L'individu contemporain occidental se voudrait autonome, conquérant et responsable. Toutefois, il est engourdi. Les gouvernements ouverts souhaitent qu'ait lieu une collaboration et participation citoyenne. Quel genre de citoyens rencontrons-nous de nos jours? Ces citoyens sont-ils responsables?
L'individualisme est une «maladie» sournoise malheureusement très répandue. Le citoyen moderne a développé une fâcheuse tendance à jouer à l'enfant ou à pleurer sur son sort. Dans un cas comme dans l'autre, c'est une façon de fuir ses responsabilités, de tricher et, finalement, de ruiner la vie sociale.
Comment jouir de l’indépendance tout en esquivant ses devoirs? Par deux échappatoires, l’infantilisme et la victimisation, ces «maladies» de l’individu contemporain. D'un côté, l'adulte, choyé par la société de consommation, voudrait garder les privilèges de l'enfance, ne renoncer à rien tout en étant diverti en permanence. De l'autre, l'adulte se peint en martyr, même s'il ne souffre que du simple malheur d'exister. (Pascal Bruckner, La Tentation de l'innocence, 1996)
Dans ce cas, les bien-souffrants seraient les nouveaux bien-pensants.
Que favoriserait l'épanouissement vers un «bien-souffrant», plus responsable?
Aujourd'hui, on a plus souvent recours au psychiatre, aux médicaments et à l'avocat qu'à la responsabilité et à l'intelligence. Scandalisés par le moindre incident de notre existence, nous crions à la barbarie lorsque nous ne sommes pas immédiatement contentés. La médicalisation croissante de nos existences est signe des temps, des frustrations, et de l'incapacité à surmonter une existence incertaine et une histoire tragique.
Par ailleurs, le fossé entre les sexes se creuse. Il y a bel et bien une crise structurelle entre hommes/femmes. Le taux de divorce bat des records. Un mariage sur deux se termine par un divorce. Cette réalité est le fruit d'une mutation profonde des rapports hommes/femmes, encore inaboutie. Car l'indépendance de la femme n'a pas été encore pleinement intégrée dans les mentalités. D'où une crise des rôles masculin et féminin et une précarisation des liens intimes. On constate un durcissement des relations dans le couple, qui s'avère d'ailleurs un reflet d'un durcissement du monde du travail. J'en ai parlé dans mon billet «Eros Bendato et les médias sociaux».
Dans toutes les sociétés développées, la montée de la solitude est devenue un phénomène social majeur, souligne la psychiatre, psychanalyste et victimologue Marie-France Hirigoyen, spécialisée dans l'étude de toutes les formes de violences. Alors que les interactions entre individus sont permanentes, voire envahissantes, de nombreuses personnes éprouvent un sentiment douloureux d'isolement.
Toutefois, la solitude n'est pas mauvaise en soi, rappelle Hirigoyen. La solitude peut apporter énergie et inspiration: à tout âge, la solitude choisie, tout en restant disponible à l'autre, est une source de plénitude, un moyen de sortir de la superficialité d'une société dominée par le narcissisme et le culte de la performance.
Accepter la solitude, c'est cesser de dépendre du regard de l'autre et assumer la responsabilité de ce que l'on est, savoir ce que l'on vaut par soi-même, compter sur soi et non sur les autres. Accepter la solitude génère para conséquent un gain en empowerment. C'est à travers les difficultés de la solitude que se fait l'apprentissage de l'autonomie. Avec l'autonomie se développe souvent le sens des responsabilités.
Ce qui rend un humain en santé est le fait d'être aligné avec les forces de l'univers, de sentir que le corps fait partie de la nature, de communier avec l'âme en passant du temps dans le silence et la solitude. C'est à travers la solitude que l'humain trouve la voie invisible vers la conscience collective.
Les médias sociaux transforment la société de nombreuses façons. Les périodes de solitude et d’abstinence sexuelle, souvent durables, peuvent être adoucies par les relations d'amitié qui peuvent se développer via les médias sociaux.
Quelques-unes des caractéristiques les plus évidentes de la communication en ligne sont l’anonymat, l’invisibilité, le manque de contact, les messages écrits impersonnels, l’élasticité du niveau de synchronisation, la neutralisation du statut et la facilité avec laquelle on peut diffuser des messages auprès d’un grand nombre de personnes. En raison de ces caractéristiques ainsi que de bien d’autres, les personnes sont amenées à communiquer de manière plus spontanée, expressive, authentique et ouverte. Ce modèle de comportement inusité présente paraît-il le véritable visage d’un individu. (Bargh, Fitzsimons, & McKenna, 2002, Can you see the real me? Activation and expression of the “true self” on the Internet. Journal of Social Issues)
Quel rôle les médias sociaux, conjugués avec les nouvelles solitudes, peuvent-ils jouer dans la transformation de bien-souffrants en citoyens responsables, soucieux de construire la vie sociale, engagés, participant et collaborant à un Gouvernement ouvert?
Blogue de Lyne Robichaud
01 février 2011
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