Le 14 février dernier, Simon Robic a interviewé Jean-Marc Ayrault, député-maire de Nantes (en France), à propos de la vie numérique de Nantes et des médias sociaux. Je vous invite à visionner l'interview au complet, car les propos recueillis sont des plus intéressants.
La France a une longueur d’avance sur l’ensemble des pays francophones en ce qui concerne la libération des données (en anglais, on appelle cela ‘Open Data’). Toutefois, aucune collectivité francophone n’a encore annoncé l’adoption d’une gouvernance ouverte (‘Open Government’).
- Au printemps 2010, la ville de Rennes a mis à la disposition des citoyens des données brutes.
- Le conseil de Paris a décidé de libérer ses données le 14 décembre 2010.
- La ville de Nantes a annoncé au début de février 2011, lors de l’inauguration de la Cantine numérique nantaise, qu’elle se lançait dans la libération des données publiques.
- Par décret daté du 21 février 2011, la France a annoncé le lancement de la mission Etalab, qui consistera en la «création d’un portail unique interministériel destiné à rassembler et à mettre à disposition librement l’ensemble des informations publiques de l’État, de ses établissements publics administratifs et, si elles le souhaitent, des collectivités territoriales et des personnes de droit public ou de droit privé chargées d’une mission de service public».
Les 9 mois de campagne de sensibilisation menés par LiberTIC ont positivement influencé l’ouverture de Nantes.
Cependant, Jean-Marc Ayrault a indiqué dans l’interview, que la «révolution de jasmin» tunisienne s'est avérée un élément déclencheur, qui lui a fait réaliser l’importance des médias sociaux dans la société. Le mois de contestation et de manifestations insurrectionnelles qui a suivi l'immolation d'un jeune diplômé chômeur, et qui a mené à la chute du régime de Ben Ali, après 23 ans de règne, a sans doute ébranlé de nombreux politiciens, qui ont dû avoir une prise de conscience.
«C’est clair que les réseaux sociaux ont joué un rôle fondamental», a indiqué Jean-Marc Ayrault. «Cela montre bien que Internet, cela fait partie de nos vies d’aujourd’hui. C’est à la fois un moyen d’échanger, mais c’est aussi un formidable moyen de développement économique, et cela on l’oublie un peu trop souvent.»
Le député-maire a expliqué que la ville de Nantes n’a pas encore mis suffisamment d’espaces d’échanges à la disposition des citoyens. Il souhaiterait qu’il y ait davantage de citoyens impliqués dans des débats. «Si on s’organise bien avec le projet Ma Ville Demain, les forces vives qui aujourd’hui existent, mais qui ne sont pas suffisamment reconnues, dans lesquelles on trouvera notamment les jeunes générations - ces générations feront peut-être de la politique dans l’avenir -, c’est important que ces forces vives aient dès aujourd’hui la parole.»
Jean-Marc Ayrault comprend que l’implantation d’une relation participative avec la population est un processus complexe, qui exige du temps. Il se donne une marge de manœuvre de deux années.
«Il faut que chacun soit conscient qu’on veut jouer le jeu du débat. J’espère qu’il y aura de la vie et de la confrontation. Cela peut présenter des risques. C’est fait pour cela, pour qu’on invente quelque chose ensemble. Il faut accepter que lorsqu’on donne la parole, on la donne vraiment.»
Jean-Marc Ayrault a souligné que les citoyens ont fait la demande de libération des données. «Les données, c’est un bien collectif. C’est un bien public. J’ai compris que cela pouvait permettre de développer de nouveaux services. Il y a un enjeu économique. Mais il y a aussi un enjeu social. Je sais qu'il s'agit d'une annonce très positive.»
Le député-maire procédera prochainement à la nomination d’un responsable, qui sera mandaté dans un premier temps pour mobiliser l’ensemble des acteurs.
«Les technologies numériques sont un formidable moyen de développement et d’attractivité durable du territoire. En France, nous avons un champ de développement que l’on n’utilise pas assez. On ne s’est pas rendu compte que c’était important», a déclaré Jean-Marc Ayrault.
Je lui accorde un A+. Si seulement les maires canadiens pouvaient comprendre et entrevoir ce que représentent les médias sociaux pour une administration publique aussi bien que lui, nous pourrions très prochainement voir pousser des Gouvernements ouverts d'un océan à l'autre.
Blogue de Lyne Robichaud
01 mars 2011
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