Blogue de Lyne Robichaud

17 février 2009

L’apport de la participation citoyenne apparaît comme un leurre


Il y a des domaines où l’apport de la participation citoyenne brille par son absence au gouvernement du Québec. C’est notamment le cas en ce qui concerne les préparatifs pandémiques.

J’ai appris aujourd’hui que le gouvernement du Québec n’a pas effectué de focus-group (groupe témoin) à propos du site officiel Pandémie Québec en 2008, comme cela était prévu au Plan d’action 2008-2009 du sous-comité de planification gouvernementale en cas de pandémie d’influenza (confirmé le 27 août 2008 par les services d’accès à l’information du ministère de la Sécurité publique – qui gère ce comité de planification de pandémie). Voir mon billet à ce sujet.

Il y a d'autres domaines où l’apport de la participation citoyenne apparaît comme un leurre.

J’ai su hier via Michelle Blanc, que le gouvernement du Québec «s’ouvre un peu à la consultation Web», et qu’il est possible de participer à la consultation pré-budgétaire 2009-2010 et de «se prononcer sur les enjeux économiques et financiers du Québec». Rendez-vous à cette adresse http://consultations.finances.gouv.qc.ca/fr/ et remplissez le formulaire. Vous avez jusqu’au 5 mars 2009 pour transmettre vos commentaires.

Le 30 mai, le directeur de la coordination de l’information et des mesures d’urgence, Yves Pépin, m’a informée qu’un focus-group aurait lieu à l’automne 2008. Ce projet de consultation des citoyens avait été privilégié, plutôt qu’une collaboration avec la sphère du Flublogia. Mais huit mois après le rejet du Flublogia par le gouvernement du Québec, celui-ci n’a pas encore trouvé le temps de prendre le pouls de la population.

Le projet «d’actualisation du site Internet» Pandémie Québec, également prévu au plan d’action sommaire 2008-2009, et qui devait être livré en décembre 2008, n’a pas eu lieu lui non plus.

Il y a lieu de se demander à quoi vaque, exactement, les équipes chargées de la planification de pandémie au Québec. À quoi occupent-ils leur temps, puisque deux projets (de la liste en comportant 10 dans le plan d'action) n'ont pas eu lieu en 2008, tel que prévu. Cela équivaut à 20% du travail qui devait être réalisé pendant cette période. Les salaires des fonctionnaires continuent-ils d'être versés, lorsque les livrables ne se matérialisent pas? Il faudrait aller vérifier si le reste (80%) des projets identifiés dans le plan d'action annuel ont été réalisés ou non.

Mais pendant ce temps, dans d'autres sphères gouvernementales, les choses évoluent. Le ministère du Tourisme (du même gouvernement du Québec), travaille sur un projet 2.0 et il prévoit livrer un microsite 2.0 à l’hiver 2009. Voir mon billet à ce sujet.

Monique Jérôme-Forget. Photo source

Voilà que la ministre des Finances du gouvernement du Québec, Monique Jérôme-Forget, demande une participation citoyenne dans le cadre de l’exercice budgétaire annuel.

La formule choisie n’est pas 2.0. Il s’agit d’un commun formulaire, que les gens doivent utiliser pour transmettre leur opinion. Quelle différence existe-t-il entre ce formulaire et un courriel ordinaire? Le gouvernement a rajouté une question, qui doit être répondue par un choix de réponse: «Ressentez-vous les effets de la crise économique?» Les citoyens ont quatre possibilités et doivent cocher celle qui leur convient le mieux: Oui, de façon importante; Oui, moyennement; Oui, faiblement; Non, pas du tout.

Les résultats de ce mini-sondage ne s’affichent pas dans le site du ministère des Finances, au fur et à mesure que les réponses sont transmises. Les commentaires des citoyens n’apparaissent pas non plus, au fur et à mesure qu’ils sont acheminés. Donc, nous pouvons conclure que cette «consultation» n’est pas une interaction 2.0. Nous nageons encore dans le bon vieux style 1.0, où l’information et les échanges sont contrôlés par formulaire.

Nous ne pourrons pas savoir combien de personnes participeront à cette «consultation». Nous ne pourrons pas évaluer la teneur et la qualité des commentaires qui seront fournis par des citoyens. Nous ne pourrons pas non plus évaluer si les commentaires des participants auront une incidence quelconque sur l’exercice budgétaire du gouvernement. Nous ne saurons pas également si les résultats du mini-sondage influenceront les campagnes de communication du gouvernement, lorsqu’il sera question de la perception de l’impact de la crise économique et de la récession.

Bref, c’est comme d’habitude. Nous ne saurons encore pas grand-chose.

Nous sommes encore très loin d’un véritable virage 2.0, qui conduirait à un gouvernement 2.0.

Cette invitation lancée au grand public ne signifie pas grand-chose à mes yeux, étant donné que nous n’avons aucun indice de ce qu’il adviendra des idées, suggestions et contenus soumis par la population. Il n’y a aucun moyen d’effectuer une rétroaction à partir de ce qu’auront déclaré les gens, ni de quantifier l’impact de la contribution de la société civile sur la gestion gouvernementale.

Autrement dit, nous aurons beau raconter n’importe quoi au gouvernement, rien n’indique que cela serve à quelque chose. À l’autre bout du fil, rien ne garantit qu’il y a quelqu’un à l’écoute, et rien ne garantit non plus que la pile de commentaires de cette «consultation» ne servira pas tout simplement à engraisser la corbeille à rebus.

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