Blogue de Lyne Robichaud

10 janvier 2009

Une autre claque du gouvernement du Québec

La première semaine de l’année 2009 s’achève, sur un fond d’affrontements sanglants au Moyen-Orient, et de crise économique généralisée. À en juger par les commentaires entrevus ici et là dans divers sites de médias sociaux, cette première semaine a été éprouvante pour nombreux d’entre nous: dur retour à la réalité, après plusieurs jours passés à festoyer réunis en famille.

Les choses se sont plutôt mal passées pour moi, lors d’une rencontre avec la directrice de la Santé publique locale. Cela faisait trois mois que j’attendais cette rencontre, demandée en octobre 2008, immédiatement après la sortie du 4ième Rapport intérimaire mondial sur la gestion de la grippe aviaire (de l’ONU et de la Banque mondiale).

Mes espérances que les choses s’améliorent n’étaient guère élevées (il faut tout de même être réaliste). Mais malgré tout, cet autre revers encaissé est des plus décevants. Le premier est survenu le 17 juin 2008, avec la décision de ne pas reconnaître la sphère du Flublogia et le site Zonegrippeaviaire pour ne pas avoir à reconnaître les autres médias sociaux.

On finit par se lasser à la longue de se faire traiter de «pas crédible» et «pas mature», alors que l’on fait des pieds et des mains pour exceller dans son domaine. Pour qui se prennent-ils, ces gens autoritaires – mais oui, les autorités – pour maintenir année après année avec insolence un regard condescendant sur les citoyens? Combien de temps cette stratégie de visières fonctionnera-t-elle? Avec tout ce qui se passe autour de nous, je m’étonne que le Québec ne s’écroule pas. À chaque fois que je me promène dans les rues, je regarde autour de moi en me demandant comment tout peut continuer à fonctionner, et combien de temps ce phénomène de «bulle» isolée réussira à tenir le coup.

Voilà donc ce qui s’est passé. Dr Linda Millette, directrice de la Santé publique de l’Agence de la santé et des services sociaux Mauricie / Centre-du-Québec, a déclaré le 6 janvier 2009 que les médias sociaux sont comme une «entreprise privée» et «pas crédibles» parce qu’il ne s’agit pas de «docteurs».

Les recommandations du 4ième Rapport intérimaire mondial sur la gestion de la grippe aviaire ont été balayées du revers de la main, et elle a conclut qu’il ne pouvait exister qu’un seul et unique site Internet sur la grippe aviaire, celui du gouvernement du Québec (Pandémie Québec), et RIEN D’AUTRE.

Fin de la discussion. Porte claquée au visage une fois de plus.

Une ouverture? Cherchez-en pas, vous n’en trouverez aucune.

Mais ce discours n’est pas passé inaperçu (sur Facebook). L’amie Michelle Sullivan, qui figure sur la liste du top 100 féminin de l’influence des médias sociaux 2008 au Canada – et l’ami Pierre Bouchard, conseiller senior en relations publiques, ont eu connaissance de l’étrange discours de Mme Milette. Ils ont lu les conclusions du document «Les médias sociaux et la communication du risque» et ont été des plus étonnés par les dernières lignes.

Voici ce que Pierre Bouchard a écrit dans un billet de son blogue à ce sujet. Il en parle de nouveau ici.

Cela ne règle pas le fait que le gouvernement du Québec nie l’importance d’impliquer la société civile dans les préparatifs pandémiques, mais de plus en plus de personnes prennent connaissance de la situation.

Si le rapport de l’ONU et de la Banque mondiale ne comporte pas d'idées intéressantes aux yeux du gouvernement du Québec, je ne vois pas quel document additionnel pourrait être brandi à la face des autorités québécoises pour les convaincre de travailler à l’amélioration de leurs préparatifs pandémiques. Peut-être que si Dieu lui-même ouvrait les cieux au-dessus de la colline parlementaire à Québec, et qu’il descendait du ciel pour parler directement aux décideurs… mais même là, je suis convaincue que la soif du contrôle de l’information et que la poursuite du pouvoir seraient encore plus forts que des paroles de sages.

Comment faire alors pour faire progresser les préparatifs pandémiques au Québec?

J’ai bien peur que cela ne soit pas possible, et je trouve regrettable que ce soit sur ce fond de pessimisme que j'aborde une nouvelle année.

Mais il me reste toujours un fond d’espoir. Je n’arrive pas à éteindre cette lueur qui brille dans mes yeux, même après avoir reçu une cette autre claque magistrale du gouvernement. Je me dis que je dois être maso, mais je ne baisse pas les bras.

2 commentaires:

Christian Aubry a dit...

Lâche pas la patate numérique, Lyne, les visionnaires de bonne volonté prêchant dans le désert finissent toujours par avoir gain de cause, fusse-ce trois siècles après leur mort (tels Jésus-Christ : ).

Je cois que l'amie Michelle Blanc a bien résumé le problème lors de son passage remarqué à TLMEP. Les conseillers en communication de nos partis et gouvernements sont généralement issus d'une vieille école qui fonctionne encore sur le modèle pyramidal et qui ne comprend pas ce qui est en train de se passer au niveau techno-social, actuellement.

Il faudra donc attendre encore quelques années pour que de nouveaux joueurs, immigrés ou natifs du numériques, plus modernes, plus lucides, plus ouverts, arrive à leur faire entendre raison par les seules forces du nombre et des démonstrations tangibles qui seront alors de plus en plus disponibles.

Entretemps, il faut accepter de prêcher dans un désert chaque jour un peu plus vert et ne pas perdre courage et détermination. Je suppose que tu aimerais mieux vivre, avoir plus de moyens pour réaliser la mission que tu t'es donnée et avoir plus d'impact réel sur la société, mais la réalité est telle qu'elle est et cela ne doit pas te décourager.

Toutes mes amitiés et bonne année !

Cedric (TerroirsQuebec) a dit...

Ne lâche pas. Si chacun dans son domaine essaye de se faire reconnaitre et mon son professionalisme nous y arriverons collectivement !

 
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