Blogue de Lyne Robichaud

16 août 2009

Les femmes enseignantes enceintes et leurs fœtus risqueront-ils leur vie cet automne?

Fatiha Idrissi Kaitouni n’avait que 23 ans. Photo TVA

Et qu’en sera-t-il de toutes les femmes enceintes, peu importe leur profession?

Le cas d’une Montréalaise enceinte âgée de 23 ans – Fatiha Idrissi Kaitouni - décédée peu de temps après son accouchement, a touché le cœur de nombreuses personnes. Ce drame a fait réagir les gestionnaires de commissions scolaires locales, mais les autorités provinciales du Québec sont restées de marbre.

Une amie m’a confié: «J'ai trouvé cette histoire tellement triste... Je suis reconnaissante à la famille de cette femme d'avoir accepté de divulguer les faits. Je crois personnellement que le fait de mettre un visage - et un nom et une histoire - sur une simple statistique, va faire réagir plus de gens que d'ordinaire

Le Figaro, La Dépêche et La Presse (et bien d'autres) ont rapporté hier que les décisions pour protéger les employées enceintes ne se sont pas fait attendre. «Les commissions scolaires de La Capitale et des Premières-Seigneuries, à Québec, mettront les salariées enceintes en congé à l'automne

Le président de la CSQ, Réjean Parent, a déclaré qu’il estime que les commissions scolaires de la province doivent mettre en congé leurs employées enceintes.

Les journalistes Andrew Halfnight et Max Harrold de The Gazette, ont rapporté que la commission scolaire Lester B. Pearson, située dans Montréal Ouest, attendait que le gouvernement du Québec émette des directives concernant les femmes enceintes.

[Traduction] «Nous allons voir s’il y a de nouvelles directives, soit du ministère de l’Éducation ou de la Santé publique,» a déclaré le porte-parole Marcus Tabarchnick à The Gazette.

Marie-Ève Bédard, une porte-parole du ministre de la Santé, Yves Bolduc, a déclaré qu’un énoncé de politique concernant le H1N1 sera annoncé le 24 août prochain.

Toutefois, le gouvernement ne demandera pas aux groupes à risque – incluant les femmes enceintes, les personnes âgées et celles aux systèmes immunitaires déficients – de se tenir loin des écoles et des hôpitaux, a-t-elle précisé. Au lieu de cela, le gouvernement leur rappellera les dangers inhérents.» (The Gazette, 16 août 2009)

Voici un exemple flagrant de manque de leadership, survenu quelques jours à peine après que Jean-Jacques Samson, du Journal de Québec, ait traité de «Pinocchio de la santé» le ministre Yves Bolduc, l’accusant de «manquer de leadership dans des dossiers chauds comme les préparatifs en prévision d’une pandémie de grippe A (H1N1) à compter de l’automne». [Journal de Québec, 16 août 2009]

Pourtant, les autorités doivent certainement être au courant de l’étude américaine publiée dans The Lancet, qui conclut que les femmes qui attendent un enfant, atteintes de la grippe A, ont quatre fois plus de risques de souffrir de complications. [Pandemic H1N1 infection in pregnant women in the USA, 8 août 2009, Punam Mangtani, Tippi K. Mak, Dina Pfeifer, doi:10.1016/S0140-6736(09)61431-8]

Il n’y a simplement qu’à observer le nombre élevé de décès provoqués par la grippe porcine de femmes enceintes dans les pays Amérique du Sud, pour constater qu’elles constituent réellement une population à risque. Un grand nombre de pays à travers le monde ont rapporté de nombreux décès de femmes enceintes infectées par le H1N1.

Le gouvernement du Costa Rica a recommandé dernièrement aux femmes enceintes d’éviter les foules… et de ne pas magasiner. «Les femmes enceintes devraient éviter les endroits bondés comme les centres commerciaux, lieux de divertissement, restaurants et cinémas.» [Tico Times, 5 août 2009]

Le gouvernement du Royaume-Uni a quant à lui conseillé aux femmes de retarder la conception. [Traduction] «Nous conseillons à tous de bien planifier la grossesse – nous déconseillons aux femmes de concevoir. Les-mamans-en-devenir sont plus vulnérables à quelque type de grippe. Il est particulièrement important que qui que ce soit aux prises avec des problèmes existants de santé et qui pense à fonder une famille devrait d’abord en parler à son médecin, comme cela serait fait normalement.» [The Guardian, 19 juillet 2009]

Si les femmes enceintes enseignantes ne devraient pas travailler cet automne parce qu’elles sont à risque, alors… les femmes enceintes employées administratives dans des établissement d'enseignement ne devraient pas non plus travailler.

Je suis d’avis qu’au moment où surviendra la 2e vague de H1N1 pandémique, les femmes enceintes – peu importe leur profession - ne devraient pas aller travailler, et devraient éviter les lieux bondés.

Et si les femmes enceintes enseignantes, qui fréquentent des écoles qui sont considérées comme des lieux avec une concentration de virus, alors, les enfants ne devraient pas aller à l'école.

Qui va payer pour tout cela?

Le gouvernement n’a pas l’air pressé de se pencher sur ces questions.

Cet automne, les femmes enceintes iront travailler pour gagner leur vie, et elles pourraient risquer par le fait même leur vie et celle de leur fœtus. Combien de Fatihas et de bébés en devenir seront sacrifiés avant que ne soient mises en œuvre des mesures de prévention et de protection réalistes?

Aucun commentaire:

 
TwitterCounter for @Lyne_Robichaud