Quelle ne fut ma surprise quand j’ai vu passer les mots «pénurie», «Occident», et «denrées», au moment où j’ai lu un article annonçant la sortie d’un nouvel ouvrage d’une de mes auteures préférées, Margaret Atwood, que Le Devoir décrit comme «la grande romancière canadienne anglaise.»
Il s’agit d’un essai portant sur le phénomène de la dette, paru l'an dernier sous le titre Payback: Debt and the Shadow Side of Wealth chez House of Anansi. Comptes et légendes, la dette et la face cachée de la richesse, vient maintenant d'être publié en français chez Boréal.
Margaret Atwood a une réputation de prophétesse. Elle semble détenir une étrange capacité de prédiction de l'avenir.
Je trouve qu’elle décrit admirablement bien les choses telles qu’elles sont. Avec elle, point d'illusion.
Je me rappelle une lettre qu’elle a publié dans Le Devoir en octobre dernier – «Harper: déconnecté, dépassé» - au sujet de la listériose, du système de santé et du manque de transparence au Canada, qui m’a fait dresser le poil sur les bras.
«Pendant que des Canadiens et des Canadiennes mouraient de la listériose cet été, les «neocons» de Harper proposaient de confier à l'industrie alimentaire le contrôle de ses propres inspections -- une recette infaillible de coins ronds et de camouflage -- et de déréglementer l'étiquetage des aliments, de sorte que les fabricants puissent dire n'importe quoi sur les étiquettes. Même les fabricants de produits alimentaires du Canada ont trouvé cette idée «idiote».
[saut de paragraphe]
Harper s'est fait élire en promettant de consulter, d'être transparent, d'être responsable, mais il a accompli exactement le contraire. Il ne consulte personne d'autre que lui-même dans son miroir; il dirige le gouvernement le plus secret qu'on ait jamais vu au Canada; pour lui, la responsabilisation se résume à ceci: «Si je fais une erreur, vous êtes viré.» Les vrais leaders savent qu'ils sont les ultimes responsables, mais M. Harper possède un talent prodigieux pour renvoyer la balle. Il n'assumera pas ses propres actes, à moins d'être acculé au mur, et encore, en marmonnant.
Ma prédiction éclairée d'aujourd'hui est la suivante: Chers Canadiens et Canadiennes, si vous donnez aux «neocons» de Harper un gouvernement majoritaire, vous perdrez beaucoup de choses qui vous tiennent à coeur, vous ne gagnerez rien qui en vaille la peine et vous ne pourrez jamais, jamais vous le pardonner.»
Selon la Presse canadienne, Margaret Atwood «aborde [ses sujets] avec une intelligence, une intuition et une acuité qui vont beaucoup plus loin que ce que les textes de spécialistes nous en apprennent.»
Donc il ne faudrait donc pas s’étonner que Margaret Atwood ait intuitivement compris que l’Occident pourrait se retrouver avec des pénuries d’approvisionnement, si la crise économique s’aggrave, ou encore en cas de pandémie d’influenza.
L’écrivaine jette un regard étonnant sur la crise économique actuelle.
Elle parle de deux avenues possible: se préparer et prévenir [une pandémie], ou bien vivre comme la cigale dans Jean de La Fontaine, et user des ressources jusqu'à l'épuisement. Je considère qu'elle entrevoit clairement la différence entre les preppers et les non-preppers.
Voici un extrait d’un article publié par Le Devoir, «Margaret Atwood à l’heure des comptes», où il est question de pénuries de denrées de base en Occident:
«À l'heure actuelle, constate Margaret Atwood, le monde est au bord d'une crise plus grave que ce qu'il ne perçoit, et l'humanité pourrait, même en Occident où elle a vécu jusqu'à maintenant dans l'abondance, être privée de denrées de base à court terme. Devant cette éventualité, il y a deux avenues possibles, auxquelles le Scrooge nouveau est confronté: tenter d'améliorer son sort ou profiter des ressources jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien. Le choix lui revient.
Mais en entrevue, Margaret Atwood ne cède pas au pessimisme. L'espèce humaine a déjà traversé de très graves crises. Si l'humain trouve des solutions à ses problèmes, il les adoptera, car sa survie en dépend. En attendant, il doit apprendre à mieux régler ses comptes avec ses semblables et avec la vie.»
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