Blogue de Lyne Robichaud

04 juin 2011

Qu'en est-il d'un «printemps américain»? (Deepak Chopra)

Deepak Chopra
On entend beaucoup parler d'un «printemps arabe». Les grands puissances industrielles se sont réunies le 26 mai lors d'un sommet du G8 en France, dominé par la révolte dans le monde arabe, le soutien de la lutte populaire pour la démocratie et la recherche d'un moyen de sortir la Libye de la guerre. Les pays du G8 s'engagent à verser 20 milliards de dollars d'aide au pays arabes post-autocratiques qui ont renversé les chefs d'État et qui se dirigent vers la démocratie. Bien sûr, le premier ministre du Canada, Stephen Harper, a contredit le président français Nicolas Sarkozy (comme d'habitude). Harper a déclaré le 26 mai que le Canada considère que l'aide doit venir des institutions financières.

Deepak Chopra est un conférencier et écrivain sur la spiritualité et la médecine corps-esprit, auteur de plus de 60 livres, dont «The Soul of Leadership, Unlocking Your Potential for Greatness» (je l'ai lu et vous le recommande). En 2010, il a reçu le Prix humanitaire Starlite «pour sa force mondiale à propos de l'empowerment de l'Humain, son enseignement contribuant à améliorer le bien-être et pour apporter la lumière dans le monde.» Chopra est récipiendaire du Prix 2010 Goi Peace (pour la paix).

Il a publié le 23 mai dans SFGate San Francisco Chronicle, un article à propos du leadership de Barack Obama, intitiulé "How about an American Spring?". Voici ma traduction en français de cet article.

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QU'EN EST-IL D'UN PRINTEMPS «AMÉRICAIN»?

Tous ceux qui ont admiré d'un bout à l'autre l'idéalisme du président Obama devraient repartir inspirés par la grandeur d'âme de son discours portant sur le «printemps arabe». Cela a servi à rassurer sa base libérale qu'il ne se contentait pas uniquement de poursuivre la politique de Bush au Moyen-Orient (c'est-à-tuer tous les terroristes, ignorer les droits humains, laisser à la dérive Israël, et garder le pétrole à flot). Il a mis le régime conservateur israélien au préavis, avec quelques alliés mineurs comme le Yémen et à Bahreïn. Ce sont les points qui pourraient faire en sorte que les pouvoirs en place se sentent nerveux pendant cinq minutes. Le reste du discours, portant sur la réforme au Moyen-Orient, s'est avéré plus problématique.

Obama a fait référence à son discours de 2009 à propos du Caire, qui se voulait une branche d'olivier tendue au monde musulman, ce qui aurait poussé les belligérants de Bush à adopter une position de «choc des civilisations». Aussi louables qu'aient pu être ces déclarations il y a deux ans, le laps de temps qui en a découlé a produit l'inertie.

Guantanamo demeure une épine dans le pied, l'Irak continue de chanceler; l'Afghanistan demeure chaotique, le Pakistan est un État acheté avec des pots de vin, essentiellement parce qu'ils ont la bombe atomique. Face à cette inertie, que peuvent faire des idéaux? Si on leur demandait, s'ils souhaitaient soutenir des mouvements de liberté en Arabie saoudite, par exemple, en échange de l'essence à 6 $ le gallon, l'Américain moyen accueillerait probablement avec joie des idéaux élevés.

Comme dans de nombreux domaines, tels que les soins de santé, l'immigration et la politique énergétique, Obama a combiné un visionnaire-en-chef avec un professeur-en-chef. Il excelle dans ces rôles, mais un président mondial a besoin qu'une nation mondiale le suive. Je ne suis pas sûr que nous en sommes vraiment là pour le moment. La politique réactionnaire a régné lors de l'élection de 2010, l'économie vacille dangereusement; les gens se retiennent (drawing in their horns). Même dans les moments opportuns, il serait difficile pour un visionnaire d'inverser les tendances d'extrême droite qui ont dominé la politique américaine depuis l'ère Reagan. En d'autres termes, sans un «printemps américain», le printemps arabe est toujours laissé à lui-même. Ce pays va continuer à soutenir les despotes et les familles royales du Moyen-Orient, nous allons exiger le libre écoulement du pétrole, ce qui revient au même que capituler totalement à d'oligarques du pétrole qui détiennent la rançon du monde; et nous n'allons pas cesser d'être le plus grand marchand d'armes du monde.

Ce n'est pas l'idéalisme qui est en cause ici, c'est l'auto-contradiction. Vous ne pouvez pas faire la paix et la guerre en même temps, être réactionnaire et visionnaire, être favorable à la réforme et à des despotes. Obama a besoin de se faufiler à travers ces contradictions. Compte tenu de son caractère, je crois qu'il essaie. Son idéalisme sonne vrai. Mais d'innombrables idéalistes se sont fracassé la tête contre les dures réalités. Le meilleur espoir que je puisse démontrer maintenant, c'est l'Inde, un endroit qui est en plein essor, même si le gouvernement est corrompu, la corruption est un mode de vie, des millions de citoyens sont analphabètes, il y mijote l'intolérance religieuse sous la surface, les élites gardent jalousement leur secret, et l'inégalité des sexes en est choquante. Obama a mentionné toutes ces choses dans son discours, et il est encourageant de constater que les peuples dépossédés du monde, en commençant par si peu, faisant face à ces obstacles déchirants, peuvent encore s'élever. La puissance silencieuse de l'idéalisme peut être en mesure d'accomplir davantage que ce que les réalistes endurcis peuvent réaliser. Espérons-le, surtout en ce moment incertain.

Deepak Chopra est l'auteur de plus de 60 livres sur la santé, réussite, relations et spiritualité, y compris "The Soul of Leadership». En savoir plus en vous, visitez www.deepakchopra.com ou www.choprafoundation.org. Suivez Deepak sur Twitter: http://twitter.com/DeepakChopra.

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