Blogue de Lyne Robichaud

27 février 2009

Craig Vanderwagen rejoint Zonegrippeaviaire sur Facebook

Craig Vanderwagen

Craig Vanderwagen a rejoint le groupe "[Zonegrippeaviaire] En faveur de plus de préparatifs en vue d'une pandémie" sur Facebook.

Premier et actuel secrétaire adjoint à la préparation et à l'intervention dans le cadre de la requalification de l'Office de la santé publique d'urgence (en vertu de la Loi sur la protection civile en vue d'une pandémie et de tous les dangers 2006 | Pandemic & All Hazards Preparedness Act), Craig Vanderwagen a été le second secrétaire adjoint de la santé publique d'urgence au ministère américain de la Santé et des Services sociaux (HHS).

Il s'agit du tout premier haut fonctionnaire gestionnaire de pandémie d'une nation (les États-Unis) à avoir rejoint ce groupe sur Facebook.

Craig Vanderwagen est également le premier haut gestionnaire de pandémie d'une nation à avoir ouvert une fenêtre de dialogue avec la communauté de pratique flublogienne sur Facebook. Voir mon billet à ce sujet.

En décembre 2008, David Nabarro, coordonnateur senior de l'influenza humain et aviaire aux Nations Unies, avait rejoint Zonegrippeaviaire sur Facebook, invitant ainsi les planificateurs de pandémie et les décideurs des pays du monde à faire de même.

Ross Upshur

Au Canada, Ross Upshur, un grand nom de la recherche canadienne en santé publique, pilotant présentement l'équipe CanPrep.ca, également directeur du Joint Centre for Bioethics de l'Université de Toronto, a rejoint le groupe Zonegrippeaviaire sur Facebook.

Aucun décideur ou planificateur de pandémie canadien ou québécois n'a toutefois encore accordé d'appui à ce groupe.

94 personnes ont rejoint le groupe Zonegrippeaviaire sur Facebook à ce jour, comparativement à 54 personnes pour le groupe "Public Health Early Warning and Preparedness", ce qui constitue un nombre acceptable, étant donné le peu d'information circulant dans les médias à propos de la réelle menace de pandémie et du phénomène mondial appelé "flu fatigue" qui s'est malheureusement emparé des populations de la planète.

Plusieurs gens de la sphère du Flublogia ont rejoint ce groupe sur Facebook. Les blogueurs américains Michael P. Coston / Fla_Medic, Greg Dworkin / DemFromCT, Debi Brandon / SophiaZoe, Maryn McKenna, Catherine Mitchell, ainsi que le blogueur canadien Crawford Kilian / Crof (de la province de Colombie-Britannique), et le blogueur belge Michel S.f. Vermeulen se sont joints au groupe. Le groupe compte aussi plusieurs leaders d'opinion de la sphère francophone et anglophone du Flublogia. Il y a aussi des gens impliqués dans des organisation "grass-root", tels que Justin Kamen de Student Prep America.

Emma Fitri, une journaliste du Jakarta Post (en Indonésie) qui rapporte souvent à propos de la grippe aviaire, de même que Maggie Fox, éditrice, sciences et santé, chez Thompson Reuters, font partie du groupe. Du côté des médias électroniques, Rodolphe Isvelin, chef de centre chez France 3 (à Rouen en France), a rejoint le groupe.

Plusieurs Québécois connus et bien implantés dans leurs milieux respectifs ont rejoint le groupe: Vallier Lapierre, un journaliste spécialisé en technologies de l’information appliquées au monde des affaires, et éditeur du blogue Tous complices; Pierre Bouchard, consultant (agence Indico) et conférencier en gestion de la réputation, communication d’entreprise et relations publiques; de même que Marc Snyder, consultant en communications spécialisé en communications corporatives, en relations publiques et relations de presse, en gestion de crise et en politique à Montréal; Sébastien Paquet, chercheur canadien, professeur (à l'Université du Québec à Montréal) et blogeur connu pour ses travaux portant sur l'infrastructure des réseaux Internet avec Phillip Pearson.

Des consultants en gestion de pandémie du milieu des affaires ont rejoint le groupe Zonegrippeaviaire sur Facebook. Mats Espander est directeur de Espander - Life Science Partners AB, en Suède. Il offre des services de consultation dédiés aux entreprises concernant les préparatifs pandémiques. Harlan Dolgin, de Dolgin Consulting, offre des services de consultation en continuité des affaires, gestion de situations d'urgence et planification de pandémie au Missouri, États-Unis. Erik Yvan Fivaz est cadre dirigeant au sein d'une compagnie britannique (internationale) de gestion de risques, basée en Suisse, qui offre notamment des services de planification de pandémie.

Le cap des 100 premiers individus devrait être franchi prochainement.

Tout le monde est invité à rejoindre ce groupe.

25 février 2009

Le spectre d’une pandémie

En novembre 2008, David Nabarro, le coordonnateur senior de l’influenza humaine et aviaire aux Nations Unies, a déclaré lors d’une conférence prononcée devant le Centre for Strategic and International Studies, qu’il évaluait que l’état de préparation mondiale avait atteint 40% de l’objectif visé.

Il avait alors indiqué qu’il souhaitait voir augmenter l’état de préparation à 60% - voire 70% - avant la tenue de la prochaine conférence ministérielle, qui est prévue avoir lieu en 2010 au Viêt nam.

Ceci n’arrivera pas.

En raison du contexte économique, qui fait tout dérailler.

Nous assisterons à un grave démantèlement de l’état de préparation mondiale. Cette tendance est déjà observée, comme cela a été confirmé cette semaine par Bernard Vallat, directeur de l’OIE.
"On observe un peu partout à travers le monde une décroissance des budgets publics dans les domaines relatifs à la santé animale, à commencer par les ressources affectées à la surveillance et à la détection précoce des maladies des animaux d'élevage ou sauvages. Beaucoup des 172 pays membres de l'OIE envoient des signaux témoignant d'une baisse de la garde vis-à-vis des menaces sanitaires vétérinaires. Nous ne disposons pas encore de chiffres précis, mais la tendance est manifeste, tant dans les pays en voie de développement que dans les pays développés."

L’état de préparation mondiale se réduira-t-il jusqu’à à peau de chagrin?

Au cours des trois prochaines années, nombreuses seront les nations du monde qui mettront certainement leurs budgets de pandémie sur la glace.

Les entreprises, qui sont prises à la gorge par la dépression, vont faire de même.

Juxtaposez à cela le fait qu’il ne resterait guère d’armes pharmaceutiques à jeter contre une pandémie. Une production mondiale de vaccins pandémiques sera retardée de plusieurs mois (probablement plus d’une année). Selon une récente étude du groupe pharmaceutique IFPMA, si une pandémie de H5N1 se propageait aujourd'hui, les fabricants auraient probablement besoin de quatre ans pour faire face à la demande mondiale de vaccins. Par conséquent, nous pouvons être assurés qu’il n’y aura pas de vaccin disponible pour combattre les premières vagues d’une pandémie. Le Tamiflu est encore actif contre le H5N1 (si ce candidat pandémique arrive à développer la capacité à se transmettre plus facilement entre humains). Toutefois, il n'est pas exclu qu'une résistance au Tamiflu se développe rapidement au moment de l’utilisation massive de cet antiviral. Le Relenza aussi est encore actif contre le H5N1. Mais il ne représente qu’environ 20% des réserves d’antiviraux. Ces antiviraux ne sont pas éternels, comme tout médicament, et à un moment donné, ils doivent être renouvelés.

Que reste-t-il comme possibilités?

Peut-être des préparatifs pandémiques sociaux. Cela pourrait être une avenue, de renforcer l’empowerment des citoyens. Étant donné qu’il ne faut pas s’attendre à ce que les systèmes de santé publique performent comme des champions en temps de pandémie, et que les entreprises déjà affaiblies par une récession pourraient tomber comme des mouches, la seule chose qu’il reste comme possibilité de développement, ce sont les gens.

Si le leadership nécessaire au lancement de préparatifs pandémiques sociaux ne se matérialise pas de la part des plus hautes instances de gestion de pandémie, n’espérons pas que des préparatifs pandémiques sociaux se créeront tout seuls par enchantement.

Jusqu’à présent, des efforts ont été déployés de par le monde pour sensibiliser le grand public à une pandémie.

Mais pas suffisamment.

A-t-on donné l’heure juste aux populations?

Je ne le crois pas.

Les communications sont beaucoup moins coûteuses que la plupart des mesures de préparation qui ont été mises de l’avant jusqu’à présent.

Vu le présent contexte mondial, l’avenue du développement de préparatifs pandémiques sociaux serait une planche de salut.

24 février 2009

Communauté, communauté de pratique et équipe collaborative

Une COMMUNAUTÉ est un groupe d’individus partageant un certain niveau de liens personnels avec d’autres personnes, pour une raison quelconque, allant de l’amitié, aux affaires, à la famille, à la résidence, à la culture, à la religion, à la politique, etc.

Les communautés sont généralement formées au sein de réseaux. Ainsi, une utilisation professionnelle des réseaux peut accélérer la naissance ou la croissance de communautés.

Les contributions des membres sont encouragées et forment la substance même de la communauté. Sans activité, il n'existe pas de communauté. Toutefois, il n’est pas nécessaire que tous les membres participent à chaque activité et à chaque fois qu'il survient quelque chose. Une communauté permet à ses membres d'être aussi actifs qu’ils le souhaitent à propos de ce qu’ils choisissent. La politique de l'activité fait donc partie d'une communauté (c'est-à-dire que certains membres sont plus visibles que d'autres, alors que certains apparaissent comme des leaders, d'autres comme des adeptes, et d'autres comme des auditeurs neutres).

Ces trois derniers mois, ce qui est désigné comme étant la «sphère du Flublogia» est devenue une COMMUNAUTÉ sur deux plates-formes de réseautage (Facebook et Twitter).

En octobre 2008, j’ai encouragé plusieurs membres de cette blogosphère à s’inscrire à Facebook, afin de rester en contact avec des collègues, d'apprendre des autres et de lutter contre l'isolement social. Dix personnes ont répondu à l’appel. Ensuite, ces personnes se sont liées entre elles, et avec d’autres membres de cette blogosphère déjà inscrites sur Facebook. Graduellement, la toile de liens d'amitié s'est consolidée. En peu de temps, une COMMUNAUTÉ est née. Un noyau dur, composé environ d'une centaine d'individus, partagent présentement une moyenne de dix amis en commun (et ce nombre s’élève à autant que 98 amis communs).

Une COMMUNAUTÉ DE PRATIQUE est une communauté de professionnels dont le but est de créer et de partager des connaissances à propos d'une pratique commune à tous les membres. Son objectif est de favoriser l'innovation incrémentale.

Les gens du Flublogia actifs sur Facebook et Twitter ne l’ont peut-être pas encore réalisé, mais après avoir formé une COMMUNAUTÉ, ils sont devenus aussi une COMMUNAUTÉ DE PRATIQUE, lorsque des individus de plusieurs pays différents ont franchi la barrière des langues et ont commencé à partager leurs idées, informations, connaissances et expériences.

Une ÉQUIPE COLLABORATIVE a pour but de produire un produit final. Il s'agit d'un groupe de personnes définies par un résultat final commun.

Les gens du Flublogia ne sont pas encore devenus une équipe collaborative, par le biais d’une utilisation des médias sociaux et de divers outils et plates-formes de réseautage social. Mais cela m'apparaît comme la prochaine étape logique.

Une poignée de hauts fonctionnaires (gestionnaires de pandémie) se sont ouverts aux members du Flublogia sur Facebook, en nouant des amitiés. J’ai observé que David Nabarro, le coordonnateur senior pour l’influenza humain et aviaire des Nations Unies, est devenu ami avec six membres de cette blogosphère, au cours des deux derniers mois. Marc Van Ranst, commissaire interministériel du gouvernement fédéral de la Belgique pour les préparatifs pandémiques, est devenu ami avec cinq membres du Flublogia.

Mais jusqu’à présent, je n’ai pu observer que ces planificateurs de pandémie de haut niveau aient réellement engagé des conversations ouvertes à propos des préparatifs pandémiques. Il y a eu des échanges privés toutefois, mais le flux des conversations n’a pas eu lieu publiquement.

Jusqu’au 14 février 2009 (le Jour de la Saint-Valentin, par ailleurs!).

Ce jour-là, Craig Vanderwagen (la première personne à avoir été nommée Secrétaire adjoint pour les préparatifs de situation d’urgence du ministère américain de la Santé et des Services sociaux) a fait ce que je considère être l’équivalent de marcher sur la lune. Ce haut fonctionnaire, après avoir noué des amitiés avec une dizaine de membres de la sphère du Flublogia (le nombre le plus élevé d’amitiés observé à ce jour), le 14 février, a commencé à bloguer sur Facebook, par le biais de notes. Il a partagé son avis à propos d’un aperçu de défis et de projets à venir. En faisant cela, il a permis qu’ait lieu une discussion à propos de ces éléments.

Par conséquent, Craig Vanderwagen est à mon avis le premier haut gestionnaire de préparatifs pandémiques à avoir ouvert une fenêtre de dialogue avec la COMMUNAUTÉ DE PRATIQUE flublogienne.

Au cours des prochaines semaines, il sera intéressant d’observer comment les hauts gestionnaires de pandémie développeront leur collaboration avec cette communauté de pratique.

Éventuellement, il sera peut-être question qu’une ÉQUIPE COLLABORATIVE émerge naturellement. Ceci pourrait notamment contribuer à favoriser l’innovation.

Un exemple concret d’équipe collaborative expérimentale consiste à mon avis en Government 2.0 Camp (sur Twitter @Gov20Camp):
«Governement 2.0 Camp est une non-conférence sur l’utilisation des médias sociaux et des outils technologiques Web 2.0, afin de créer un gouvernement américain plus efficace et une meilleure collaboration à tous les niveaux (local, étatique et fédéral).»

Je vais observer attentivement les travaux de cette équipe au cours des prochaines semaines. Vous pouvez consulter cette vidéo qui explique en quoi consistera ce Camp. Consultez cette page Internet pour en savoir plus à propos de Government 2.0 Camp. L’ami Andrew P. Wilson (un membre de l’équipe Internet du HHS) m’a confirmé hier qu’il participera à cet événement, qui se déroulera le 27 mars 2009. Vous pouvez suivre Andrew sur Twitter: @AndrewPWilson.

Le 23 février 2009, la Maison Blanche a annoncé la nomination d’une équipe Internet:
«Lundi après-midi, la Maison Blanche a annoncé une nouvelle série de personnel de haut niveau, y compris une liste de positions high-tech du président, et une équipe de nouveaux médias Internet.

Plusieurs membres clé du personnel de la Maison Blanche, d’après un communiqué de presse de Robert Gibbs, géreront les grands portefeuilles Internet et la sensibilisation à la «participation de citoyens» en ligne.

La liste des nominations comprend plusieurs anciens collaborateurs de la campagne présidentielle de Barack Obama, dont naturellement, l’ancienne conseillère Web du président, Nancy Pelosi, ainsi qu’un ancien employé de Google qui a travaillé à titre de modérateur de plate-forme pour cette entreprise.

Le bureau de presse de la Maison Blanche avait déjà fait des vagues, il y a un mois, du moins selon les standards de Washington, lorsque le président Obama a invité le Huffington Post à sa première conférence de presse. Lors d’une invitation lancée aux blogeurs pour assister à une récente conférence de presse de la Maison Blanche, un agent des nouveaux médias a déclaré que demander à des blogeurs d’assister à des conférences de presse présidentielles pourrait devenir une «nouvelle tradition».

Un mois après l’entrée en poste du président Barack Obama, les États-Unis poursuivent inexorablement leur virage 2.0. Cela aura une incidence sur le développement de préparatifs pandémiques sociaux.

Voici un rappel du Quatrième Rapport intérimaire mondial sur la gestion de la grippe aviaire de David Nabarro:
«Des approches de la communication à long terme en vue des modifications comportementales sont nécessaires, en particulier des approches adaptées aux contextes sociaux, économiques et culturels de la population. Les populations doivent disposer des connaissances et des moyens nécessaires à la mise en pratique des recommandations. L’instauration d’une relation de confiance entre les populations et les autorités, en particulier en ce qui concerne les mesures de contrôle qu’elles prônent, jouera un rôle crucial pour permettre aux gens de se protéger contre la grippe aviaire pathogène et de limiter les conséquences potentielles de la maladie et d’autres maladies infectieuses émergentes.» (Synopsis, paragraphe 18).

Je me réjouis à propos des récents développements observés, ainsi que du contexte actuel en général. J’ai l’impression que les recommandations de l’ONU pourraient finalement être transposées dans un modèle pratique.

Du progrès a été effectué ce dernier mois par les agences américaines, dans la manipulation et l'expérimentation avec différents outils de médias sociaux. Le fait que Craig Vanderwagen ait ouvert une fenêtre de dialogue avec des leaders d’opinion du Flublogia sur Facebook est encourageant. Il ouvre la voie à quelque chose de nouveau. L’administration Obama est en train d’établir de nombreuses nouvelles normes. Tous ces éléments convergent et pourraient contribuer à produire de réels préparatifs pandémiques sociaux.

Un nom sur cette planète a le pouvoir d'obtenir l'attention des dirigeants d'entreprises. Ce nom-là est McKinsey, qui publie la fameuse McKinsey Quaterly. Dernièrement, ils ont publié un article intitulé ‘Six ways to make Web 2.0 work' (dont j'ai parlé dans mon billet "Six éléments de gestion Web 2.0 qui ont du succès, d'après McKinsley". Ces recommandations peuvent très bien s'appliquer aux gouvernements également. Plusieurs considèrent ces recommandations comme étant un point de basculement, qui propulsera les entreprises dans un virage 2.0 massif.

La raison pour laquelle j'évoque McKinsey dans ce billet, c'est que sa règle Numéro 1 est: Le passage à une culture «bottom-up» a besoin d’être soutenu par le haut.

Par conséquent, si nous appliquons la formule gagnante McKinsey, la mise en oeuvre de préparatifs «bottom-up» pandémique sociaux a besoin d'être soutenue par le haut.

J'espère que le soutien par le haut en question - c'est-à-dire émanant de très hauts gestionnaires de pandémie, tels que Craig Vanderwagen et David Nabarro - dont nous avons tant besoin pour mettre sur les rails des préparatifs sociaux, ne tardera pas à se matérialiser.

21 février 2009

Le point sur la situation, au lendemain de la visite d’Obama au Canada

Stephen Harper, Barack Obama

Vous devinerez sans doute que j’ai passé plusieurs heures cette semaine à observer les événements et à lire les commentaires entourant la visite du président américain Barack Obama au Canada (jeudi, le 19 février 2009). J’essaie d’assimiler un maximum d’information afin de tenter de me faire une idée de comment les changements aux dynamiques de la politique étrangère pourrait éventuellement influencer les politiques des préparatifs pandémiques.

Naturellement, il n’a pas été question une seule fois de pandémie. Ce n’est guère un sujet à la mode... Ce n’était donc pas à l’ordre du jour, et ce mot n’a pas non plus été prononcé par quelque analyste politique que ce soit. Nous avons beaucoup entendu parler de coopération économique, de coopération transfrontalière en matière de protection de l'environnement et de sécurité frontalière. Le dossier de l'Afghanistan faisait également partie des discussions.

Même si la question de pandémie n’a pas été abordée, de nombreux éléments sont à considérer, qui affecteront la gestion de pandémie.

Recherche et technologie
Vincent Marissal, de La Presse, dans son analyse des profondes différences entre les deux chefs (Stephen Harper et Barack Obama), a noté la disparité de vision concernant la recherche et la technologie, ce qui aura un impact sur les préparatifs pandémiques:
«Aux États-Unis, le président Obama a promis de débloquer d'importantes sommes pour la recherche et les nouvelles technologies, une priorité nationale, a-t-il dit dans son discours inaugural.

Ici, la communauté scientifique crie famine devant les miettes des programmes du gouvernement conservateur.
Les scientifiques canadiens affirment même que le manque de fonds risque de pousser nos meilleurs cerveaux aux... États-Unis. Voilà qui réjouira sans doute le président Obama.»
La recherche des points communs ont fait plutôt saillir les différences
Celles et ceux qui ont fait le cours de diplomatie 101 savent qu’il faut toujours s’efforcer de trouver (ou faire semblant de trouver) des points communs. Même si la personne en face de nous nous fait hérisser le poil des jambes.

Or, le gouvernement de Stephen Harper - fortement porté sur le dogmatisme - et la vision de Barack Obama, sont tellement différents que les efforts qui ont été déployés cette semaine pour leur trouver des points en commun ont plutôt eu pour effet de souligner leurs divergences.

Une personne qui s’est donné un mal de chien à tenter de nous convaincre que ces deux hommes étaient semblables, est John Parisella. Dans une entrevue de John Parisella effectuée par Simon Durivage, diffusée le 18 février 2009 à 11h20 sur les ondes de Radio-Canada (que j’ai eu bien du mal à écouter parce que je n’arrêtais pas de fixer la chevelure très passablement ébouriffée du conseiller en communications), M. Parisella a déclaré que les deux chefs de pays avaient beaucoup de points en commun. «Ils sont du même âge, ils ont deux enfants, et tous les deux religieux sur le plan personnel. M. Harper est considéré comme un homme très cérébral. La droite canadienne est quasiment située au centre américain. M. Obama, qui a commencé sa campagne à gauche, est devenu plus centriste par la suite.»

Lise Payette, dans Le Devoir, comme toujours, ne s’est pas gênée pour dire ce qu’elle pense. «Deux hommes aussi différents qu'on puisse les imaginer se sont rencontrés. Le président Obama ouvert et disponible, le premier ministre du Canada fermé comme une huître et méfiant sans bon sens. Comment ont-ils fait pour se parler?»

D’autres sont même allés jusqu’à analyser la démarche des deux chefs d’État. Richard Cléroux de l’Hebdo Rive Nord, a souligné les différences:
«Cette semaine la différence entre les deux hommes était particulièrement évidente. Même quand ils marchaient ensemble. Obama y allait de grandes enjambés, confiant, regardant en haut et en bas pendant que Harper se dandinait maladroitement, comme un canard en couche-culotte.

La popularité des deux hommes est bien différente. Un récent sondage révèle que 82% des Canadiens sont d’accord avec ce qu’Obama fait pour l’économie contre 26% pour Harper.

Harper est prévisible. Il ne fait rien en public sans que le scénario soit soigneusement préparé d’avance, et contrôler jusqu’au plus petit détail. Lors de sa visite cette semaine Obama s’est esquivé au Marché By à Ottawa, pendant quelques minutes, à la grande consternation de ses gardiens de sécurité. C’était pour acheter des biscuits feuille d’érable, un régale pour ses deux filles qu’il gâte avec des friandises partout ou il passe. Chez Grant Hooker, Obama a goûté à la spécialité de la maison, une «queue de castor.»

Mais ce qui est plus dur à avaler c’est la mesquinerie de Harper autour de la visite. Harper avait peur de se faire voler la vedette par la Gouverneure-générale Michaëlle Jean ou par le Leader Libéral Michael Ignatieff, ami intime de plusieurs conseillers d’Obama. Incapable d’empêcher ses rencontres, Harper avait toutefois interdit les photos.

Lors de la conférence de presse Harper a fait semblant que ça fait longtemps qu’il est en faveur de combattre les gaz à effet de serre et les changements climatiques. Obama lui fit un large sourire, et l’a remercié poliment.»

À peu près le monde s’entend pour dire que le premier ministre Stephen Harper a passé le test. Néanmoins, ce ne sera que plus tard que nous saurons si le Canada et les États-Unis réussiront réellement à s’entendre. Nous verrons dans les semaines et les mois à venir - et c'est peut-être ce qui est le plus important - de quelle nature est la relation personnelle que le président et le premier ministre auront établie.

Le Québec n’a pas d’entrées auprès de l’administration Obama
Lise Payette fait remarquer que le gouvernement du Québec ne s’est pas positionné auprès de gens gravitant dans l’entourage de Barack Obama lors de la campagne présidentielle. Nous nous retrouvons donc complètement isolés, et à la merci des acteurs fédéraux pour représenter le Québec auprès du gouvernement des États-Unis.

Pour le dossier des préparatifs pandémiques, l’absence de diplomatie québécoise est flagrant. Le Québec gagnerait à être plus présent sur la scène internationale, en multipliant les relations avec des planificateurs d’autres nations. Les responsables du Québec sont perdus dans leur bulle, et je ne suis pas la seule à trouver que ce soit dangereux.

Voici ce que Lise Payette a écrit dans Le Devoir:
«Cette visite, hier, à Ottawa, devrait nous inciter à nous questionner sur certaines informations qui ont filtré. Notre premier ministre Jean Charest aurait téléphoné à Stephen Harper pour lui demander d'agir comme une sorte de lobbyiste pour le Québec auprès d'Obama (concernant notre production d'hydroélectricité, dont nous aimerions vendre certaines quantités aux USA).

Qui mieux que M. Harper pour défendre les intérêts économiques du Québec?, s'est-il dit. [Ici, la journaliste fait du sarcasme.] Je l'avoue, quand j'ai appris la nouvelle dans les journaux, ça m'a fait sourire.

Personnellement, je ferais plus confiance à son fameux Blackberry pour lui transmettre la bonne nouvelle qu'au chef du Parti conservateur du Canada, qui aurait été naturellement plus proche de l'autre candidat à la présidence américaine, John McCain, et qui doit craindre Obama comme la peste.

Le Québec n'a personne qui gravite autour du président Obama. Personne n'a prévu d'établir un contact avec son personnel ou son entourage pendant la campagne électorale? Pourtant, tout le monde savait au gouvernement du Québec qu'il se préparait un changement de la garde à Washington et malgré tout, personne n'a bougé?

Nos diplomates québécois ont continué de ronronner, les bras croisés, alors que nous avons quelques délégations à travers le monde qui devraient justement servir à nous positionner auprès d'un nouveau président américain avec lequel nous avons beaucoup plus d'affinités naturelles que le précédent. Je me décourage chaque fois que je constate que nous agissons comme des amateurs dans des domaines où nous devrions commencer à avoir une certaine compétence.

Comment ferons-nous pour faire savoir au président Obama que nous existons? Qu'une nation différente continue de se développer dans cette Amérique du Nord malgré les embûches et qu'une partie de sa population aspire à l'indépendance dans la paix et le respect d'autrui?

Y a-t-il un diplomate dans la salle? Un vrai.»

Absence de transparence et «control freak»
Un autre aspect important qui ressort de la visite de Barack Obama au Canada est la question de l'absence de transparence et de l’excès de contrôle exercé par le premier ministre Stephen Harper.

«Pendant que CNN donnait aux Américains l'ordre du jour complet de la visite officielle à Ottawa en incluant les noms de tous ceux qui seraient présents, le premier ministre du Canada a refusé l'information aux journalistes d'ici, selon son habitude, et a tenu à garder tous les détails secrets jusqu'à la dernière minute,» a indiqué Lise Payette.

«Depuis qu'il a pris le pouvoir en janvier 2006, Stephen Harper a pris un soin jaloux à concentrer tous les pouvoirs autour de lui. Cette centralisation du pouvoir, de l'image et du message lui a permis d'éviter les dérapages et de s'assurer d'une certaine cohérence de la vision au détriment d'une plus grande collégialité de son administration. Les ratés de la dernière élection ont démontré les limites d'une telle approche et les vertus de l'écoute active», a expliqué Pierre Bergeron, dans Le Droit, au début du mois de février 2009.

Il faut se demander (encore une fois) si la métamorphose du gouvernement conservateur est éphémère - le temps d’une brève visite présidentielle - ou si elle durera. Nous avons eu droit à la conversion de Stephen Harper, en termes économiques, parce qu’il était sous la menace d’un renversement de son équipe par une coalition. Cette conversion-là fut forcée, elle n’était pas sincère.

Maintenant, il est question d’un retournement de 180 degrés à la position des Conservateurs dans le dossier de l’environnement. Vincent Marissal pose, avec raison, la question suivante: «La conversion de Stephen Harper est-elle sincère ou ne fait-il que se coller sur Barack Obama, sachant qu'il risque de se retrouver isolé sur la scène internationale et même devant son propre électorat?»

S’il s’amorce en apparence un revirement spectaculaire dans le dossier des changements climatiques, pouvons-nous espérer des changements notables à la gestion des préparatifs pandémiques? Le Canada est considéré comme étant le pays développé le moins bien préparé à faire face à une pandémie, ne l'oublions pas.

Le retard épouvantable du Canada dans bien des dossiers
Barack Obama n'a pas parlé du bilan extrêmement pauvre du Canada en matière de lutte contre les changements climatiques. Au contraire, il a vanté la valeur d'une «approche commune dans cette lutte».

J’espère qu’un jour prochain, nous entendrons parler également d’une «approche commune dans la lutte» contre une pandémie.

Les paroles suivantes sont miraculeusement sorties cette semaine de la bouche du premier ministre canadien: «Les changements climatiques représentent le plus grand défi de la prochaine décennie».

Qui sait, peut-être entendrons-nous aussi: «Les préparatifs pandémiques représentent le plus grand défi des prochaines années». On peut toujours rêver.

20 février 2009

À propos du ministre de la Santé Yves Bolduc, et du temps d’attente dans les urgences

Bernard Drainville

«La première responsabilité du ministre de la Santé, c’est d’être le capitaine de l’énorme navire amiral qu’est le système de santé québécois. Renoncer à se donner des cibles, c’est se satisfaire du strict minimum. Renoncer à se donner un objectif, c’est renoncer à se donner une destination. C’est naviguer sans gouvernail. C’est abdiquer ses responsabilités et, surtout, manquer à son devoir de leadership», a déclaré le député de Marie-Victorin, Bernard Drainville, dans son billet intitulé «Yves Bolduc et les urgences: Comment atteindre un objectif qu’on ne se fixe pas?».

Je félicite M. Drainville pour ce billet. Je vous invite par ailleurs à consulter régulièrement son blogue.

Davantage de leadership de la part du tsar de la Santé au Québec est espéré, et il est impératif que la problématique d’engorgement des urgences soit solutionnée. La saison de l’influenza bat son plein en ce moment, et notre système de soins de santé est débordé. Qu’en sera-t-il en temps de pandémie?

Une infrastructure de santé publique plus solide et bien gérée résisterait mieux au choc que causera une pandémie d’influenza.

Nous pouvons observer que les décideurs à la tête de l’actuel «navire amiral» qu’est le système de santé québécois manquent de rigueur et de méthode, dans leur manière de gérer les projets. La règle du strict minimum, qui est soulevée par Bernard Drainville, m’apparaît comme étant généralisée à l’ensemble des dossiers.

Je partage l'opinion du député de Marie-Victorin à propos de la navigation sans gouvernail. Cela fait des mois que je réclame un plus grand leadership, de la vision, du courage, et de la volonté de la part du chef de la Santé du Québec. Plusieurs observateurs entrevoient que si les dossiers continuent d’évoluer à pas de tortue et que si les responsables demeurent figés dans la torpeur (pour reprendre l'expression du billet de Bernard Drainville daté du 13 février dernier), les Québécoises et les Québécois se retrouveront dans un terrible pétrin, lorsque se déclenchera la pandémie d’influenza. Et elle arrivera. Les pandémies arrivent. Elles sont inévitables. Et la pandémie frappera le Québec, que cela fasse l’affaire ou non des hauts responsables de l’administration, et qu’ils aient eu ou non le temps de s’organiser avant qu’elle ne frappe. Attendez un peu de voir l’état des urgences à ce moment-là…

C’est pourquoi il est URGENT de consolider, par tous les moyens possibles, l’infrastructure de soins de santé du Québec. Réduire le temps d’attente dans les urgences assurerait une certaine mitigation du système.

L’Indonésie, dans la mire d’Obama, en tant qu’allié

La secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton. Photo source

Alors que le président des États-Unis, Barack Obama, effectuait aujourd’hui (19 février 2009) une brève visite de travail au Canada, la secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton, est en tournée inaugurale en Asie. «J’ai choisi l’Asie pour mon premier voyage en tant que secrétaire d’Etat afin de montrer que les relations de l’Amérique avec l’autre côté du Pacifique sont indispensables pour faire face aux défis et saisir les opportunités du XXIe siècle», a-t-elle déclaré, rapporte Libération.

Les États-Unis ont nommé un gros canon à la tête de leur politique étrangère. La chef de la diplomatie américaine est une femme qu'un grand nombre d'Américains auraient choisie comme présidente. Hillary Clinton nous a averti que pour l’administration Obama, la diplomatie allait désormais reprendre ses droits, aux côtés des outils économiques, politiques, juridiques et culturels.

Ce qui signifie que le smart power - la «puissance intelligente», en quelque sorte - sera de nouveau le mot d'ordre.

Hillary Clinton a tendu la main à l’Indonésie. «L'Indonésie serait un bon partenaire des États-Unis pour tisser des liens avec le monde musulman,» a-t-elle déclaré.

Elle a souligné que Washington était déterminé à établir un nouveau partenariat renforcé avec Djakarta. Les États-Unis ont indiqué qu’ils considèrent que l’Indonésie devrait «aider les deux pays à faire face à des problèmes pressants, comme la crise économique ou les changements climatiques

Les préparatifs pandémiques n’ont pas été mentionnés, à ma connaissance, dans les articles de presse publiés à propos de la visite de Hillary Clinton en Indonésie.

Toutefois, si les États-Unis réussissent à se faire un allié de l’Indonésie, cela pourrait avoir un impact positif considérable sur les préparatifs pandémiques, étant donné que l'Indonésie est le pays le plus touché au monde par la grippe aviaire, et qu'il cumule le plus grand nombre de cas humains d'infection et de décès.

Il faudrait se demander cependant si des comportements compromettants dans le dossier des préparatifs pandémiques pourront continuer d'être tolérés (par les deux pays). Pendant la majeure partie de l’année 2008, la ministre indonésienne de la Santé, Siti Fadilah Supari, s’est démarquée par ses déclarations contre les États-Unis. Elle a même écrit un livre, Saatnya Berubah, Tangan Tuhan Dibalik Bird Flu (Il est temps de changer, la main divine derrière la grippe aviaire), dans lequel elle a allégué que Washington utilisait des échantillons de grippe aviaire partagés par des pays touchés par cette maladie pour créer des armes biologiques.

Je me suis longtemps étonnée que le président de l’Indonésie, Susilo Bambang Yudhoyono, ait laissé sa ministre de la Santé publier un tel ouvrage et répéter à de très nombreuses reprises, pendant des mois, que les États-Unis cherchaient à propager l’influenza aviaire ou à causer du tort à la vie humaine par l’utilisation d’armes biologiques du virus de la grippe aviaire.

Ce discours politique servait sans doute à quelque chose et à quelqu'un. Des élections présidentielles auront lieu prochainement en Indonésie. Le pays se prépare à de nouvelles élections législatives, en avril, et une élection présidentielle, en juillet 2009. Étant donné que les États-Unis ont changé d’administration, cela aura certainement une incidence sur les stratégies de campagne électorale de politiciens indonésiens, puisque le président Barack Obama jouit d’une l'immense popularité en Indonésie. De nombreux Indonésiens considèrent quasiment Barack Obama comme l'un des leurs, pour y avoir vécu enfant de 1967 à 1971, après le remariage de sa mère avec un Indonésien.

Selon Hillary Clinton, l'Indonésie aurait un «rôle moteur» à jouer dans la promotion des «valeurs» défendues par l’administration de Barack Obama.

Mais la promesse d'une présence américaine plus dynamique dans les institutions multilatérales s'accompagnera certainement de conditions. Le Devoir a rapporté les propos prononcés par Joe Biden (vice-président des États-Unis) la semaine dernière: «L'Amérique en fera plus. Voilà la bonne nouvelle. La mauvaise nouvelle, cependant, est que l'Amérique demandera à ses partenaires d'en faire davantage

Des conditions pourraient-elles être énoncées éventuellement? Les préparatifs pandémiques pourraient-ils se retrouver dans ce deal?

Siti Fadilah Supari. Photo source

Cela pourrait ne pas du tout être lié au timing du contexte de la présente tournée inaugurale en Asie de la chef de la diplomatie américaine, mais nous avons été informés cette semaine – justement – que la ministre indonésienne de la Santé, Sidi Fadilah Supari, sera bientôt convoquée comme témoin dans une enquête sur des allégations de corruption au sein du ministère de la Santé, par la Commission d'éradication de la corruption.

Depuis 1998, un total de 128 milliards de Rp – soit 10,88 millions de dollars - du budget du ministère indonésien de la Santé, auraient été détournés.

Le quotidien 7sur7 Belgique a rapporté que le 16 février 2009, l'ex-gouverneur de la banque centrale d'Indonésie a été condamné en appel à cinq ans et demi de prison dans une affaire de corruption. Burhanuddin Abdullah a été jugé pour avoir, avec d'autres responsables de la banque centrale, détourné quelque 10,3 millions de dollars pour distribution de pots-de-vin.

Notez qu’il s’agit quasiment du même montant des allégations portées contre la ministre Supari.

Si un gouverneur de banque a été condamné, quelles sont les chances que la ministre Supari le soit également?

Toutefois, le Figaro a rapporté le 11 février 2009 que le fils cadet de l’ancien président indonésien Suharto avait été blanchi d’accusations de corruption. Cette affaire impliquait un détournement présumé de 400 millions de dollars.

On parlait ici du fils de l'ex-président, et la somme d'argent impliquée était un peu plus rondelette.

La corruption est presque considérée comme une maladie en Indonésie, un pays qui se positionne au 143ième rang sur l’échelle de la transparence internationale, d’après BBC News. J’ai été étonnée d’apprendre que l’Indonésie se classe à peine quelques rangs avant le Zimbabwe.

Les incidences de corruption ne sont pas prêtes de disparaître. Le Jakarta Post a averti que la corruption pourrait continuer à grimper et que de nombreux autres décideurs indonésiens pourraient être pris dans des scandales de corruption, étant donné qu’aucune région du pays de n’est encore engagée à mettre en œuvre le plan d’action d’élimination de la corruption du président Susilo Bambang Yudhoyono.

Alors, qu'en pensez-vous? Les allégations de corruption portées contre la ministre de la Santé, Siti Fadilah Supari, surviennent-elles en pure coïncidence, ou se pourrait-il que ce qui se passe puisse avoir un petit quelque chose à voir avec le vent de changement qui souffle sur les politiques étrangères? En 2008, Mme Supari a fait la pluie et le beau temps, et personne n'a semblé avoir trouvé à redire contre elle au sein du cabinet du président Yudhoyono.

Mais les temps changent…

Les États-Unis ont maintenant un président qui maîtrise le bahasa (la langue parlée en Indonésie).

De gros changements sont déjà survenus (la fermeture de Guantanamo Bay, à Cuba, entre autres).

D’autres changements ont été promis.

Le secrétaire d'Etat indonésien, Hatta Radjasa, a estimé que l'Indonésie souhaite construire une relation ferme avec les États-Unis. «Nous devons saisir cette opportunité pour construire une relation ferme basée sur le respect mutuel qui nous sera bénéfique», a-t-il expliqué.

Et en novembre dernier, le président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono a également fait appel, au cours d'une visite à Washington, à une «relation stratégique» avec les États-Unis.

Jonah Blank, le principal conseiller politique de l'Asie du Sud de la Commission sénatoriale des affaires étrangères, a déclaré que Barack Obama avait une «occasion en or» de faire de l'Indonésie un allié crucial des États-Unis.

Cette «occasion en or» pourrait-elle servir à d'autres sauces, comme aux préparatifs pandémiques?

Pourrions-nous espérer, dans le présent contexte politique annonçant des changements considérables aux politiques étrangères de nombreuses nations, que l’impasse concernant le partage des souches du virus de l’influenza aviaire - un véritable cul-de-sac international, où l’Indonésie et les États-Unis n’ont cessé de se chamailler sur arrière-fond de nouvelles concernant NAMRU-2 - soit enfin DÉNOUÉE au cours des prochains mois?

19 février 2009

6 éléments de gestion Web 2.0 qui ont du succès, d’après McKinsey


Un article publié le 18 février 2009 dans McKinsey Quarterly (prestigieux magazine publié quatre fois par année par la firme internationale de consultation McKinsey), intitulé “Six Ways to make Web 2.0 work” (Six éléments de gestion Web 2.0 qui ont du succès) est considéré comme un point de basculement, et aura sans doute beaucoup d’influence dans le milieu des affaires.

Cet article s’adresse aux entreprises, mais le discours s’applique aussi aux gouvernements.

Si le gouvernement du Québec voulait seulement se donner la peine d’appliquer ces impératifs de gestion des médias sociaux en lien avec les préparatifs pandémiques, tout le monde y gagnerait au change.

Voici des extraits de McKinsey.
[TRADUCTION] «Nous avons découvert qu’à moins qu’un certain nombre de facteurs de succès ne soient présents, les efforts pour développer le Web 2.0 échouent souvent au moment du lancement ou de l’atteinte des objectifs espérés d’utilisation. Les cadres qui doutent, ou qui sont mal à l’aise avec les changements ou les risques perçus, évitent souvent que des efforts 2.0 soient déployés. D’autres échouent, parce que les gestionnaires ne connaissent tout simplement pas la façon d’encourager le type de participation qui produira des résultats significatifs.

Afin d’aider les entreprises [gouvernements] à naviguer dans le paysage du Web 2.0, nous avons identifié six facteurs critiques qui influent sur le résultat des efforts déployés pour mettre en œuvre ces technologies.

1. Le passage à une culture «bottom-up» a besoin d’être soutenu par le haut.

2. Les meilleures utilisations proviennent des utilisateurs eux-mêmes – mais cela exige du soutien dans le processus. Lors de campagnes antécédentes de technologies de l’information, identifier et prioriser les applications qui génèrent le plus de valeur pour l’entreprise était relativement simple.

3. Ce qui est dans le flux de travail [workflow] est utilisé. Peut-être en raison de la nouveauté des initiatives Web 2.0, elles sont souvent considérées comme étant distinctes du travail régulier. Les générations précédentes de technologies, en revanche, ont souvent explicitement remplacé les outils utilisés par les employés pour accomplir des tâches. Ainsi, l’utilisation du Web 2.0 et la participation à des communautés de travail en ligne devient simplement une autre tâche à faire, sur une liste déjà très encombrée de tâches.

4. Adressez-vous aux égos et aux besoins des participants, et non pas uniquement à leur porte-monnaie. Les incitatifs traditionnels de gestion ne sont particulièrement pas utiles pour encourager la participation. L’adoption de technologie antécédente pouvait facilement être guidée par des techniques, telles que la gestion des objectifs, de même que des bonus standards de rémunération ou de rétroaction individuelle. L’échec des employés d’avoir recours à une application mandatée affectait leurs paramètres de performance et d’évaluation. Ces méthodes ont tendance à ne pas fonctionner lorsqu’elles sont appliquées à des technologies participatives. Dans une tentative ratée, un des leaders en matière de Web a établi des critères d’évaluation qui comprenaient la fréquence des messages survenant dans un wiki venant d’être lancé par l’entreprise. Alors que des individus publiaient suffisamment de message pour rencontrer les critères établis, les contributions étaient généralement de qualité peu élevée. De même, une firme de services professionnels a tenté d’appliquer une gestion de pression régulière afin d’obtenir des individus qu’ils affichent sur les wikis. La participation a augmenté lorsque les gestionnaires ont effectué de fréquents commentaires [feed-back], mais n’a jamais atteint des niveaux d’auto-entretenue.

5. La bonne solution vient avec les bons participants. Cibler les utilisateurs qui peuvent créer une masse critique de participation, de même qu’une valeur ajoutée est un autre facteur de succès. Avec les technologies participatives, il est loin d’être évident quels individus constitueront les meilleurs participants. Sans les bonnes bases, les efforts s’avèrent souvent inefficaces. Une entreprise pharmaceutique a tenté de générer des idées pour de nouveaux produits en s’appuyant sur les suggestions des visiteurs de son site Internet corporatif. L’entreprise a vite réalisé que la plupart des participants ne possédaient ni les compétences ni les connaissances pour faire de telles contributions, de sorte que la qualité des idées s’est avérée très faible.

6. Équilibrez le «top-down» avec l’auto-gestion du risque. Une raison commune pour l’échec de la technologie participative est la gêne que cela procure, ou même la peur. Dans certains cas, le manque de contrôle de gestion concernant la nature et le pouvoir de dissidence de l’auto-organisation est perçu comme étant un problème. Dans d’autres cas, ce sont les répercussions potentielles de contenu – à travers des blogues, des réseaux sociaux et d’autres avenues – qui sont perçues comme étant préjudiciables. De nombreux dirigeants, que nous avons interrogés, ont indiqué que les initiatives ont été bloquées par des préoccupations juridiques et de ressources humaines. Ces risques diffèrent sensiblement de ceux observés lors de l’adoption de technologies précédentes, où le principal point négatif consistait en un coût élevé et une mauvaise exécution. Les entreprises [ou gouvernements] ont souvent du mal à maintenir le juste équilibre entre la liberté et le contrôle. Certaines organisations, en essayant de tenir compte des nouveaux standards du Web, ont adopté des politiques de laisser-faire [en français dans le texte original] total, en évitant les contrôles les plus élémentaires de filtrage des messages inappropriés. Dans certains cas, ces organisations se sont brûlées.

L’acceptation des technologies Web 2.0 au sein des entreprises est à la hausse. Encourager les technologies participatives exige que de nouvelles approches rompent avec les méthodes utilisées jusqu’à ce jour pour déployer les technologies de l’information. Les chefs d’entreprises [les décideurs] doivent d’abord revoir leurs pratiques actuelles. Une fois qu’ils se sentiront à l’aise avec un certain niveau de perturbation contrôlée, ils pourront alors commencer à tester de nouveaux outils participatifs. Les impératifs de gestion que nous avons décrits ici devraient améliorer leurs chances de succès.»

18 février 2009

La visite d’Obama au Canada insufflera-t-elle une bise de transparence? Ben voyons donc!

Stephen Harper, Barack Obama. Photo source

Le président des États-Unis, Barack Obama visitera demain (19 février 2009) le Canada en quatrième vitesse. Il ne passera que quelques heures en sol canadien.

Christina Spencer du Sun Media rapporte que la venue d’Obama inspire une soif de transparence chez les Canadiens:
«La promesse de Barack Obama de rendre des comptes et de diriger un gouvernement transparent fait vibrer une corde sensible chez les Canadiens, puisque les trois quarts d'entre eux désirent que le gouvernement fédéral soit sujet à une plus grande surveillance publique.

Cette soif pour un gouvernement moins opaque est répandue à l'échelle du pays, révèle un sondage Léger Marketing pour le compte de Sun Media.

«Règle générale, les gens ne veulent pas d'un gouvernement qui cultive le secret ou qui se cache derrière des portes closes» dit Dave Scholz, qui est vice-président chez Léger.

«Compte tenu de tout ce qui s'est passé au sein du gouvernement canadien depuis le mois d'octobre, de toutes ces discussions à huis clos, des développements entourant la formation d'une coalition, nous sommes maintenant vraiment incertains de ce qui se passe au sein de notre gouvernement.»

Les Canadiens qui entendent Obama promettre plus de transparence au sujet des activités gouvernementales aux États-Unis s'interrogent sur les pratiques du leur gouvernement, analyse M. Scholz. «Les trois quarts d'entre nous disons: 'Oui, nous avons besoin de cela nous aussi'.

Tout de suite après son entrée en fonction en janvier, Obama a ordonné aux agences gouvernementales de pécher par excès de responsabilité et d'ouverture.

La US Freedom of Information Act, qui régit la divulgation de l'information détenue par le gouvernement, «doit être administrée avec une présomption: face au doute, c'est l'ouverture d'esprit qui prévaut», a indiqué Obama dans une directive officielle.

Beaucoup de partisans d'un gouvernement ouvert estiment que c'est la philosophie opposée qui a prévalu au Canada.

Selon le sondage Léger, 76% des Canadiens pensent que le gouvernement fédéral devrait permettre un examen public de ses activités. Seulement 12% pensent que le gouvernement est déjà assez transparent et seulement 3% pensent que le gouvernement devrait dépenser l'argent comme bon lui semble, sans transparence.

Cette soif pour davantage de transparence est grande dans toutes les régions du pays, dit M. Scholz.

«Nous avons finalement trouvé quelque chose sur laquelle toute la population canadienne peut tomber d'accord: lorsqu'il s'agit du gouvernement, nous voulons plus de transparence.»

Le sondage Léger a été réalisé auprès de 1501 personnes a été menée entre les 11 et 15 février. La marge d'erreur est de 3,1%, 19 fois sur 20.».


Je suis étonnée d’apprendre que les trois quarts de la population canadienne souhaite qu’il y a davantage de transparence dans les activités gouvernementale.

Bien entendu, j’espère que la visite de Barack Obama changera quelque chose au pays, mais je n’y crois pas tellement. Lorsqu’il y a eu des coupures budgétaires dans le secteur culturel, il y a eu énormément de protestations. Mais cela n’a absolument rien changé.

La conclusion de l’article de Guy Taillefer intitulé «Recherche – Les affaires avant tout» publié aujourd’hui dans Le Devoir, me fait penser que le changement tant espéré concernant plus de transparence pourrait ne jamais survenir, tant que la présente administration Harper demeurera en poste. «Pire encore est le fait qu'ils sont totalement imperméables au tollé que leurs décisions provoquent.»

Totalement imperméables.

Les groupes écologistes sont complètement dans l'erreur, à mon avis, en s’imaginant que la visite du président Barack Obama aura pour effet d’ouvrir les yeux du premier ministre canadien Stephen Harper. Je crois que ce qui suit est un tantinet naïf:
«Si le Canada ne change pas de cap, il fera mauvaise figure par rapport aux États-Unis en ce qui concerne les changements climatiques et d'autres enjeux environnementaux, dénoncent des groupes écologistes.

«Nous avons bon espoir qu'à l'occasion de la rencontre, le premier ministre prendra conscience du gouffre qui se forme entre le sérieux de l'action qu'entreprennent les États-Unis pour s'occuper des changements climatiques, sous le président Obama, et ce que nous avons vu au Canada», a affirmé Matthew Bramley, de l'Institut Pembina.»

Préparons-nous, car le manque de transparence, que nous considérons comme inacceptable actuellement au Canada, pourrait même empirer, au lieu de s’améliorer.

«On espère que l'électorat canadien -- et le système parlementaire dans lequel il lui faut choisir son gouvernement -- ne leur donnera jamais de majorité,» a indiqué Guy Taillefer.

Considérez-moi comme une pessimiste si vous le souhaitez, je n’ai guère plus d’espoir que l’ordre des choses soit ébranlé. Je pense que l’époque où l’optimisme était à la mode est bel et bien révolue. @Peter Santilli indiquait ces mots hier sur Twitter: «So much crappy news out there. Thank goodness I'm a doom & gloomer, otherwise I'd be extremely bored right now if I were an "optimist".» [Trop de nouvelles merdiques de nos jours. Dieu merci, je suis par nature un éternel négatif, autrement, je m'ennuierais à mourir si j'étais un optimiste!]

De nos jours, être optimisme - face à la politique canadienne - serait tomber dans l'optimisme irréel. [«Optimisme irréel» est une expression employée par l’Agence canadienne d’inspection des aliments dans le document intitulé «La communication des risques et le gouvernement». Ce document décrit ce phénomène chez la population.]

Des gens pourraient se fatiguer de continuellement se battre contre le vent. À quoi tout cela rime-t-il, pourrions-nous demander avec raison, lorsque nous savons à l'avance qu'il n'y a pas d'écoute ni de volonté de transparence chez les décideurs canadiens?

17 février 2009

L’apport de la participation citoyenne apparaît comme un leurre


Il y a des domaines où l’apport de la participation citoyenne brille par son absence au gouvernement du Québec. C’est notamment le cas en ce qui concerne les préparatifs pandémiques.

J’ai appris aujourd’hui que le gouvernement du Québec n’a pas effectué de focus-group (groupe témoin) à propos du site officiel Pandémie Québec en 2008, comme cela était prévu au Plan d’action 2008-2009 du sous-comité de planification gouvernementale en cas de pandémie d’influenza (confirmé le 27 août 2008 par les services d’accès à l’information du ministère de la Sécurité publique – qui gère ce comité de planification de pandémie). Voir mon billet à ce sujet.

Il y a d'autres domaines où l’apport de la participation citoyenne apparaît comme un leurre.

J’ai su hier via Michelle Blanc, que le gouvernement du Québec «s’ouvre un peu à la consultation Web», et qu’il est possible de participer à la consultation pré-budgétaire 2009-2010 et de «se prononcer sur les enjeux économiques et financiers du Québec». Rendez-vous à cette adresse http://consultations.finances.gouv.qc.ca/fr/ et remplissez le formulaire. Vous avez jusqu’au 5 mars 2009 pour transmettre vos commentaires.

Le 30 mai, le directeur de la coordination de l’information et des mesures d’urgence, Yves Pépin, m’a informée qu’un focus-group aurait lieu à l’automne 2008. Ce projet de consultation des citoyens avait été privilégié, plutôt qu’une collaboration avec la sphère du Flublogia. Mais huit mois après le rejet du Flublogia par le gouvernement du Québec, celui-ci n’a pas encore trouvé le temps de prendre le pouls de la population.

Le projet «d’actualisation du site Internet» Pandémie Québec, également prévu au plan d’action sommaire 2008-2009, et qui devait être livré en décembre 2008, n’a pas eu lieu lui non plus.

Il y a lieu de se demander à quoi vaque, exactement, les équipes chargées de la planification de pandémie au Québec. À quoi occupent-ils leur temps, puisque deux projets (de la liste en comportant 10 dans le plan d'action) n'ont pas eu lieu en 2008, tel que prévu. Cela équivaut à 20% du travail qui devait être réalisé pendant cette période. Les salaires des fonctionnaires continuent-ils d'être versés, lorsque les livrables ne se matérialisent pas? Il faudrait aller vérifier si le reste (80%) des projets identifiés dans le plan d'action annuel ont été réalisés ou non.

Mais pendant ce temps, dans d'autres sphères gouvernementales, les choses évoluent. Le ministère du Tourisme (du même gouvernement du Québec), travaille sur un projet 2.0 et il prévoit livrer un microsite 2.0 à l’hiver 2009. Voir mon billet à ce sujet.

Monique Jérôme-Forget. Photo source

Voilà que la ministre des Finances du gouvernement du Québec, Monique Jérôme-Forget, demande une participation citoyenne dans le cadre de l’exercice budgétaire annuel.

La formule choisie n’est pas 2.0. Il s’agit d’un commun formulaire, que les gens doivent utiliser pour transmettre leur opinion. Quelle différence existe-t-il entre ce formulaire et un courriel ordinaire? Le gouvernement a rajouté une question, qui doit être répondue par un choix de réponse: «Ressentez-vous les effets de la crise économique?» Les citoyens ont quatre possibilités et doivent cocher celle qui leur convient le mieux: Oui, de façon importante; Oui, moyennement; Oui, faiblement; Non, pas du tout.

Les résultats de ce mini-sondage ne s’affichent pas dans le site du ministère des Finances, au fur et à mesure que les réponses sont transmises. Les commentaires des citoyens n’apparaissent pas non plus, au fur et à mesure qu’ils sont acheminés. Donc, nous pouvons conclure que cette «consultation» n’est pas une interaction 2.0. Nous nageons encore dans le bon vieux style 1.0, où l’information et les échanges sont contrôlés par formulaire.

Nous ne pourrons pas savoir combien de personnes participeront à cette «consultation». Nous ne pourrons pas évaluer la teneur et la qualité des commentaires qui seront fournis par des citoyens. Nous ne pourrons pas non plus évaluer si les commentaires des participants auront une incidence quelconque sur l’exercice budgétaire du gouvernement. Nous ne saurons pas également si les résultats du mini-sondage influenceront les campagnes de communication du gouvernement, lorsqu’il sera question de la perception de l’impact de la crise économique et de la récession.

Bref, c’est comme d’habitude. Nous ne saurons encore pas grand-chose.

Nous sommes encore très loin d’un véritable virage 2.0, qui conduirait à un gouvernement 2.0.

Cette invitation lancée au grand public ne signifie pas grand-chose à mes yeux, étant donné que nous n’avons aucun indice de ce qu’il adviendra des idées, suggestions et contenus soumis par la population. Il n’y a aucun moyen d’effectuer une rétroaction à partir de ce qu’auront déclaré les gens, ni de quantifier l’impact de la contribution de la société civile sur la gestion gouvernementale.

Autrement dit, nous aurons beau raconter n’importe quoi au gouvernement, rien n’indique que cela serve à quelque chose. À l’autre bout du fil, rien ne garantit qu’il y a quelqu’un à l’écoute, et rien ne garantit non plus que la pile de commentaires de cette «consultation» ne servira pas tout simplement à engraisser la corbeille à rebus.

Le focus-group concernant Pandémie Québec a-t-il eu lieu?

Je vous annonce en primeur que le focus-group qui était prévu en 2008 par Services Québec, pour évaluer le site Pandémie Québec, n'a pas eu lieu.

Ceci m’a été confirmé (dans une lettre datée du 16 février 2009) par le responsable de l'accès aux documents et de la protection des renseignements personnels de Services Québec (qui gère le site gouvernemental officiel Pandémie Québec).

J’ai demandé à recevoir, le 2 février 2009, le "Rapport d'évaluation par un groupe témoin du site Pandémie Québec". On m'a répondu: "Services Québec ne détient pas le document demandé, et ce, en raison du fait que l'exercice d'évaluation de ce site a été reporté et n'a pas été réalisé."

Ce projet était inscrit dans le plan d'action du comité de planification de pandémie. J'ai reçu une confirmation de ceci par le biais des services d'accès à l'information du ministère de la Sécurité publique.

REPORTÉ AUX CALENDES GRECQUES?

Le rejet de la sphère du Flublogia a eu lieu le 17 juin 2008. Cela fait exactement huit mois. Pas le temps de mettre sur pied un petit focus-group en 8 mois??? Une refonte du site Pandémie Québec était également prévue pour livraison en décembre 2008. Ce qui n'a pas eu lieu.

Ceci démontre une fois de plus que le gouvernement du Québec se fiche totalement de ce que pensent les citoyens des préparatifs pandémiques. Et que ce n'est surtout pas important pour cette administration de leur demander leur avis.

16 février 2009

Le prix politique du plan de relance américain ne se limite pas qu’aux préparatifs pandémiques

La sphère du Flublogia a couvert ces derniers jours la coupure drastique de 870 millions de dollars dédiés aux préparatifs pandémiques dans le plan de relance américain. Les blogueurs DemFromCT (ici) et Revere (ici) ont présenté la situation.

Le prix politique de cette coupure, pour la santé publique en général et pour l’état de préparation à une pandémie, est bien entendu extrêmement élevé. Pas seulement aux États-Unis. Cela pourrait avoir des répercussions mondiales. Voir mon billet à ce sujet.

Alors que nous nous penchons tristement sur le sort qui a été réservé ces derniers jours aux préparatifs pandémiques, force est de constater que la première victoire législative du nouveau président américain vient avec un prix conséquent pour Barack Obama. Cela pourrait lui avoir coûté sa lune de miel avec le peuple américain.

Marie-Christine Bonzom, en collaboration spéciale au quotidien Le Devoir, rapporte:
«Malgré sa première victoire au Congrès, Barack Obama n'a pas démontré le leadership qu'on attendait de lui. Ce baptême du feu législatif a été tourmenté et pourrait nuire au président américain.

Un chroniqueur du Los Angeles Times, journal de tendance démocrate, parle ainsi de «la fin d'une courte lune de miel» avec Barack Obama.

Le président n'a en effet pas su gérer le Congrès, sa majorité démocrate et son opposition républicaine. «Sa principale erreur de jugement a été de céder l'élaboration du plan de relance au Congrès, au lieu de diriger le mouvement depuis la Maison-Blanche», estime Greg Wierzinski, qui prépare un livre sur l'évolution des marchés financiers. «Le résultat est un plan gonflé, incohérent, avec quelque chose pour tout le monde», déplore cet ancien expert de la commission bancaire de la Chambre.

Par ailleurs, Barack Obama, malgré son désir d'une politique bipartisane, n'a pas rassemblé un soutien significatif dans l'opposition républicaine. «Il a laissé la rédaction du plan à la démocrate de gauche Nancy Pelosi et a cédé à une attitude arrogante qui veut que l'opposition doive s'incliner parce que nous avons gagné. Or, cette mise à l'écart des républicains attise les querelles partisanes.» Du coup, le plan de Barack Obama n'a reçu l'appui que d'une poignée de sénateurs républicains, alors que le chef de la Maison-Blanche avait espéré convaincre au moins 20 républicains à l'assemblée où il siégeait encore il y a quelques mois.

Les problèmes entourant le plan de relance venant s'ajouter notamment aux retraits de quatre candidats à des postes ministériels en raison de scandales ou de désaccords, la perplexité le cède souvent à la déception. «Jusqu'à présent, je suis déçu parce qu'Obama a compromis ses principes et fait les choses à la mode de Washington au lieu de changer Washington», confie Greg Wierzynski qui a appuyé Barack Obama le 4 novembre. «Toutes les nouvelles équipes gouvernementales ont des problèmes, mais d'habitude, ça relève du hoquet, tandis qu'avec l'administration Obama, ça ressemble à une chute d'escalier», explique-t-il.

«Le manque d'autorité d'Obama sur le plan de relance a donné aux républicains affaiblis le levier dont ils avaient besoin pour lancer une campagne agressive», écrit la chroniqueuse Kathleen Parker dans le Washington Post.»

Demain (mardi) le président Barack Obama signera le plan de relance économique de 787 milliards de dollars à Denver, a rapporté CNN. Cette signature aura lieu au Musée de la nature et des sciences, de quoi retourner le fer dans la plaie à toutes les personnes du milieu scientifique qui doivent pleurer les 870 millions de dollars qui se sont envolés.

Queues de castor

Puis jeudi à 10h30, le président Barack Obama débarquera au Canada pour sa première visite, où il rencontrera en coup de vent le premier ministre conservateur Stephen Harper, le chef libéral, Michael Ignatieff, et répondra à quatre questions lors d'une conférence de presse. Canoë a fait valoir que «Obama n’aura pas le temps pour une queue de castor

15 février 2009

Les multiples dangers des dominos économiques menacent les préparatifs pandémiques


Vendredi 13 (pour les superstitueux), l’éditeur de CIDRAP News, Robert Ross, a signé un article à propos du plan de relance économique américain allégé de l’enveloppe budgétaire dédiée aux préparatifs pandémiques de près d'un milliard de dollars. Robert Ross a conclu: «Il semblerait que le Congrès américain ferme les yeux sur les préparatifs de santé publique aux niveaux d’état et local

Pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas la petite histoire, la somme de 870 millions de dollars a été retirée du plan de relance économique. Le blogeur DemFromCT a résumé la situation dans ce billet.

Samedi 14 février (c’était le jour de la Saint-Valentin), Craig Vanderwagen, l’assistant du ministre de la Santé américain chargé des préparatifs de mesures d’urgence, a rédigé une note dans Facebook à propos de l’enveloppe budgétaire des préparatifs pandémiques du plan de relance économique américain. Il a indiqué: «Nous espérons que le Congrès américain tiendra compte de ces crédits dans l’enveloppe budgétaire régulière du ministère de la Santé et des Services sociaux (HHS), où ces sommes ont été soumises sous forme de modification [amendement] en août 2008, et qui sont actuellement à l’étude.»


Cette situation me fait penser à la campagne de communications à propos du secret de la Caramilk, ou encore au secret de l’énigmatique sourire de la Joconde de Léonard de Vinci. Tout le monde se demande ce que cela signifie. C’est un peu la même chose avec l’enveloppe budgétaire dédiée aux préparatifs pandémiques. On ne sait pas trop ce qu’il en est, et les préoccupations à propos de ces sommes d’argent sont élevées. On se demande entre autres si ces sommes ont été flushées pour de bon, ou si elles se matérialiseront via une autre enveloppe budgétaire quelconque.

Plusieurs s’inquiètent que l’effet ciseau se transforme en effet domino mondial. Alors que la crise financière mondiale se métamorphose en une récession mondiale, les décideurs sont confrontés avec de graves décisions. Tous les yeux sont désormais tournés vers les États-Unis. Je suis persuadée que ce qu’il se passera au cours des prochaines semaines (c’est-à-dire la manière dont ces questions seront gérées) aura un impact considérable sur le maintien (ou non) des budgets de préparation de pandémie de diverses nations à travers le monde.

«C’est cela», m'a répondu en français Craig Vanderwagen sur Facebook.

Il y a lieu de noter cette réponse, car bien qu’elle ne comporte que deux mots, ces deux mots-là veulent dire beaucoup.

Un article signé par Didier Heinderich (dans le Magazine de la communication de crise et sensible), intitulé «La crise entre risques et opportunités dans un monde en devenir» a retenu mon attention, et j’ai noté certains passages. Cet article commence par une citation d’Albert Camus, qui fouette comme une gifle:
« Nous sommes dans les nœuds de la violence et nous y étouffons. Que ce soit à l’intérieur des nations ou dans le monde, la méfiance, le ressentiment, la cupidité, la course à la puissance sont en train de fabriquer un univers sombre et désespéré où chaque homme se trouve obligé de vivre dans le présent, le mot seul d’«avenir» lui figurant toutes les angoisses, livré à des puissances abstraites, décharné et abruti par une vie précipitée, séparé des vérités naturelles, des loisirs sages et du simple bonheur.» [Albert Camus, La crise de l’homme, le 28 mars 1946]

Didier Heinderich décrit ensuite les dangers de la crise économique mondiale. Mais puisque tout est interdépendant, les bouleversements sociétaires qui nous affectent présentement auront un impact sur l’état de préparation du monde entier face à une pandémie. De sa plume distinguée, Didier Heinderich nous avertit à propos de plusieurs éléments concernant la crise actuelle:
Perte de confiance envers l’État et la politique
«La perte de confiance peut se révéler dangereuse à l’heure où l’intervention des États est indispensable dans la gestion de la crise, dans la régulation et le rétablissement de la confiance. La vitalité de la démocratie et des oppositions est également plus que nécessaire afin d’éviter les dérives des gouvernements acculés, dos au mur, face aux multiples attentes.

Perte de sens
À force de communication non suivi d’effet, à force de marier habilement les mots pour faire résonner chaque intervention comme autant de slogans, à force de raccourcis, à force d’indignations feintes, à force d’amalgames réalisés pour brouiller les repères et à force de storytelling alibis, les mots sont titrisés par autant de hedges funds de la communication qui misent exclusivement sur le court terme. Chaque idée véritablement nouvelle qui prend corps dans la société, à l’image du développement durable, est rapidement pervertie par la communication qui s’en empare pour la gadgétiser. Il en résulte une perte de sens et de repères jusqu’au discrédit de toute parole. Pire, toute communication responsable, pédagogique, utile à la gestion de crise se veut insipide pour l’individu hypermoderne abonné au zapping, à la communication-produit-de-loisirs dans une société que l’analyse et le doute ennuient, dans une société prête à sacrifier les intellectuels pour mieux dissimuler ses turpitudes.

Autoritarisme et repli sur soi
Le danger n’est pas uniquement économique et peut être également démocratique: les périodes de crise sont souvent propices à un autoritarisme exacerbé, réponse simpliste mais électoralement efficace. Le moindre fait divers, les manifestations contre des licenciements, l’hostilité à l’encontre de mesures draconiennes, les violences liées au désespoir peuvent devenir autant de prétextes à la promulgation de lois d’exception tout comme à la fermeture et au contrôle des frontières dans de nombreux pays. Le pire est que l’autoritarisme a généralement pour effet d’amplifier les crises tout en étant applaudi par une large part de populations en quête de boucs émissaires.»

En plus de l’effet domino pouvant jouer directement sur les budgets d’opération des nations, qui pourraient être tentées d'effectuer des coupures drastiques dans les préparatifs pandémiques, s’ajoutent donc aussi les préoccupations décrites par Didier Heinderich.

Je ne connais pas les circonstances qui ont poussé les Américains à inclure l’enveloppe budgétaire substantielle de quelque 900 millions de dollars dédiée aux préparatifs pandémiques dans le plan de relance économique. Mais la résultante, je la constate: elle est désastreuse. Je pense que les autorités américaines vont devoir concocter une monumentale stratégie politique et de relations publiques afin d'arriver à renverser le message négatif qui a été envoyé par le Congrès américain ces derniers jours au monde entier, à propos de l'idée et de la nécessité de se préparer à une pandémie d'influenza. Rappelez-vous la conclusion de Robert Ross.

Les prochaines semaines seront donc cruciales. Car la gaffe du plan de relance économique met en péril la totalité des préparatifs pandémiques effectués à ce jour. Si les budgets de pandémie se tarissent de par le monde, les défenses de l’Humanité vont tomber, au moment même où le virus H5N1 est en train de gagner la partie dans la bataille féroce que les humains lui ont livré depuis des années. Voir à ce sujet un troublant (et long) billet de Scott McPherson.

«Dire la vérité même si ça coûte, surtout si ça coûte,» disait le fondateur du Monde, Hubert Beuve-Mery. Les Américains seront-ils capables de réparer les choix maladroits liés au plan de relance économique? Réussirons-ils à éviter l'effet domino qui pourrait provoquer l’effondrement des préparatifs pandémiques à travers le monde?

La présente situation concernant le plan de relance économique est vraiment incroyable. Cela fait des années que les États-Unis se positionnent en leader mondial et poussent le monde entier à se préparer à une pandémie. Et voilà qu’une manœuvre politique risque tout faire s’effondrer, et de positionner l’Humanité dans une situation de très grande vulnérabilité face aux virus candidats au déclenchement d’une pandémie.

Vallier Lapierre

L’ami @VallierLapierre (qui a une plume admirable, lui aussi --- je vous invite à découvrir son blogue Tous complices) me répondait hier sur Twitter: «Dans le contexte actuel, ça ressemblerait aux dix plaies d'Égypte. Nous vivons une époque vraiment formidable.» Dans le sens de «très grand, important, redoutable, terrible», oui, je suis d'accord. Mais ce n'est pas, à mon avis, une époque magnifique, merveilleuse, phénoménale, prodigieuse, remarquable. À vous de choisir...

13 février 2009

Qu’ont en commun les leapfroggers, les iconoclastes, les goverati et Zonegrippeaviaire?

Mon ami Jay Deragon blogue aujourd’hui à propos du «leapfrogging» (qui consiste à brûler des étapes), la stratégie du saut d'obstacles en avant de la concurrence. Il prédit que le leapfrogging sera le point de basculement, qui permettra à l’ensemble de l’industrie d’accélérer au niveau mondial à travers les médias sociaux.
«Le leapfrogging exige que les dirigeants regardent au loin, bien au-delà des tendances et des possibilités actuelles, et qu’ils créent des stratégies imprévues et encore non envisagées dans les présentes dynamiques de marchés. Le leapfrogging exige de la foi en ce que l’on fait, et de la confiance dans les avancées technologiques, de même que la capacité d’envisager des possibilités encore non réalisées. Les véritables leaders sont ceux qui sont dotés d’un sens aïgu de l’avenir, et de la capacité de paver une route pour y faire cheminer l’ensemble de leur organisation, voire leur entière industrie, vers de nouvelles voies d'avenir qui seront développées par l’entremise des médias sociaux,» a indiqué Jay Deragon.

Ce qui me fait penser à des propos échangés ces derniers jours avec un lieutenant d’entreprise. Cette personne m’a demandé «Avez-vous une formation en communications?», et j’ai répondu «Non». Toutefois, cela ne m’a pas empêché de travailler pendant plus d’une décennie dans ce domaine (et même d’être rémunérée pour cela).

Je ne pense pas que le leapfrogging s’enseigne à l’université. On l’a ou on ne l’a pas. C’est une façon de penser, qui diffère des autres. Cela se développe sans doute avec la pratique, mais pour avoir creusé un peu la chose, et lu quelques ouvrages de neuroscientifiques (dont Iconoclast, de (mon ami) Gregory Berns), j’ai appris que le cerveau de certaines personnes est différent. Gregory Berns a indiqué que «le cerveau des iconoclastes est différent, et il diffère de trois façons distinctes. Chacune de ces trois fonctions se cartographie dans différents circuits du cerveau. Le cerveau de l’iconoclaste diffère dans la perception, la réaction à la peur, et l’intelligence sociale.»

À la question Pourquoi écrire un livre à propos des iconoclastes?, Gregory Berns a répondu:
«Parce que c’est le type de personne qui crée de nouvelles occasions dans chaque domaine, allant de la création artistique à la technologie aux affaires. L’iconoclaste incarne les traits de la créativité et de l'innovation, des choses qui ne sont pas facilement accomplies par des comités [de travail]. Il contourne l'autorité et les conventions. Il lève le nez aux règles. Mais dans un environnement adéquat, l’iconoclaste peut s’avérer un atout majeur pour toute organisation.»

Un brillant exemple d’iconoclaste québécois est Georges Brossard. Né en 1940 au Québec, il est reconnu (selon Wikipédia) comme étant un célèbre entomologiste et fondateur de l’Insectarium de Montréal. Comment savoir que Georges Brossard est un iconoclaste? Parce qu’il a d’abord entrepris une carrière de notaire jusqu’à l’âge de 38 ans. Et que sa passion pour l’entomologie s’est forgée lors de ses voyages. Il a étudié «par observation», indique Wikipédia, les insectes qu’il rencontra. En 1989, après avoir amassé plus de 250,000 spécimens, il a proposé au maire de la Ville de Montréal de l’époque, Jean Doré, de créer un insectarium à Montréal. Pierre Bourque était à ce moment directeur du Jardin botanique de Montréal. Doré et Bourque ont rapidement accepté son offre. George Brossard est fondateur de quatre autres insectariums à travers le monde, dont un à Shanghai et un autre en Afrique du Sud.

En 2004, son histoire a été immortalisée dans le film Le papillon bleu, basé sur un événement lui étant arrivé en 1987. Le rôle de Georges Brossard est joué dans ce film par William Hurt, alors que celui de la mère du jeune garçon atteint d’un cancer en phase terminale qu’il avait emmené avec lui dans la forêt tropicale pour réaliser son rêve de trouver un (papillon) morpho bleu, est joué par Pascale Buissière.

Image tirée du film Le papillon bleu. Photo source

Même s’il n’a jamais mis les pieds dans une université pour y étudier l’entomologie, Georges Brossard a néanmoins reçu les récompenses suivantes:
• En 1999, Membre de l’Ordre du Canada
Médaille du jubilé de la Reine Elizabeth II
Prix Léon-Provencher de la société d’entomologie de Québec
Médaille Louis-Riel
• Doctorat Honoris Causa en sciences à l’Université du Québec à Trois-Rivières
• Doctorat Honoris Causa en sciences à l’Université McGill.
• En 2006, - Ordre national du Québec

Il y a une quinzaine d’années, un événement s’est produit dans ma vie, et cela a fait bifurquer ma carrière vers les communications. J’ai fait des études en architecture et en histoire de l’art à l’Université McGill. Je peignais beaucoup à cette époque (je faisais des œuvres de 14 pieds de hauteur), et il fallait pour cela que j’habite dans un lieu particulier, un atelier d’artiste avec des plafonds plus hauts que les résidences. J’étais installée dans un petit espace de 500 pieds carrés, situé au coin de la rue Wellington et McGill, à Montréal, dans ce qui est devenu plus tard la Cité du multimédia.

C’était en 1992. J’ai reçu un compte de surtaxe de la Ville de Montréal, qui considérait mon logis comme étant un commerce, et me taxait au même titre que les entreprises qui généraient des revenus de leurs activités commerciales.

Ce fut l’élément déclencheur qui me propulsa dans deux années de relations gouvernementales intenses. Je n’avais jamais vraiment touché aux textes de loi auparavant, mais j’ai découvert à cette époque que j’étais naturellement douée pour lire ces documents et y déceler les zones grises. Une disposition innée, en quelque sorte.

Claude Ryan. Photo source

Claude Ryan était ministre du gouvernement du Québec chargé de la fiscalité municipale à l’époque. Il est décédé en décembre 2004. C’était un homme construit tout en rigueur et il était reconnu pour son intégrité intellectuelle et morale. Ce fut une lutte longue et difficile, mais au bout de deux années, le gouvernement du Québec a consenti à deux amendements à la Loi sur la fiscalité municipale qui ont reconnu la nature des ateliers d’artistes. Ces modifications ont permis à toutes les municipalités du Québec d’exempter les artistes de la surtaxe et de taxes municipales.

Le gouvernement du Québec a remboursé deux années rétroactives de taxes municipales payées par l’ensemble de la communauté des artistes en arts visuels. Cela correspondait à 600,000$. Tous les artistes louant des espaces commerciaux ont été remboursés.

Plusieurs municipalités du Québec ont créé des règlements qui ont exempté les artistes du domaine des arts visuels.

Par la suite, plusieurs autres domaines ont été ajoutés à ces règlements. Ce qui fait qu’encore aujourd’hui, des artistes des métiers d’art, de la danse, de la littérature, et de la musique, en plus des arts visuels, qui louent des espaces commerciaux, ne sont pas taxés par les municipalités du Québec.

Je suis fière d’avoir contribué à l’amélioration des conditions de vie et de reconnaissance des artistes au Québec. J'ai été nommée en 1993 directrice des communications du Regroupement des centres d'artistes autogérés du Québec (RCAAQ). La même année, j'ai été élue présidente du conseil d'administration de l'Association des artistes du domaine réputé des arts visuels du Québec (AADRAV). Les plans de relations gouvernementales que j'ai conçus, et qui ont été adoptés par ces deux organisations, ont conduit à l'atteinte des objectifs.

J’ai cessé mes activités artistiques en 1995. J’ai pris la décision de développer mes dons de communicatrice. J’ai pensé que cela aurait plus d’impact sur ma collectivité, si je réussissais à exploiter ces talents.

De 1995 à 2005, j'ai occupé des fonctions de consultante en communications au sein de diverses organisations et entreprises. J'ai travaillé chez Montréal International et aussi avec Marcel Junius à l'Organisation des villes du patrimoine mondial (OVPM).

J'ai travaillé aussi aux communications du Bureau de développement de l'École des Hautes études commerciales de Montréal, où j'ai appris l'art de parler à des milliers de diplômés en même temps (32,000 dans le cas des HEC à l'époque) - ce que l'on appelle les communications de masse -, et comment mettre en place des campagnes de financement de plusieurs millions de dollars. La directrice du développement de l'époque était Marie-Thérèse Chaput-Williams. J'ai participé à l'organisation de la première mission commerciale des HEC en Europe, "Euro-connexion '98".

J'ai ensuite été travailler aux communications de la Faculté des sciences infirmières de l'Université de Montréal, toujours en lien avec le développement, pour le Centre d'excellence pour la santé des femmes (CESAF). En 1999, j'ai été responsable des communications et des relations avec les communautés chez Micro-Accès Inc., une entreprise privée qui édite le portail de la famille et de l'enfance PetitMonde.com. C'est en suivant les conseils de la présidente de cette entreprise, Martine Michaud (qui elle aussi est passée par les arts avant d'en arriver aux technologies), que j'ai appris à gérer des portails verticaux d'information. On me voit ici photographiée avec l'équipe de PetitMonde. Ensuite, j'ai été gestionnaire des cinq sites Internet du Conseil des métiers d'art du Québec, qui organise notamment le salon des Salon des métiers d'art du Québec. J'ai créé deux portails d'information verticaux pour des organisations sans but lucratif du secteur culturel, avant de m'impliquer en tant qu'administrateur du forum américain FluTrackers, où j'ai construit l'arborescence de la section "Francophones des FluTrackers", avant de créer le site Zonegrippeaviaire à compter de mars 2007. J'exerce actuellement les fonctions de gestionnaire de médias sociaux, qui est un métier reconnu et de plus en plus en demande aux États-Unis.

Aujourd’hui, j’applique la même formule aux préparatifs pandémiques que celle que j’ai testée entre 1992 et 1995 sur les ateliers d’artistes. Cette fois-ci, les enjeux sont plus imposants, et ils s’appliquent non seulement aux Québécoises et aux Québécois, mais à tous les citoyens de la Francophonie, car le projet Zonegrippeaviaire.com que je pilote depuis juin 2007 rayonne auprès des nations qui parlent la langue française.

Pierre Bourque, ex-maire de Montréal. Photo source

En 1994, j’ai eu la chance de rencontrer Pierre Bourque, qui est devenu maire de la Ville de Montréal. Il s’agit du même Pierre Bourque qui a donné une chance à l’autodidacte Georges Brossard, afin que son rêve d’insectarium devienne une réalité.

J’ai commencé à créer le projet Zonegrippeaviaire en mars 2007. Le 13 juin 2007, le site a été mis en ligne, et il roule depuis ce temps. La petite communauté active qui y travaille a accumulé plus de 30,000 messages d’information. À l’automne 2007, j’ai terminé de rédiger le plan d’affaires du projet. J’ai imaginé une structure de goverati (un amalgame de secteurs sans but lucratif, corporatif et gouvernemental). J’ai réussi à ouvrir une porte en février 2008 et c’est à ce moment que le plan d’affaires de Zonegrippeaviaire a été remis aux autorités gouvernementales québécoises. Le 17 juin 2008, le gouvernement du Québec, après avoir complété le document «Les médias sociaux et la communication du risque», a rejeté toute collaboration avec la sphère du Flublogia et le site Zonegrippeaviaire, sous prétexte que les médias sociaux ne sont pas crédibles et qu’ils manquent de maturité, et pour ne pas avoir à reconnaître le reste des médias sociaux.

À l’automne 2008, aussitôt que le Quatrième rapport intérimaire mondial sur la gestion de la grippe aviaire a été publié par l’ONU et la Banque mondiale, recommandant que des préparatifs multisectoriels (incluant sociaux) soient désormais développés, j’ai de nouveau pris contact avec les autorités gouvernementales. On m’a presque répondu que je ne savais pas lire (parce qu’on a déclaré ne pas avoir vu aucune nouvelle recommandation dans le rapport de l’ONU). La position de rejet des médias sociaux a été répétée, en rajoutant que les médias sociaux ne sont pas crédibles «parce que nous ne sommes pas des médecins.»

Presque deux années se sont écoulées depuis mars 2007, le moment où j’ai commencé à construire le projet Zonegrippeaviaire. Je continue d’avoir la foi en ce projet. Je suis convaincue qu’il s’agit de la formule gagnante qui permettra de mettre des préparatifs pandémiques sociaux sur les rails. Je suis convaincue que les décideurs ont pris les mauvaises décisions concernant ce projet, et j’espère que dans un avenir rapproché, dans l’intérêt de la population québécoise, et aussi pour le rayonnement bénéfique auprès de la Francophonie, ils changeront leur fusil d’épaule.

J’ai noté que dans son article portant sur la montée des goverati, Mark Drapeau a souligné que l’ex-CIO du Département de la Défense, Dr Linton Wells II, lui rappelle souvent que les batailles au sein du gouvernement sont souvent gagnées par les personnes les plus persistantes et obstinées.

Les goverati sont certainement des plus obstinés.

Et je pense que je fais partie de ces gens-là, moi aussi.
 
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