quoi couper le souffle de n’importe quel parent! La suite est vraiment cocasse. «Ensuite, vous avez des enfants relativement non supervisés, et de jeunes adolescents et autres dans des centres commerciaux, propageant potentiellement le virus aux aînés

Donc, si j’ai bien compris, aux yeux du plus haut fonctionnaire gestionnaire du système de santé au Canada, le danger de contamination des aînés par le virus A/H1N1 (dont il a été dit à maintes reprises qu’ils étaient moins à risque que les jeunes) arrive en plus haute position que la protection de la vie d’enfants (qui sont des citoyens payeurs d’impôts en devenir).

Monsieur Butler-Jones considère que les salles de classe, où les enfants sont collés les uns aux autres, est un environnement «contrôlé», préférable à la distanciation sociale qui serait créée en mettant sur pied un système d’éducation à distance.

On voit bien que ça ne tient pas debout, et que le manque de préparatifs pandémiques du système canadien pousse les autorités à maintenir le statu quo. Les autorités ont été incapables de visionner une autre manière de faire les choses, alors elles s'accrochent à ce qui est en place. Avec un peu d'imagination, de trempe et d'organisation, il aurait été possible d'assurer la continuité des opérations du système d'éducation, sans pour autant mettre en péril la vie de tous les enfants et celle de leurs familles.

On peut très bien comprendre par ailleurs, à la lumière de ces déclarations, que les autorités canadiennes ne font pas confiance aux parents, car elles pensent que les enfants seraient «relativement non supervisés». Une fois de plus, les planificateurs de pandémie ont perdu une belle occasion d’impliquer le citoyen comme partenaire actif d’une gestion de pandémie.

Quant aux commentaires de la ministre fédérale de la santé, Leona Aglukkaq, prononcés hier (mercredi 19 août) concernant l’idée d’un tsar de pandémie, ceux-ci sont vraiment très décevants. Voilà une autre occasion manquée d'améliorer les préparatifs pandémiques (à long terme). «Je ne pense pas qu’il s’agisse de la direction que nous souhaitons emprunter. Le succès de la gestion d’une pandémie exique que les provinces soient les partenaires clé dans la livraison des mesures, et la coopération a été remarquable des provinces et des territoires pour faire face à la situation.»

Humm. Je ne suis pas si convaincue que les choses puissent être aussi «remarquables» que cela entre le fédéral et les provinces. Il n’y a pas si longtemps, en mai 2008, la vérificatrice générale du Canada, Sheila Fraser, avertissait dans le Rapport Chapitre 5 - La surveillance des maladies infectieuses - Agence de la santé publique du Canada: «L'Agence de la santé publique du Canada n'a pas réalisé des progrès satisfaisants à l'égard des recommandations axées sur les orientations stratégiques, la qualité des données, la mesure des résultats et le partage des données. Afin d'obtenir continuellement des données de surveillance, l'Agence doit compter sur la bonne volonté des provinces et des territoires. Cependant, en raison de lacunes dans les accords de partage de données conclus avec eux, il n'est pas garanti qu'elle obtienne des données exactes et complètes en temps opportun.» Est-il possible que les choses aient tellement changé depuis mai 2008?

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