Blogue de Lyne Robichaud

25 février 2009

Le spectre d’une pandémie

En novembre 2008, David Nabarro, le coordonnateur senior de l’influenza humaine et aviaire aux Nations Unies, a déclaré lors d’une conférence prononcée devant le Centre for Strategic and International Studies, qu’il évaluait que l’état de préparation mondiale avait atteint 40% de l’objectif visé.

Il avait alors indiqué qu’il souhaitait voir augmenter l’état de préparation à 60% - voire 70% - avant la tenue de la prochaine conférence ministérielle, qui est prévue avoir lieu en 2010 au Viêt nam.

Ceci n’arrivera pas.

En raison du contexte économique, qui fait tout dérailler.

Nous assisterons à un grave démantèlement de l’état de préparation mondiale. Cette tendance est déjà observée, comme cela a été confirmé cette semaine par Bernard Vallat, directeur de l’OIE.
"On observe un peu partout à travers le monde une décroissance des budgets publics dans les domaines relatifs à la santé animale, à commencer par les ressources affectées à la surveillance et à la détection précoce des maladies des animaux d'élevage ou sauvages. Beaucoup des 172 pays membres de l'OIE envoient des signaux témoignant d'une baisse de la garde vis-à-vis des menaces sanitaires vétérinaires. Nous ne disposons pas encore de chiffres précis, mais la tendance est manifeste, tant dans les pays en voie de développement que dans les pays développés."

L’état de préparation mondiale se réduira-t-il jusqu’à à peau de chagrin?

Au cours des trois prochaines années, nombreuses seront les nations du monde qui mettront certainement leurs budgets de pandémie sur la glace.

Les entreprises, qui sont prises à la gorge par la dépression, vont faire de même.

Juxtaposez à cela le fait qu’il ne resterait guère d’armes pharmaceutiques à jeter contre une pandémie. Une production mondiale de vaccins pandémiques sera retardée de plusieurs mois (probablement plus d’une année). Selon une récente étude du groupe pharmaceutique IFPMA, si une pandémie de H5N1 se propageait aujourd'hui, les fabricants auraient probablement besoin de quatre ans pour faire face à la demande mondiale de vaccins. Par conséquent, nous pouvons être assurés qu’il n’y aura pas de vaccin disponible pour combattre les premières vagues d’une pandémie. Le Tamiflu est encore actif contre le H5N1 (si ce candidat pandémique arrive à développer la capacité à se transmettre plus facilement entre humains). Toutefois, il n'est pas exclu qu'une résistance au Tamiflu se développe rapidement au moment de l’utilisation massive de cet antiviral. Le Relenza aussi est encore actif contre le H5N1. Mais il ne représente qu’environ 20% des réserves d’antiviraux. Ces antiviraux ne sont pas éternels, comme tout médicament, et à un moment donné, ils doivent être renouvelés.

Que reste-t-il comme possibilités?

Peut-être des préparatifs pandémiques sociaux. Cela pourrait être une avenue, de renforcer l’empowerment des citoyens. Étant donné qu’il ne faut pas s’attendre à ce que les systèmes de santé publique performent comme des champions en temps de pandémie, et que les entreprises déjà affaiblies par une récession pourraient tomber comme des mouches, la seule chose qu’il reste comme possibilité de développement, ce sont les gens.

Si le leadership nécessaire au lancement de préparatifs pandémiques sociaux ne se matérialise pas de la part des plus hautes instances de gestion de pandémie, n’espérons pas que des préparatifs pandémiques sociaux se créeront tout seuls par enchantement.

Jusqu’à présent, des efforts ont été déployés de par le monde pour sensibiliser le grand public à une pandémie.

Mais pas suffisamment.

A-t-on donné l’heure juste aux populations?

Je ne le crois pas.

Les communications sont beaucoup moins coûteuses que la plupart des mesures de préparation qui ont été mises de l’avant jusqu’à présent.

Vu le présent contexte mondial, l’avenue du développement de préparatifs pandémiques sociaux serait une planche de salut.

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