Blogue de Lyne Robichaud

14 mai 2011

Nostalgie de la transparence au Canada

Suzanne Legault, Commissaire à l'information

Les résultats du scrutin de l'élection générale fédérale le 2 mai: les Conservateurs sont élus en majorité.

Et maintenant, une douzaine de jours plus tard, cette décision de la Cour Suprême du Canada, qui permettra aux premiers ministres du Canada et leurs ministres de garder leurs secrets.

La culture du silence régnait déjà auparavant. Tout porte à croire que les possibilités de gouvernement ouvert viennent d'être étouffées dans l'œuf.

Le gouvernement Harper (quelques jours avant le déclenchement des élections générales fédérales), a annoncé un gouvernement ouvert, le 18 mars 2011.

Avec cette décision de la Cour Suprême - et cela ouvre la porte à une modification de la Loi sur l'accès à l'information - , «c'est un pas en arrière», a déclaré la Commissaire à l'information, Suzanne Legault.

La Cour Suprême a décidé que les agendas n'ont pas à être dévoilés au public. Les premiers ministres et leurs ministres n’auront pas non plus à rendre publics leurs itinéraires passés, leurs notes personnelles et leurs courriels internes. Cette décision fait en sorte que les cabinets des ministres et le bureau du premier ministre ne sont pas soumis à la Loi sur l’accès à l’information.

«Je voudrais voir un engagement très fort pour renverser cette tendance à la baisse que nous voyons, parce que, à mon avis, nous sommes vraiment au plus bas», a déclaré Suzanne Legault. «Nous ne pouvons pas descendre plus

Nous ne pouvons pas nous enfoncer davantage dans la culture du secret et du silence.

L'engagement très fort dont parle Suzanne Legault peut-il survenir? Les premiers ministres du Canada et leurs ministres peuvent faire ce qu'ils veulent désormais. Ils ont le champ libre. Le lait tombe: adieu, veau, vache, cochon, couvée (La laitière et le pot au lait). S'il y a eu rêverie de gouvernement ouvert au Canada, s'affranchissant par moment de la réalité, le tout s'est dissipé avec le moment présent.

Peut-être que des provinces canadiennes mettront en place des initiatives de gouvernement ouvert, mais en ce qui concerne le niveau fédéral, autant se résigner: faites taire vos rêves, refoulez vos espérances. Manquez d'air.

Place véritablement à l’angoisse de l’incertitude, puisque nous devrons vivre en ne sachant pas comment et quand nous en sortiront. Alors que nous devrions être dans un monde ouvert, nous savons ce que nous allons perdre.

Il faut, dans une société décente, des règles qui permettent de sauvegarder le bien-être de la collectivité. Nous ne pouvons pas laisser des individus déchaîner leurs appétits sans conséquences graves pour la collectivité.

Portons désormais le fardeau de la nostalgie de la transparence.

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