Il y a un mois, le gouvernement du Québec s’est fait apostropher comme étant «l’État techno-cancre» pour son échec de gestion du dossier d’informatisation de la santé.
Le journaliste Pierre Bergeron rapportait dans La Presse: «Le verdict du vérificateur général du Québec, Renaud Lachance, est sans appel. L'informatisation du réseau québécois de la santé ou le projet Dossier santé du Québec (DSQ) est un échec sur toute la ligne.»
J’ai rédigé une proposition de projet pilote de données ouvertes / gouvernement ouvert, contenant 5 suggestions, dont une portant sur les données du dossier santé. J’ai transmis cette proposition au leader parlementaire adjoint du gouvernement et au Vérificateur général du Québec. Il semblerait que le leader parlementaire adjoint omette le gouvernement ouvert dans son rapport d’analyse du potentiel du Web 2.0, prévu pour livraison vers la fin de l’année 2011. Je n’ai pas reçu de réponse du Vérificateur général.
Il y a eu ensuite la question des contrats d’Hydro-Québec, pointés par le Parti Québecois, où apparemment près de la moitié des contrats auraient eu un dépassement des coûts.
«Depuis l'an 2000, Hydro-Québec a accordé des contrats d'informatique qui ont coûté près de 1 milliard de dollars. Près de 40% d'entre eux ont dépassé les budgets prévus, ce qui, «en moyenne», a fait doubler la facture attendue», a rapporté Denis Lessard.
Hydro-Québec a dit que c’était des «avenants», pas des «dépassements». La ministre des Ressources naturelles a déclaré que cela «ne correspondait pas à la réalité. Personne ne sait en quoi consiste cette réalité, puisque personne n’a accès aux données. J’ai écrit à la ministre pour lui suggérer de libérer ces données dans un projet pilote de données ouvertes / gouvernement ouvert. Je n’ai pas reçu de réponse.
Cette semaine, 4 députés de l’Assemblée nationale ont démissionné du Parti Québécois (dans un premier temps, Louise Beaudoin (Rosemont), Pierre Curzi (Borduas) et Lisette Lapointe (Crémazie); et le lendemain, Jean-Martin Aussant (Nicolet-Yamaska). Le départ avec fracas des députés illustre parfaitement l'inconfort que suscite le projet de loi privé 204 sur l'amphithéâtre de Québec. «À quoi on joue?», a demandé lundi (6 juin 2011) le président de la Fédération québécoise des municipalités, Bernard Généreux. «Il y a ce sentiment que l'Assemblée nationale est en train de perdre son sens critique et d'analyse nécessaire à l'adoption d'une loi.»
Un sondage CROP indique que six Québécois sur 10 sont en désaccord avec ce projet de loi, une proportion qui grimpe à 68 % à Montréal. Pour le vice-président de CROP, «les Québécois appuient surtout les députés démissionnaires et Amir Khadir de Québec solidaire. Je crois qu'ils ont l'impression qu'ils sont les seuls à défendre le bien commun», que «personne d'autre ne le défend».
Aujourd’hui (8 juin 2011), des documents obtenus en vertu de la loi d'accès à l'information par l’Action Démocratique du Québec indiquent que le ministère de la Justice prévoit un dépassement de coût de 24,1 M$ uniquement pour la phase 1 de l'informatisation de la justice. ll va coûter 37% plus cher que prévu pour la mise en place du projet.
Il y a présentement un mandat d’analyse du potentiel du Web 2.0 au gouvernement du Québec, piloté par le leader parlementaire adjoint, Henri-François Gautrin. Un gouvernement ouvert, axé sur la transparence, participation et collaboration, permettrait d’y voir plus clair dans la gestion de ce gouvernement. En utilisant la technologie pour établir des liens entre les institutions gouvernementales et des réseaux de citoyens, le gouvernement du Québec pourrait ouvrir de nouvelles voies, pratiques et utiles pour le gouvernement et pour les citoyens, leur permettant ainsi de résoudre ensemble des problèmes. Avec un gouvernement ouvert, il devient possible de concevoir des politiques éclairées en utilisant les données en temps réel. Avec les données, il est possible de mesurer le rendement, déterminer ce qui fonctionne, et changer ce qui ne va pas. Malheureusement, le mandat d’analyse du potentiel du Web 2.0 ne semble pas inclure pour le moment les possibilités qu’offrent les données ouvertes et le gouvernement ouvert.
Voici un article de TVA Nouvelles et Argent concernant le dépassement de coût de l’informatisation de la justice.
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D’AUTRES RATÉS À L’INFORMATIQUE POUR LE GOUVERNEMENT
Alain Laforest et Gérard Samet, TVA Nouvelles et Argent, 8 juin 2011 | 17h59
L'informatisation de la justice, annoncée il y a 12 ans, connaît d'important dépassement de coûts et de délais. Il va coûter 37% plus cher que prévu pour la mise en place de la phase 1, qui n'est pas encore en fonction.
Le nouveau système informatique, doit permettre aux juges, avocats, greffiers, procureurs, policiers et même aux services correctionnels, d'échanger de l'information pour améliorer l'administration de la justice.
Selon des documents obtenus en vertu de la loi d'accès à l'information par l’ADQ, le ministère de la Justice prévoit un dépassement de coût de 24,1 M$ uniquement pour la phase 1.
Douze ans après l'annonce, la phase 1 de ce projet de 197 M$, n'est complétée qu'à 30%. En 2001, le gouvernement s'était pourtant donné jusqu'en 2006 pour rendre ce système opérationnel. Cinq ans plus tard, après 31 M$, sa mise en place accumule des ratées.
«Pensez que ça a de l'allure quand il y a 31 Hells Angels au large, qu'on dépense autant d'argent pour un système informatique qui ne fonctionne pas», souligne la critique adéquiste en matière de justice, Sylvie Roy.
La présidente du Conseil du Trésor, Michelle Courchesne, admet que la situation n’est pas normale. L'adoption jeudi de la loi sur la gouvernance et la gestion des ressources informationnelles «va éviter la répétition de ce genre de dépassement de coûts», dit-elle.
«Grâce à cette loi, ajoute la ministre, quelqu'un va coordonner et être imputable du respect des différentes étapes des projets informatiques».
Elle souligne qu’elle a exigé du ministère de la Justice que le projet d’informatisation soit amputé si sa mise en application doit entraîner un dépassement de coûts.
Le vérificateur avait des doutes
Dans son rapport de 2009, le Vérificateur général du Québec parlait d'un projet géré sans souci d'économies, reprochant au ministère de la Justice de ne pas mettre en application plusieurs saines pratiques de gestion.
Un an plus tard, le vérificateur adjoint a constaté que le ministère est incapable de s’engager à respecter les coûts et les échéanciers dans la mise en place de son nouveau système informatique.
De l'information cachée?
Dans un rapport de janvier 2011 déposé à l'Assemblée nationale, les responsables du projet confirment que la totalité du contrat a été accordée à une nouvelle firme pour compléter les travaux d’une autre compagnie dont le contrat a été annulé.
Des informations qu'on ne retrouve pas dans les documents remis à l'ADQ en mars. Sylvie Roy se scandalise: «On a enlevé un contrat de 41 M$ mentionné en deux endroits dans un document, c'est inadmissible de la part du ministre de la Justice. Je vais réclamer une enquête» dit-elle.
Un dépassement de coûts
TVA nouvelles a appris que la firme dont le contrat a été annulé est DMR.
Selon sa porte-parole, Caroline Seney, «le contrat a été rompu par le gouvernement pendant l’année 2008, six mois après que nous ayons remporté l’appel d’offres du ministère de la Justice».
Selon elle, lorsque DMR a remporté le contrat en 2008, rien n’avait été fait depuis l’annonce de 1997. DMR a réalisé l’architecture du système et a émis des recommandations après analyse détaillée.
Selon ses conclusions, il était impossible de respecter le budget alloué, sans dépassements, pour satisfaire aux demandes du Ministère. «Le gouvernement a alors annulé notre contrat et est reparti en appel d’offres». C’est la société LGS, une filiale d’IBM, qui a remporté le contrat.
Blogue de Lyne Robichaud
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