Blogue de Lyne Robichaud

25 février 2011

Leçon no.5 de leadership: transcender la critique pour choisir le changement

Dans mes billets précédents, j'ai exploré de façon générale en quoi consiste une nouvelle forme de leadership, sans toutefois illustrer mes découvertes par des exemples concrets. Pour ce cinquième billet, je procéderai différemment en utilisant en exemple le gouvernement du Québec, parce que cette administration se trouve sous mes yeux. Toutefois, je tiens à préciser que le tout s'applique à n'importe quel gouvernement, car la majorité des politiciens ont adopté des comportements semblables.

Pour qu'ait lieu une transformation dans la gouvernance, une transition de l'ancien modèle de leadership, vers un Gouvernement ouvert, les leaders doivent se rendre compte qu'ils doivent modifier leur façon de se comporter.

Les critiques constantes envers l'autre (et les autres partis) génèrent la peur d'agir.

La peur d'agir conduit à une absence d'action.

L'absence d'action mène ultimement au vide politique.

Lucien Bouchard (ex-premier ministre du Québec de 1996 à 2001) constate la situation au Québec: «Ça s'explique par le vide politique. Et le vide politique, ce n'est pas François Legault qui l'a créé, c'est les deux autres partis [le Parti Libéral du Québec et le Parti Québécois]. Ils ont peur de la réaction chaque fois qu'il faut demander un effort. Regardez comment les libéraux ont retraité après le dernier budget. Le PQ, lui, s'approche du pouvoir et ne veut surtout pas déplaire. Mais les gens ne sont pas fous, ils voient bien ce qui se passe

Un autre son de cloche, une explication en d'autres mots, mais qui mène au même constat, provient de François Bonnardel, député adéquiste de Shefford. Il a indiqué: «C'est un gouvernement fatigué, sans âme, qui n'est nullement en mesure d'entreprendre les défis politiques auxquels devra s'attaquer le Québec au cours des 20 prochaines années.»

L'un parle de vide, alors que l'autre parle d'absence d'âme.

Lucien Bouchard fournit la solution aux leaders: «Comprenez-moi, je suis en empathie avec les politiciens, ils travaillent tout le temps, ils ont des nuits sans sommeil, ils se font attaquer pour chaque décision et ce qu'ils font n'est absolument pas valorisé. Il faut revaloriser le projet politique

Voilà, ce n'est pas moi qui l'a dit! Quelqu'un a eu le courage de se lever et de parler. La solution est d'arrêter de critiquer et de valoriser. Lucien Bouchard ajoute «le projet politique». Je pense que les politiciens doivent d'abord apprendre à valoriser, tout court. Et le projet politique suivra naturellement, s'ils réussissent à modifier leur façon de penser.

Une fois que l'on prend conscience de cela, il y a quelques étapes à franchir sur la voie de la valorisation, avant d'être en mesure d'accueillir le changement. Les politiciens, pour se départir de leur mécanisme habituel ― de leur propension à attaquer chaque décision ― devraient entreprendre une démarche de transformation, en trois étapes.

Transcendance
Lorsqu'elles sont en difficulté, les personnes cherchent naturellement une tentative d'évasion. Elles souhaitent supprimer leurs craintes: en recherchant la distraction, niant le problème, blâmant les autres, cherchant un bouc émissaire, en remplaçant cela par un sentiment plus acceptable, comme la colère, et ainsi de suite. Mais aucune de ces tactiques ne fonctionne vraiment. Pour dissiper les critiques, vous devez vous rendre dans un endroit situé au-delà des conflits. Cet endroit existe vraiment. Le défi est de trouver cet endroit à l'intérieur de vous-même.

Vous transcenderez la négativité chaque fois que les choses suivantes se produiront:
• Assis avec vous-même, plongez à l'intérieur. Laissez votre dialogue intérieur se calmer.
• Vous ressentirez un sentiment d'empathie pour quelqu'un d'autre
• Vous serez capable de donner de vous-même
• Vous arriverez à vous intéresser à quelqu'un d'autre et à l'apprécier
• Vous ferez face à une situation en dépassant votre propre point de vue
• Vous vous laisserez inspirer par quelqu'un ou par quelque chose
• Vous ressentirez de la foi et de la confiance en quelque chose de plus grand que vous
• Vous serez capable de lâcher-prise
• Vous agirez moralement, au lieu de égoïstement

Objectivité
Les personnes ont tendance à se répéter à elles-mêmes de fausses solutions, au point où il devient difficile de voir d'une autre façon. Les mécanismes de déni et de répression sont puissants. Les gens se parlent en se faisant croire qu'ils n'ont pas de problème ou que leur négativité est sous contrôle. En réalité, il existe un dénominateur commun à toutes les fausses solutions: le manque d'objectivité.

Vous devez arriver à démontrer un degré d'objectivité avant de pouvoir faire face à des problèmes.

Vous ferez preuve d'objectivité lorsque les choses suivantes se produiront:
• Vous rechercherez une nouvelle perspective d'une personne en qui vous avez confiance
• Vous constaterez que votre problème est répétitif - vous réaliserez que vous vous êtes déjà trouvé dans une situation semblable auparavant
• Vous rechercherez des moments de calme
• Vous serez capable de rire de vous-même
• Vous apercevez la même situation chez quelqu'un d'autre
• Vous ferez confiance à un conseiller qui a aidé d'autres personnes dans votre situation
• L'espoir deviendra pour vous une réelle possibilité, et non pas une promesse vide
• Vous découvrirez votre puissance intérieure, et renoncerez à la victimisation

Changement
Une fois que vous atteindrez un certain degré d'objectivité, une route commencera à s'ouvrir, et en la suivant, vous arriverez à transcender les situations. C'est à ce moment que le changement deviendra possible, parce que vous aurez désormais une attitude axée vers les solutions. Pour en arriver là, vous devez remplacer les critiques par de l'appréciation de l'autre, de l'optimisme, de la compassion, de la bonté, de la tolérance, et de l'acceptation. Tout cela fait partie de la conscience, et à un moment ou un autre, tout le monde est en mesure d'en faire l'expérience, mais de façon fugace.

Vous saurez que le changement peut s'opérer lorsque les choses suivantes se produiront:
• Vous serez indulgent envers vous-mêmes
• Vous comprendrez sans juger
• Vous abandonnerez de vieilles rancœurs
• Vous réaliserez que le pardon est possible, en particulier vous pardonnez à vous-mêmes
• Vous cesserez de blâmer
• Vous vivrez au présent
• Vous mettrez fin aux relations toxiques
• Vous recherchez un environnement émotionnellement sain
• Vous ferez des plans pour un avenir meilleur et vous vous y conformerez
• Vous trouverez le courage d'affronter les sentiments de peur
• Vous apprendrez à être seul, vous apprécierez simplement d'être
• Vous développerez une plus grande vision de la vie
• Vous écouterez votre intuition et chercherez à la cultiver
• Vous cesserez de vous définir par l'argent, le pouvoir et les possessions.

Les solutions concrètes au changement proviennent d'un choix.

Dans un contexte de Gouvernement ouvert, où il faut arriver à implanter un modèle fondé sur la co-création, ou la co-production, si les politiciens ne changement pas leur façon de penser, s'ils persistent à s'accrocher à attaquer chaque décision, ils échoueront lamentablement et ne parviendront pas à mettre en place une véritable gouvernance ouverte. Car pour ne pas brider la créativité - la co-créativité ou la co-production - les idées de tous doivent pouvoir cohabiter sans jugement de valeur. La pensée critique doit être transformée en une critique constructive et proactive.

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