Nicolas Cossette, un de mes amis m'a demandé sur Facebook: Tu dois déjà être au courant de l'initiative de Google Flutrends. Je suis curieux de savoir ce que tu en penses.
En effet, je suis au courant que Google a développé ce projet.
Justement, un de mes amis sur Facebook est Larry Brilliant. Il est des plus "brilliants", c'est le cas de le dire! Il est directeur du bras philanthropique de Google, et caresse depuis longtemps un projet de surveillance Internet de la grippe aviaire et d'un virus pandémique. Dans cette conférence, Larry Brilliant expose en détail son rêve de stopper les pandémies (durée de 26 minutes) >> cela vaut la peine d'être écouté.
Étant donné qu'il n'y a pas encore de gouvernance mondiale, et que de très sérieux problèmes de surveillance du H5N1 et du partage des souches du H5N1 sont observés actuellement à l'international (l'Indonésie étant un des pays les plus récalcitrants à partager ses virus - avec interruption complète de collaboration depuis plus de 2 ans - et malheureusement l'endroit sur la planète où ont eu lieu le plus grand nombre de cas humains de grippe aviaire), le projet mis de l'avant par Google s'avère une des planches de salut de l'Humanité.
Ce projet débute avec une observation de la grippe saisonnière aux États-Unis. Mais je suis persuadée que nous le verrons étendu au H5N1 à travers le monde, et à d'autres maladies émergentes d'ici quelques années. Les États membres de l'ONU ont convenu en Égypte en octobre dernier qu'un des trois défis de l'avenir est d'étendre les préparatifs globaux de pandémie à l'ensemble des maladies émergentes.
Google caresse par ailleurs le souhait de développer son projet en toutes les langues. Gros défi.
Ce travail entrepris par Google est vraiment nécessaire. Normalement, ce serait le mandat de l'Organisation mondiale de la santé, mais l'agence onusienne ne parvient pas à surveiller correctement les maladies. Vu l'état des relations internationales, il y aura toujours des nations pour nier des foyers d'éclosion de maladie (cela est justement arrivé en 2003 avec l'émergence du SRAS et le déni de la Chine - et nous avons eu de nombreux cas mortels en Ontario).
Ce projet permet de retirer l'élément politique de la surveillance des épidémies. Par ailleurs, les résultats obtenus jusqu'à présent sont concluants, et devancent les travaux du CDC. Ils suivent les courbes d'activité du virus.
De plus en plus, Internet - que ce soit Google, ou les chercheurs de nouvelles (dits "newshounds") opérant sur des forums et médias sociaux, connus sous l'appellation de la "sphère du Flublogia" (dont fait partie Zonegrippeaviaire.com) - s'imposent comme des solutions viables au pire cauchemar de l'Humanité: les pandémies.
Car une pandémie est considérée comme la menace Numéro 1 à la nation (du moins par l'Union européenne - nos décideurs locaux sont trop étourdis pour penser à statuer sur ces choses-là.). Une pandémie sera comme si un tsunami frappait simultanément CHAQUE ville du monde. L'effet sera terriblement dévastateur.
On pourrait comparer la situation actuelle de la surveillance des virus à celle qu'a connue le milieu de la météo, avant l'avènement des satellites. De nos jours, il est possible de prédire l'arrivée des ouragans, et de donner ainsi le temps à la population de se préparer en conséquence. Les quelques heures avant la tempête, que la technologie nous fournissent, permettent l'évacuation de milliers de personnes. Cela contribue à réduire les pertes humaines.
C'est un peu une situation semblable avec les pandémies. Nous savons qu'elles sont inévitables. Nous ne pouvons rien faire pour les empêcher. Aucun médicament, aucun vaccin. Aucun humain n'a développé d'immunité au nouveau virus pandémique. Nous sommes donc très vulnérables. Nous n'avons même pas un système de surveillance mondial fiable. Il nous est impossible de prédire quand surviendra une pandémie, et je dirais même que dans la situation actuelle, nous serons prévenus APRÈS que la pandémie ne soit déclenchée. Les 10 à 14 jours qui se dérouleront entre la première flamme du virus pandémique et le moment qu'il se retrouvera devant notre porte, je ne suis pas certaine que nous pourrons en bénéficier, avec le système actuel. Par exemple, 300,000 personnes sont présentement surveillées en Inde. Une pandémie serait déjà commencée que nous n'aurions aucun moyen de le deviner.
Les 10 à 14 jours de répit avant le déploiement mondial d'un virus mortel sont cruciaux, car la majorité des gens ne sont pas préparés à affronter une pandémie. Dès les premiers jours d'une pandémie, il y aura des pénuries de nourriture et d'autres biens de consommation: notre système d'approvisionnement juste-à-temps sera lourdement perturbé. Les gens n'ont pas stocké des vivres en conséquences. Je ne comprends d'ailleurs pas pourquoi nos autorités n'ordonnent pas aux citoyens de se préparer. Sans doute nos leaders actuels ne croient pas qu'une pandémie aura lieu. Ou alors, ils sont de très mauvais gestionnaires et se soucient peu du sort de leurs citoyens. Les experts prévoient qu'il y aura autant de victimes de famine, que de victimes emportées par le virus lui-même (et cela, même dans les pays développés tels que le Canada et les États-Unis).
La portée d'une pandémie a été qualifiée "d'inimaginable" par le Dr Robert Webster, un des éminents scientifiques ayant découvert ce virus.
Alors, dans ce cas, des initiatives telles que celle de Google me semblent comme une petite lumière au bout du tunnel...
P.S. Larry Brilliant est non seulement brilliant, mais aussi courageux. D'une force et d'une vision peu communes.
1 commentaire:
Les nouvelles technologies permettent de créer de nouveaux outils, mais est-ce que les anciens pouvoirs sont près à accepter des techniques pouvant les remettre en question ? Pouvoir faire une chose techniquement, cela ne veut pas dire pouvoir le faire réellement. Les obstacle sont nombreux, et de différentes natures, je m'en suis bien rendu compte en tant que créateur de clé USB bootable customisée.
Cordialement
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