Blogue de Lyne Robichaud
27 septembre 2011
Métaphore de l'aspirateur et gouvernement ouvert
Les aspirateurs sont de puissantes machines qui ramassent à peu près n'importe particules, de grains de sable, poils de chien, jusqu'au cailloux et divers objects de petite taille. Chaque fois que je passe la balayeuse dans la maison et que j'entends des cliquetis sous le divan, j'ai des sueurs froides en me demandant si un trésor précieux de mon fils ne vient pas d'être englouti. «Et si c'était le casque de Vador ou encore le sabre laser de Skywalker en bloc Lego?». L'autre jour, je me suis accrochée dans la table basse du salon et en moins de 10 secondes, la nappe crochetée à la main par ma grand-mère de 90 ans a disparu dans le boyau. Oups!
Il y a des gens et des gouvernements qui sont comme des aspirateurs. Ils dérobent l'énergie des autres. Ce qu'ils aspirent est précieux (ce n'est pas de la vulgaire poussière).
Dans les relations humaines, cela est qualifié de «relation perverse». La communication perverse, selon la gourou du harcèlement moral, la psychiatre Dr Marie-France Hirigoyen, «la mise en place de l'emprise utilise des procédés qui donnent l'illusion de la communication - une communication particulière, non pas faite pour relier, mais pour éloigner ou empêcher l'échange. Cette distorsion dans la communication a pour but d'utiliser l'autre.»
J'ai lu plusieurs livres de Marie-France Hirigoyen avec grand intérêt. Ses explications m'aident à transposer ces connaissances sur l'emprise, et imaginer quelles sont les différences entre un ancien mode de gestion et le nouveau mode de gouvernement ouvert, qui est axé sur la transparence, participation et collaboration. Pour qu'il s'effectue une collaboration efficace, cela implique une relation bidirectionnelle. Une des raisons pour laquelle le modèle du gouvernement ouvert m'inspire autant est que de meilleures relations peuvent être instaurées dans ce type de gouvernance.
Dans 'Le Harcèlement moral', Dr Hirigoyen décrit en quoi consiste une la communication perverse: refuser la communication directe; déformer le message; mentir, manier le sarcasme, la dérision et le mépris; user du paradoxe; disqualifier; diviser pour mieux régner.
Refuser la communication directe
Le refus du dialogue est une façon de dire, sans l'exprimer directement avec des mots, que l'autre ne vous intéresse pas ou même qu'il n'existe pas.
Avec n'importe quel autre interlocuteur, si on ne comprend pas, on peut poser des questions. Avec les «pervers», le discours est tortueux, sans explication, et conduit à l'aliénation mutuelle.
La non-communication se retrouve à tous les niveaux d'expression. «Mon patron, dès mon entrée dans l'entreprise, me regardait d'une façon telle que j'étais toujours mal à l'aise, je me demandais ce que j'avais fait qui n'allait pas».
Déformer le langage
Le message est délibérément flou et imprécis, entretenant la confusion. Il peut dire «Je n'ai jamais dit cela», et éviter tout reproche. Offrant des propos dans lien logique, il entretient la coexistence de différents discours contradictoires.
Ce qui importe dans le discours, c'est la forme plutôt que le fond, paraître savant pour noyer le poisson.
Mentir
Plus souvent qu'un mensonge directe, il y a recours à un assemblage de sous-entendus, de non-dits, destinés à créer un malentendu pour ensuite l'exploiter à son avantage. Dans son traité 'L'art de le guerre', rédigé vers le Ve siècle avant J-C, le Chinois Sun Tse enseignait: «L'art de la guerre est l'art de duper, en se donnant toujours l'apparence contraire de ce que l'on est, on augmente les chances de victoire.»
Dire sans dire est une façon habile de faire face à toute situation.
Un type de mensonge indirect consiste à répondre de façon imprécise ou à côté, ou par une attaque qui fait diversion.
Quoi que l'on dise, les «pervers» trouvent toujours un moyen d'avoir raison. Vérité ou mensonge, cela importe peu pour ces personnes. Ce qui est vrai est ce qu'ils disent dans l'instant. Ces falsifications de la vérité sont parfois très proches d'une «construction délirante».
C'est ainsi que l'on voit ces personnes entourer leur histoire d'un grand mystère qui induit une croyance chez l'autre sans que rien n'ait été dit: cacher pour montrer sans dire.
Manier le sarcasme, la dérision, le mépris
Vis-à-vis le monde extérieur, ce qui domine est le mépris, la dérision. Le mépris est l'arme du faible: il est une protection contre des sentiments indésirables. On se cache derrière un masque d'ironie ou de plaisanterie.
Toutes les remarques désagréables constituent des blessures qui ne sont pas compensées par des marques de gentillesses.
Pour déstabiliser l'autre, il suffit de:
- se moquer de ses convictions, de ses choix politiques, de ses goûts;
- ne plus lui adresser la parole;
- le ridiculiser en public;
- le dénigrer devant les autres;
- le priver de toute possibilité de s'exprimer;
- se gausser de ses points faibles;
- faire des allusions désobligeantes, ne jamais les expliciter;
- mettre en doute ses capacités de jugement et de décision.
User du paradoxe
Sun Tse enseigne également que, pour gagner une guerre, il faut diverse l'armée ennemie avant même de commencer la bataille: «Sans donner de batailles, tâchez d'être victorieux.»
Dans une «agression perverse», on assiste à une tentative d'ébranler l'autre, de le faire douter de ses pensées, de ses affects. Le but est de nier tout en paralysant.
Le paradoxe vient le plus souvent du décalage entre les paroles qui sont dites et le ton sur lequel ces paroles sont proliférées.
Le paradoxe consiste également à faire ressentir à l'autre de la tension et de l'hostilité sans que rien ne soit exprimé à son égard.
Un discours paradoxal rend l'autre perplexe.
Disqualifier
Il s'agit de retirer à l'autre toute qualité, de lui dire et de lui répéter qu'il ne vaut rien, jusqu'à l'amener à le penser.
La disqualification à travers l'usage du paradoxe, du mensonge et d'autres procédés sont destinés à enfoncer l'autre pour mieux se rehausser.
Diviser pour mieux régner
Sun Tse dit encore: «Troublez le gouvernement adverse, semez la dissension chez les chefs en excitant la jalousie ou la méfiance, provoquez l'indiscipline, fournissez des causes de mécontentement».
Là où le «pervers narcissique» excelle, c'est dans l'art de monter les gens les uns contre les autres, de provoquer des rivalités. La jouissance suprême pour un «pervers» est de faire accomplir la destruction d'un individu par un autre et d'assister à ce combat d'où les deux sortiront affaiblis, ce qui renforcera sa toute-puissance personnelle.
SE LIBÉRER DE COMPORTEMENTS TOXIQUES
Il est possible de libérer une personne (ou un gouvernement) d'avoir recours à un masque de contrôlant. Sous se masque se cachent généralement des personnes possédant des qualités de chef, d'après Lise Bourbeau, dans 'Les 5 blessures qui empêchent d'être soi-même':
- Par sa force, cette personne est habile à se faire rassurante et protectrice;
- Très talentueuse, sociable et bonne comédienne;
- Possède le talent de parler en public;
- Capacité de passer à toute vitesse d'un élément à un autre et de gérer plusieurs choses en même temps;
- Capacité de prendre des décisions rapidement;
- Capable de grandes performances à plusieurs niveaux.
Quand peut-on constater qu'un contrôlant devient moins contrôlant (que cette personne se libère de son masque)? «Lorsque cette personne ne vit plus autant d'émotions au moment où quelqu'un ou quelque chose vient déranger ses plans. Cette personne lâche prise plus facilement. Lâcher prise signifie arrêter d'être attaché aux résultats, arrêter que de vouloir que tout se passe selon notre planification. Cette personne ne cherche plus à être le centre d'attraction. Cette personne, lorsqu'elle est fière d'un de ses exploits, peut se sentir bien même si les autres ne la reconnaissent pas», explique Lise Bourbeau.
Modifier ses pensées, c'est possible d'y arriver. Il ne faut pas se morfondre sur les pensées discursives. Il est préférable de se concentrer plutôt sur celles que l'on souhaiterait adopter, et peu à peu, on devient cet idéal, on se fond graduellement dans la plus haute vision à laquelle on tend.
La transformation d'un gouvernement en gouvernement ouvert nécessite de grands «changements complets des mentalités», a souligné Henri-François Gautrin.
Je considère que la transparence, participation et collaboration, dans un contexte de gouvernement ouvert, débutent d'abord par une prise de conscience des enjeux et de ce que cela signifie, dans le quotidien de tous les jours, dans les relations entre les membres du gouvernement et les citoyens. En comprenant quels sont les comportements à abandonner et par quoi ils devraient être remplacés, il devient possible alors d'implanter un changement.
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