Publié le 3 mars 2011 par Beth Simone Noveck dans GovintheLab
Dr Beth Noveck est professeur de droit à l'École de droit de New York, et ex-responsable adjointe pour la technologie de l'initiative Gouvernement ouvert (Deputy Chief Technology Officer) des États-Unis. Son expérience, tant au niveau académique que pratique, s'avère unique. Je suis persuadé que vous appréciez ses réflexions autant que je le fais.
Ce billet consiste en son témoignage, le 2 mars 2011, devant le Comité permanent sur l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique (ETHI) de la Chambre des communes du Canada. ― (John Moore)
NOTES D’ALLOCUTION
Monsieur le Président Murphy, membres de la Commission:
Je vous remercie de l'honneur que vous me faites en m'invitant à comparaître devant vous aujourd'hui.
À titre d'information, j'ai servi pendant deux ans aux États-Unis en tant que responsable adjointe pour la technologie de l'initiative Gouvernement ouvert, et j'ai dirigé l'initiative de Gouvernement ouvert de la Maison-Blanche. Je suis également professeur de droit à l'École de droit de New York, où mes recherches portent sur l'impact des nouvelles technologies sur les institutions juridiques et politiques.
Vous m'avez demandé de me joindre à vous aujourd'hui pour réfléchir sur le sens et la valeur d'un gouvernement ouvert, et de partager quelques idées pratiques sur la création d'une culture de gouvernement ouvert. Les opinions exprimées dans ce témoignage sont entièrement les miennes, et ne sont pas destinées à représenter les positions officielles du gouvernement des États-Unis.
Je vous parlerai brièvement de l'initiative de gouvernement ouvert de la Maison-Blanche, et de ce que nous avons fait pour enclencher le processus de changement de la culture du gouvernement. Je partagerai ensuite avec vous dix principes pour la conception d'institutions de gouvernement ouvert, et je conclurai avec quelques réflexions concernant les données ouvertes. Mais d'abord, permettez-moi de commencer en vous expliquant pourquoi je crois que le gouvernement ouvert est important.
Un gouvernement ouvert va bien au-delà de la transparence. Ouvrir le fonctionnement des institutions afin de permettre une plus grande collaboration ― l'innovation ouverte ― offre la possibilité d'utiliser la technologie des réseaux afin de découvrir des solutions créatives aux défis, qu'une poignée de gens à Ottawa ou à Washington ne seraient pas nécessairement en mesure d'inventer. Le gouvernement en soi n'a pas toutes les réponses.
Dans l'ère des réseaux, les institutions du vingt-et-unième siècle ne se trouve ni grandies ni diminuées: il existe des technologies hybrides plus intelligentes qui sont des leviers quelque peu anarchiques au sein des bureaucraties étroitement contrôlées. Ces technologies branchent l'organisation à un réseau de personnes afin de concevoir de nouvelles approches, qui n'émaneraient jamais de la bureaucratie elle-même. En utilisant la technologie pour établir des liens entre les institutions et les réseaux, nous pouvons ouvrir de nouvelles voies, pratiques et utiles pour le gouvernement et pour les citoyens, leur permettant ainsi de résoudre ensemble des problèmes. Tout le monde est un expert en quelque chose, et nombreuses seraient les personnes disposées à participer si on leur en donnait l'occasion, pour le bien public, de mettre à profit leur talents, compétences, expertise et enthousiasme.
Les agences gouvernementales comme les Instituts nationaux de la Santé (National Institutes of Health), et l'Administration des produits alimentaires et pharmaceutiques (Food and Drug Administration) jouent un rôle de courtiers honnêtes, afin de coordonner un partage de données sans précédent entre les gouvernements, les universités et les entreprises. Par conséquent, les chercheurs découvrent avec une étonnante rapidité des marqueurs biologiques qui démontrent la progression de la maladie d'Alzheimer dans le cerveau de l'Humain[2]. En collaborant à partager toutes leurs données et à les rendre accessible à n'importe qui possédant un ordinateur n'importe où dans le monde, ce projet permet aux chercheurs de s'appuyer sur le travail des autres et d'effectuer des progrès plus rapides. Les collaborateurs atteignent en un temps record, ce que aucune société ni aucun chercheur n'a pu ou ne pourrait accomplir seul.
Comme le président Obama l'a déclaré récemment, «nous ne pouvons pas être gagnants dans le futur avec un gouvernement du passé.» La motivation réelle pour changer le fonctionnement du gouvernement est de rendre le gouvernement plus démocratique. Offrir des possibilités de collaboration aux citoyens est essentielle pour favoriser une citoyenneté engagée et démocratique.[3] Surtout en cette époque où le journalisme chemine en transition économique, nous devons examiner de nouvelles stratégies qui s'appuient sur des technologies pour créer de la responsabilité démocratique en rendant un plus grand nombre de personnes partenaires de la co-création de la gouvernance.
L'initiative de gouvernement ouvert de la Maison-Blanche
Lors de sa première journée de gouverne, le président Obama a signé le Mémorandum sur la transparence et le gouvernement ouvert (Memorandum on Transparency and Open Government), appelant à «un niveau sans précédant de transparence du gouvernement» et à la création d'institutions publiques régies par les valeurs de transparence, participation du public et collaboration. [4] L'initiative de Gouvernement ouvert de la Maison-Blanche, une collaboration entre la Maison-Blanche et l'ensemble des principaux ministères et organismes, a été coordonnée par le Conseiller juridique de la Maison-Blanche (White House Counsel), le Bureau de la gestion et du budget (Office of Management and Budget), et le Bureau de la politique scientifique et technologique (Office of Science and Technology Policy).
Deux ans plus tard, tous les cabinets de ministères et principales agences des États-Unis ont un site Internet de remue-méninges permettant la consultation publique. Vous pouvez visiter le catalogue en ligne Apps.gov de l'Administration des services généraux (General Services Administration) pour sélectionner une foule d'information parmi les nombreux liens. La Maison-Blanche à elle seule gère huit comptes Twitter, y compris un compte portant spécifiquement sur le gouvernement ouvert (@opengov) comportant plus de 150,000 abonnés, et plusieurs (autres comptes) de Secrétaires de cabinets (Cabinet Secretaries). Chacune de ces organisations a également entièrement articulé un plan de gouvernement ouvert, portant sur des mesures concrètes et spécifiques qu'elles entendent prendre pour se rendre plus transparents, participatifs et collaboratifs.[5]
Les agences mettent en place des milliers de collections d'information gouvernementale en ligne sur le site Internet de chacune de ces agences[6] et rendent ces ensembles de données consultables par le biais du portail de données national – Data.gov. De plus, les agences et la Maison-Blanche tendent la main pour obtenir «tout le monde sur le pont» afin de résoudre des problèmes par l'entremise de Challenge.gov, le nouveau site Internet national qui propose des prix en récompenses pour le développement de solutions créatives aux problématiques.
Au cours de ses deux premières années, l'administration Obama a commencé à expérimenter avec la collaboration par une gouvernance au jour le jour. Ces initiatives de «gouvernement ouvert» ont démontré que, lorsque judicieusement conçues, la participation peut apporter des solutions productives et créatives à de graves problèmes.
Comme vous l'entendrez aujourd'hui, lorsque les Archives nationales ont souhaité améliorer le Registre fédéral (Federal Register), le journal notoirement impénétrable du gouvernement, les Archives ont lancé un défi, récompensé par des prix décernés à trois jeunes programmeurs, qui ont développé un prototype très lisible, assis dans un café de San Francisco.[7] Pour la première fois dans les 75 années d'histoire du Registre fédéral, un membre du public peut facilement y accéder pour lire l'information et y effectuer une recherche.
Lorsque le ministère de la Santé et des Services sociaux a souhaité aider les décideurs et les citoyens à prendre des décisions plus éclairées concernant leur santé, il a rendu disponible en ligne des centaines d'indicateurs de santé, et il a convié les entreprises et les particuliers à transformer ces données brutes de santé communautaire en des outils utiles.[8] Au cours des trois mois suivants, les gens en dehors du gouvernement ont élaboré deux douzaines de projets d'innovation visant à améliorer la santé communautaire. Depuis ce temps, ils en ont développé beaucoup plus.
Lorsque le Bureau des brevets et des marques des États-Unis (United States Patent and Trademark Office), assiégé par plus d'un million de demandes en retard, a voulu trouver un moyen pour obtenir au plus vite une meilleure information afin d'informer plus rapidement l'examinateur de brevets, ce bureau a lancé un programme pilote avec l'école de droit où j'enseigne (New York Law School), appelé 'Peer-to-Patent' (breveté par des pairs) pour connecter l'institution à un réseau de scientifiques et techniciens bénévoles, qui ont contribué par leur savoir-faire, et ont ainsi évalué et classé les soumissions de leurs pairs pour la pertinence et l'exactitude.[9]
«La transparence, la participation, la collaboration» n'est, en aucun cas, un mantra exclusivement américain. Dix pays ont lancé des portails nationaux de données afin de rendre l'information publique transparente et accessible dans des formats bruts. Le Parlement britannique examine actuellement une modification de sa Loi pour la liberté de l'information (Freedom of Information Act) afin de prévoir que, à la demande, le gouvernement puisse «fournir les renseignements au demandeur sous forme électronique, afin qu'il soit capable de les réutiliser.»[10] La Pologne et le Brésil travaillent également présentement sur une législation de libre d'accès. 10 Downing Street [note de la traductrice: la résidence du bureau du Premier ministre du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord], comme la Maison-Blanche, a invité les citoyens et les fonctionnaires à échanger des idées sur la façon de réduire les dépenses. Ils ont tous deux publié les données concernant les contrats gouvernementaux.[11] L'Australie a lancé un groupe de travail national de gouvernement 2.0 afin d'explorer les possibilités de participation des citoyens. L'Organisation des Nations Unies et la Banque mondiale sautent eux aussi à pieds joints dans le train des données ouvertes et de la collaboration. L'Inde et les États-Unis ont signé un partenariat de gouvernement ouvert. Les gouvernements locaux d’Amsterdam à Vladivostok mettent en œuvre des outils afin de rapprocher les citoyens dans les processus de gouvernance, afin d'aider dans tout, de la police aux travaux publics, de manières qui soient gérables et pertinentes.
En septembre dernier, le président Obama a donné un élan au mouvement international de gouvernement ouvert quand il a invité chaque nation à «rendre le gouvernement plus ouvert et plus responsable.» Le président a exhorté d'autres pays à revenir au sein de l'Organisation des Nations Unies, et à «parvenir à des engagements spécifiques visant à promouvoir la transparence; à lutter contre la corruption; à dynamiser l'engagement civique; et à exploiter les nouvelles technologies afin que nous renforcions les fondements de la liberté dans nos propres pays, tout en vivant à la hauteur des idéaux qui peuvent éclairer le monde».[12]
Des principes à la pratique: Comment construire un gouvernement ouvert
Le début du processus de création d'une culture d'ouverture et de collaboration dans le secteur public exige une combinaison: 1) de politiques; 2) de plates-formes, et 3) de projets. Aux États-Unis, nous avons utilisé les politiques, y compris un mandat très précis que toutes les données publiques devraient être ouvertes en formats bruts, afin de fournir les garanties et incitatifs nécessaires à la fonction publique. Par ailleurs, fixer des idéaux nobles d'ouverture et de collaboration dans les termes les plus forts, a inspiré les gens à abattre le dur labeur nécessaire pour transformer les institutions.
Deuxièmement, nous avons utilisé de nouvelles plates-formes telles que data.gov pour permettre aux fonctionnaires de traduire les principes en pratique. C'est une chose de reconnaître le mérite de la transparence pour la forme, et une autre d'avoir un endroit pour déposer les données afin de les rendre faciles à trouver et à consulter. Challenge.gov permet aux organismes d'afficher de l'information et aux Américains de trouver des façons de s'impliquer. La disponibilité des plates-formes technologiques pour l'innovation institutionnelle encourage les innovateurs en devenir à utiliser les outils à leur disposition.
Troisièmement, nous avons encouragé le lancement d'une multiplicité de projets par le biais du pouvoir exécutif, en vue d'insuffler les valeurs du gouvernement ouvert à toute la bureaucratie et favoriser l'empowerment des fonctionnaires en tant qu'innovateurs. Ensuite, nous avons applaudi les projets en ligne, notamment lors de réunions, dans le but d'identifier et de récompenser les personnes novatrices dévouées aux pratiques d'ouverture. Nous avons également lancé notre Initiative sur le gouvernement ouvert. Nous l'avons fait en utilisant des outils gratuits de médias sociaux pour consulter les employés du gouvernement et le public, et c'est ainsi que nous avons stimulé le changement. Ceci a engendré des dizaines, voire des centaines, de tels engagements.
Il est également intéressant de souligner que le passage du principe à la pratique exige une attention portée à l'évolution de la culture dans le gouvernement, à la société civile, et parmi les médias. Nous ne pouvons pas «faire la démocratie» différemment si nous ne confrontons qu’un seul aspect. Le ministère de la Santé et des Services sociaux contribue à co-organiser un événement sur le journalisme des soins de santé à l'ère de données ouvertes, en sensibilisant les personnes qui couvrent ce sujet et écrivent sur la santé, à devenir des partenaires dans la transformation en cours.
Une note sur l'importance des données de grande valeur
La Directive de gouvernement ouvert, [13] la politique à l'échelle du gouvernement orientant les organismes fédéraux pour créer des plans de gouvernement ouvert, les consignes des agences concernant l'inventaire de leurs données de «grande valeur», où la valeur élevée est définie comme suit: «[I] l'information qui peut être utilisée pour augmenter la responsabilisation de l'agence et sa réactivité; améliorer la connaissance du public à propos de l'agence et ses activités; développer la mission fondamentale de l'agence; créer des opportunités économiques; ou répondre à des besoins et à la demande, identifiés par une consultation publique".[14]
Tout d'abord, se rendre au-delà des données concernant les dépenses ou les horaires des Secrétaires du Cabinet (Cabinet Secretaries) - les formes traditionnelles d’administration - consiste à mettre l'accent sur les données que les gens veulent (et celles qui sont demandées par l'intermédiaire de la Loi sur l'accès à l'information (Freedom of Information Act) ou via les sites Internet du gouvernement ouvert) et veiller à ce que la transparence du gouvernement réponde aux besoins du public.
Deuxièmement, en commençant par les données de grande valeur et en fournissant initialement des directives précises à propos des données de sécurité nationale ou des informations personnelles identifiables, les fonctionnaires peuvent publier des données sur la sécurité des ponts ou le dépôt de brevets, et ainsi créer rapidement un changement étendu de culture.
Troisièmement, les données de grande valeur mettent l'accent sur la mise à disposition d'information qui améliore la vie quotidienne des gens. Par exemple, healthcare.gov, utilise des données publiques sur les options de l'assurance-maladie afin de donner aux citoyens des choix plus éclairés. Il existe une richesse de données gouvernementales qui peut se traduire en connaissances utiles pour favoriser l’empowerment des individus et des décideurs.
Quatrièmement, la publication de données de grande valeur permet au gouvernement et au public de commencer à développer une collaboration au lieu d'une relation de nature contradictoire. Le Département de l'agriculture a publié des données nutritionnelles sous forme brute, permettant au Bureau de la Première Dame de parrainer un prix visant à créer les meilleurs jeux pour apprendre aux enfants les meilleures habitudes alimentaires saines. Une collaboration fructueuse encourage les fonctionnaires à publier davantage de données et à obtenir l'aide des gens dans l’utilisation, produisant ainsi plus de possibilités pour une participation productive. Les données de grande valeur s’avèrent le moyen de transformer les citoyens en les co-créateurs du gouvernement.
Au lieu de mettre l'accent sur la transparence en soi, il est important que le gouvernement, de concert avec le public, identifie les problèmes qui doivent être résolus; publie des données qui permettent au public de trouver des solutions éclairées et créatives, et instaure des plates-formes et des politiques qui favorisent la collaboration du peuple à leur propre gouvernance.
Comment passer d’ici à là: Principes de gouvernement ouvert
Sur la base de mon expérience dans la conception et la mise en œuvre des pratiques du gouvernement ouvert par le biais du pouvoir exécutif aux États-Unis, je vous propose dix courtes recommandations pour être revues par le Comité.
1. Osez être Ouvert - Le gouvernement devrait travailler à la vue de tous. Ses contrats, subventions, lois, règlements et politiques doivent être transparents. L'ouverture donne aux gens l'information qu’ils ont besoin de savoir à propos de comment fonctionne leur démocratie et comment y participer.
2. Le gouvernement ouvert signifie un accès ouvert - Le travail créé par et à la demande du contribuable, que ce soit par des subventions ou des contrats, doit être accessible gratuitement. Après que le public ait payé une fois, le contribuable ne devrait pas avoir à payer de nouveau.
3. Assurez-vous que le gouvernement ouvert soit productif et non pas contradictoire - Compte tenu du fait que répondre aux demandes d’information aujourd’hui exige du temps, le gouvernement devrait investir ses ressources humaines et financières de façon à fournir les données que les gens veulent vraiment et qu’ils pourront utiliser. Les responsables devraient exprimer ce qu'ils espèrent que les gens feront avec les données fournies (par exemple, la conception d'un nouveau Registre fédéral) et également demeurer ouverts aux contributions inattendues qui améliorent le fonctionnement de l'organisation et aident le public.
4. Soyez collaboratif - Il ne suffit pas d'être transparent; les fonctionnaires doivent passer à l'étape suivante en sollicitant activement la participation de ceux et celles qui ont l'expertise pour aider. La législation et la réglementation devrait être ouverte au public le plus tôt possible dans le processus pour donner aux gens l'occasion − et il ne s’agit pas simplement de commenter − de présenter des propositions alternatives constructives. La législation devrait également obliger les organismes à impliquer la participation du public lors de la mise en œuvre.
5. Aimez les données – Concevez des politiques éclairées en utilisant les données en temps réel. Avec les données, nous pouvons mesurer le rendement, déterminer ce qui fonctionne, et changer ce qui ne va pas. La publication des données générées dans le cadre de nouvelles politiques ainsi que les données "crowdsourcing" d'externalisation ouverte recueillies par ceux situés à l'extérieur du gouvernement facilitent l'innovation dans l'élaboration des politiques. [note de la traductrice: La traduction littérale de crowdsourcing est «approvisionnement par la foule, ou par un grand nombre [de personnes]», mais l'expression ne reflète pas vraiment le sens anglo-saxon du terme; «Impartition à grande échelle» ou encore «externalisation distribuée à grande échelle» sont d'autres traductions plus précises.] En prime, les données ouvertes ont également le potentiel de créer des débouchés économiques.
L’Agence national océanique et atmosphérique des États-Unis (National Oceanic and Atmospheric Agency) a un budget annuel d’environ 5 milliards de dollars. Grâce à la libre diffusion des données, la NOAA est le catalyseur d'au moins 100 fois cette valeur dans le marché du secteur privé des services météorologiques et climatiques, lorsque sont inclus le marché et les valorisations du non-marché.[15] Le milliard de dollars approximatif que la NOAA dépense sur le Service national météorologique (National Weather Service) permet de gérer weather.com, qui a depuis été vendu pour 3,5 milliards de dollars. Cachée dans les écrins des données publiques est une information qui peut se traduire en le prochain GPS ou l’industrie de la génomique.
6. Soyez agiles - Si possible, favorisez les innovations qui peuvent être mises en œuvre dans un délai de 90 jours ou moins. Obligez les organisations à agir plus rapidement, découragez la bureaucratie et encouragez le remue-méninge créatif et l'innovation. Le besoin de rapidité encourage une volonté d'aller vers les autres, y compris dans le secteur public.
7. Faites plus, dépensez moins - Concevez des solutions qui font plus avec moins. Au lieu de couper un service pour économiser de l'argent, demandez s'il y a une autre façon, comme décerner un prix ou proposer un défi qui poussera à résoudre les problèmes des gens en répondant à la fois à leurs besoins et en réduisant les coûts. En cette ère de progrès scientifiques et technologiques, nous avons de nouveaux moyens étonnants de résoudre les problèmes si nous pouvons simplement les reconnaître et les mettre en œuvre. L'innovation peut finalement favoriser une situation de coût-efficacité d'où tout le monde sort gagnant et générer une plus grande participation.
8. Investissez dans les plates-formes - Aussi longtemps que l’accès à l’information, le classement et les processus de gestion des dossiers s’effectueront en mode analogique au lieu d’en formats numériques, la mise en œuvre d’un gouvernement ouvert s’avèrera très difficile. Par ailleurs, sans outils pour impliquer le public dans des remue-méninges, l’élaboration et l’examen des politiques, de même que les autres activités gouvernementales, la collaboration vous échappera. Concentrez-vous sur l’avancement des pratiques en créant des données brutes et en générant une réelle participation.
9. Investissez dans les gens – Changer la culture du gouvernement ne se fera pas uniquement par des déclarations de politiques. Il est important de veiller à ce que la politique permette aux gens de chercher des alternatives démocratiques et de poursuivre l'innovation ouverte. Envisagez de nommer des directeurs de l’innovation (Chief Innovation Officers), directeurs de la démocratie (Chief Democracy Officers) et directeurs de la technologie (Chief Technology Officers).
10. Concevez pour la démocratie – Demandez toujours si la législation permet la participation active et constructive qui utilise les capacités et l’enthousiasme des personnes pour le bien collectif. Il ne suffit pas de simplement «jeter» un problème sur Facebook ou Twitter. Un processus doit être conçu pour compléter l'outil, qui assure une participation significative et gérable pour les fonctionnaires et le public.
Merci beaucoup.
BIBLIOGRAPHIE
[1] Beth Simone Noveck est professeur de droit à la New York Law School. Dr Noveck a servi à la Maison-Blanche en tant que première responsable adjointe pour la technologie (2009-2011) et leader de l’initiative de gouvernement ouvert de la Maison-Blanche (www.whitehouse.gov/open). La Fondation John D. et Catherine T. MacArthur a récemment accordé une subvention au professeur Noveck pour développer un programme de recherche interdisciplinaire pluriannuel afin d'évaluer l'impact des réseaux numériques sur les institutions. En 2010, le professeur Noveck a été nommée «L'une des centaines de personnes les plus créatives dans l'entreprise» par le magazine Fast Company et «L'une des Top 5 changeurs du jeu» par Politico. Elle est l'auteur de Wiki Government: How Technology Can Make Government Better, Democracy Stronger, and Citizens More Powerful (Brookings Institution Press, 2009), qui paraîtra cette année en arabe et en chinois.
[2] Gina Kolata, Sharing of Data Leads to Progress on Alzheimer’s, New York Times, 12 août 2010, A1.
[3] Pour une discussion approfondie de la théorie et la pratique de la «démocratie de collaboration», voir Beth Simone Noveck, Wiki Government: How Technology Can Make Government Better, Democracy Stronger, and Citizens More Powerful (Brookings Institution Press, 2009), chp. 2.
[4] Memorandum for the Heads of Executive Departments and Agencies, Transparency and Open Government, 21 janvier 2009.
[5] Around the Government, White House Open Government Initiative, http://www.whitehouse.gov/open/around.
[6] Voir, par exemple, ministère du Travail, application de base de données (http://ogesdw.dol.gov/); Banque d’indicateurs de la santé health.data.gov (http://www.data.gov/health), le ministère des Transports, inventaire de données (http://www.dot.gov/open/data/index.html); Commission fédérale des communications, inventaire des données (http://reboot.fcc.gov/data/review); Agence de protection de l’environnement, moteur de recherche de données (http:// www.epa.gov/data/).
[7] David, Ferriero, Federal Register 2.0, White House Open Government Initiative Blog, 26 juillet 2010.
[8] Community Health Data Initiative, Department of Health and Human Services.
[9] Site Internet Peer-to-Patent, http://www.peertopatent.org.
[10] http://publicreadingstage.cabinetoffice.gov.uk/92-release-and-publication-of-datasets-held-by-public-authorities.
[11] http://www.usaspending.gov and http://www.contractsfinder.businesslink.gov.uk/
[12] Remarks by the President to the General Assembly, New York, NY, 23 septembre 2010.
[13] Open Government Directive, OMB-M-10-06 (8 décembre 2009).
[14] Ibid, p. 7.
[15] Pour ne citer qu'un exemple d'un marché qui utilise des données de la NOAA, la valeur totale des transactions de dérivés climatiques a été estimée à: 2,0 milliards de dollars / an en 1998-2000, 4,0 milliards de dollars en 2001-2002, 4,0 milliards de dollars en 2002-2003, 4,5 milliards de dollars 2003-2004, 9,7 milliards de dollars 2004-2005, 45,0 milliards de dollars en 2005-2006, 32,0 milliards de dollars en 2006-2007, et 15,0 milliards de dollars en 2007-2008 (Weather Risk Management Association, 2009). Aussi, pour chaque 1$ que les entreprises énergétiques dépensent dans l'acquisition de données de la station climatique de la NOAA, ils bénéficient d'un avantage potentiel d’économiser 495$ en coûts d'infrastructure qui seraient nécessaire pour maintenir leur propre espace de stockage de base de données climatiques, l'archivage, et de reportage. En extrapolant les économies pour l’ensemble du marché américain de l'énergie, cela donne un avantage potentiel de 65 millions de dollars. Source: Investigating the Economic Value of Selected National Environmental Satellite, Data, and Information Service (NESDIS) Products, Centrec Consulting Group, Report, LLC, Janvier 2003. Pour plus d'informations, voir http://economics.noaa.gov.
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