Blogue de Lyne Robichaud

25 mars 2011

"A government that breaks the rules and conceals facts does not deserve to remain in office"

Michael Ignatieff

"You have spoken, Mr. Speaker. The committee has spoken, and now the House must speak with a clear voice," Ignatieff told the Commons. "And it must say that a government that breaks the rules and conceals facts from the Canadian people does not deserve to remain in office." (Michael Ignatieff)

Perfect! Now can we have an open government please? A real one, not one that looks good on paper, a real open government please.

Liberal leader Michael Ignatieff introduced a non-confidence motion that is all but certain to bring down the Canadian federal government. MPs will vote on the motion at 1:30 p.m. ET on March 24th 2011, likely marking the end of the 40th Parliament.

24 mars 2011

La crise dans le monde arabe vue par Abdou Diouf


Voici un texte de Abdou Diouf, secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie, publié le 21 mars 2011 dans FrancoPresse.ca.

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Note: Dans ce texte, le Secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et ancien président sénégalais, Abdou Diouf, se penche sur le rôle que la jeunesse et les nouvelles technologies ont joué lors des récentes révolutions qui ont frappé et qui continuent de frapper le monde arabe.

PARIS – Le souffle de révolte et de liberté qui s’est emparé du monde arabe semble avoir pris de court les administrations, les chancelleries, les observateurs et même les services de renseignements. Qui aurait pu prédire ce qui est arrivé? Mais à y regarder de plus près cette succession d’événements en cascade ne porte-t-elle pas, finalement, la plupart des caractéristiques de la société mondiale de ce début de troisième millénaire?

Celles d’une société interconnectée où quelques SMS ou connections internet suffisent à organiser, en quelque heures à peine, un immense rassemblement de foule pour faire la fête ou – on le sait maintenant – la révolution! Celles d’une société où 8 jeunes sur 10, âgés de 15 à 24 ans, vivent dans des régions en développement, en Afrique, en Asie, en Amérique latine ou dans les Caraïbes. Or c’est bien cette jeunesse qui, en Tunisie, a donné le coup d’envoi d’une révolution que d’autres jeunes se sont à leur tour appropriés et qui se propage, désormais, sans que quiconque puisse dire où et quand cela s’arrêtera.

Celles d’une société où cette jeunesse en quête d’éducation et de formation, pour la grande majorité d’entre elle, ou d’emplois qualifiés quand elle est formée, ne se voit offrir d’autre perspective d’avenir que l’exode rural, le chômage ou l’émigration, et pas seulement vers les pays du Nord comme on a trop vite fait de l’affirmer, de le penser ou de le craindre. La moitié des migrants originaires de pays du Sud résident et travaillent dans d’autres pays du Sud. Et dans l’immédiat, l’afflux d’émigrants tant redouté par l’Europe se déplace de la Libye vers la Tunisie et l’Égypte, déjà fragilisées par les événements de ces dernières semaines, créant ainsi une réelle menace de crise humanitaire.

Celles d’une société où les progrès les plus spectaculaires, les fortunes les plus puissantes cohabitent avec la plus extrême misère et le plus profond dénuement, sans espoir que cela change, à la différence près que désormais tout se sait et tout se voit. N’est-ce pas, à cet égard, la soif de changement qui a été le dénominateur commun des révolutions arabes, même s’il faut être bien attentif à distinguer la spécificité propre à chacune de ces situations. Parler un peu hâtivement du monde arabe comme d’un ensemble homogène et uniforme risquerait en effet de fausser nos analyses présentes et à venir. Aspiration à l’équité économique et sociale, aspiration à la dignité, aspiration à la liberté politique que l’on n’a pas su entendre, que l’on n’a pas réussi ou que l’on n’a pas voulu mettre en œuvre par la voie de la réforme et qui n’a eu d’autre issue que de s’exprimer dans le rejet non-violent mais « jusqu’au-boutiste » de l’injustice, de l’autoritarisme, du népotisme, de l’affairisme, de la corruption, du clientélisme.

Celles d’une société surmédiatisée qui traque l’événement, minute par minute, heure par heure mais qui se lasse aussi vite qu’elle s’est enflammée. Le « zapping » médiatique garantit certes au téléspectateur d’être tenu en haleine, chaque édition offrant son lot de sensationnel et de sensations fortes. Après tout, il se passe toujours une catastrophe ou une crise quelque part et il faut bien reconnaître que le déclenchement d’une guerre civile, d’un soulèvement populaire ou d’un tremblement de terre avec ses images de violence, de souffrance, de mort fait plus d’audience que le long, difficile et ingrat chemin de la reconstruction, de la transition démocratique, du retour à la sécurité, à la stabilité et à la paix.

Quelques jours durant, toutes les chaînes de télévision, toutes les radios, tous les journaux étrangers, désertant la Côte d’Ivoire où plus rien ne reculait ni n’avançait, ont vécu au rythme des revendications de la jeunesse tunisienne, jusqu’à ce qu’une révolution chasse l’autre. Les caméras, les micros se sont alors tous déplacés Place Tahrir, jusqu’à ce que la Libye et la répression sanguinaire du colonel Kadhafi chasse à son tour l’Égypte des écrans et des antennes. Il ne s’agit pas, dans mon esprit, de sous-estimer le travail des journalistes qui servent l’information, parfois au péril de leur vie, mais de plaider pour que les lendemains de crise, de catastrophe ou de conflit, fassent l’objet d’autant d’attention que la crise, la catastrophe ou le conflit eux-mêmes. Car c’est à ce moment-là que tout peut basculer, c’est à ce moment-là que les populations en difficulté ont le plus besoin qu’on les accompagne sans rien imposer, qu’on leur témoigne notre intérêt, notre disponibilité, notre solidarité, sur le long terme.

La jeunesse arabe ne nous a pas seulement placés face aux réalités de notre société mondialisée. Du fond de sa désespérance, elle nous a donné une formidable leçon d’espérance et de maturité politique en montrant qu’il y avait d’autres voies que la captation, par des fanatiques, de ses frustrations légitimes.

En manque d’avenir, mais en quête d’idéal, elle nous a donné une formidable leçon de citoyenneté et d’humanisme. Elle nous a invités à replacer l’Homme, son bien-être et sa dignité, au cœur de toute politique. Elle nous a démontré que la logique des intérêts stratégiques, économiques ou de puissance qui régissent les relations entre États, ou que la logique des blocs régionaux ou des amitiés complices ou coupables devraient désormais compter avec une logique citoyenne fondée sur l’intérêt général, et le partage, par-delà nos différences de couleur, de culture ou de religion, de principes et de valeurs universelles. À nous désormais de l’entendre, de l’admettre et surtout de ne pas l’oublier.

19 mars 2011

Le gouvernement du Canada lance un portail de données ouvertes, et 24 heures plus tard, un gouvernement ouvert

Stockwell Day

Le 17 mars 2011, le gouvernement du Canada a annoncé le lancement d’un portail de données ouvertes: http://www.data.gc.ca. Voir le communiqué officiel.

Puis le 18 mars 2011, le gouvernement du Canada a annoncé «le renforcement du gouvernement ouvert». http://www.ouvert.gc.ca Voir le communiqué officiel.

24 heures entre les deux annonces. Aucune mention dans la presse francophone de la première et de la seconde annonce. Aucune mention dans la presse anglophone de la seconde annonce. Les journalistes pourraient avoir perçu la seconde déclaration comme un addendum.

«L'honorable Stockwell Day, président du Conseil du Trésor et ministre de la porte d'entrée de l'Asie-Pacifique, a émis aujourd'hui la déclaration suivante portant sur l'engagement continu du gouvernement du Canada à l'égard du gouvernement ouvert», peut-on lire dans le second communiqué.

L’engagement continu de quoi? De ce qui a été annoncé il y a 24 heures?

Je devrais sauter de joie, parce que j’attends cette nouvelle depuis des années. La façon dont ces annonces ont été gérées démontre un manque de sérieux, un embrouillement interne, et un flagrant manque de vision.

Par ailleurs, je me suis étouffée en lisant cette phrase: «Depuis longtemps, le gouvernement du Canada est un pionnier dans le domaine de l'accès de ses citoyens à l'information. Le renforcement du gouvernement ouvert illustre bien notre engagement public de continuer dans cette voie.»

Espérons que les provinces canadiennes ne s'aligneront pas sur cette manière désorganisée et confuse d'annoncer leur transformation en gouvernement ouvert.

08 mars 2011

The effect of empowerment in a Open Government philosophy

[My translation of my initial post, written in French: «L’effet de l’empowerment dans une philosophie de Gouvernement ouvert», January 21, 2011, GovintheLab]

On Sunday January 16, 2011, at Gov20Radio, the customer service guru, John Tschohl, with his 38 years of experience, repeated a dozen times - wanting to make sure that his message would be heard - that empowerment for business employees "generates quick decisions, saves time, reduces costs and boosts administration sales." He described the effect of empowerment on a business (or government).

He also stressed the fact that for employees to gain empowerment in a business (or government), they must be given more than a "one-day training every 6 years". John Tschohl said that a recurrent training program (every four months) was a winner. He described how to cultivate empowerment.

The effect that empowerment has on citizens is often forgotten in discussions. Have you noticed that it is usually information about the government, when examples of Open governement are shown? However, Open government is a partnership between a government and its citizens. There are two parties involved in a collaboration of equals, in a co-creator mode. The effect of empowerment on citizens is often forgotten.

While John Tschohl had no time to go into details about how empowerment works, and even more complicated to explain, where does empowerment come from, as it navigates in subtle and complex mechanisms of the mind and of collective consciousness, to make a long story short, he described empowerment as being "skills and attitude".

Empowerment is, according to John Tschohl, both a behavior that is adopted, and abilities that are acquired with experience. Therefore, taking a short training on empowerment would not be enough: one must change behavior and ensure that it becomes a "lifestyle", said John Tschohl.

THE EFFECT OF EMPOWERMENT

From the perspective of the mind, when a human being adopts empowerment and that this leads to radiance of his personality, "the body harmonizes itself, the soul radiates, illuminates the mind, ideas become pervasive, brilliant, vibrant, and accurate. The speech becomes positive, real, and constructive. All things fix themselves and take their true aspect."(Baird T. Spalding, Life and Teaching of the Masters of the Far East)

John Tschohl observed during his long career that empowerment produces rapid decision making, care from employees to customers, and most importantly, he said it made the customers "happy". I listened a couple of times to this Gov20Radio show, to be very certain that this was the right word I heard. He actually pronounced the word 'happy'.

This concept - happiness – it is the first I have heard about in the Open government sphere. I find this is hopeful: it hints a major shift that could happen in the future in our societies if the Open government philosophy spreads to a critical mass. Does empowerment lead to happiness? Absolutely! I can explain this mechanism another time, because it's a long story... but I insist on this point and ask you to remember it: keep it carefully in a drawer, somewhere in your head. Do not loose sight of it.

Another important aspect of empowerment is that it changes people: it transforms their lives and ensures that their dreams (ideas) come true. "Consciousness must discover the mind before it can form the desired things. The enlightened being perceives the creative interior principle, then sees clearly, then understands. The enlightened being becomes aware of the field that opens up before him. Knowing that the creative principle is inside, this being takes the desires of the heart, and they become an ideal, a mold that attracts power and substance to be filled. The dream becomes a reality."(Baird T. Spalding, Life and Teaching of the Masters of the Far East)

In light of these explanations, we can foresee that the more government employees and citizens will master skills and attitudes that lead to empowerment, the better for our societies.

The key to success of an Open government?
First - The message must arouse contagious emotions.
It is not just about data availability, but rather about the ability to get to the heart of the human experience. The government must inject the necessary passion for employees and citizens to enjoy collaborating together.

Second - Empowerment must become accessible to all.

07 mars 2011

La Finlande libère ses données. Un incitatif supplémentaire pour pousser le Québec à envisager un Gouvernement ouvert

Par l’entremise de Mikko Jarvenpaa, j’ai appris que la Finlande se lance dans la libération de ses données. L’information disponible à ce sujet est en finnois (également appelé finlandais).

Voici ma tentative de traduction du communiqué daté du 3 mars 2011, affiché sur le site du Gouvernement de la Finlande.

Les données de l’information gouvernementale rendues disponibles
Le gouvernement finlandais s’est engagé à rendre disponibles les données gouvernementales en format numérique. Dans un souci de transparence accrue, les documents d’information gouvernementale devraient être libres d’accès pour tous et permettre la réutilisation. Ces données seront généralement gratuites.

Cette directive s’applique principalement aux données publiques qui étaient non-accessible jusqu’à maintenant, et pour lesquelles cette procédure ne cause pas un préjudice juridique.

L’ouverture de l’information doit toujours veiller à ce que soient respectés la vie privée, les secrets commerciaux, la propriété intellectuelle, la sécurité nationale, ou d’autres principes de cette nature, qui ne doivent pas être compromis.

La directive stipule que l’information du secteur public et son utilisation de la législation nécessitent d’être clarifiée. L’utilisation de l’accès à l’information dans les structures techniques devrait être harmonisée. Par ailleurs, ceci devrait promouvoir le développement de services et de nouvelles applications, qui utilisent des ensembles de données publiques.

L’accès aux données pouvait être problématique et ainsi s'avérer un obstacle à la communication à des fins commerciales et non commerciales diverses. Les données gouvernementales seront utilisées aussi largement que possible, sans autre consultation ou approbation de la part du gouvernement.

La veille de cette annonce, Beth Noveck est comparue devant le Comité permanent sur l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique (ETHI) de la Chambre des communes du Canada.

Elle a indiqué que 10 pays avaient entrepris une démarche de Gouvernement ouvert. À ce jour, ces démarches ont eu lieu en anglais. J'aurais apprécié que Beth Noveck mentionne les efforts récents de libération des données déployés par quelques pays francophones, car on sait que le Canada est un pays bilingue, avec deux langues officielles, l'anglais et le français. La présence francophone varie énormément d’un bout à l’autre du Canada. Après le Québec, l’Ontario est la province qui compte la plus large population de langue maternelle française suivie du Nouveau-Brunswick. Les francophones sont environ plus de 9 millions au Canada.

Du côté de la Francophonie, la République française a annoncé, par décret le 21 février 2011, qu'elle libérerait ses données. Une instance gouvernementale de la Belgique débutera les travaux d'ouverture de données au mois d'avril 2011. Ces pays n'ont pas encore complètement adopté la philosophie de Gouvernement ouvert, mais il y a des chances qu'ils ajoutent les volets de participation et de collaboration.

Voici un extrait des notes d'allocution (publiées dans GovintheLab) de Beth Noveck:
(Ma traduction) «La transparence, la participation, la collaboration» n'est, en aucun cas, un mantra exclusivement américain. Dix pays ont lancé des portails nationaux de données afin de rendre l'information publique transparente et accessible dans des formats bruts. Le Parlement britannique examine actuellement une modification de sa Loi pour la liberté de l'information (Freedom of Information Act) afin de prévoir que, à la demande, le gouvernement puisse «fournir les renseignements au demandeur sous forme électronique, afin qu'il soit capable de les réutiliser.» La Pologne et le Brésil travaillent également présentement sur une législation libre d'accès. 10 Downing Street (note de la traductrice: la résidence du bureau du Premier ministre du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord), comme la Maison-Blanche, a invité les citoyens et les fonctionnaires à échanger des idées sur la façon de réduire les dépenses. Ils ont tous deux publié les données concernant les contrats gouvernementaux. L'Australie a lancé un groupe de travail national de gouvernement 2.0 afin d'explorer les possibilités de participation des citoyens. L'Organisation des Nations Unies et la Banque mondiale sautent eux aussi dans le train des données ouvertes et de la collaboration. L'Inde et les États-Unis ont signé un partenariat de Gouvernement ouvert. Les gouvernements locaux de Amsterdam à Vladivostok mettent en œuvre des outils afin de rapprocher les citoyens dans les processus de gouvernance, afin d'aider dans tout, de la police aux travaux publics, de manières qui soient gérables et pertinentes.

En septembre dernier, le président Obama a donné un élan au mouvement international de Gouvernement ouvert quand il a invité chaque nation à «rendre le gouvernement plus ouvert et plus responsable.» Le président a exhorté d'autres pays de revenir au sein de l'Organisation des Nations Unies en septembre, et à «parvenir à des engagements spécifiques visant à promouvoir la transparence; à lutter contre la corruption; à dynamiser l'engagement civique; et à exploiter les nouvelles technologies afin que nous renforcions les fondements de la liberté dans nos propres pays, tout en vivant à la hauteur des idéaux qui peuvent éclairer le monde».
Si jamais le Gouvernement du Québec fait le choix de devenir un Gouvernement ouvert, le modèle de la Finlande pourrait être intéressant pour lui.

La transparence, collaboration et participation ne sont pas actuellement - à mon avis - des valeurs qui font bondir d'allégresse les décideurs québécois. Ils sont davantage préoccupés par ce qui concerne l'économie et l'état des finances publiques. Un des avantages du Gouvernement ouvert est que cela permet de mieux contrôler les dépenses gouvernementales.

Le pain sec et le régime minceur ont la cote dans les pays scandinaves. Les objectifs prioritaires récents de la politique économique finlandaise sont de réussir la mise en application de politiques d'austérité budgétaire. Des pays, comme la Suède ou la Finlande, ont réussi par le passé à réduire leur déficit budgétaire.

Le rapport 'The State of Public Finances Cross-Country', publié par le IMF (International Monetary Fund), indique les pays qui ont réussi à améliorer leurs finances publiques. Les pays scandinaves occupent quatre des places du Top 5.

Si en plus de continuer à se serrer la ceinture, si la Finlande finit par adopter un modèle de Gouvernement ouvert, cela pourrait pousser les décideurs québécois à ce lancer aussi dans une démarche de Gouvernement ouvert.

L'an dernier, lors du dépôt du budget québécois, les médias avaient demandé «Prêts pour le remède de cheval?». Le prochain budget du Gouvernement du Québec sera déposé le 17 mars prochain. Êtes-vous prêts pour le remède de Gouvernement ouvert?

06 mars 2011

Le passage de Beth Noveck au Canada devant l'ETHI: une lueur d’espoir

Je suis enchantée d’apprendre que Beth Noveck, ex-responsable adjointe pour la technologie de l'initiative Gouvernement ouvert (Deputy Chief Technology Officer) des États-Unis, a été invitée à s’exprimer le 2 mars 2011 devant le Comité permanent sur l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique (ETHI) du Gouvernement du Canada. Voir le billet à ce sujet, publié dans Government in the Lab, qui reproduit en intégralité son allocution.

J’espère que ce passage devant l'ETHI signifie qu’il existe une réelle volonté de la part des dirigeants du pays (le pouvoir exécutif) de mettre en œuvre un Gouvernement ouvert, et que ces dirigeants ne tarderont pas à se mettre à l’ouvrage, et qu’ils passeront à l’action.

Je souhaite depuis longtemps que voit le jour un Gouvernement ouvert au Canada et au Québec. Je suis persuadée que cette allocution ne passera pas inaperçue auprès des responsables des provinces canadiennes.

Les propos du Dr Noveck sont clairs. Elle a indiqué ce qu’il faut faire pour mettre sur pied un Gouvernement ouvert. Elle a aussi mis en garde sur ce qu’il ne faut pas faire. J’ai noté qu’elle utilisait l’expression «co-création» - un terme que j’apprécie particulièrement -, et qu’elle parlait «d’empowerment» des fonctionnaires et des citoyens.

J’ai presque versé des larmes en lisant les propos du président Obama, prononcés en septembre 2010 (parce que je déploie des efforts pour sensibiliser la Francophonie dans ce sens).
(Ma traduction) «En septembre dernier, le président Obama a donné un élan au mouvement international de Gouvernement ouvert quand il a invité chaque nation à «rendre le gouvernement plus ouvert et plus responsable.» Le président a exhorté d'autres pays à revenir au sein de l'Organisation des Nations Unies, et à «parvenir à des engagements spécifiques visant à promouvoir la transparence; à lutter contre la corruption; à dynamiser l'engagement civique; et à exploiter les nouvelles technologies afin que nous renforcions les fondements de la liberté dans nos propres pays, tout en vivant la hauteur des idéaux qui peuvent éclairer le monde.»
J’espère que ce qui a été dit devant ce Comité par la Dr Noveck sera pris très au sérieux, étudié, décortiqué, analysé, approfondi, approprié, et que cela aboutira prochainement à un discours du chef de la nation annonçant la transformation du gouvernement. J’ai très hâte d’entendre l’expression «Gouvernement ouvert» sortir de la bouche de TOUS les plus hauts dirigeants du pays.

Cette invitation devant le Comité permanent sur l’accès à l’information, est-ce une initiative venant du pouvoir exécutif? Cela m’étonnerait beaucoup. Ce Comité arrivera-t-il à influencer les plus hauts décideurs du pays? (Cela m’étonnerait beaucoup.) Je ne suis pas de nature pessimiste, mais je n’y crois guère. Le 3 mars, soit le lendemain de l’allocution de Beth Noveck, la Presse canadienne publiait un article intitulé «Le gouvernement est rebaptisé Gouvernement Harper». Il est difficile de concevoir qu’un pouvoir exécutif qui pense à émettre une telle directive puisse réellement s’intéresser au Gouvernement ouvert. Je reprends le terme utilisé par Beth Noveck: c’est en quelque sorte «contradictoire».

Le président Obama n’a pas attendu que s’écoulent des semaines avant de démontrer sa volonté de mettre sur pied un Gouvernement ouvert. Il l’a fait dès sa première journée d’entrée en fonction. Cela démontre l’ampleur de sa détermination. Ce fut un de ses premiers gestes.

Je me rappelle de cette journée comme si c’était hier. Malgré mon allégresse – je me suis réellement réjouie pour les citoyens des États-Unis – j’ai entrevu la fissure dans le temps, j’ai vu sombrer la nation canadienne dans une sorte de vide.

Deux années se sont écoulées depuis, et nous sommes toujours suspendus dans ce vide: toujours pas de Gouvernement ouvert au Canada. Pas même un petit peu, pas même un fragment, pas même une bribe. Quelques municipalités ont pris la peine de libérer leurs données. Mais rien du côté des administrations provinciales, et encore moins au gouvernement fédéral. Absolument rien du côté du Canada francophone.

Je suis lasse d’entendre parler de mon pays comme étant des «pockets of Dark Ages» (ref. une invitée à Gov20Radio).

Beth Noveck apporte un vent d’espoir. Nous cœurs s’étaient éteints depuis longtemps. Une lueur d’espérance brille à l’horizon. Soufflez dessus quelqu’un pour qu'elle ne s'éteigne pas, je vous en prie.

04 mars 2011

La solution pour les municipalités du Québec: un Gouvernement ouvert

Le Premier Sommet sur le milieu municipal, organisé par l’Union des municipalités du Québec, aura lieu le 19 mars prochain à Boucherville.

Les municipalités québécoises se sont aperçues que les scandales ont érodé la confiance de la population envers leurs institutions. Il faut au moins leur donner cela, elles ont été en mesure d’observer qu’il existe un malaise collectif. «Maurice Boivin (président du caucus régional de l'UMQ en Outaouais et maire de Thurso) a conscience que la confiance des citoyens envers leurs élus municipaux a été fortement ébranlée aux cours de la dernière année par divers allégations et scandales qui ont touché certaines municipalités», rapporte Yves Soucy, Le Droit. La première étape du leadership est franchie avec avec succès. (À mon avis), la première chose à faire est d’observer et d’être à l’écoute. Voir mon billet: Leçon no.1 de leadership: observer et écouter attentivement.

Les municipalités québécoises ont déclaré qu’elles souhaitaient améliorer leurs relations avec les citoyens. «Il est donc important de rétablir ce lien de confiance et d'inciter le monde, particulièrement les jeunes, à s'impliquer activement dans les affaires municipales.» Espérons que ce Sommet aidera ces municipalités à réaliser leur objectif en proposant de bonnes idées. Voir mon billet: Leçon no.2 de leadership: établir des liens affectifs.

La solution saute pourtant aux yeux. Mais personne ne semble la voir. Ou vouloir la regarder. Ou être conscient de ce qui serait nécessaire. Le temps est arrivé d’implanter un Gouvernement ouvert! Nous verrons si ce Sommet permettra aux municipalités de recevoir quelque inspiration de ce côté. Voir mon billet: Leçon no.3 de leadership: être conscient.

Le thème de ce premier Sommet est «S'investir, innover, agir». Ce serait formidable si le milieu municipal québécois envisageait d’adopter une gouvernance ouverte. Mais cela requiert des changements fondamentaux à l’intérieur même des institutions. Les municipalités voudraient que les gens participent, mais sont-elles prêtes à se transformer pour que cela devienne possible? Les gens ne se mettent pas à soudainement participer, juste parce que cela est souhaité.

Le principal changement organisationnel d’un Gouvernement ouvert consiste en l’adoption de valeurs liées à cette philosophie, qui guident les actions autrement que dans un cadre hiérarchique tendant à déresponsabiliser les intervenants en les considérant comme des subordonnés plutôt que des partenaires. Il faut abandonner ce cadre, et changer de mentalité.

Le système de valeurs lié au Gouvernement ouvert --- transparence, participation, collaboration --- est plus fondamental que l’usage de toute autre règle ou procédure de libération des données. Car dans une organisation de Gouvernement ouvert, chaque intervenant se doit d’adopter un comportement responsable, mais il doit aussi détenir le pouvoir nécessaire à l’atteinte des objectifs énoncés.

(D’après moi), c’est l’équilibre entre ces valeurs, les compétences et le pouvoir (l’empowerment individuel, l'empowerment communautaire et l'empowerment organisationnel) qui garantit le succès d’une implantation de Gouvernement ouvert. Voir aussi mon billet: Leçon no.4 de leadership: l’action éclairée.

«On veut démontrer aux gens qu'il y a des enjeux cruciaux sur lesquels nous nous penchons, et ramener le focus sur l'intérêt que nous avons à travailler pour les citoyens », conclut le maire Maurice Boivin.

Bon succès à l’Union des municipalités du Québec! Je leur chuchote la solution à l’oreille: Gouvernement ouvert, Gouvernement ouvert, Gouvernement ouvert…

«L'État, c'est moi!» pense Stephen Harper?

Vous devez absolument lire cet article de La Presse canadienne à propos d’une nouvelle directive de communications fédérales. C’est plutôt ahurissant. Désormais, il faudra remplacer les mots «Gouvernement du Canada» par «Gouvernement Harper», une nouvelle directive du… euh… «Gouvernement Harper».

Franchement! Ils n’ont vraiment rien d’autre à penser et à faire que d’émettre des directives de ce genre?

Avec cette mentalité de roitelet, on est très loin d’un Gouvernement ouvert…

L’Afrique, l’eldorado de l’Internet mobile pourrait devenir aussi l’eldorado du Gouvernement ouvert

Le français se développe-t-il à travers le monde? Le français est la neuvième langue parlée au monde, et la deuxième langue enseignée, avec 116 millions d’apprenants, d’après l’Organisation internationale de la Francophonie.

Un rapport de l’OIF indique que le français se développe en Afrique, principalement pour des raisons démographiques, stagne en Amérique du Nord, et décline en Europe. (La Langue française dans le monde 2010, préfacée par Abdou Diouf, réalisé par l’Observatoire de la langue française de l’OIF)

En Afrique, on assiste depuis quelque temps à un boom phénoménal de croissance de la téléphonie mobile (333 millions d'abonnés aujourd'hui contre 88 millions il y a cinq ans). L'Internet mobile et les médias sociaux enregistrent le développement le plus rapide dans le monde, a indiqué dernièrement Mary Meeker (analyste américaine de l'Internet). Voilà un exemple d’innovation spectaculaire! L'Afrique a précédé le reste du monde dans le passage de la téléphonie fixe vers la téléphonie mobile, a indiqué un rapport de l'Union internationale des télécommunications (Mesurer la société de l’information).

Dans cet eldorado de l’Internet mobile, un développement économique, politique et social devient envisageable. Plusieurs États africains pourraient être bientôt mûrs pour introduire une gouvernance ouverte.

Jon von Tetzchner
«L’accessibilité des téléphones mobiles signifie que l’Internet mobile peut permettre à des dizaines de millions de personnes de se connecter; beaucoup plus que le Web par câbles», a indiqué Jon von Tetzchner, cofondateur d’Opera (navigateur Internet pour téléphone portable).

Il reste néanmoins encore quelques nuages à l’horizon. Les coûts de l'accès à l’Internet demeurent exorbitants: un Africain doit dépenser en moyenne 17,7% de son revenu mensuel brut, contre 1,1% seulement pour un Européen, indique l’Union internationale des télécommunications.

Actuellement, vivent en Afrique près de la moitié des francophones du monde entier.

L’Organisation internationale de la Francophonie prévoit qu’en 2050, il y aura 85% des francophones en Afrique.

Imaginez un instant ce que cela peut signifier pour le développement de la langue française sur Internet et dans le monde, si vous combinez ces statistiques à l’avancée la plus rapide de l’Internet mobile et des médias sociaux. Ajoutez à ce portrait imaginaire une gouvernance ouverte, axée sur la transparence, la participation et la collaboration.

Les nouvelles technologies offrent une opportunité inégalée pour la construction d’une société démocratique dans les pays africains. En favorisant l'essor du Gouvernement ouvert en Afrique, cela permettrait aux citoyens africains d’exprimer leur opinion librement, leur offrirait la possibilité de contribuer à des discussions et de participer à des projets gouvernementaux. Et par le fait même, avec la numérisation de très nombreuses données publiques, on assisterait à un essor sans précédent de la langue française sur Internet.

03 mars 2011

La Belgique s'engage dans une démarche de données ouvertes. Que décidera le Québec?

Vincent Van Quickenborne, ministre (Belgique)

Après la France, c'est au tour de la Belgique d'annoncer une démarche de libération des données (en anglais 'Open Data'). Fedict, le Service public fédéral belge Technologie de l'Information et de la Communication, prévoit débuter une opération de publication en ligne de données en avril 2011.

Datanews rapporte: «Voilà ce qu’a annoncé Bart Hanssens de Fedict lors du twunch (contraction de lunch et Twitter) organisé par le ministre pour l’Entreprise et la Simplification, Vincent Van Quickenborne. Il espère que d’autres services publics mettront eux aussi à terme leurs banques de données à la disposition de cette initiative.»

Par décret daté du 21 février 2011, la République française a officialisé le projet Etalab, qui s'étendra à toutes les instances gouvernementales, alors que la Belgique démarre par un seul service public, en espérant que cela génèrera un effet domino.

D'autres instances gouvernementales belges y pensent, indique Datanews:
«Des témoignages recueillis au twunch, il est apparu qu’il n’y a pas que Fedict qui soit occupé à proposer des données via internet, mais aussi la Banque-Carrefour de la Sécurité Sociale (le moteur et le coordinateur de l'e-government dans le secteur social). Toutefois, ces données ne sont actuellement pas régulièrement actualisées. Elles ne sont en outre pas faciles à traiter, à explorer ou ne sont disponibles que contre paiement. Tel est notamment le cas de la Banque-Carrefour des Entreprises du SPF Economie, qui vend des licences à 100.000 euros pour des informations actualisées quotidiennement. Il existe en outre encore des problèmes en matière de protection du respect de la vie privée.»
Cela porte donc à DEUX le nombre de pays de la Francophonie qui ont démontré un intérêt et une volonté envers l'ouverture des données publiques.

La société évolue rapidement. Les défis qui en découlent nécessitent des solutions innovantes. Espérons que d'autres pays francophones suivront le pas.

On ne peut pas encore déclarer que le Canada (un pays bilingue, avec deux langues officielles: l'anglais et le français. Les francophones du Québec représentent 19,5% de la population canadienne et 81,2% de la population québécoise.) fasse partie de la liste des pays francophones engagés dans une démarche de libération des données. J'ai parlé dernièrement dans ce billet des efforts déployés par des fonctionnaires canadiens. Mais les fonctionnaires ne sont pas les dirigeants d'un pays. Nous attendons donc encore que ceux d'en haut - au gouvernement fédéral canadien - se décident à faire un pas en avant.

Le Canada comporte quelques municipalités (anglophones) dont les données sont ouvertes. La Ville de Montréal, située dans la province (majoritairement francophone) du Québec, se décidera-t-elle prochainement à faire une annonce officielle dans ce sens? Je tiens à souligner les efforts déployés par le collectif Montréal ouvert, qui effectue un excellent travail de sensibilisation.

Dernièrement, la nouvelle première ministre de la Colombie-Britannique, Christy Clark, a fait une promesse d'implanter un gouvernement ouvert. Voir mon billet à ce sujet, et celui de Massimo Bergamini.

[En passant, saviez-vous que la Colombie-Britannique est membre de l'Assemblée parlementaire de la Francophonie? Cela pèsera dans la balance au sein de l'espace francophone, si cette province canadienne parvient à implanter une gouvernance ouverte.]

Le Gouvernement du Québec se décidera-t-il à prendre le virage du Gouvernement ouvert?

Les enjeux économiques pourraient faire en sorte que l'administration Charest s'intéresse à la gouvernance ouverte. Le gouvernement du Québec a adopté un Plan de réductions des dépenses et semble déterminé à atteindre ses objectifs financiers.

Toutefois, un élément me préoccupe considérablement: la question de la transparence. Dans une philosophie de Gouvernement ouvert, la transparence est un des éléments clés.

Yves Boisvert, professeur, ENAP

Le mois dernier, Yves Boisvert, professeur à l’École nationale d'administration publique et auteur de plusieurs livres sur la gestion publique, a déclaré que le Québec fait piètre figure en matière de transparence gouvernementale. «L’Ontario et le gouvernement fédéral ont adopté des lois dans les dernières années visant à rendre plus transparente l’administration de l’État. Le gouvernement du Québec traîne encore de la patte et maintient une culture de l’opacité aux plus hauts échelons», a indiqué Jean-François Cloutier.

Yves Boisvert a souligné que le mauvais exemple en matière de transparence viendrait d'en haut de l'échelle, et des élus en premier lieu. «Le gouvernement Charest n’a aucun intérêt politique à devenir plus transparent», rappelant que M. Charest a refusé de déclencher une commission d’enquête sur la construction.

M. Charest semble vouloir repartir à neuf, tel que démontré dans le discours d'ouverture de la seconde partie de la 39e législature, prononcé le 23 février dernier. Un homme neuf? Je n'y crois pas. On ne change pas les gens, ils sont ce qu'ils sont. Il faut les prendre aussi comme ils sont. Le proverbe «Chassez le naturel et il revient au galop» nous rappelle qu'on ne peut lutter contre les penchants naturels, ou tout du moins les supprimer totalement.

Jean Charest, Premier ministre (Québec)

Alain Dubuc dans La Presse a parlé du «second début» de Jean Charest. Il a observé quelque chose d'intéressant à propos de cet homme. Cet élément a attiré mon attention, et me fait espérer qu'il soit possible qu'une gouvernance ouverte voit le jour prochainement au Québec. Alain Dubuc a indiqué: «J'ai écrit à plusieurs reprises qu'on a l'impression qu'il y a deux Jean Charest. Le premier, assez absent, maladroit, qui a du mal à imprimer une cohérence à son équipe. Et le second, énergique et fonceur, qui se manifeste surtout dans l'adversité. L'amorce de cette nouvelle session donnera peut-être l'occasion à cet autre Jean Charest de se manifester

C'est cet «autre Jean Charest»-là qu'il faudrait éveiller aux principes de la gouvernance ouverte. Au cours des prochains mois, les élus d'en haut, les leaders de l'administration Charest, devront manifester suffisamment de volonté pour transcender le passé, et accueillir de bonne foi la transparence, la participation et la collaboration avec les citoyens, s'ils veulent transformer leur administration en Gouvernement ouvert.

01 mars 2011

Le député-maire de Nantes réalise que les médias sociaux sont un «formidable moyen de développement économique»

Le 14 février dernier, Simon Robic a interviewé Jean-Marc Ayrault, député-maire de Nantes (en France), à propos de la vie numérique de Nantes et des médias sociaux. Je vous invite à visionner l'interview au complet, car les propos recueillis sont des plus intéressants.

La France a une longueur d’avance sur l’ensemble des pays francophones en ce qui concerne la libération des données (en anglais, on appelle cela ‘Open Data’). Toutefois, aucune collectivité francophone n’a encore annoncé l’adoption d’une gouvernance ouverte (‘Open Government’).

- Au printemps 2010, la ville de Rennes a mis à la disposition des citoyens des données brutes.

- Le conseil de Paris a décidé de libérer ses données le 14 décembre 2010.

- La ville de Nantes a annoncé au début de février 2011, lors de l’inauguration de la Cantine numérique nantaise, qu’elle se lançait dans la libération des données publiques.

- Par décret daté du 21 février 2011, la France a annoncé le lancement de la mission Etalab, qui consistera en la «création d’un portail unique interministériel destiné à rassembler et à mettre à disposition librement l’ensemble des informations publiques de l’État, de ses établissements publics administratifs et, si elles le souhaitent, des collectivités territoriales et des personnes de droit public ou de droit privé chargées d’une mission de service public».

Les 9 mois de campagne de sensibilisation menés par LiberTIC ont positivement influencé l’ouverture de Nantes.

Cependant, Jean-Marc Ayrault a indiqué dans l’interview, que la «révolution de jasmin» tunisienne s'est avérée un élément déclencheur, qui lui a fait réaliser l’importance des médias sociaux dans la société. Le mois de contestation et de manifestations insurrectionnelles qui a suivi l'immolation d'un jeune diplômé chômeur, et qui a mené à la chute du régime de Ben Ali, après 23 ans de règne, a sans doute ébranlé de nombreux politiciens, qui ont dû avoir une prise de conscience.

«C’est clair que les réseaux sociaux ont joué un rôle fondamental», a indiqué Jean-Marc Ayrault. «Cela montre bien que Internet, cela fait partie de nos vies d’aujourd’hui. C’est à la fois un moyen d’échanger, mais c’est aussi un formidable moyen de développement économique, et cela on l’oublie un peu trop souvent

Le député-maire a expliqué que la ville de Nantes n’a pas encore mis suffisamment d’espaces d’échanges à la disposition des citoyens. Il souhaiterait qu’il y ait davantage de citoyens impliqués dans des débats. «Si on s’organise bien avec le projet Ma Ville Demain, les forces vives qui aujourd’hui existent, mais qui ne sont pas suffisamment reconnues, dans lesquelles on trouvera notamment les jeunes générations - ces générations feront peut-être de la politique dans l’avenir -, c’est important que ces forces vives aient dès aujourd’hui la parole

Jean-Marc Ayrault comprend que l’implantation d’une relation participative avec la population est un processus complexe, qui exige du temps. Il se donne une marge de manœuvre de deux années.

«Il faut que chacun soit conscient qu’on veut jouer le jeu du débat. J’espère qu’il y aura de la vie et de la confrontation. Cela peut présenter des risques. C’est fait pour cela, pour qu’on invente quelque chose ensemble. Il faut accepter que lorsqu’on donne la parole, on la donne vraiment

Jean-Marc Ayrault a souligné que les citoyens ont fait la demande de libération des données. «Les données, c’est un bien collectif. C’est un bien public. J’ai compris que cela pouvait permettre de développer de nouveaux services. Il y a un enjeu économique. Mais il y a aussi un enjeu social. Je sais qu'il s'agit d'une annonce très positive

Le député-maire procédera prochainement à la nomination d’un responsable, qui sera mandaté dans un premier temps pour mobiliser l’ensemble des acteurs.

«Les technologies numériques sont un formidable moyen de développement et d’attractivité durable du territoire. En France, nous avons un champ de développement que l’on n’utilise pas assez. On ne s’est pas rendu compte que c’était important», a déclaré Jean-Marc Ayrault.

Je lui accorde un A+. Si seulement les maires canadiens pouvaient comprendre et entrevoir ce que représentent les médias sociaux pour une administration publique aussi bien que lui, nous pourrions très prochainement voir pousser des Gouvernements ouverts d'un océan à l'autre.
 
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