Blogue de Lyne Robichaud

30 janvier 2009

Comment s’y prendre pour réduire les variantes dans l’état de préparation d’une région géographique?

Renold Zergat, Stone. Libre de droits. Source

Avoir un portrait global est nécessaire pour consolider l’état de préparation en vue d’une pandémie d’une région géographique donnée.

Comme l’a indiqué Julie Gerberding, l’ex-directrice du Centre for Disease Control (CDC) des États-Unis, «nous sommes seulement aussi forts que notre lien le plus faible».

Les nations ont intérêt à avoir recours à un leadership fort au niveau fédéral, afin de s’assurer que le développement des préparatifs pandémiques s’effectuent de manière uniforme aux niveaux régional et local. Qu’il s’agisse de provinces, de préfectures, de cantons ou de gouvernorats, chacune des nations compose avec les sous-infrastructures gouvernementales qui lui sont propres.

Le même processus devrait également être appliqué à une plus grande échelle régionale, entre nations d’une même région géographique, d'un même continent.

À l'échelle mondiale, les Nations unies émettent des directives à leurs États membres. Le plus récent rapport a été publié en octobre 2008: le 4e Rapport intérimaire mondial sur la gestion de la grippe aviaire (synopsis).

Hier, dans mon billet intitulé Existe-t-il un «AmériqueduNordgrippe»?, j’ai mentionné l’annonce du projet «Eurogrippe», qui vise à «identifier les écarts qui peuvent exister entre les différents États en matière de lutte contre une éventuelle pandémie grippale et de proposer un programme de travail européen visant à les atténuer

À ma connaissance, je ne crois pas que ce genre de travaux existe encore en Amérique du Nord. Il y doit certainement avoir des discussions entre les équipes diplomatiques et de décideurs des États-Unis, du Mexique et du Canada, mais je n’ai pas lu à propos de mécanismes officiels ayant été créés dans ce but sur le continent nord-Américain.

Les planificateurs québécois m’ont confirmé au printemps 2008 qu’ils n’avaient pas de portrait général de l’avancement des travaux de préparation en vue d’une pandémie, d’une région administrative à l’autre.

À ma connaissance, je ne pense pas qu’il existe un système d’analyse et de pointage de l’avancement des préparatifs, comme cela se fait aux États-Unis, et qui permet de comparer les travaux effectués d’un État à un autre. Le Trust for America's Health (TFAH) en est à sa sixième publication d'un rapport annuel, comparant la performance des États américains. Voir l'édition de décembre 2008, Ready or not? Protecting the Public's Health from Disease, Disasters, and Bioterrorism.

Malheureusement, peu d’information a été publiée à propos de l'avancement du projet «Eurogrippe», annoncé à l’automne 2008.

Il est utile de se documenter sur ce que d'autres nations (notamment francophones) prévoient en cas de pandémie. Cela permet de mieux situer les stratégies de nos propres autorités gouvernementales (en particulier, dans le cas du Québec, celle concernant la "continuité des opérations" dans les écoles et les établissements de garde).

La République française est certainement un leader européen en matière de préparatifs pandémiques.

J'ai beaucoup apprécié son plan de travail, qui annonçait en détail ce que chacune des ses agences développerait. Cette documentation des processus permet de suivre la progression des réflexions et des travaux. «Perspectives pour 2008. République française, année 2007 (Rapport interministériel concernant le plan gouvernemental «Pandémie grippale»)». J'aurais souhaité que de semblables méthodologies de travail soient adoptées ici (Québec), et que des informations de cette nature soient rendues disponibles au public.

S'il est question, avec le projet «Eurogrippe», de réduire les variantes entre les pays membres de l'Union européenne, alors nous pourrions nous attendre à ce que des stratégies semblables à celle de la République française (concernant notamment les écoles et les établissements de garde, ainsi que les recommandations de stockage de vivres aux individus - au moins 2 semaines, comme pour les États-Unis) puissent être étendues à d'autres nations européennes. J'espère que le nivellement de l'état de préparation s'effectuera à partir des stratégies les plus développées. Le contraire serait décevant. Le Royaume-Uni est des plus actifs, lui aussi. Des simulations britanniques effectuées dernièrement ont révélé de nombreux éléments, qui permettront à des nations de pousser leurs réflexions. Les pays scandinaves ont également développé de de bons éléments de stratégie.

Quant à savoir de quelle manière les nations nord-Américaines vont s’y prendre pour atténuer les variantes dans leurs préparatifs, encore faudrait-il que les nations elles-mêmes se dotent de systèmes d’analyse pour être en mesure de fournir un portrait global aux nations voisines. Les États-Unis ont mis sur pied des mécanismes d'évaluation. Mais qu'en est-il du Mexique et du Canada?

Cela aide, de savoir où on en est soi-même rendu, lorsque vient le temps de se concerter à la table avec ses voisins, afin de planifier à une plus vaste échelle.

29 janvier 2009

Existe-t-il un «AmériqueduNordgrippe»?

Didier Houssin

Le ministère de la Santé et des Services sociaux des États-Unis (Health and Human Services) développe les préparatifs pandémiques à la vitesse-lumière. Sa perspective sociale est d’intérêt particulier pour les observateurs. Le gouvernement américain est en train de démontrer que la participation citoyenne en planification de situation d’urgence peut être positive. Après avoir lancé plusieurs agences sur Twitter, les décideurs s’engagent présentement dans des discussions ouvertes avec des leaders d’opinions communautaires actifs sur diverses plates-formes de médias sociaux. Ceci pourrait conduire à de nouveaux projets en santé publique et aider à mitiger des désastres.

Toutefois, la sphère du Flublogia n’est pas uniquement limitée aux États-Unis. Le Canada, qui partage une longue frontière avec les États-Unis, possède une communauté 2.0 active. Mais le gouvernement du Québec a adopté une vision radicalement différente à propos du 2.0, et a rejeté une collaboration avec le Flublogia (en juin 2008). Les autorités québécoises disent qu’elles sont «prêtes» pour une pandémie.

Alors que les mois se succèdent, ce manque de vision crée de profondes disparités dans l’état de préparation de deux pays voisins. Il y a de quoi s’inquiéter à propos de cette situation.

En Europe, Didier Houssin, le délégué interministériel à la Lutte contre la grippe aviaire, a annoncé «Eurogrippe» le 3 septembre 2008.
«Eurogrippe a pour objectif d'identifier les écarts qui peuvent exister entre les différents États en matière de lutte contre une éventuelle pandémie grippale et de proposer un programme de travail européen visant à les atténuer.

Le Pr Houssin a cité par exemple des disparités sur l'importance des stocks d'antiviraux, la stratégie d'ouverture des écoles, la continuité des services essentiels ou encore l'organisation des transports aériens.»

D’énormes pas sont effectués dans certaines parties de l’Amérique du Nord. Mais ailleurs, sur le même continent, le développement des préparatifs pandémiques pourrait ne pas survenir à la même vitesse.

Il serait rassurant d’entendre davantage parler de ce qui est planifié à un niveau continental. Par exemple, quels sont les mécanismes pour niveler les variations dans l’état de préparation pandémique entre nations en Amérique du Nord?

28 janvier 2009

Québec n’a pas énoncé les vraies raisons de son déni du Flublogia, d’après Pierre Bouchard

Il est toujours plus facile d'arriver à se distinguer en dénigrant les autres. C'est ce que fait le gouvernement du Québec en regardant de haut la sphère du Flublogia, les médias sociaux, et par le fait même, les citoyens.

Pierre Bouchard
, de l'agence Indico, consultant, conférencier en gestion de la réputation, communication d’entreprise et relations publiques, a rédigé dernièrement deux nouveaux billets à propos du document «Les médias sociaux et la communication du risque». Ceux-ci font suite à deux autres billets rédigés auparavant (voir ici et ici).

Dans «Le blogue organisationnel: bon sauf pour le gouvernement?», Pierre Bouchard indique «Ce qui demeure difficile à comprendre de l’étude du gouvernement, c’est la conclusion qui, malgré l’analyse largement positive faite des médias sociaux, rejette les médias sociaux. Je suis persuadé que les vrais raisons ne sont pas énoncées dans ce document. Ça ne tient tout simplement pas la route

Lorsque j’ai reçu le document «Les médias sociaux et la communication du risque» par la poste, en réponse à une demande à l’information, j’ai trouvé moi aussi qu’il y avait quelque chose qui clochait avec la conclusion.

Michelle Blanc a eu lecture semblable. De même que Mario Asselin dans Mario Tout de go, et Denis Paul van Chestein dans Analystik, ainsi que Michelle Sullivan (qui a pointé ce document à Pierre Bouchard)

Puis dans le billet intitulé «Le blogue citoyen manque de crédibilité», Pierre Bouchard indique: «Ce qui semble déranger, c’est que les blogueurs, tout en relayant l’information, émettent des commentaires et des critiques sur la gestion gouvernementale de la pandémie. D’où la position gouvernementale à l’effet qu’il n’y ait qu’une seule source d’information (gouvernementale)

Un coordonnateur de l’information des mesures d’urgences au gouvernement du Québec s’est exclamé, lorsqu’il a pris connaissance de l’existence de Zonegrippeaviaire.com: “Avez-vous demandé la PERMISSION au gouvernement avant de créer cette patente-là?”

Parce que c’est ainsi que nos autorités québécoises pensent: les citoyens devraient d’abord déposer une demande d’autorisation auprès du gouvernement pour savoir s’ils ont, oui ou non, le droit de penser par eux-mêmes à propos des préparatifs pandémiques.

Ces démarches ont eu lieu en janvier 2008.

Depuis, une année entière s’est écoulée. Cela aurait amplement laissé le temps aux autorités québécoises de trouver une manière de collaborer avec des membres de la sphère du Flublogia.

Aux États-Unis, le moindre bloggeur sur l’influenza a été intégré dans les nombreux comités de travail en lien avec les préparatifs pandémiques du gouvernement fédéral à Washington.

Cinq agences fédérales en lien avec ce domaine diffusent désormais de l’information et échangent avec des citoyens américains (et autres citoyens du monde) sur Twitter (@BirdFluGov, @femainfocus, @GetReady, @ReadydotGov, @RedCross).

Une infrastructure de collaboration, ainsi que des outils de dialogue 2.0, ont été mis en place ces derniers mois, afin que puissent être mis en oeuvre des préparatifs sociaux aux États-Unis. Comme cela est notamment recommandé par l’ONU et la Banque mondiale (dans un rapport publié en octobre dernier). Ceci s’inscrit dans les valeurs de transparence, de participation et de collaboration annoncées dans un mémo présidentiel signé par Barack Obama.

Que fait notre administration gouvernementale québécoise pendant ce temps dans ce domaine?

ABSOLUMENT RIEN.

Donc, depuis mai 2008, les autorités n’ont donc pas eu à lever le petit doigt. Elles sont tout simplement confortablement assises sur leur déni.

La stratégie employée par le gouvernement du Québec a pour but d'enlever la confiance. Il est évident que les autorités ne veulent pas de collaboration et de participation citoyenne dans le domaine des préparatifs pandémiques. En rabaissant la sphère du Flublogia au plus bas niveau, cela ne leur enlève pas de crédibilité, s'ils ne s'intéressent pas à des gens qui ne seraient "pas crédibles". Ils souhaitent décréter, et s'attendent à ce que les individus les écoutent et leur obéïssent. Ceci s'apparente à des comportements très rigides (pour rester poli).

S'il avait existé un intérêt pour la participation citoyenne dans les préparatifs pandémiques, le gouvernement du Québec aurait posé ses conditions, proposé des critères, transmis des invitations.

Le document «Les médias sociaux et la communication du risque» avait pour but véritable - cela est des plus évidents - de verrouiller la porte à toute collaboration avec la sphère du Flublogia. Pour combien de temps? Nul ne le sait. Les véritables raisons? Elles ne doivent pas être belles à entendre.

27 janvier 2009

David Nabarro s’affairera à améliorer le système alimentaire. Mais les préparatifs pandémiques, dans tout cela? (mise à jour)


David Nabarro. Photo de Junji Kurokawa, AP. Source

Il a été annoncé le 26 janvier 2009 par BBC que David Nabarro est nommé à la coordination de l’action alimentaire.
«Depuis le sommet d'urgence à Rome, en juin, l'ONU a mis en place une équipe d’intervention chargée de coordonner l'action sur l'alimentation, maintenant dirigée par le Dr. David Nabarro, qui s’est établi une réputation de dépannage quand il a conduit les Nations Unies face à la menace de la grippe aviaire.

Au cours d’une réunion de deux jours à Madrid visant à donner un nouvel élan à la question des prix des denrées alimentaires, le Dr Nabarro a déclaré: "La crise économique dans le monde n'a pas mis un terme à la crise alimentaire, à la place elle complique et aggrave la situation.»

Savez-vous combien de personnes ont faim dans le monde? Environ un milliard de personnes. Les gouvernements et les agences d’aide internationale devront se montrer à la hauteur, face à ce défi. La hausse des prix alimentaires a focalisé l'attention sur une crise alimentaire mondiale bien réelle. Oxfam indique en date du 26 janvier 2009:
«Toute solution durable doit passer par des investissements adéquats dans l'agriculture, des règles commerciales plus équitables, une redistribution des ressources et un fort engagement face au changement climatique. Mais les personnes qui souffrent de la faim ne peuvent pas se nourrir du seul espoir de solutions à long terme. Les gouvernements, avec le soutien des agences d'aide et des bailleurs de fonds, doivent agir dès maintenant pour apporter une aide d'urgence systématique et un soutien à long terme à ceux qui sont dans le besoin. Des mesures doivent également être prises pour mieux protéger les personnes en situation de pauvreté chronique contre les sécheresses, les inondations et la volatilité des marchés.»

Je ne doute pas de la capacité de gestion de David Nabarro. Il a réussi à coordonner un effort mondial de préparatifs pandémiques. C’est à coup de centaines de millions de dollars que des nations ont versé des dons pour que des préparatifs pandémiques puissent avoir lieu dans des régions en voie de développement. Face aux dangers des effets de la crise économique sur l’alimentation, voilà que David Nabarro vogue vers de nouveaux horizons.

Ce qui fait que le milieu des préparatifs pandémiques se retrouve sans leadership fort. Cela fait des mois que David Nabarro tambourine qu’il est nécessaire que les budgets de pandémie soient maintenus, malgré la crise économique mondiale. Les yeux étaient rivés vers l’ONU et la Banque mondiale en ce début d’année, notamment suite au changement de présidence aux États-Unis. La nouvelle ronde de préparatifs pandémiques sociaux, économiques et politiques, recommandée dans le 4e Rapport intérimaire sur la gestion de pandémie (dirigé par David Nabarro), pourra-t-elle se concrétiser, sachant que le capitaine a été déplacé vers d’autres occupations? Qu’adviendra-t-il des budgets des agences onusiennes consacrés aux préparatifs pandémiques?

Dans le contexte actuel, où des cas humains d’infection de H5N1 se multiplient en Chine et ailleurs en Asie, ce départ de David Nabarro a de quoi soulever des préoccupations.

En novembre dernier, David Nabarro parlait de ses inquiétudes à propos de l’impact de la situation économique internationale sur l’alimentation. J’ai écouté deux fois sa conférence prononcée devant le Centre for Strategic and International Studies. J’aurais dû allumer, lorsqu’il a dit que les préparatifs pandémiques étaient «si admirables qu’ils méritaient d’être cités en exemple.»
«Il n’existe pas actuellement de système de gouvernance mondial, alors c’est par la volonté commune qu’il y a engagement mutuel. Nous progressons. Et les préparatifs pandémiques mondiaux accomplis sont si admirables valent la peine d’être cités en exemple, pour la gestion de défis semblables. Ce succès repose sur un leadership fort,» a déclaré David Nabarro devant le CSIS. Voir aussi mon billet à ce sujet.

Personne n’a eu l'air de comprendre ce que signifiait ce langage diplomatique... Le coordonnateur nous avertissait peut-être qu’il changerait prochainement de fonctions? Je croyais naïvement que d’autres agences ou programmes imiteraient le «style Nabarro», mais pas qu’il serait déplacé ailleurs!

David Nabarro nous a laissé un autre indice, lors de sa conférence prononcée en novembre dernier. Il a dit que «le contrôle du H5N1 endémique nécessite d’adopter une approche élargie du système alimentaire». Encore là, je croyais que cela serait intégré quelque part aux Nations Unies, sans toutefois penser que ce serait David Nabarro en personne qui serait appelé à développer cette approche.

Nous nous voilà devenus orphelins, ne sachant pas trop ce qu’il adviendra de la coordination de l’influenza aux Nations Unies, ni de quelle sorte de chef d’équipe prendra (ou non) la relève de ces tâches.

Pendant que David Nabarro s’attaquera à un défi encore plus gigantesque que celui des préparatifs pandémiques – la faim dans le monde, et les éternelles inégalités entre les pauvres et les riches - ce qu’il réussira à accomplir pourrait contribuer à réduire la menace pandémique. Souhaitons-lui bonne chance, il en aura bien besoin.

Entre temps, les mordus de préparatifs pandémiques restent sur le carreau, et ce départ profitera certainement aux pessimistes et aussi aux maîtres en procrastination, qui sauteront certainement sur cette occasion pour justifier une réduction de leur budget consacré aux préparatifs pandémiques.

J’essaie de demeurer optimiste, mais a priori, l’annonce du départ de David Nabarro ne me semble pas de bon augure pour le maintien de l’état de préparation mondial en vue d’une pandémie. Nous courons le risque de les voir s’éteindre en un rien de temps, si un autre costaud et courageux leadership n’est pas désigné dans les meilleurs délais, pour reprendre le flambeau laissé derrière par David Nabarro.


MISE À JOUR 27 janvier 2008 14h20


Merci à Nathalie sur Facebook de m'avoir signalé que David Nabarro conservera ses anciennes fonctions (d'après un communiqué des Nations unies publié le 16 décembre 2008, qui est complètement passé inaperçu):
"Le Secrétaire général a par ailleurs annoncé qu'il nommerait David Nabarro au poste de Coordonnateur du Groupe de travail à partir du 1er janvier 2009, qui sera basé au Fonds international de développement agricole (FIDA), à Rome.

Jusqu'à présent ce poste était occupé par le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence de l'ONU, John Holmes. David Nabarro gardera ses fonctions de Coordonnateur du Système des Nations Unies sur la grippe aviaire."

Hier, Crawford Kilian s'interrogeait sur la succession de David Nabarro dans son billet.

Tant mieux s'il cumulera les deux fonctions. 24 heures de frousse... j'ai carrément vu le ciel basculer sous nos pieds. Cela aurait certainement été la catastrophe. Je suis bien contente que notre leader demeure bien assis là où il est présentement: nous avons besoin de ses talents.

MEA CULPA si je me suis égarée dans mon analyse. Mais cela aura démontré à quel point la présence de David Nabarro à l'ONU est cruciale dans les préparatifs pandémiques. Il ajoute une corde à son arc, tout en maintenant le cap. Ouf!

22 janvier 2009

D’autres enjambées flublogiennes dans les médias sociaux

De jour en jour, le développement de la sphère du Flublogia se poursuit dans les médias sociaux. Voyons ce que 24 heures de Facebook et Twitter ont produit.

Du côté de Facebook
Un nouveau groupe a été créé dans Facebook le 21 janvier 2009 par Jim Wilson, qui se définit comme CTO/CSO et co-fondateur de l’entreprise de gestion de risque Veratect Corporation: Public Health Early Warning and Preparedness. Ce groupe compte au 22 janvier à 18h30 un total de 38 membres, ce qui est un succès retentissant, croyez-moi, vu le sujet. En raison du phénomène connu sous le nom de «flu fatigue», rallier des gens autour d’une discussion de grippe aviaire en fait fuir plus d’un! Le groupe se décrit ainsi:
«Ce groupe discute des défis et des questions concernant une alerte précoce d’influenza pandémique et de préparatifs en vue d’une pandémie, de même que d’autres sujets de discussion impliquant des changements opérationnels en santé publique.»

Je suis bien contente que le terme «alerte précoce» se soit retrouvé dans la définition du groupe.

Pour le moment, le groupe est à l’étape du recrutement, et nous verrons en temps opportun de quelle manière s’articuleront les échanges. Le créateur du groupe a déjà nommé plusieurs modérateurs (des capitaines, en français), dont la moitié sont des leaders d'opinion des plus actifs dans le monde du Flublogia.

Ce qui est intéressant avec ce groupe, c'est qu’il est chapeauté par un leader d’opinion issu d’une entreprise privée, avec de l’expérience en «méthodologie de biosurveillance et ayant dirigé une équipe d’analystes chargée de surveiller des menaces biologiques de toutes sortes affectant les animaux et les humains à travers le monde». Cette vision de la biosécurité, combinée avec l’approche sociale des membres de la sphère du Flublogia, produira certainement des résultats intéressants. C’est à suivre!

Du côté de Twitter
Nous accueillons deux nouveaux membres francophones actifs du Flublogia: @Nathacat et @drmsfvermeulen.

@BirdFluGov a annoncé qu’il commençait à suivre des utilisateurs. ‘In case you noticed, we have begun following. More to come on this today or tomorrow.’ Il s’agit de 9 ‘following’ pour le moment, dont plus de la moitié sont liés à la sphère du Flublogia.

Un autre élément intéressant publié aujourd’hui par @BirdFluGov concerne sa vision d’interaction sur Twitter: ‘Posted a page sketching out how we envision interacting on Twitter (for now)' http://tinyurl.com/cy5ke4. Il s’agit d’une version préliminaire qui évoluera certainement au fil des semaines. Nous sommes tous des débutants dans cette grande aventure des médias sociaux, et c’est donc un peu tous de la même manière - à tâtons - que la sphère du Flublogia, et son grand frère @BirdFluGov, évoluent. @BirdFluGov parle d’une «expérience en cours».

Je crois que ce qui se passe en ce moment est très important. Cela me fait penser aux premiers humains qui ont marché sur la lune. Il s'agit de la toute première fois que des gens ordinaires, des citoyens, ont l'occasion de discuter d'égal à égal avec une administration gouvernementale, et de participer activement à l'élaboration de stratégies de communications qui pourraient avoir un impact majeur sur la mitigation des sociétés face à une pandémie.

C'est ce dont les personnes qui se sont dépassées pour que des préparatifs pandémiques aient lieu à l'échelle mondiale, et que des gens connus sous le nom de flubies, rêvent depuis des années. Ce n'est plus du domaine du rêve: nous sommes à l'aube d'une collaboration sans précédent entre la société civile et des autorités gouvernementales. Les enjeux sont tellement élevés qu'ils me donnent le vertige lorsque j'y pense.

Ce réflexe de coucher les accords et les pistes de développement sur papier au fur et à mesure que les événements surviennent me semble la bonne manière d'avancer. Il est important de positionner des balises d'une étape à l'autre, afin que tous sachent dans quelle direction évoluent les réflexions (si nous souhaitons marcher d'une même voix, de plus en plus nombreux, telle une onde se déplace à la surface de l'eau). Puisque les choses bougent très rapidement dans le monde virtuel, je me réjouis que @BirdFluGov ait pris la peine de rédiger quelques lignes au sujet de sa présence sur Twitter.

Par ailleurs, ce ne sont pas uniquement les mordus des préparatifs pandémiques qui observent les agissements de @BirdFluGov. Il y a par exemple les éditeurs de magasines en technologie de l'information, et les stratèges en développement et marketing Web, qui suivent de près ce qui se passe. Car ce qui sera entrepris aux États-Unis pourrait servir de modèle à de nombreuses autres nations du monde. Et comme l'a fait remarquer David Nabarro (le coordonnateur senior de l'influenza humain et aviaire à l'ONU), les efforts déployés pour développer les préparatifs mondiaux sont "si admirables qu'ils pourraient être cités en exemple". Ils pourraient s'appliquer à d'autres problématiques importantes. Alors ce dialogue qui s'amorce entre les citoyens virtuels (je ne dis pas Américains, car je n'en suis pas une - il faut bien que je me case quelque part!) et @BirdFluGov pourrait avoir une portée au-delà de ce que nous pouvons entrevoir au moment présent.

Voici une traduction de
PandemicFlu.gov is now on Twitter’ (PandemicFlu.gov est maintenant présent sur Twitter).

Qu’est-ce Twitter?
Twitter est un service de messagerie sociale gratuit, qui permet aux utilisateurs de communiquer en temps réel. Chaque message est composé de 140 caractères de long ou moins, et est appelé un «tweet». Les tweets peuvent être transmis et reçus, à partir d’ordinateurs et d'appareils mobiles. Twitter permet de contrôler combien de messages vous recevez en vous permettant de choisir les utilisateurs que vous souhaitez «suivre». D’autres personnes peuvent vous suivre afin de recevoir vos mises à jour. 'Twitter in Plain English' est une excellent vidéo, brève (2:25 minutes), qui fournit davantage d’information élémentaire à propos de Twitter.

Comment PandemicFlu.gov planifie-t-il d’utiliser Twitter?

Notre présence sur Twitter est une expérience en cours. Nous planifions de fournir des mises à jour lorsque l’information est publiée sur le site Internet de PandemicFlu.gov, et lorsque des reportages «crédibles» à propos de la grippe aviaire sont disponibles dans les médias. [Les guillemets placés sur le mot crédible sont de ma part, vous comprendrez pourquoi un peu plus loin dans mon texte.] Il existe plusieurs autres utilisations potentielles de cet outil, et nous encourageons toutes les personnes qui ont des idées à faire une suggestion en nous transmettant un tweet.

Suivrons-nous en retour?

Nous reconnaissons le fait que les nouveaux outils tels que Twitter tirent beaucoup de leur valeur dans les deux sens, lorsqu’ils permettent à des conversations d’avoir lieu. Toutefois, participer à des nouveaux forums ajoute de nouvelles responsabilités supplémentaires sans toutefois bénéficier de ressources supplémentaires. Afin de nous aider à gérer notre charge de travail pendant que nous expérimentons avec ces nouveaux outils, notre présente approche est de ne suivre uniquement que les utilisateurs qui nous ont transmis des réponses utiles et pertinentes, directement dans notre profil Twitter.

Qu’en est-il des hashtags?
Les hashtags (#) facilitent l’organisation des tweets sur Twitter en des groupes définis par l’utilisateur autour d’un sujet général, faisant en sorte que les conversations sont plus faciles à suivre. Des individus de la communauté PanFlu (des préparatifs pandémiques) ont suggéré que nous utilisions les hashtags #prep et #panflu dans nos profils Twitter. Pour le moment, notre intention est d’utiliser #planfirst en relation avec notre série de diffusion Web PlanFirst. Pour constater de quelle façon ces éléments fonctionnent, effectuez une recherche sur #planfirst dans Twitter.

Je m’étonne que @BirdFluGov se soit lancé dans cette aventure twitteresque sans avoir accumulé au préalable des montagnes d’études et d’analyses!

D’après ce document, la présence du gouvernement américain est en effet une tentative, une expérience nouvelle. Chose certaine, ce n’est probablement pas de cette manière que les autorités québécoises procéderaient...

Mais je n’ai rien contre cette approche, les deux mains à la pâte. C’est très différent de ce que nous connaissons (en sol canadien et québécois et probablement ailleurs également), rafraîchissant, … humain même. À l'opposé du style de document «Les médias sociaux et la communication du risque», publié par Services Québec au printemps 2008, qui concluait que les médias sociaux ne sont ni crédibles ni suffisamment matures pour mériter que le gouvernement du Québec y consacre temps ou argent.

Nous n’avons pas l’impression que les autorités gérant @BirdFluGov sont assises en haut de leur tour d’ivoire.

Je suis convaincue qu’avec cette attitude, @BirdFluGov réussira à stimuler une participation citoyenne et à mettre sur les rails les préparatifs sociaux en vue d'une pandémie. Le défi demeure toutefois titanesque! 24 heures à la fois...

21 janvier 2009

Avec une présence accrue du Flublogia dans les médias sociaux, surgissent des questionnements

Il se passe des choses extraordinaires depuis le début de l’année 2009 en lien avec le Flublogia dans Twitter: nous pouvons observer une participation accrue de gens de cette sphère, en plus bien entendu de l’arrivée très appréciée de @BirdFluGov, la toute première administration gouvernementale à diffuser de l’information sur la marche des virus de la grippe aviaire à travers le monde de même que sur les préparatifs pandémiques.

Une communauté composée de plus d'une douzaine d’individus émet ainsi quotidiennement de plus en plus d’informations via plusieurs plate-formes de médias sociaux. Ces gens sont suivis par des centaines de personnes, alors l’information commence à rayonner dans ces divers réseaux sociaux.

Car ces gens ont lié des amitiés entre eux, bien entendu – et je suis très heureuse que la sphère du Flublogia se soit consolidée au cours des derniers mois. Mais ces gens comptent aussi parmi leurs amis et «followers» des non-flubies (on pourrait quasiment parler de «moldus», comme dans Harry Potter), c’est-à-dire des personnes pas nécessairement habituées à consulter de l’information à propos d’une pandémie.

Par ailleurs, on peut remarquer que parmi les amis des flubies, il y a de nombreux leaders d’opinion très actifs dans leurs sphères respectives, et donc ainsi, peu à peu, le message à propos des préparatifs pandémiques se répand dans tous les milieux de la société.

Ce phénomène de rayonnement social auquel nous assistons présentement est donc des plus importants: c’est à partir d’un noyau dur que s’effectue un balbutiement de préparation pandémique sociale.

En plus, en cette troisième semaine de 2009, un autre phénomène social a eu lieu: des membres du Flublogia ont pris l’initiative de suggérer des standards d’utilisation et se réunissent virtuellement pour échanger sur des sujets. Cela a donné lieu à l’utilisation de hashtag: #panflu pour tout ce qui a trait à l’information sur les virus, et #prep pour tout ce qui concerne les préparatifs pandémiques. @BirdFluGov a également suggéré #planfirst pour diffuser de l’information sur la série d’émissions PlanFirst WebCast, qui sont régulièrement diffusées via Internet.

La présence de @BirdFluGov sur Twitter aura certainement pour effet accélérer le rythme de l’information sur les questions de pandémie exposée aux citoyens. Il sera intéressant d’observer si @BirdFluGov se contentera d’émettre de l’information, ou si il s’engagera dans un dialogue véritable avec la population, en suivant des individus, et en observant ce que ces gens-là disent sur Twitter.

Il sera intéressant de voir si des agences onusiennes lanceront elles aussi une présence sur Twitter. J’aimerais que ce soit le cas, au minimum pour observer le développement de la sphère du Flublogia. Je crois que ce qui se passe en se moment est des plus importants, et l’observation des échanges et des conversations permettrait de mettre sur pied des campagnes de communication efficaces, à travers le monde, en plusieurs langues.

La poignée d’individus actifs actuellement deviendront des centaines, puis des milliers d’individus, à moyen terme. Certaines personnes souhaiteraient recevoir des directives des autorités gouvernementales sur la manière de se comporter, et sur la façon de procéder pour diffuser de l’information à propos des préparatifs pandémiques. À ce que je sache, aucune directive n’est venue lorsque les communautés virtuelles ont construit les forums de discussion portant sur les questions de virus d’influenza et de pandémie. Je ne m’attends donc pas à ce que les autorités fournissent des conseils pour développer d'autres plate-formes de médias sociaux.

Je crois que c’est à nous, citoyens, de nous débrouiller pour faire évoluer les comportements, et nous créer des outils collectifs pour mieux gérer les situations difficiles. Les autorités gouvernementales (mondiales, ou locales) pourraient toutefois soutenir cette démarche, car il s'agit d'un service collectif qui permettrait à de grands pans de la société de faire évoluer les préparatifs sociaux. Par exemple, nous pourrions rédiger des capsules ou des messages-types pour pourraient aider des individus à répondre à des attaques verbales ou à autres situations compromettantes.

L’idéal, bien entendu, serait un dialogue véritable avec les autorités et les planificateurs de pandémie. Toutefois, vu la disparité des comportements entre divers nations, il ne sera pas possible pour les citoyens de tous les pays de pouvoir discuter ouvertement de ces problématiques de développement liées aux préparatifs sociaux. Espérons que certaines nations se positionneront en leaders, et veilleront à développer des outils pour aider les citoyens dans leurs tâches de diffusion de l’information. Voilà un autre exemple concret de collaboration de participation citoyenne avec le secteur public.

Tant mieux si prochainement des actions sont posées pour définir un ensemble de règles pour guider la sensibilisation et l’empowerment des citoyens en vue d'une pandémie. Les agences onusiennes, ou les nations qui sont parvenues à un niveau plus avancé dans leurs relations avec les citoyens, pourraient peut-être créer une sorte d'entité mandatée pour définir un soutien aux communautés virtuelles et réelles? Faisons confiance aux coureurs, et voyons ce qui émergera de la présente explosion de la sphère du Flublogia dans les médias sociaux.

19 janvier 2009

Le gouvernement du Québec a enfin fait quelque chose?

RÉJOUISSONS-NOUS! Le premier bulletin d'information de 2009 - intitulé Info-Pandémie d'influenza - annonce que le guide destiné aux citoyens sera publié à un moment donné (mais naturellement pas encore de lien sur ce document).

C'était prévu en Phase V uniquement dans la stratégie gouvernementale. Serait-ce qu'ils ont changé d'idée???

En tout cas, avec ce bulletin, on pourrait penser que les autorités se sont déniaisées, et qu'elles ont enfin décidé de fournir de l'info à la population.

Pas tout à fait, puisque le fameux Guide d'autosoins, personne n'en a encore vraiment vu la couleur.


Se soigner en temps de pandémie grâce au guide autosoins

INFO PANDÉMIE D'INFLUENZA | Le Bulletin d'information du ministère de la santé et des services sociaux du Québec


Naturellement, on pourrait se poser des questions sur le fait que les gestionnaires du site Pandémie Québec annoncent qu'ils vont publier le guide destiné aux individus dans la section du site réservée aux professionnels des soins de la santé.

Écrire un bulletin pour annoncer qu'on sait pas quand les citoyens vont enfin pouvoir lire leur guide, pouvons-nous qualifier cela de communications efficaces? Ce n'est pas un concours qu'ils annoncent! C'est de l'information pour survivre à une pandémie. Nous n'avons pas besoin de suspense pour avoir le Grand Dévoilement. Un tapis rouge avec ça?

Je ne sais pas ce qu'il faut penser de cet exercice de communications. Lorsque l'ex ministre de la Santé Philippe Couillard a démissionné (à la fin de juin 2008), ce document a été passé en-dessous de la table et il a filtré au grand public. Cela est arrivé il y a plusieurs mois, et le gouvernement n'a pas encore réagi.

Pourquoi les gestionnaires du site ne mettent pas leur bulletin en page d'accueil de Pandémie Québec, dans la section Actualités? Tiennent-ils à ce que les citoyens aient accès à cette information, OU NON? Pourquoi n'ont-ils pas publié le lien à leur document dans ce bulletin?

MISE À JOUR 22 JANVIER 2009 À 8h00
Je ne sais pas si "filtrer" est la bonne expression ou non. Ce n'est pas le gouvernement qui a initialement publié le Guide d'autosoins, mais plusieurs groupes de professionnels de la santé. Ce n'était donc pas une publication officielle. Je doute que le gouvernement ait donné son accord pour que ce document soit publié sur un autre site que le sien, vu le discours de "un seul et unique site, et rien d'autre" qui ne cesse d'être répété à Zonegrippeaviaire depuis le mois de janvier 2008. Je suis persuadée que cela ne faisait pas partie de la stratégie gouvernementale de publier d'abord ce document ailleurs que sur l'unique site officiel. À mes yeux, cela représente une sorte de protestation et de relâchement du contrôle de l'information, qui s'est effectuée 2 semaines avant l'annonce officielle de la démission du ministre de la Santé, Philippe Couillard.

De la mélancolique démocratie, à la douteuse démocratie

Un billet rédigé aujourd’hui par l’amie Michelle Blanc, intitulé «Obama ouvre la voie du gouvernement 2.0», m’a fait songer à ce bouquin de Pascal Bruckner que j’ai lu une bonne douzaine de fois. Mais en cette veille du 22 janvier 2009, ce n’est plus de «Mélancolique démocratie» que je m’inquiète, mais de «démocratie» tout court. Pas pour nos voisins du sud, bien entendu! Mais pour nous, citoyens du Québec et du Canada.

Pour votre information, depuis le 12 janvier 2009, @BirdFluGov diffuse sur Twitter de l’information à propos de l’influenza aviaire et des préparatifs pandémiques. Les citoyens discutent directement avec le Health and Human Services sur cette plate-forme. Pour vous donner une petite idée de la cadence et de la vitesse à laquelle les choses évolueront, les trois premiers jours de sa participation sur Twitter, @BirdFluGov a émis 10 nouvelles (en plus de nombreux échanges avec des utilisateurs), alors que Pandémie Québec a diffusé 7 nouvelles au cours des 11 derniers mois sur son site Internet. J’attends toujours par ailleurs que se manifestent des réponses aux centaines de lettres que j’ai transmises aux décideurs du gouvernement du Québec depuis le mois de juillet 2008.

Je considère que le fait qu’un gouvernement se mette à diffuser ce type d’information dans les médias sociaux - sur une pandémie, ce qui n’est pas des plus roses, avouons-le -, est extrêmement révélateur de sa capacité de gestion. Plutôt que de faire l’autruche, et de penser que les gens seront effrayés par ces informations, cette nation prend le taureau par les cornes, et s’attaque à de DIFFICILES PROBLÉMATIQUES, en maximisant sur la participation citoyenne pour arriver à mettre de l’avant des mesures titanesques: les préparatifs pandémiques.

En voyant ce qui se passe aux États-Unis, moi aussi, je m’interroge de plus en plus à propos de notre obscure démocratie. Surtout que les autorités québécoises m’ont encore envoyé valser le 6 janvier dernier, et qu’il ne s’est apparemment manifesté en ce début d’année aucune ouverture pouvant faire entrevoir un revirement de situation de la perception des médias sociaux par le gouvernement du Québec.
Cette fois-ci, on m’a encore répété que les communautés évoluant via les médias sociaux «ne sont pas crédibles», mais on eu la délicatesse d’ajouter «parce qu’ils ne sont pas des docteurs». Cela commence à être agaçant à la longue de se faire sans cesse dénigrer…

Demain, je prévois donc une bonne quantité de papiers mouchoirs devant mon téléviseur. Mais pas pour les mêmes raisons que l’amie (américaine) Maryn McKenna, qui a indiqué dans Facebook «qu’elle se dépêchait à faire son travail, parce qu’elle était pas mal certaine qu’elle pleurerait pendant la plupart de la journée mardi» [getting her work done now 'cause she's pretty sure she's going to be crying most of Tuesday].

Pendant que nous regarderons nos voisins du sud s’épanouir, les Québécoises et Québécois qui souhaiteraient que les choses évoluent ont-ils une chance? Le “rêve américain” existe-t-il désormais uniquement pour celles et ceux qui habitent de l’autre côté de la frontière? Peut-être devrions-nous songer à déménager le Canada sur un autre continent, car nous pourrions être portés à penser que l’on ne ‘fit’ plus tellement par ici. Certains pourraient se sentir comme dans un étau, et trouver que cela commence à être des plus inconfortables.

16 janvier 2009

Les États-Unis lancent @BirdFluGov sur Twitter


Le gouvernement des États-Unis innove encore, en étant le tout premier à se lancer sur Twitter dans le domaine de l’information ayant trait à l’influenza pandémique. @BirdFluGov a commencé à diffuser sur Twitter (http://twitter.com/birdflugov) le 12 janvier 2009 à 20h14.

Cette présence a été remarquée par les «flubies», bien entendu, et il sera intéressant de suivre la progression de @BirdFluGov au fil des mois. Dépendant du nombre de «followers» que s’attirera @BirdFluGov, nous pourrons analyser l’impact du phénomène appelé «flu fatigue» dans le milieu.

La présence de @BirdFluGov sur Twitter s’inscrit dans une série d’actions posées par le gouvernement américain, visant un rapprochement avec la sphère du Flublogia et des communautés virtuelles. Il y a eu la tenue du Pandemic Leadership Blog en 2007, où plusieurs bloggeurs ont été conviés par le ministre du HHS à participer à cette réflexion collective. Ensuite, des bloggeurs et éditeurs de forums ont été invités à assister à des simulations de pandémie à Washington et à Atlanta. Dernièrement, des bloggeurs ont été intégrés à des comités de planification de pandémie à Washington. Et maintenant, nous apprenons cette présence sur Twitter. Cela paraît que le terrain est préparé pour l’arrivée, dans quatre jours, du nouveau président Barack Obama! On sait que lors de sa campagne électorale, Barack Obama avait prévu accorder de l’importance au développement de l’économie numérique.

Avec cette présence sur Twitter, les États-Unis concrétisent une recommandation du 4e Rapport intérimaire mondial sur la gestion de la grippe aviaire (de l'ONU et de la Banque mondiale):
«Des approches de la communication à long terme en vue des modifications comportementales sont nécessaires, en particulier des approches adaptées aux contextes sociaux, économiques et culturels de la population. La communication en vue des modifications comportementales est un composant complémentaire essentiel de chaque aspect des activités dans le domaine de la grippe aviaire et humaine. Les populations doivent disposer des connaissances et des moyens nécessaires à la mise en pratique des recommandations. L’instauration d’une relation de confiance entre les populations et les autorités, en particulier en ce qui concerne les mesures de contrôle qu’elles prônent, jouera un rôle crucial pour permettre aux gens de se protéger contre la grippe aviaire pathogène et de limiter les conséquences potentielles de la maladie et d’autres maladies infectieuses émergentes. Des études ont confirmé que la traduction de la prise de conscience et de la connaissance sous la forme d’une modification efficace du comportement reste un défi.» (Synopsis, paragraphe 18).


Cette semaine, nous avons également entendu parler de la publication d’un rapport de la Sécurité intérieure américaine, étant destiné à fournir des argumentaires solides aux membres du Congrès américain ainsi qu’au nouveau président des États-Unis, Barack Obama, afin de pousser la nation à développer encore davantage ses préparatifs pandémiques.

Il a été dit dans ce rapport que les États-Unis ne sont pas prêts pour une pandémie. Tout le contraire du discours officiel du gouvernement du Québec, qui a déclaré en avril 2008, par le biais de la porte-parole Hélène Gervais du ministère de la Santé et des Services sociaux:
«Le ministère de la Santé est prêt. On sait comment soigner une pandémie d’influenza car c’est une grippe. Ça se soigne avec des antiviraux. Nous avons déjà une réserve de 13 millions de doses.»

Alors que la vision des États-Unis concernant les préparatifs pandémiques se précise et s’apprête à probablement exploser en une myriade d’analyses, actions et nouvelles mesures sociales, économiques et politiques, il est regrettable de constater que celle du Québec (et du Canada) brille par son absence, et que plus les mois passent, moins les Québécoises et les Québécois croient qu’il sera possible que cet état des faits ne change.

Un article publié cette semaine dans Le Journal de Montréal et signé par Jean-Marc Léger, en dit très long sur l’apathie de nos dirigeants québécois.
«Les gens les plus immunisés contre la crise économique sont les gens résidant à Québec et ceux travaillant dans la fonction publique. C'est rassurant de savoir que ce sont eux qui préparent la stratégie économique du gouvernement.»

Les propos de M. Léger sont empreints de cynisme, et on pourrait être porté à croire que si nos dirigeants sont «immunisés» contre la crise économique, ils le sont très probablement aussi contre la menace pandémique. Nous avons toutes les raisons d’être très mal à l’aise, et de nous inquiéter à propos de notre sort en temps de pandémie.

15 janvier 2009

Les patrons d’entreprises britanniques prennent la menace de pandémie à la légère

Deux mois après que le gouvernement britannique ait publié le registre des menaces à la nation, en insistant sur le fait qu’une pandémie d’influenza est considérée comme étant la menace No.1, supplantant toutes les autres menaces (dont les inondations, les catastrophes naturelles et le terrorisme), nous apprenons qu’un sondage effectué auprès des patrons d’entreprises britanniques a révélé que cette information n’avait pas poussé les entreprises à se préparer à une pandémie.
Les entreprises principales se détournent, aveuglées, à la menace pandémique

Les patrons britanniques ignorent les avertissements gouvernementaux à propos de la menace d'une pandémie d'influenza, d'après le Business Continuity Forum.

Un récent sondage auprès de 1500 leaders d'entreprises par une organisation conseil indépendante a révélé une "culture répandue d'ignorance et de déni parmi les patrons britanniques à propos de cette menace," a-t-elle indiqué. Trois quart des patrons britanniques ne soutiennent pas l'idée de planifier afin de protéger leurs entreprises ou leurs employés, si jamais une pandémie venait à frapper.

Cela fait suite à la publication du Registre de risque national par le gouvernement en novembre dernier, qui déclarait qu'une pandémie d'influenza constitue la plus grande menace à la nation, portant le potentiel d'infecter la moitié de la population du Royaume-Uni et de tuer jusqu'à 750,000 personnes.

Le Business Continuity Forum a prétendu que sa recherche souligne la vulnérabilité auxquelles les entreprises s'exposent elles-mêmes. Plus d'un tiers (36%) des patrons n'ont aucun plan pour faire face à une absence d'employés, et seulement 11% des entreprises ont établi des réserves d'antiviraux afin de protéger leurs employés.

Russell Price, président de Continuity Forum, a déclaré: "Il y a un état de paralysie parmi les entreprises du Royaume-Uni, lorsqu'il s'agit de planification pandémique, et une telle paralysie est exactement ce à quoi plusieurs entreprises s'exposent. Alors que l'économie continue de ralentir, il est surprenant et inquiétant de constater qu'autant d'entreprises s'exposent volontairement à de tels considérables risques financiers."

Des entreprises qui prétendent être préparées, deux-tiers d'entre elles ont admis que leurs plans ne seront pas complétés avant une année et demie et la plupart ont rapporté ne pas avoir testé leurs plans dernièrement.

Pourtant, la publication du Registre de risque national a été bien diffusée. Les patrons de grandes entreprises ont certainement dû en avoir connaissance. C’était la première fois qu’une nation admettait publiquement que le risque pandémique est le plus important, parmi une brochette d’autres menaces.

Les autorités britanniques vont devoir retourner à leurs stratégies de communication, si elles souhaitent que davantage de préparatifs de pandémie s’effectuent au sein des entreprises.

Les États-Unis ont eux aussi publié de nombreux guides destinés au secteur privé au cours des derniers mois. Toutefois, chacun est libre d’agir ou non. Ce qui pourrait constituer un problème en temps de pandémie, et fragiliser l’économie, si le niveau de préparation n’est pas suffisant.

Avec l’arrivée en poste du nouveau président Barack Obama, d’ici quelques jours, surviendra-t-il un leadership fort? Il est évident que le monde entier a besoin d’un renouveau dans le domaine des préparatifs en vue d’une pandémie, car c’est davantage que de l’essoufflement que nous pouvons observer: cela s’apparente à l’agonie. Si rien de spectaculaire n’est fait, et si des actions soutenues et répétées n’ont pas lieu pour promouvoir la nécessité de maintenir et de développer les préparatifs pandémiques, ma foi, nous pourrions nous attendre au pire au cours des prochaines années. Les efforts déployés à ce jour pourraient n’avoir été qu’une mode passante, enterrée et oubliée.

Se surpasser afin d’être prêts pour une pandémie d’influenza

LEADERSHIP.

VISION.

COURAGE.

VOLONTÉ.

Avons-nous démontré cela, dans nos efforts déployés à ce jour en vue d’une pandémie?

La Sécurité intérieure des États-Unis vient de publier un rapport intitulé ‘Getting Beyond Getting Ready for Pandemic Influenza’ dans lequel se trouvent quinze recommandations destinées aux membres du Congrès ainsi qu’à la nouvelle Administration Obama, dans le but de pousser la Nation américaine à se dépasser dans ses préparatifs pandémiques.

Le Canada et les provinces canadiennes sont à des années-lumière des réflexions tenues et des actions posées par les États-Unis en vue d’une pandémie.

Ce rapport, qui va pousser la nouvelle Administration Obama à franchir des frontières jamais atteintes dans le domaine des préparatifs pandémiques, fait paraître le Canada comme un vieux fossile de l’ère jurassique (en raison de son manque de préparatifs et du manque de vision et de leadership de ses gestionnaires).
Rapport: La nation n'est pas prête pour une pandémie d'influenza

14 janvier 2009 (WASHINGTON) – Aujourd'hui, le président du Comité sur la Sécurité intérieur, Bennie G. Thompson (D-MS) et l'ancien président du sous-comité pour les menaces émergentes, cybersécurité, et sciences et technologies, James R. Langevin (D-RI), ont publié un rapport intitulé “Getting Beyond Getting Ready for Pandemic Influenza” (Aller au-delà d'être prêt pour une pandémie d'influenza).

Ce rapport analyse l'état de préparation de la nation et ses capacités de réponses en cas de flambée d'influenza pandémique. Le rapport identifie seize faiblesses de l'approche de l'administration Bush sortante aux préparatifs en vue d'une pandémie d'influenza. De plus, le rapport fournit quinze recommandations critiques au Congrès, à la prochaine Administration, ainsi qu'aux secteurs publics et privés, concernant ce qu'ils peuvent faire afin d'atteindre un état de préparation national pour combattre cette menace.

Le président Thompson a publié la déclaration suivante avec le rapport:

"Il est possible que la prochaine pandémie d'influenza résultera en des centaines de milliers, à des millions, de décès - même ici, aux États-Unis. De plus, l'influenza pandémique pourrait détruire la sécurité de notre nation et la sécurité intérieure. Toutefois, malgré ces conséquences horribles, nous ne sommes toujours pas préparés en tant que Nation à supporter pleinement l'impact dévastateur d'un tel événement biologique étendu.

Le changement de leadership présidentiel présente une nouvelle occasion pour s'assurer que la Nation est prête à faire face à une pandémie d'influenza dans une position de force. Le Comité de la Chambre sur la Sécurité intérieure attend de travailler avec l'Administration Obama afin de faire face à cette menace et atteindre un étant de préparation national.

La volonté d'affronter et de vaincre l'influenza pandémique consiste en une aussi grande mission que tout champ de bataille mondial. Notre succès repose sur le maintien de la lutte, jusqu'à ce que la pandémie de grippe soit surmontée.

La journée que j’entendrai des déclarations ressemblant vaguement aux propos publiés dans ce rapport, émanant de la bouche de décideurs canadiens et provinciaux, je pleurerai de joie.

Mais ceci n’est pas pour demain.

Même que je ne crois plus que cela arrivera du tout.

Réjouissons-nous pour nos amis américains: des nouvelles perspectives les attentent, et ils cumuleront de meilleures chances de traverser une pandémie en limitant les dégâts, s’ils poursuivent leurs efforts et arrivent à développer davantage leurs préparatifs pandémiques.

Quand à nous – Canadiens – préparons-nous à souffrir et à pâtir, car si les États-Unis sont considérés comme n’étant pas encore prêts, alors, n’allez surtout pas penser que l’état de préparation pandémique poussera comme des ailes au Canada, c’est-à-dire par pure magie.

La recette gagnante c’est: LEADERSHIP. VISION. COURAGE. VOLONTÉ.

Extrait de la conclusion de ce rapport:

"Atteindre l'état de préparation national pour une pandémie d'influenza nécessitera:
>>> Un leadership fort venant de la Maison Blanche;
>>> Une vision solide continue venant de la part du Congrès;
>>> Le courage de parler de circonstances horribles et des décision quasiment impossibles à imaginer; ainsi que
>>> La volonté de déployer tous les efforts que nous pouvons maintenant afin de sauver autant de vies que possible dans le futur.

Nous devons cela aux citoyens de notre grande Nation et aux citoyens du monde de nous tenir prêts à combattre une pandémie d'influenza lorsque celle-ci se produira."

Nous avons encore beaucoup de croûtes à manger avant que ces valeurs ne transparaissent dans les paroles et actions de nos décideurs.

13 janvier 2009

Citoyens assez bons pour promotion 2.0 du Québec, mais pas assez «crédibles» pour réfléchir à une pandémie?

C’est en discutant avec un ami sur Twitter que j’ai appris cette nouvelle: le ministère du Tourisme est en train de créer sa propre plate-forme 2.0 et devrait la mettre en ligne à l’hiver 2009. TOUTE une nouvelle!

Après avoir fait l’expérience de mésaventures auprès du gouvernement du Québec, qui ont laissé un assez imposant «motton» dans la gorge – pas un mouton, mais bien de ces boules désagréables qui restent coïncées – bien entendu, cette nouvelle permet d'entrevoir une certaine ouverture du gouvernement du Québec envers les médias sociaux.

Mais est-ce une ouverture suffisamment grande pour qu'ait lieu un dialogue véritable entre la société civile et des décideurs, dans le cadre des préparatifs pandémiques, par exemple?

Nous pourrions être portés à penser que ce «virage important» a lieu dans un contexte qui sert avant tout à faire mousser la promotion touristique du Québec, et non pas dans un réel souci de rapprochement entre les autorités et les citoyens. C’est tout un honneur que d’être conviés au faire valoir de notre belle province, en y partageant nos photographies et nos découvertes des plus fleurons touristiques du Québec. Mais c'en serait un également de pouvoir participer à l'avancement de dossiers et au développement de la société.

Si les médias sociaux sont assez bons pour faire la promotion touristique du Québec, pourquoi sont-ils considérés comme «pas crédibles ni suffisamment matures» par la même administration gouvernementale, lorsqu’il s’agit de trouver des solutions pour traverser une pandémie d’influenza?

Pendant que le ministère du Tourisme est occupé à se transformer en simili leader en matière de solutions Internet, les travaux de refonte du site Pandémie Québec (géré par Services Québec), qui étaient prévus pour livraison en décembre 2008 – et qui ne devaient contenir aucun élément 2.0 – n’ont toujours pas encore été livrés. Ces travaux "d'actualisation du site Internet" sont indiqués dans le "Plan d'action 2008-2009 du sous-comité de planification gouvernementale en cas de pandémie d'influenza", obtenu par le biais de l'accès à l'information.

Mais nous pouvons nous réjouir que Pandémie Québec ait publié depuis le 10 novembre 2008 une autre nouvelle, à la suite de celle qui parle des ratons laveurs. En fait, nous avons droit à un grand classique en ce mois de janvier: «L’état de situation mondiale», qui est régulièrement re-publié plusieurs fois au cours d’une même année, et où nous pouvons lire en étant totalement rassurés que «le risque d'éclosion d'une pandémie d'influenza demeure important, mais qu'il est bien contenu.» En 11 mois (du 5 mars 2008 au 7 janvier 2009), Pandémie Québec a affiché 7 nouvelles d’actualités.

Au 7 janvier 2009, Zonegrippeaviaire comportait 28,414 messages d’information, avec une moyenne de 50 messages / jour.

Une plate-forme 2.0 pour le ministère du Tourisme

Vol 1 no 16 - 12 novembre 2008 | Bulletin totalement tourisme | Gouvernement du Québec

Depuis plusieurs mois, le ministère du Tourisme a entrepris un virage important afin que Bonjour Québec s'adapte à la réalité concurrentielle engendrée par les technologies issues du Web 2.0.

Le Web 2.0, ou web contributif, n'est pas un logiciel ou un système d'information. Il résulte plutôt de la volonté des internautes de participer activement aux contenus des sites Web et se traduit, conséquemment, par l’émergence de différentes applications qui leur permettent, notamment, de partager des photos, des vidéos et des commentaires. Les sites Youtube, TripAdvisor et Flickr sont quelques exemples des sites nés de la tendance Web 2.0.

Dans cet esprit, le Ministère lancera sa propre plate-forme Web 2.0. à l'hiver 2009. Il s’agira d’un microsite, accessible à partir de bonjourquebec.com, qui permettra aux internautes de partager leurs souvenirs et leurs aventures au Québec. Ils pourront y publier leurs vidéos, photos et carnets de voyage.

2009 fait face à de nombreux défis

2009 a débuté en force, avec de nombreuses nouvelles en lien avec la grippe aviaire à travers le monde. L’entrée en poste du président Barack Obama, aux États-Unis, est attendue d’ici quelques jours, et cela pourrait avoir une incidence sur les préparatifs pandémiques globaux, s’il se positionne en leader dans ce domaine. L’impact de la crise économique mondiale sur les budgets de préparation de pandémie des nations est également à surveiller cette année. L’ONU et la Banque mondiale ont proposé en octobre 2008 que des préparatifs multisectoriels (sociaux, économiques et politiques) aient lieu (en plus du secteur de la santé). En 2009, les agences onusiennes vont-elles déployer des plans d’action pour pousser les nations à poursuivre leurs préparatifs pandémiques?

2009 SERA DONC UNE ANNÉE CRUCIALE, où les gestionnaires de pandémie du monde entier devront lutter pour éviter que les préparatifs ne soient relégués aux oubliettes. Le cap des efforts déployés ces dernières années doit être maintenu, et ce, malgré de nombreux obstacles. Il était question de faire passer de 40% à 60, voire à 70% l’état de préparation globale. 2009 fait donc face à de très nombreux défis...

À travers tout cela, Zonegrippeaviaire.com poursuit sa mission, malgré le fait que les autorités locales du gouvernement du Québec – où est basé le site – perçoivent la sphère du Flublogia et les médias sociaux comme «manquant de crédibilité». La direction de la santé publique québécoise a qualifié le 6 janvier 2009 les médias sociaux de «pas crédibles parce que ce ne sont pas des docteurs», et a réitéré qu’il ne peut exister qu’un seul site Internet, celui du gouvernement de Pandémie Québec. La participation citoyenne dans le processus de planification de pandémie n’est malheureusement pas reconnue comme valable par les autorités locales. Quand le Québec se dotera-t-il enfin d’une gouvernance numérique et reconnaîtra-t-il l’importance des médias sociaux et de la participation citoyenne dans les préparatifs pandémiques?

Zonegrippeaviaire.com rayonne dans toute la Francophonie, et offre une grande quantité d’information bien traduite aux utilisateurs et visiteurs. La qualité de la langue nous tient à cœur.

Plus de 80 personnes ont rejoint à ce jour Zonegrippeaviaire sur Facebook. Compte tenu du phénomène appelé «flu fatigue» observé tout au long de 2008, et par conséquent du très peu d’information véhiculé dans les médias en général à propos de la grippe aviaire, nous pouvons nous réjouir de ce nombre atteint (en 3 mois).

11 janvier 2009

Formation de pandémie à des concierges d'une Commission scolaire


Faut-il s'en réjouir ou s'en inquiéter? Le gouvernement semble planifier pour NE PAS fermer les écoles en temps de pandémie, ce qui est d'ailleurs inscrit dans le plan de lutte du gouvernement du Québec.

Toutefois, je suis persuadée que nous sommes plusieurs à espérer que les autorités gouvernementales soient suffisamment brillantes pour préparer un plan B - celui de la fermeture des écoles.

Merci à une amie de m'avoir transmis cette information.

En cas de pandémie
7 janvier 2009 | La Commission scolaire du Val-des-Cerfs

Plus de 80 concierges et ouvriers d’entretien ont participé à une formation offerte le 5 janvier dernier, organisée par le comité de perfectionnement du Syndicat CSN de la Commission scolaire du Val-des-Cerfs.

Deux sujets ont été présentés par des spécialistes soit «L’amiante, un danger potentiel?» par Mario Beauvais, régisseur au service des ressources matérielles et «Comment agir en cas de pandémie d’Influenza», par Steve Teasdale, vice-président chez Innu-Science et Dr. Richard Marchand, médecin microbiologiste infectiologue.

De précieux conseils ont été livrés quant aux précautions nécessaires en lien avec l’entretien des bâtiments, selon ces deux types de situations particulières.

Innu-Science se décrit sur son site Internet comme un "leader mondial en matière de produits de nettoyage biotechnologiques". Ce qui permet de déduire que les autorités prévoient de nettoyer les écoles avec ces produits spéciaux pendant une pandémie. Si les écoles étaient prévues de fermeture, les autorités ne se donneraient pas la peine de former des concierges et ouvriers d'entretien.

Étrange nouvelle, qui ne cadre pas tellement avec les récentes mesures déployées par Hong Kong la saison dernière, et maintenant par le Japon et la Corée du Sud. Toutes les écoles de Hong Kong ont été fermées pendant trois semaines au printemps 2008, suite au décès de plusieurs enfants infectés par la grippe saisonnière. On craignait une flambée de grippe aviaire. Mais les autorités n'ont pris aucune chance, et ont envoyé un message clair aux parents, leur démontrant que la santé et la protection de leurs enfants était importante à leurs yeux.

Plusieurs garderies et écoles primaires au Japon ont également été fermées en octobre et novembre 2008. Voir ce billet du Dr Henry Niman, intitulé "Du H1N1 résistant au Tamiflu entraîne des fermetures d'écoles au Japon". Le virus agressif de la grippe saisonnière aurait forcé la fermeture des garderies et des écoles primaires. Niman a même averti que "des résultats semblables sont attendus aux États-Unis, où la même sous-clade est largement en circulation."

Le Canada, ce n'est guère éloigné géographiquement des États-Unis. Nous verrons si des fermetures auront lieu au Québec ou dans d'autres provinces canadiennes. Cela pourrait s'avérer un bon signe pour extrapoler si oui ou non le gouvernement du Québec pourrait faire preuve de prudence et de protection de la santé des enfants (et par conséquent de la santé des familles).

Quoique cette situation pourrait ne pas survenir au Québec. Il ne faut donc pas se fier uniquement à cela pour tenter de deviner à quel point le scénario de fermeture des écoles et les mesures de distanciation sociale sont prises au sérieux au Québec.

Cette question est une cause d'inquiétude, puisque jusqu'à présent, nous n'avons entendu parler d'aucune démarche de mise à jour des plans de lutte du Québec en vue d'une pandémie, et que nous n'avons pas non plus entendu parler de travaux spécifiques portant sur la fermeture des écoles, comme cela se fait largement et ouvertement aux États-Unis, par exemple.

Alors comment interpréter cette nouvelle? D'après moi, le Québec s'en tient à son scénario ultra-léger de 0,3% de taux de mortalité, et doit se dire qu'une pandémie, il n'y aura rien là. Un peu d'eau de javel par ci et par là, et le tour sera joué.

10 janvier 2009

Une autre claque du gouvernement du Québec

La première semaine de l’année 2009 s’achève, sur un fond d’affrontements sanglants au Moyen-Orient, et de crise économique généralisée. À en juger par les commentaires entrevus ici et là dans divers sites de médias sociaux, cette première semaine a été éprouvante pour nombreux d’entre nous: dur retour à la réalité, après plusieurs jours passés à festoyer réunis en famille.

Les choses se sont plutôt mal passées pour moi, lors d’une rencontre avec la directrice de la Santé publique locale. Cela faisait trois mois que j’attendais cette rencontre, demandée en octobre 2008, immédiatement après la sortie du 4ième Rapport intérimaire mondial sur la gestion de la grippe aviaire (de l’ONU et de la Banque mondiale).

Mes espérances que les choses s’améliorent n’étaient guère élevées (il faut tout de même être réaliste). Mais malgré tout, cet autre revers encaissé est des plus décevants. Le premier est survenu le 17 juin 2008, avec la décision de ne pas reconnaître la sphère du Flublogia et le site Zonegrippeaviaire pour ne pas avoir à reconnaître les autres médias sociaux.

On finit par se lasser à la longue de se faire traiter de «pas crédible» et «pas mature», alors que l’on fait des pieds et des mains pour exceller dans son domaine. Pour qui se prennent-ils, ces gens autoritaires – mais oui, les autorités – pour maintenir année après année avec insolence un regard condescendant sur les citoyens? Combien de temps cette stratégie de visières fonctionnera-t-elle? Avec tout ce qui se passe autour de nous, je m’étonne que le Québec ne s’écroule pas. À chaque fois que je me promène dans les rues, je regarde autour de moi en me demandant comment tout peut continuer à fonctionner, et combien de temps ce phénomène de «bulle» isolée réussira à tenir le coup.

Voilà donc ce qui s’est passé. Dr Linda Millette, directrice de la Santé publique de l’Agence de la santé et des services sociaux Mauricie / Centre-du-Québec, a déclaré le 6 janvier 2009 que les médias sociaux sont comme une «entreprise privée» et «pas crédibles» parce qu’il ne s’agit pas de «docteurs».

Les recommandations du 4ième Rapport intérimaire mondial sur la gestion de la grippe aviaire ont été balayées du revers de la main, et elle a conclut qu’il ne pouvait exister qu’un seul et unique site Internet sur la grippe aviaire, celui du gouvernement du Québec (Pandémie Québec), et RIEN D’AUTRE.

Fin de la discussion. Porte claquée au visage une fois de plus.

Une ouverture? Cherchez-en pas, vous n’en trouverez aucune.

Mais ce discours n’est pas passé inaperçu (sur Facebook). L’amie Michelle Sullivan, qui figure sur la liste du top 100 féminin de l’influence des médias sociaux 2008 au Canada – et l’ami Pierre Bouchard, conseiller senior en relations publiques, ont eu connaissance de l’étrange discours de Mme Milette. Ils ont lu les conclusions du document «Les médias sociaux et la communication du risque» et ont été des plus étonnés par les dernières lignes.

Voici ce que Pierre Bouchard a écrit dans un billet de son blogue à ce sujet. Il en parle de nouveau ici.

Cela ne règle pas le fait que le gouvernement du Québec nie l’importance d’impliquer la société civile dans les préparatifs pandémiques, mais de plus en plus de personnes prennent connaissance de la situation.

Si le rapport de l’ONU et de la Banque mondiale ne comporte pas d'idées intéressantes aux yeux du gouvernement du Québec, je ne vois pas quel document additionnel pourrait être brandi à la face des autorités québécoises pour les convaincre de travailler à l’amélioration de leurs préparatifs pandémiques. Peut-être que si Dieu lui-même ouvrait les cieux au-dessus de la colline parlementaire à Québec, et qu’il descendait du ciel pour parler directement aux décideurs… mais même là, je suis convaincue que la soif du contrôle de l’information et que la poursuite du pouvoir seraient encore plus forts que des paroles de sages.

Comment faire alors pour faire progresser les préparatifs pandémiques au Québec?

J’ai bien peur que cela ne soit pas possible, et je trouve regrettable que ce soit sur ce fond de pessimisme que j'aborde une nouvelle année.

Mais il me reste toujours un fond d’espoir. Je n’arrive pas à éteindre cette lueur qui brille dans mes yeux, même après avoir reçu une cette autre claque magistrale du gouvernement. Je me dis que je dois être maso, mais je ne baisse pas les bras.

04 janvier 2009

Les préparatifs pandémiques comparés à la tâche de Sisyphe

Sisyphe, par Franz von Stuck, 1920. Source

Dans la mythologie grecque, Sisyphe, fils d’Éole et fondateur de Corinthe, a dénoncé Zeus qui avait enlevé une jeune vierge, la fille d’Asope. Pour le punir, Zeus l’a condamné à rouler éternellement, dans le Tartare, un rocher au sommet d’une montagne sans jamais y parvenir: à peine Sisyphe arrive-t-il près de son but que le rocher roule vers le bas, et tout est à recommencer...

Dans un article publié le 1er janvier 2009, Helen Branswell rapporte les propos de Keiji Fukuda, à la tête du programme global d’influenza de l’Organisation mondiale de la santé:

«Et si nous commençons à baisser la garde et déplaçons notre attention sur quelque chose d’autre qui soit complètement différent, alors nous risquons vraiment de perdre beaucoup de travail, qui a été construit au cours des quatre dernières années.»

«Faire ceci [les préparatifs pandémiques] encore et encore est véritablement… c’est comme si nous étions Sisyphe,» a-t-il comparé, en faisant référence au mythe grecque d’un personnage condamné à une tâche que ne peut jamais être complétée.


Photo: AP, par Jacques Brinon. Source

Ces propos contrastent avec ceux de David Nabarro, coordonnateur senior de l’influenza pour les Nations Unies, prononcés le 13 novembre dernier lors d’une conférence au Centre for Stategies and International Studies. David Nabarro a indiqué avoir évalué que l’état de préparation mondial de pandémie s’élève à environ 40% de l’objectif global (d’après le nombre de nations ayant testé leurs plans de lutte).

De quelle manière devons-nous interpréter la métaphore de Keiji Fukuda? Nous traversons une crise économique, et dans ce contexte, le premier gestionnaire de l’ONU ne cachait pas son inquiétude à propos du maintient des budgets des nations dédiés aux préparatifs en vue d’une pandémie.

Si les gestionnaires des agences onusiennes ne réussissent pas à faire renouveler les enveloppes budgétaires, et à convaincre les nations à continuer d'investir dans des activités locales de préparatifs pandémiques, le travail des quatre dernières années sera-t-il à recommencer?

Le mois dernier, je me suis entretenue au téléphone avec une responsable des maladies infectieuses au gouvernement du Québec. Quand je lui ai parlé des recommandations de préparatifs multisectoriels (sociaux) publiées dans le 4e Rapport intérimaire mondial sur la gestion de la grippe aviaire, elle m’a dit ne pas être au courant de ce document. Mais elle a affirmé, toutefois «Le Québec n’a pas besoin de faire d’autres préparatifs dans le domaine social. Nous avons fait tout cela déjà, l’an dernier.» J’étais stupéfiée d’entendre que le Québec aurait devancé de plusieurs années les directives des agences onusiennes. Ben voyons donc!

Tout de même, cette réaction du gouvernement du Québec donne un bon aperçu du genre de réponse que recevront les gestionnaires de pandémie des agences onusiennes.

Si les plus hauts gestionnaires comparent désormais les préparatifs pandémiques à la tâche jamais complétée de Sisyphe, ce rapprochement du Panthéon de l’Olympe ne me plait guère. Beaucoup moins, en fait, que la nouvelle de l’ascension à la 44ième position de la liste de l’élite globale de Newsweek. On sait que Margaret Chan, la directrice générale de l’Organisation mondiale de la santé, avait réussi à se hisser dans cette liste sélective des 50 personnes les plus puissantes au monde.

Que penser de cette tâche de Sisyphe? David Nabarro planifiait de faire augmenter les préparatifs pandémiques à 60%, voire 70%, de l’objectif global d’ici à la tenue de la prochaine réunion ministérielle sur la gestion de pandémie. Le pourcentage de l’état global des préparatifs chutera-t-il en 2009?

Il va falloir faire preuve d'un leadership extrêmement fort, et maintenu dans le temps, pour réussir ce tour de force.

03 janvier 2009

Qu’est-ce qui changerait tout?

Keiji Fukuda

Mon ami blogueur Jay Deragon a publié un lien dans Facebook, avec la question «Qu’est-ce qui changerait tout? Une nouvelle sorte d’esprit», qui pointe sur un billet de Kevin Kelly (The Technium).

L’intelligence artificielle est proposée par Kevin Kelly comme solution pour changer le monde: «La sorte d’esprit synthétique qui apprend et qui s’améliore de lui-même. Une réelle et très petite quantité d’intelligence incorporée dans ce genre de processus permettrait d’accroître son efficacité et de la faire passer à un autre niveau.»

En lisant ce billet de Kelly, cela m’a fait penser aux propos de Keiji Fukuda, coordonnateur du programme mondiale de l’influenza à l’Organisation mondiale de la santé, prononcés en mars 2008, à propos d’une «renaissance scientifique». Il a déclaré: «Nous sommes dans une période dans laquelle l’information sur un certain nombre de différents aspects de l’influenza est en train de bourgeonner. En de nombreuses façons, nous sommes dans une sorte de renaissance scientifique.»

Je ne suis pas certaine que cette «renaissance scientifique» a vu le jour en 2008. J’en ai cherché les signes pendant toute l’année, scrutant les analyses scientifiques à la recherche d’indices qui auraient pu faire croire qu’une telle «Renaissance» avait eu lieu.

S’agissait-il là d’une fine stratégie de communication pour pousser les scientifiques de l’influenza et diverses agences à travailler ensemble, et à partager les résultats de leurs travaux de recherche?

Toujours est-il qu’en voyant ce blogue à propos d’une «nouvelle sorte d’esprit» serait utile dans le milieu de l’influenza. Les propos de Fukuda démontrent que c’est ce que les agences onusiennes semblent souhaiter. La question suivante me tourne dans la tête depuis des mois: Comment une Renaissance peut-elle s’orchestrer?

Le billet de Kevin Kelly a suscité des commentaires intéressants, qui s’appliquent à la problématique du partage de l’information dans le domaine de la recherche sur l’influenza: «La seule chose qui manque [dans cette vision d’intelligence artificielle] est le fait que la meilleure information qui ferait réellement une différence consiste en la manière dont cette planète est gérée – et cela est de l’information confidentielle. Nous avons besoin de meilleures façons de tirer de ce massif univers de données ce qui est actuellement camouflé.»

Cet autre commentaire mérite d’être souligné: «Les humains sont comme des neurones en interaction avec le World Wide Web, ayant peu de compréhension de la civilisation mondiale que nous produisons dans le cadre de ces interactions. Nous agissons pour notre propre intérêt, mais nos actions collectives produisent le Web. Avec les humains, les ordinateurs et les logiciels en tant que ses neurones, est-il possible que le Web soit après tout un organisme intelligent, et qu’il change notre monde, mais nous soyons les petits composants incapables de le saisir dans son ensemble?»
 
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