Il est toujours plus facile d'arriver à se distinguer en dénigrant les autres. C'est ce que fait le gouvernement du Québec en regardant de haut la sphère du Flublogia, les médias sociaux, et par le fait même, les citoyens.
Pierre Bouchard, de l'agence Indico, consultant, conférencier en gestion de la réputation, communication d’entreprise et relations publiques, a rédigé dernièrement deux nouveaux billets à propos du document «Les médias sociaux et la communication du risque». Ceux-ci font suite à deux autres billets rédigés auparavant (voir ici et ici).
Dans «Le blogue organisationnel: bon sauf pour le gouvernement?», Pierre Bouchard indique «Ce qui demeure difficile à comprendre de l’étude du gouvernement, c’est la conclusion qui, malgré l’analyse largement positive faite des médias sociaux, rejette les médias sociaux. Je suis persuadé que les vrais raisons ne sont pas énoncées dans ce document. Ça ne tient tout simplement pas la route.»
Lorsque j’ai reçu le document «Les médias sociaux et la communication du risque» par la poste, en réponse à une demande à l’information, j’ai trouvé moi aussi qu’il y avait quelque chose qui clochait avec la conclusion.
Michelle Blanc a eu lecture semblable. De même que Mario Asselin dans Mario Tout de go, et Denis Paul van Chestein dans Analystik, ainsi que Michelle Sullivan (qui a pointé ce document à Pierre Bouchard)
Puis dans le billet intitulé «Le blogue citoyen manque de crédibilité», Pierre Bouchard indique: «Ce qui semble déranger, c’est que les blogueurs, tout en relayant l’information, émettent des commentaires et des critiques sur la gestion gouvernementale de la pandémie. D’où la position gouvernementale à l’effet qu’il n’y ait qu’une seule source d’information (gouvernementale).»
Un coordonnateur de l’information des mesures d’urgences au gouvernement du Québec s’est exclamé, lorsqu’il a pris connaissance de l’existence de Zonegrippeaviaire.com: “Avez-vous demandé la PERMISSION au gouvernement avant de créer cette patente-là?”
Parce que c’est ainsi que nos autorités québécoises pensent: les citoyens devraient d’abord déposer une demande d’autorisation auprès du gouvernement pour savoir s’ils ont, oui ou non, le droit de penser par eux-mêmes à propos des préparatifs pandémiques.
Ces démarches ont eu lieu en janvier 2008.
Depuis, une année entière s’est écoulée. Cela aurait amplement laissé le temps aux autorités québécoises de trouver une manière de collaborer avec des membres de la sphère du Flublogia.
Aux États-Unis, le moindre bloggeur sur l’influenza a été intégré dans les nombreux comités de travail en lien avec les préparatifs pandémiques du gouvernement fédéral à Washington.
Cinq agences fédérales en lien avec ce domaine diffusent désormais de l’information et échangent avec des citoyens américains (et autres citoyens du monde) sur Twitter (@BirdFluGov, @femainfocus, @GetReady, @ReadydotGov, @RedCross).
Une infrastructure de collaboration, ainsi que des outils de dialogue 2.0, ont été mis en place ces derniers mois, afin que puissent être mis en oeuvre des préparatifs sociaux aux États-Unis. Comme cela est notamment recommandé par l’ONU et la Banque mondiale (dans un rapport publié en octobre dernier). Ceci s’inscrit dans les valeurs de transparence, de participation et de collaboration annoncées dans un mémo présidentiel signé par Barack Obama.
Que fait notre administration gouvernementale québécoise pendant ce temps dans ce domaine?
ABSOLUMENT RIEN.
Donc, depuis mai 2008, les autorités n’ont donc pas eu à lever le petit doigt. Elles sont tout simplement confortablement assises sur leur déni.
La stratégie employée par le gouvernement du Québec a pour but d'enlever la confiance. Il est évident que les autorités ne veulent pas de collaboration et de participation citoyenne dans le domaine des préparatifs pandémiques. En rabaissant la sphère du Flublogia au plus bas niveau, cela ne leur enlève pas de crédibilité, s'ils ne s'intéressent pas à des gens qui ne seraient "pas crédibles". Ils souhaitent décréter, et s'attendent à ce que les individus les écoutent et leur obéïssent. Ceci s'apparente à des comportements très rigides (pour rester poli).
S'il avait existé un intérêt pour la participation citoyenne dans les préparatifs pandémiques, le gouvernement du Québec aurait posé ses conditions, proposé des critères, transmis des invitations.
Le document «Les médias sociaux et la communication du risque» avait pour but véritable - cela est des plus évidents - de verrouiller la porte à toute collaboration avec la sphère du Flublogia. Pour combien de temps? Nul ne le sait. Les véritables raisons? Elles ne doivent pas être belles à entendre.
Blogue de Lyne Robichaud
28 janvier 2009
S'abonner à :
Publier des commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Publier un commentaire