Avoir un portrait global est nécessaire pour consolider l’état de préparation en vue d’une pandémie d’une région géographique donnée.
Comme l’a indiqué Julie Gerberding, l’ex-directrice du Centre for Disease Control (CDC) des États-Unis, «nous sommes seulement aussi forts que notre lien le plus faible».
Les nations ont intérêt à avoir recours à un leadership fort au niveau fédéral, afin de s’assurer que le développement des préparatifs pandémiques s’effectuent de manière uniforme aux niveaux régional et local. Qu’il s’agisse de provinces, de préfectures, de cantons ou de gouvernorats, chacune des nations compose avec les sous-infrastructures gouvernementales qui lui sont propres.
Le même processus devrait également être appliqué à une plus grande échelle régionale, entre nations d’une même région géographique, d'un même continent.
À l'échelle mondiale, les Nations unies émettent des directives à leurs États membres. Le plus récent rapport a été publié en octobre 2008: le 4e Rapport intérimaire mondial sur la gestion de la grippe aviaire (synopsis).
Hier, dans mon billet intitulé Existe-t-il un «AmériqueduNordgrippe»?, j’ai mentionné l’annonce du projet «Eurogrippe», qui vise à «identifier les écarts qui peuvent exister entre les différents États en matière de lutte contre une éventuelle pandémie grippale et de proposer un programme de travail européen visant à les atténuer.»
À ma connaissance, je ne crois pas que ce genre de travaux existe encore en Amérique du Nord. Il y doit certainement avoir des discussions entre les équipes diplomatiques et de décideurs des États-Unis, du Mexique et du Canada, mais je n’ai pas lu à propos de mécanismes officiels ayant été créés dans ce but sur le continent nord-Américain.
Les planificateurs québécois m’ont confirmé au printemps 2008 qu’ils n’avaient pas de portrait général de l’avancement des travaux de préparation en vue d’une pandémie, d’une région administrative à l’autre.
À ma connaissance, je ne pense pas qu’il existe un système d’analyse et de pointage de l’avancement des préparatifs, comme cela se fait aux États-Unis, et qui permet de comparer les travaux effectués d’un État à un autre. Le Trust for America's Health (TFAH) en est à sa sixième publication d'un rapport annuel, comparant la performance des États américains. Voir l'édition de décembre 2008, Ready or not? Protecting the Public's Health from Disease, Disasters, and Bioterrorism.
Malheureusement, peu d’information a été publiée à propos de l'avancement du projet «Eurogrippe», annoncé à l’automne 2008.
Il est utile de se documenter sur ce que d'autres nations (notamment francophones) prévoient en cas de pandémie. Cela permet de mieux situer les stratégies de nos propres autorités gouvernementales (en particulier, dans le cas du Québec, celle concernant la "continuité des opérations" dans les écoles et les établissements de garde).
La République française est certainement un leader européen en matière de préparatifs pandémiques.
J'ai beaucoup apprécié son plan de travail, qui annonçait en détail ce que chacune des ses agences développerait. Cette documentation des processus permet de suivre la progression des réflexions et des travaux. «Perspectives pour 2008. République française, année 2007 (Rapport interministériel concernant le plan gouvernemental «Pandémie grippale»)». J'aurais souhaité que de semblables méthodologies de travail soient adoptées ici (Québec), et que des informations de cette nature soient rendues disponibles au public.
S'il est question, avec le projet «Eurogrippe», de réduire les variantes entre les pays membres de l'Union européenne, alors nous pourrions nous attendre à ce que des stratégies semblables à celle de la République française (concernant notamment les écoles et les établissements de garde, ainsi que les recommandations de stockage de vivres aux individus - au moins 2 semaines, comme pour les États-Unis) puissent être étendues à d'autres nations européennes. J'espère que le nivellement de l'état de préparation s'effectuera à partir des stratégies les plus développées. Le contraire serait décevant. Le Royaume-Uni est des plus actifs, lui aussi. Des simulations britanniques effectuées dernièrement ont révélé de nombreux éléments, qui permettront à des nations de pousser leurs réflexions. Les pays scandinaves ont également développé de de bons éléments de stratégie.
Quant à savoir de quelle manière les nations nord-Américaines vont s’y prendre pour atténuer les variantes dans leurs préparatifs, encore faudrait-il que les nations elles-mêmes se dotent de systèmes d’analyse pour être en mesure de fournir un portrait global aux nations voisines. Les États-Unis ont mis sur pied des mécanismes d'évaluation. Mais qu'en est-il du Mexique et du Canada?
Cela aide, de savoir où on en est soi-même rendu, lorsque vient le temps de se concerter à la table avec ses voisins, afin de planifier à une plus vaste échelle.
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