Blogue de Lyne Robichaud
30 novembre 2010
‘Disruptive technology’ et gov2.0: Pouquoi cette connotation négative?
Cette semaine, Gov20Radio recevait Lovisa Williams, et je me faisais une joie de l’écouter parler. Lorsque le titre de l’émission a été annoncé, j’ai trouvé cela fort étrange: ‘Disruptive technology’. De quoi s’agissait-il?
Tout d’abord, attardons-nous sur des synonymes de ‘disruptive’: disorderly, distracting, disturbing, off-base, out-of-line, out-of-order, rowdy, troublemaking, troublesome, unsettling, upsetting. En français, ce mot se traduit par «perturbateur». Il s’agit d’un mot à connotation extrêmement négative.
Si vous étiez n’importe quel employé gouvernemental, et qu’on vous présentait cette expression de «technologie perturbatrice», quelle serait votre réaction initiale? Vous reculeriez sur votre chaise. Vous auriez peur. Vous seriez rébarbatif à tout ce qui se dirait à ce sujet par la suite, et il s’inscrirait dans votre esprit une attitude rebutante face à cette nouveauté. Quelle idée épouvantable d’appeler les médias sociaux et une façon de penser de cette manière!
Cela m’étonne que cette expression se retrouve dans le vocabulaire courant d’une équipe diplomatique aussi qualifiée et influente que celle du U.S. Department of State's Public Diplomacy and Public Affairs Bureau. Hier, j’ai parlé de leur approche (constructive) de communications adaptée aux contextes sociaux, qui s’avère une stratégie gagnante.
Ce n’est qu’une apparente question de mauvais vocabulaire, et non pas un sérieux problème de fond. Car Lovisa Williams a expliqué qu’au-delà des ‘tweeting diplomats’, ‘disruptive technology’ signifiait «tout ce qui perturbe la façon dont vous pensez et comment vous travaillez».
Renversons cela en positif, et on obtient: «Tout ce qui contribue à percevoir différemment, enlever les limitations et modifier la manière dont vous travaillez».
Madame Williams a donné en exemple la messagerie texte, les vidéos ainsi que les outils multimédia. «Repenser notre façon de concevoir le travail que nous faisons, les processus, ainsi que notre mission. Perturber la nature même de la façon dont les gens font ce travail.»
Cela va donc au-delà des médias sociaux. On entre dans une forme différente de pensée. La pensée iconoclaste. Il y aurait lieu de modifier cette expression, pour valoriser davantage les efforts du U.S. Department of State.
Car ce n’est pas très courant qu’un gouvernement intègre des éléments iconoclastes dans ses processus. Habituellement, c’est le contraire: tout est une procédure, et n’importe quelle action ou projet doit s’inscrire dans cette structure rigide.
Avec la volonté d’implanter une gouvernance 2.0, on dit adieu à l’ancienne forme verticale monolithique de gestion gouvernementale. Il faut couper le plancher sous nos pieds et réinventer la manière dont s’effectue le travail et les relations avec les gens.
Le neuroscientifique Gregory Berns, dans son livre Iconoclasts, explique en quoi consiste penser différemment. Il est possible d’entraîner son cerveau à entrevoir les choses différemment et cela a un effet libérateur sur la créativité.
«Les iconoclastes sont en mesure de faire des choses que les autres disent ne peut être faites, parce que les iconoclastes perçoivent les choses différemment des autres. Cette différence de perception joue un rôle crucial dans les premières étapes d'une idée. Cela influe sur la façon dont les iconoclastes gèrent leurs craintes, et cela se manifeste dans la façon dont ils présentent leurs idées aux masses de non-iconoclastes», indique Berns.
Comment les gens différents pensent et se comportent peut s’expliquer par la façon dont fonctionne les connections dans leur cerveau. Par conséquent, alors que la plupart d'entre nous pensent que les iconoclastes sont des gens qui sont différents des autres parce qu’ils disent que des choses différentes peuvent être accomplies, Gregory Berns est plus spécifique. Il dit que le cerveau de l'iconoclaste est différent - de trois manières différentes: la perception, la réaction à la peur, et L'INTELLIGENCE SOCIALE.
Par conséquent, une pensée iconoclaste dans un contexte de gouvernement 2.0 est un atout de taille.
À la question «Avez-vous une description de tâches d’un gestionnaire de communautés?», la réponse fut entièrement de style iconoclaste. «Non. Nous ne nous limitons pas à une description en particulier. Nous essayons de ne pas mettre trop de restrictions en ce qui a trait aux personnes qui devraient être responsables d’une communauté. Il pourrait même s’agir d’une équipe de personnes, mandatées pour gérer une communauté.»
Une réponse qui démontre qu’il existe une équipe iconoclaste implantée au sein du U.S. Department of State, car selon le Dr Gregory Berns, «peu de gens possèdent les trois traits (caractéristiques d’un iconoclaste), mais par la diversification, des équipes de travail peuvent arriver à atteindre toutes les facettes (de cette façon différente de penser)».
Chassez au plus vite cette très vilaine expression de ‘disruptive technology’ de votre vocabulaire!
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