Le discours papal d'aujourd'hui portait sur l'usage des médias sociaux:
Benoît XVI a mis en garde contre les «dangers» d’Internet, et des réseaux sociaux en particulier, dans un message lors de la 45e Journée mondiale des communications sociales, le 24 janvier 2011.
Alors que les réseaux sociaux – Facebook, Twitter, myspace, Viadeo ou LinkedIn – sont en pleine croissance, le pape dans son message a partagé « quelques réflexions suscitées par (…) l’expansion de la communication à travers le réseau Internet». Au fil du texte, Benoît XVI a évoqué les «dangers des espaces virtuels », comme celui de «se réfugier dans une sorte de monde parallèle» ou d’une « addiction au monde virtuel». Il a mis en garde devant le risque, pour les jeunes essentiellement, de «céder à l’illusion de construire artificiellement son ’profil’ public».
S’il a reconnu que « les nouvelles technologies permettent aux personnes de se rencontrer au-delà des frontières de l’espace et des cultures, inaugurant ainsi un tout nouveau monde d’amitiés potentielles », Benoît XVI n’a pas oublié les «risques possibles». [Rome: le pape évoque les risques des réseaux sociaux sur Internet, NovoPress, 24 janvier 2011]
Ce qui m'étonne chez ce leader spirituel, c'est sa propension à souligner le négatif. Plutôt que de mettre l'accent sur le petit pourcentage d'abus, pourquoi ne pas se concentrer sur les avantages d'une situation, et adopter une vision à long terme?
Le leadership de la papauté est fondé sur une conception verticale du pouvoir. Nous avons pu observer ces derniers temps, avec l'exemple de la révolution en Tunisie, comment les médias sociaux peuvent renverser un régime abusif pour passer d'une dominance, d'un pouvoir central ou une force supérieure de hiérarchie, à une assemblée de tous qui voudront prendre part à la gouvernance.
Le Gouvernement ouvert, d'après John Moore, est «une philosophie axée sur le citoyen et une stratégie selon laquelle les meilleurs résultats sont généralement le fruit de partenariats entre les citoyens et le gouvernement, et ce à tous les niveaux.»
Le pape Benoît XVI a déclaré aujourd'hui qu'il souhaite que «le web ne devienne pas un instrument qui permette aux plus puissants de monopoliser les opinions des autres».
L'Église a pourtant une longue historique de monopole de l'opinion des autres. La déclaration d'aujourd'hui démontre-t-elle que l'Église perçoit les médias sociaux comme une menace?
José Comblin explique la problématique de l'Église (dans 'Église et pouvoir'):
La conception médiévale du pouvoir dans l’Église, avec l’abîme qui s’en suit entre le clergé et le peuple, est en crise depuis deux siècles, même si la hiérarchie l’a nié jusqu’à Vatican II et si plusieurs le nient encore aujourd’hui.
Cette relation est en crise depuis longtemps et la crise s’est accentuée davantage au XXe siècle. Des millions de personnes ont abandonné l’Église catholique et la cause fondamentale, consciente ou inconsciente, c’est la question du pouvoir. Avec le Pape actuel, on ne peut même pas soulever le problème parce que son pouvoir est plus absolu que le pouvoir de n’importe quel Pape du passé. [...] Mais il est évident que la nouvelle société urbaine, alphabétisée et culturellement développée, n’accepte pas ce genre de relation de pouvoir qui est né au Moyen Âge.
On ne peut pas nier que l’Église, comme tout groupe humain, a besoin d’une organisation de pouvoir, mais pas éternellement cette organisation née à une époque historique donnée, limitée dans le temps. Personne ne nie que l’autorité soit nécessaire. Mais le système actuel de l’autorité fait que des millions de catholiques, justement ceux qui sont de la nouvelle culture urbaine, s’éloignent de l’Église, ou tout simplement perdent inconsciemment le sentiment d’appartenance à cette Église.
Le pape a également souligné que «les nouvelles technologies ne changent pas seulement le mode de communiquer, mais la communication en elle-même.»
Un leader spirituel (à mon avis) devrait comprendre les mécanismes de l'esprit, et quels sont les effets bénéfiques des nouvelles technologies et des médias sociaux:
• Si la communication en soi change, cela peut positivement affecter l'être humain.
Plus de communication conduit au développement du soi. La communication permet une prise en compte de l’individu dans ses ressentis présents et dans ses demandes. La communication développe l'estime de soi et permet de réaliser le potentiel inscrit dans l'ensemble d'un être. La communication peut favoriser la libération de l'être.
• Les médias sociaux abolissent toutes les frontières, et permettent de ressentir que nous sommes une seule et même chose: nous sommes tous interconnectés.
Tout est lié avec tout le reste. Dans le monde spirituel, ces liens deviennent visibles. Mais dans le monde physique, nous n'entrevoyons les connexions qu'avec les indices qui nous sont données. Les médias sociaux font en sorte que de plus en plus de gens perçoivent ces connexions.
• Réaliser l'interconnexion favorise l'épanouissement de l'empowerment individuel.
«Chaque goutte de sève contient la plénitude de l'arbre entier.» (Maharishi Mahesh Yogi)
Une fois que l'on prend conscience que l'on est connecté à tout, et que l'on fait partie du tout, on prend aussi conscience de son pouvoir. C'est l'empowerment individuel.
• La conscience est un champ infini dont chaque personne constitue une expression localisée.
Une partie du champ peut en affecter une autre. C'est ainsi qu'un champ fonctionne. Quel que soit son emplacement dans le champ magnétique de la Terre, une boussole s'alignera toujours spontanément avec ce dernier, c'est-à-dire qu'elle pointera vers le nord.
• Par conséquent, les médias sociaux pourraient donner lieu à une hausse du niveau de conscience collective (ou intelligence collective).
«Les groupes sont plus intelligents quand les gens agissent individuellement», affirme James Surowiecki.
• Davantage de conscience collective (ou intelligence collective) pourrait conduire à la résolution de grandes problématiques mondiales.
L'intelligence se comporte de façon autoréférentielle. Elle saute par-dessus les barrières de l'impossible. Il s'agirait là du comportement naturel de l'intelligence qui s'influence elle-même, en elle-même et par elle-même. Elle ne connaît pas d'obstacles absolus. Elle sait tracer de nouveaux chemins. Lorsque besoin il y a, elle crée de nouvelles réalités.
Lyall Watson a indiqué: «Il est possible que lorsqu'un nombre suffisant tient une chose pour vraie, celle-ci devienne vraie pour tous.»
Alors je ne pense pas que le discours d'aujourd'hui prononcé par le pape, à propos des médias sociaux, consistait en un discours éclairé. Un chef spirituel devrait pouvoir voir plus loin que son nez, et surmonter sa peur de perdre le contrôle (pouvoir).
«Je crois que chacun de nos actes comporte une dimension universelle», a indiqué le Dalai Lama. Cela devient de plus en plus évident avec les médias sociaux.
Par ailleurs, Deepak Chopra vient de publier un nouveau livre sur le leadership (The Soul of Leadership). Suggestion de lecture pour le pape...
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