Blogue de Lyne Robichaud

28 août 2009

La force de cœur et d’esprit

Patrick Lagadec

Les habitués de ce blogue savent probablement que ma citation préférée est de Patrick Lagadec. Je l’ai relue aujourd’hui, et elle me convient encore. Je dirais même davantage un peu plus chaque jour.

«Il faut crever cette bulle protectrice qui assure la double fausse protection des décideurs et des citoyens. Sachons quitter «nos jardins à la française», avec leurs risques bien domestiqués, pour les terrains impensables de l'ignorance et du chaotique. C'est là que nous trouverons la force de coeur et d'esprit nécessaires à l'action.»
Patrick Lagadec, directeur de recherche, École Polytechnique, Paris, France.

Les terrains impensables de l’ignorance et du chaotique, je pense en avoir exploré quelques-uns en fondant le forum Zonegrippeaviaire.com en juin 2007, et en dirigeant cette communauté de pratique pendant plus de deux années.

La force de cœur et d’esprit, j’en ai vu des quantités formidables chez les participants, dont l’intérêt et la passion n’ont pas flanché, malgré les mois et les années qui ont passé.

Lorsqu’une situation difficile m’arrive, je me pose toujours la question «Pourquoi?». La plupart du temps, je n’ai aucune réponse. La réponse ne survient que bien plus tard. Voire des années plus tard. Dans le feu de l’action, il arrive que l’on rue dans les brancards, proteste, ou regimbe. Puis on finit par se taire et lâcher prise. Et alors, la compréhension surgit. Puisque notre esprit est calme, il devient possible de dégager des conclusions.

Le forum Zonegrippeaviaire est-il arrivé avant son temps? Je le ne crois pas. Une pandémie a bien eu lieu. Nous n’étions pas timbré, détraqué, dingo, fada, fêlé, maboul, ni sonné.

Le fait d’avoir pu réfléchir aux questions concernant la menace pandémique AVANT qu’une véritable pandémie ne frappe a permis à des personnes de comprendre et de visualiser ce qui allait survenir, et de se préparer en conséquence. Et telle est la mission du forum Zonegrippeaviaire: informer et générer de l'empowerment. Il est dommage que les autorités du pays n’aient pas appuyé l’initiative, ni encouragé la communauté de pratique à se développer davantage. «Orpheline» en quelque sorte, la communauté s’est développée quand même, sans la présence gouvernementale à ses côtés. Sans ressources financières, carburant à la seule force humaine de coeur et d'esprit.

Avoir marché dans l’adversité, l’indifférence, l’apathie, cela ressemble assez à l’expression «emprunter des terrains chaotiques» imaginée par Patrick Lagadec. Sur ces sentiers encore non battus, des participants de Zonegrippeaviaire se sont rencontrés et ont mis en commun leurs connaissances et leurs expériences. Ils ont scruté, débattu, analysé des situations. Ils ont élaboré des séances de remue-méninges collectives, brassé des idées, comparé des mesures, et tenté de deviner les morceaux manquants du puzzle géant, au fur et à mesure que les virus d’influenza se développaient et marchaient à travers les populations aviaires, animales et humaines.

Il s’agissait d’un petit nombre de personnes (comparé à l’ensemble de la population).

Il s’agissait de gens désireux de comprendre. Des gens qui ont fini par devenir auto-éclairés.

Ces gens nous lèguent une bibliothèque impressionnante de contenu, d’idées et de solutions pratiques à tester lors d’une pandémie.

Des personnes ordinaires, mais extraordinaires, car elles possèdent une culture de la compassion, et démontrent un comportement d’entraide envers l’Autre. Elles ressentent de la compassion pour tous les êtres vivants, en souhaitant limiter la souffrance causée par un virus pandémique, et diminuer la morbidité. [PARENTHÈSE: J'ai trouvé qu'il y avait d'étranges similitudes entre cette attitude, et la discipline intérieure dont parlent les maîtres boudhistes. Mais c'est une autre histoire, qu'il serait intéressant de développer dans un éventuel billet.]

James Surowiecki

D’après James Surowicki, auteur du livre «La Sagesse des foules», collectivement, les gens en savent plus que ce que les gens, situés en haut de la pyramide du pouvoir, croient. La diversité serait la clé d’une foule intelligente, à deux niveaux plus particulièrement: dans la manière de percevoir un problème, et dans la façon de régler un problème.

Malheureusement, les solutions issues de la collectivité n'ont pas toutes été entendues ni retenues, et l’état de préparation pandémique idéal n’a pas été atteint. Nos rêves collectifs ne se sont pas encore tous réalisés. Le plus décevant concerne, à mon avis, les préparatifs sociaux, qui ne se sont pas encore matérialisés.

MAIS, nous sommes en pandémie, et les leçons d’aujourd’hui serviront à nous améliorer, ainsi qu’à mieux nous préparer pour les pandémies futures. Tant que la force de cœur et d’esprit vibrera en nous, il y a espoir que nous parvenions à solutionner nos problèmes (d'Humanité), notamment les pandémies.

20 août 2009

Butler-Jones pense que l’école ouverte est une «situation contrôlée» et Aglukkaq dit non à l’idée d’un tsar de pandémie

Sheila Fraser, vérificatrice générale du Canada

Vous arrive-t-il de vous pincer l’avant-bras, en vous demandant si vous avez rêvé en consultant les nouvelles? J’ai dû faire cela ce matin, en lisant les commentaires du Dr David Butler-Jones à propos des fermetures d’écoles. Croyez-moi, j’en ai encore les sourcils collés dans le haut du front, tellement je suis époustouflée par ce que j’ai lu.

Le Globe and Mail publie depuis quelque temps d’excellents reportages. Celui intitulé «New school year could recharge flu virus», signé par Gloria Galloway et Caroline Alphonso, a attiré mon attention.

David Butler-Jones indique qu’une école ouverte est une «situation contrôlée». «Si cette école est fermée, vous prenez cette situation contrôlée et créez une situation incontrôlée», a-t-il déclaré.

Attendez que je fasse une pause, parce que ce concept a de quoi couper le souffle de n’importe quel parent! La suite est vraiment cocasse. «Ensuite, vous avez des enfants relativement non supervisés, et de jeunes adolescents et autres dans des centres commerciaux, propageant potentiellement le virus aux aînés

Donc, si j’ai bien compris, aux yeux du plus haut fonctionnaire gestionnaire du système de santé au Canada, le danger de contamination des aînés par le virus A/H1N1 (dont il a été dit à maintes reprises qu’ils étaient moins à risque que les jeunes) arrive en plus haute position que la protection de la vie d’enfants (qui sont des citoyens payeurs d’impôts en devenir).

Monsieur Butler-Jones considère que les salles de classe, où les enfants sont collés les uns aux autres, est un environnement «contrôlé», préférable à la distanciation sociale qui serait créée en mettant sur pied un système d’éducation à distance.

On voit bien que ça ne tient pas debout, et que le manque de préparatifs pandémiques du système canadien pousse les autorités à maintenir le statu quo. Les autorités ont été incapables de visionner une autre manière de faire les choses, alors elles s'accrochent à ce qui est en place. Avec un peu d'imagination, de trempe et d'organisation, il aurait été possible d'assurer la continuité des opérations du système d'éducation, sans pour autant mettre en péril la vie de tous les enfants et celle de leurs familles.

On peut très bien comprendre par ailleurs, à la lumière de ces déclarations, que les autorités canadiennes ne font pas confiance aux parents, car elles pensent que les enfants seraient «relativement non supervisés». Une fois de plus, les planificateurs de pandémie ont perdu une belle occasion d’impliquer le citoyen comme partenaire actif d’une gestion de pandémie.

Quant aux commentaires de la ministre fédérale de la santé, Leona Aglukkaq, prononcés hier (mercredi 19 août) concernant l’idée d’un tsar de pandémie, ceux-ci sont vraiment très décevants. Voilà une autre occasion manquée d'améliorer les préparatifs pandémiques (à long terme). «Je ne pense pas qu’il s’agisse de la direction que nous souhaitons emprunter. Le succès de la gestion d’une pandémie exique que les provinces soient les partenaires clé dans la livraison des mesures, et la coopération a été remarquable des provinces et des territoires pour faire face à la situation.»

Humm. Je ne suis pas si convaincue que les choses puissent être aussi «remarquables» que cela entre le fédéral et les provinces. Il n’y a pas si longtemps, en mai 2008, la vérificatrice générale du Canada, Sheila Fraser, avertissait dans le Rapport Chapitre 5 - La surveillance des maladies infectieuses - Agence de la santé publique du Canada: «L'Agence de la santé publique du Canada n'a pas réalisé des progrès satisfaisants à l'égard des recommandations axées sur les orientations stratégiques, la qualité des données, la mesure des résultats et le partage des données. Afin d'obtenir continuellement des données de surveillance, l'Agence doit compter sur la bonne volonté des provinces et des territoires. Cependant, en raison de lacunes dans les accords de partage de données conclus avec eux, il n'est pas garanti qu'elle obtienne des données exactes et complètes en temps opportun.» Est-il possible que les choses aient tellement changé depuis mai 2008?

19 août 2009

Le Manitoba distribuera des trousses de grippe aux autochtones, pendant que l'Alberta enfermera les sans abri

(photo source: Colonial Scientific)

J'étais très heureuse de lire la nouvelle concernant les autochtones manitobains (consulter l'article de Radio-Canada intitulé "Manitoba to help pay for First Nations flu kits"), et passablement troublée par la nouvelle concernant les sans abri albertains (consulter "Calgary shelters could close doors if outbreak occurs").

Photo: Ted Rhodes, Calgary Herald

J'ai relu l'article concernant les sans abri au moins 12 fois, pour être certaine que j'avais bien saisi. Il s'agit bien d'enfermer (fermer à clé) les sans abri s'ils tombent malade. L'expression quarantaine n'a pas été utilisée. On parle ici de répression de mouvement, comparable à des détenus en prison. Si cette population gêne à ce point, les autorités profiteront-ils de la pandémie pour l'exterminer? Extrait: "Flu spreads through shelters like wildfire, so it'll be really tough to prevent and contain." Si c'est bénin, ce ne sera pas trop grave. Mais si jamais c'était plus virulent, alors ces gens seraient condamnés. Du personnel restera-t-il sur place, ou les sans abri malades seront-ils laissés à eux-mêmes? Assez terrifiant comme perspectives...

Concernant les trousses de grippe, puisque le Manitoba s'apprête à distribuer gratuitement des masques, Tylenol, gants, papiers mouchoir, thermomètres et information sur les symptômes de la grippe aux autochtones (dans toutes les maisons de toutes les réserves amérindiennes de cette province canadienne), une question se pose: COMMENT SE FAIT-IL que le gouvernement du Québec n'a pas encore posté sa fameuse brochure aux citoyens, le Guide Autosoins? Cette question, je me la pose plusieurs fois par jour, et ce, depuis de nombreux mois. Mais qu'est-ce qu'ils attendent, bon sang?

Le port du masque n'est pas recommandé au Canada. En effet, le grand patron de la santé publique fédérale, le Dr David Butler Jones, a déclaré le 30 mai 2009: «À mon avis, il n'est pas utile de porter ces masques.» Toutefois, le Manitoba va en distribuer «dans chaque maison dans toutes les réserves indiennes». Cela est étrange.

Si c'est valable pour les autochtones de la province du Manitoba, pourquoi ne pas étendre cela au reste de la population canadienne? Si le Canada et les provinces ne veulent pas distribuer des masques à 33 millions d'habitants, qu'ils recommandent au moins aux citoyens de s'en acheter! Tous les ménages ont-ils un thermomètre à la maison? Tous les ménages ont-ils des gants de chirurgien en réserve? De combien de boîtes de papiers mouchoirs dispose un ménage pour traverser une vague de pandémie? Tous les ménages ont-ils une réserve de masques pour tenir de façon sécuritaire pendant la durée d'une vague de pandémie? Tous les ménages sont-ils équipés et préparés à soigner des malades (potentiellement graves) à la maison?

Le plan de lutte du gouvernement du Québec repose sur les "aidants naturels". Pourtant, rien n'est fait pour préparer ces aidants à jouer un rôle actif au cours de la seconde vague de pandémie de 2009. Le guide Autosoins, si notre gouvernement québécois avait été le moindrement fin et prévoyant, aurait consisté en une trousse semblable à celle préparée par le gouvernement du Manitoba.

17 août 2009

Le CMAJ réclame un tsar de pandémie pour le Canada, alors que cela fait 16 mois que j’en parle



Apparemment, le Canadian Medical Association Journal vient de se rendre compte que le Canada aurait besoin d’un tsar de pandémie, a rapporté CBC (Radio-Canada).

C’est MAINTENANT seulement qu’ils viennent de penser à cela??? À plus ou moins un mois environ de la 2e vague d’une pandémie meurtrière? Laissez-moi rire un peu...

Le 5 mai 2008 – il y a plus de 16 mois de cela – j’ai écrit un billet intitulé «Un tsar de pandémie pour chaque nation», inspiré du blogueur américain Scott McPherson.

Puis, le 13 juillet 2008, j’ai écrit une lettre que j’ai postée au Premier ministre du Québec, Jean Charest, dans laquelle j’ai suggéré de nommer un tsar de pandémie pour le Québec.

Je n’ai jamais eu de réponse.

Voici ce que j’ai écrit en mai 2008 à propos d’un tsar (et c’est encore valable aujourd’hui, 16 mois plus tard):

«La problématique de la grippe étant tellement gigantesque et complexe, les conséquences d’une pandémie sur une société si immenses, le travail de planification et de préparation restant encore à abattre si colossal, les défis à surmonter si nombreux, qu’il fait véritablement sens qu’un bureau centralisé soit doté d’un porte-parole influent auprès de la chambre des représentants élus d’une nation. Une personne possédant une profonde compréhension des enjeux et ayant également la capacité de faire avancer la machine administrative et politique, en ralliant toutes ses composantes dans une seule et même direction. Une personne capable de bouger rapidement, capable d’intervenir à la vitesse que se déplacera le virus pandémique, assez souple pour agir et en ayant suffisamment de pouvoir pour mener à bien des préparatifs pandémiques au niveau de toute une nation, et auprès de l’ensemble des citoyens composant une société. Une personne n’ayant pas froid aux yeux, qui acceptera de porter un très lourd fardeau et sera consciente que des décisions extrêmement difficiles et déchirantes devront être prises. Une personne qui restera au-dessus des flots pendant une pandémie et qui aidera la nation à traverser des temps de fer.»

À minuit moins cinq d’une catastrophe sanitaire, économique, sociale et politique qui s’avérera peut-être sans précédent, il est trop tard pour penser à nommer un tsar de pandémie. Il aurait fallu faire cela dès 2007 (et même avant).

Je plains la pauvre personne qui devra remplir cette fonction, si jamais nos autorités arrivent à être suffisamment rapides pour mettre sur pied un bureau de gestion de pandémie au cours du prochain mois. Je lui souhaite bonne chance, et surtout, bon courage.

16 août 2009

Les femmes enseignantes enceintes et leurs fœtus risqueront-ils leur vie cet automne?

Fatiha Idrissi Kaitouni n’avait que 23 ans. Photo TVA

Et qu’en sera-t-il de toutes les femmes enceintes, peu importe leur profession?

Le cas d’une Montréalaise enceinte âgée de 23 ans – Fatiha Idrissi Kaitouni - décédée peu de temps après son accouchement, a touché le cœur de nombreuses personnes. Ce drame a fait réagir les gestionnaires de commissions scolaires locales, mais les autorités provinciales du Québec sont restées de marbre.

Une amie m’a confié: «J'ai trouvé cette histoire tellement triste... Je suis reconnaissante à la famille de cette femme d'avoir accepté de divulguer les faits. Je crois personnellement que le fait de mettre un visage - et un nom et une histoire - sur une simple statistique, va faire réagir plus de gens que d'ordinaire

Le Figaro, La Dépêche et La Presse (et bien d'autres) ont rapporté hier que les décisions pour protéger les employées enceintes ne se sont pas fait attendre. «Les commissions scolaires de La Capitale et des Premières-Seigneuries, à Québec, mettront les salariées enceintes en congé à l'automne

Le président de la CSQ, Réjean Parent, a déclaré qu’il estime que les commissions scolaires de la province doivent mettre en congé leurs employées enceintes.

Les journalistes Andrew Halfnight et Max Harrold de The Gazette, ont rapporté que la commission scolaire Lester B. Pearson, située dans Montréal Ouest, attendait que le gouvernement du Québec émette des directives concernant les femmes enceintes.

[Traduction] «Nous allons voir s’il y a de nouvelles directives, soit du ministère de l’Éducation ou de la Santé publique,» a déclaré le porte-parole Marcus Tabarchnick à The Gazette.

Marie-Ève Bédard, une porte-parole du ministre de la Santé, Yves Bolduc, a déclaré qu’un énoncé de politique concernant le H1N1 sera annoncé le 24 août prochain.

Toutefois, le gouvernement ne demandera pas aux groupes à risque – incluant les femmes enceintes, les personnes âgées et celles aux systèmes immunitaires déficients – de se tenir loin des écoles et des hôpitaux, a-t-elle précisé. Au lieu de cela, le gouvernement leur rappellera les dangers inhérents.» (The Gazette, 16 août 2009)

Voici un exemple flagrant de manque de leadership, survenu quelques jours à peine après que Jean-Jacques Samson, du Journal de Québec, ait traité de «Pinocchio de la santé» le ministre Yves Bolduc, l’accusant de «manquer de leadership dans des dossiers chauds comme les préparatifs en prévision d’une pandémie de grippe A (H1N1) à compter de l’automne». [Journal de Québec, 16 août 2009]

Pourtant, les autorités doivent certainement être au courant de l’étude américaine publiée dans The Lancet, qui conclut que les femmes qui attendent un enfant, atteintes de la grippe A, ont quatre fois plus de risques de souffrir de complications. [Pandemic H1N1 infection in pregnant women in the USA, 8 août 2009, Punam Mangtani, Tippi K. Mak, Dina Pfeifer, doi:10.1016/S0140-6736(09)61431-8]

Il n’y a simplement qu’à observer le nombre élevé de décès provoqués par la grippe porcine de femmes enceintes dans les pays Amérique du Sud, pour constater qu’elles constituent réellement une population à risque. Un grand nombre de pays à travers le monde ont rapporté de nombreux décès de femmes enceintes infectées par le H1N1.

Le gouvernement du Costa Rica a recommandé dernièrement aux femmes enceintes d’éviter les foules… et de ne pas magasiner. «Les femmes enceintes devraient éviter les endroits bondés comme les centres commerciaux, lieux de divertissement, restaurants et cinémas.» [Tico Times, 5 août 2009]

Le gouvernement du Royaume-Uni a quant à lui conseillé aux femmes de retarder la conception. [Traduction] «Nous conseillons à tous de bien planifier la grossesse – nous déconseillons aux femmes de concevoir. Les-mamans-en-devenir sont plus vulnérables à quelque type de grippe. Il est particulièrement important que qui que ce soit aux prises avec des problèmes existants de santé et qui pense à fonder une famille devrait d’abord en parler à son médecin, comme cela serait fait normalement.» [The Guardian, 19 juillet 2009]

Si les femmes enceintes enseignantes ne devraient pas travailler cet automne parce qu’elles sont à risque, alors… les femmes enceintes employées administratives dans des établissement d'enseignement ne devraient pas non plus travailler.

Je suis d’avis qu’au moment où surviendra la 2e vague de H1N1 pandémique, les femmes enceintes – peu importe leur profession - ne devraient pas aller travailler, et devraient éviter les lieux bondés.

Et si les femmes enceintes enseignantes, qui fréquentent des écoles qui sont considérées comme des lieux avec une concentration de virus, alors, les enfants ne devraient pas aller à l'école.

Qui va payer pour tout cela?

Le gouvernement n’a pas l’air pressé de se pencher sur ces questions.

Cet automne, les femmes enceintes iront travailler pour gagner leur vie, et elles pourraient risquer par le fait même leur vie et celle de leur fœtus. Combien de Fatihas et de bébés en devenir seront sacrifiés avant que ne soient mises en œuvre des mesures de prévention et de protection réalistes?

11 août 2009

Les dernières volontés


Quelques mois se sont écoulés depuis le 27 avril dernier, date où l’Organisation mondiale de la santé est passée en Phase 4 d’alerte. [Personnellement, je considère que la pandémie a débuté à peu près à cette époque. Étant donné que les instances gouvernementales accusent toujours un certain décalage (retard) par rapport à la réalité, il fait sens à mes yeux de fixer les débuts pandémiques à ce moment.]

Mai, juin, juillet, et maintenant août. Nous avons été submergés par une marée de nouvelles. Même si le nombre d’articles de presse a considérablement augmenté (par rapport à la période appelée «flu fatigue»), l’abondance est illusoire. Cela ne parle pas encore vraiment des vraies affaires, et nous restons sur notre faim, en quelque sorte, espérant toujours que les autorités mettent de côté leur peur, et se décident enfin à affronter la réalité. Ce qui fait que, fidèles à nous-mêmes, nous ramons toujours dans l’océan de publications – toutes les langues réunies - pour tenter de définir un portrait réaliste de la situation. Une chose est certaine, la vraie situation ne correspond pas à l’image à laquelle tentent de nous faire croire les autorités.

La communauté de pratique francophone flublogienne est demeurée active au cours de la période estivale. Les billets se sont faits moins nombreux, mais les échanges en privé se sont considérablement multipliés. Certaines personnes ont eu l’impression d’avoir tout dit et sont restées bouche bée devant le spectacle officiel, d’autres se sont senties impuissantes et auraient souhaité pouvoir rajouter des années au temps, afin que puissent être complétés les préparatifs sociaux (qui n’ont jamais en fait vraiment débuté).

Toutes et tous s’entendent sur un point et partagent le même sentiment: la vie est précieuse et il faut en profiter au maximum, pendant qu’il en est encore temps. Les amis m’ont raconté à quel point ils s’en sont donné à cœur joie, déposant, le temps d’un été, le lourd fardeau de la vision de ce qui s’annonce.

Une amie chère, qui a le même âge que moi, a dressé la liste de toutes les choses qu’elle souhaitait faire avant de mourir. Elle a bravement sauté en parachute de 10,000 pieds dans les airs. Pendant ce temps, j’étais en bas (solidement sur la terre ferme), la regardant gracieusement flotter dans le vent, tel un papillon, profondément émue, les yeux embués de larmes.

Peter M. Sandman

Dans Zonegrippeaviaire, ces derniers mois, un travail remarquable de traduction a eu lieu, concernant les billets du communicateur de risque Peter M. Sandman: je lève mon chapeau à Gaby et souligne son travail de longue haleine et ses nombreux efforts. Admirable, Peter M. Sandman continue de se battre et d’argumenter (longuement!). Il est trop tard pour mettre sur pied une campagne de préparatifs sociaux: la plupart des membres du Flublogia l’ont deviné, et ce, dès le mois d’avril dernier. La blogueuse américaine et colorée Catherine Mitchell avait alors déclaré: «La fenêtre des préparatifs s’est refermée.»

Mai, juin, juillet, et maintenant août. Nous avons mis de l’ordre dans nos affaires, nous nous sommes efforcés de nous préparer à affronter le spectre de la pandémie au mieux de notre intuition et de nos connaissances – acquises pour la plupart d’entre nous sur le tas, à force de partage d’informations et d’idées, avec la communauté de pratique flublogienne du monde entier. Nous avons passé en revue nos dernières volontés, et célébrons maintenant la beauté de la vie, savourons chaque petit instant de bonheur, de soleil et d’amour, faisons le plein d’énergie, et amassons tout ce que nous pouvons de courage, devant le grand Inconnu.
 
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