Blogue de Lyne Robichaud
12 novembre 2010
Y a-t-il des emplois de gov2.0 au Québec?
Fortune a publié un article signé par John F. Moore intitulé 'Creating jobs for the people through Open government', à propos de la création d'emploi en lien avec le gouvernement 2.0 en Californie, notamment suite au concours 'Apps for California'. Bienheureux sont les Californiens! Les cinq lauréats de ce concours ont généré de la création d'emploi.
En septembre dernier, la ville de San Francisco s'est classée première au palmarès des 50 villes américaines les plus branchées sur les médias sociaux d'après un rapport de NetProspex. [traduction] «La Californie et le Texas ont été les seuls États à obtenir plusieurs villes dans le top 15 du NPSI. La Californie est représentée par San Francisco (#1), San José (#2), Los Angeles (#9) et San Diego (#15), tandis que deux villes du Texas se sont classées», souligne NetProspex.
Le gouvernement 2.0 fait son chemin aux États-Unis et quelques autres pays à travers le monde. Des gens y travaillent: des gestionnaires, analystes, communicateurs, programmeurs, éditeurs, animateurs de médias sociaux, recherchistes, etc. «Hired» en raison de compétences en lien avec le gouvernement 2.0, c'est possible, ce n'est pas une utopie, on l'entend aux États-Unis, et ailleurs dans le monde.
Combien d'années de retard accuse le Québec? L'État n'a pas encore adopté un virage de gouvernement 2.0. La province n'a pas encore adopté de plan numérique. À l'exception d'un projet de Tourisme Québec pour le partage d'expériences touristiques avec des citoyens, il ne semble pas y avoir eu d'investissement considérable dans une collaboration gouvernement/citoyen de la part du gouvernement du Québec. Le partage d'expériences touristiques n'a rien à voir avec le partage de l'analyse des idées et des projets, l'orientation de programmes gouvernementaux, l'allocation des dépenses d'un budget gouvernemental, et tout ce qui constitue le processus d'une gouvernance. En fait, le partage d'expériences touristiques avec des citoyens, ce n'est pas tellement compromettant pour un gouvernement.
Yves Therrien dans Le Soleil («Les TI modifieront l'exercice de la démocratie») indiquait le 10 novembre dernier que «des coopératives, comme le Mouvement Desjardins, des syndicats ou d'autres organisations se mettront à l'ère moderne de l'exercice démocratique avant que le monde de la politique embarque dans le mouvement.» Le gouvernement 2.0 au Québec, ce n'est apparemment pas pour demain...
Essayons d'énumérer les emplois en lien avec le gouvernement 2.0 créés au Québec. Au gouvernement du Québec? Euh... force est d'admettre que cela doit tourner autour de zéro.
À la Ville de Montréal? Euh... il doit bien y avoir au moins une personne! Car la Ville s'est apparemment récemment jointe à la (mystérieuse) coalition G4 des villes ouvertes canadiennes. C'est ce qu'a annoncé fièrement Chris Moore devant les participants du colloque Beyond 2010 en octobre dernier. Cependant, aucun représentant de la Ville de Montréal n'était sur place pour officialiser cette annonce. Aucun communiqué de presse n'a été émis du cabinet du maire de la Ville de Edmonton pour consolider l'annonce faite à Beyond 2010. Aucun communiqué de presse n'a été émis à cet effet par la Ville de Montréal. Aucun 'webcast'/preuve d'enregistrement vidéo ne doit exister de cette annonce, car l'information a été diffusée lors d'une période de question: cela ne faisait pas partie du programme officiel du colloque. Aucun responsable de dossier de Montréal n'a encore été annoncé publiquement. Aucun plan de développement ni échéancier de travail n'a été diffusé. Entre la volonté de vouloir faire partie d'un groupe canadien de villes ouvertes, et la réalité de devenir un gouvernement ouvert, par le biais d'une planification stratégique et la réalisation de nombreux projets, il existe tout un univers.
Le groupe Montréal ouvert est une une initiative populaire lancée par quatre citoyens (Jonathan Brun, Jean-Noé Landry, Michael Lenczner et Sébastien Pierre - source Lien multimédia) qui a pour but de promouvoir l'accès ouvert aux données civiques de la région de Montréal.
Il existe peut-être des emplois au Québec découlant du gouvernement 2.0. Si c'est le cas, ils sont bien cachés...
La conclusion de l'article de John F. Moore est censée servir d'encouragement aux leaders gouvernementaux et à les pousser à agir. Mais dans un contexte québécois, cette conclusion pourrait donner le vertige aux citoyens qui se dévouent pour l'avancement du gouvernement 2.0 dans la province. [traduction] «Nous ne pouvons compter indéfiniment sur la passion et l'intérêt (des employés du gouvernement). En fin de compte, les hommes politiques doivent mettre l'accent sur la garantie de poursuivre ces efforts et leur épanouissement, de sorte que le public puisse profiter des avantages. Sinon, celles et ceux qui travaillent "pour le peuple" pourront simplement choisir, ou être forcés, de faire autre chose.»
Cette semaine, Charles Hébert m'a demandé sur Twitter «Pour quel ministère travaillez-vous?» J'ai balbutié/marmonné avec embarras et regret, «Euh... je ne travaille pour aucun ministère». J'aimerais bien, pourtant! Tout demeure à construire. Malheureusement, la volonté politique pour faire du Québec un gouvernement 2.0 n'existe pas (encore).
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