Le 2 mai, ils ont autorisé que soit annoncé leur mandat (via l’info-lettre no.3 de Government in the Lab).
Le 31 mai, ils ont répondu à quelques questions d’interview et fourni des détails à propos de leurs réflexions, et ce qu’ils préparent au cours des mois à venir.
Notez qu’il s’agit d’une publication d’information à propos de l’avancement des dossiers, en amont du processus. La République française a annoncé la création d’Etalab, avant même que les budgets soient définis, et que tous les éléments soient mis en place. Le gouvernement du Canada a lancé le projet pilote de données ouvertes / gouvernement ouvert, les 17 et 18 mars 2011 (en incluant peu de nouveaux ensembles de données) et le nouveau président du Conseil du trésor, Tony Clement, a indiqué dernièrement qu'il soutient l'initiative de Stockwell Day, et qu'il souhaite chercher à poursuivre quelques-unes de ses initiatives dans ce domaine. Espérons que cette expérience de diffusion d’information en amont sera positive pour le gouvernement du Québec, et que cela deviendra une habitude, dans l’ensemble des ministères et agences, afin de permettre aux citoyens d’avoir le temps d’interagir dans les processus de création de nouveaux programmes et définition/amélioration des politiques.
Les réponses fournies hier sont brèves, mais elles offrent quelques pistes d’information, et annoncent les étapes à franchir d’ici au dépôt du rapport final, prévu vers la fin de l’année 2011. Il reste quelques mois d’ici là pour socialiser avec le gouvernement du Québec et leur transmettre des idées et suggestions.
J’observe une progression dans leurs réflexions. J'assiste parfois à de compliquées figures de patinage dans les échanges, qui espérons-le, mèneront à des recommandations concrètes concernant les données ouvertes et le gouvernement ouvert. L'équipe de M. Gautrin a fait preuve d'ouverture jusqu'à présent.
Les mots «transparence, collaboration et participation» – mantra du mouvement du gouvernement ouvert -, ne faisaient pas vraiment partie intégrante du vocabulaire de l’équipe de M. Gautrin, il y a quelques mois. Par exemple, j’ai cherché en vain le mot «transparence» (le pilier des données ouvertes et du gouvernement ouvert), dans leurs documents, en février dernier. De quelle façon le gouvernement du Québec compte s’y prendre pour devenir davantage transparent n’est pas encore articulé. Il serait souhaitable que cet important élément soit défini prochainement. S'il existe un souci pour davantage de transparence, ceci pourrait être démontré par le lancement d'une initiative de données ouvertes et de gouvernement ouvert.
La notion de communication était déjà bien établie en février dernier. La dimension d'interaction avec les citoyens nécessite, à mon avis, davantage de travail d'analyse. L'équipe de M. Gautrin parle de «sagesse populaire», ou sagesse des foules (wisdom of crowds), ce qui est très bon signe.
Les interactions avec les citoyens: Il s’agit au premier chef d’obtenir les réactions des citoyens sur les politiques et les programmes mis de l’avant par le gouvernement. Cela permet aussi aux dirigeants de bénéficier de la sagesse populaire pour mettre de l’avant de nouveaux programmes ou de nouvelles idées.La porte s’entrouve peu à peu, et laisse davantage d’espace pour des relations de type co-production, co-analyse, co-création entre le gouvernement et les citoyens. Étant donné que la notion d'interaction est présente dans l'analyse, cela permet d'entrevoir que du travail pourrait être effectué pour définir de quelles façons puisse avoir lieu cette interaction. Pour le moment, les documents d'analyse font référence à des médias sociaux tels que Facebook. Il serait souhaitable que l'équipe de M. Gautrin recommande d'avoir recours à des plates-formes de données ouvertes et de gouvernement ouvert pour développer une relations (positive et créatrice) de co-production avec les citoyens.
Ce n'est pas clair non plus comment le gouvernement du Québec effectuera la transition entre la relation actuelle vers une relation axée sur la participation et l'interaction avec les citoyens. Pour que la magie de la sagesse populaire s'opère, il faut qu'il y ait de l'agrément dans les équipes collaboratives, afin que l'ensemble des parties se sente à l'aise et que cela s'effectue dans le respect de l'autre. Il faut aussi de la souplesse, pour permettre aux idées et contributions inattendues d'être écoutées, et intégrées dans les processus. Pour que ceci soit possible, l'ensemble des intervenants du gouvernement doit être capable de contempler la réalité, sans bifurquer vers le déni. L'interaction avec les citoyens conduit à davantage de responsabilité civile. L'interaction étant une relation bi-directionnelle (de préférence d'égal à égal, si on souhaite que fleurisse la créativité), les élus et les gestionnaires gouvernementaux doivent eux aussi démontrer de la responsabilité. Voir ma série sur le leadership: observer et écouter (leçon no. 1); établir des liens affectif (leçon no.2); être conscient (leçon no.3); l'action éclairée (leçon no.4).
Les travaux d'analyse en cours pourraient porter plus loin, en évaluant les mécanismes qui permettent de créer - par le biais de la sagesse populaire - l'idée d'un gouvernement (c'est-à-dire à tous les niveaux du gouvernement, dans toutes sphères, les projets, programmes et politiques). Qu'est-ce que la sagesse populaire? (J'appelle cela la conscience collective, ou intelligence collective.) Comment cela fonctionne-t-il? Comment peut-on gérer cela de façon consciente et efficace? M. Gautrin étant un physicien (avant d'effectuer ses mandats d'élu), il devrait être en mesure de comprendre ces questions.
Le vieux paradigme scientifique qui définissait la matière comme étant la réalité essentielle a été remplacé par un nouveau modèle de physique quantique. Les leaders gouvernementaux qui souhaitent gérer efficacement la «sagesse populaire» ou conscience collective devraient arriver à juxtaposer les fondements de la physique quantique à leur vision: cela les aiderait à comprendre pourquoi l'interaction avec les citoyens est importante, et comment faire pour la favoriser. «Nous ne sommes pas dans le monde physique. Le monde physique est en nous. Nous créons le monde physique et son expérience dans notre imagination. C'est ainsi que nous concevons, construisons, et que finalement, nos idées deviennent réalité», explique Deepak Chopra dans 'What is the connection between quantum mechanics and healing'. C'est ainsi que les citoyens, à l'aide de plates-formes et d'outils Web 2.0 appropriés, peuvent être guidés pour solutionner des problématiques. C'est ce que réussit notamment à accomplir le site OpenIdeo.
Il serait souhaitable que l'analyse du gouvernement du Québec comporte des recommandations prioritaires qui porteront sur le leadership transformationnel. Le potentiel du Web 2.0, ce n'est pas uniquement qu'une question de technologies. Les questions non-techniques, s'avèrent (à mon avis), beaucoup plus importantes. Il devrait y avoir aussi des réflexions sur les comportements appropriés, ce qui favorise l'interaction, et permet l'épanouissement des relations. Pour qu'ait lieu une interaction, l'attitude des élus, des gestionnaires et des fonctionnaires nécessite d'être modifiée. Des plans de formation d'utilisation du Web 2.0 devraient être prévus. Mais il devrait y avoir aussi une formation axée sur l'empowerment, pour expliquer aux élus et employés gouvernementaux en quoi consiste la sagesse populaire, quelle est sa nature, et de quelle façon le gouvernement peut favoriser l'empowerment (individuel, communautaire et organisationnel) afin d'en tirer les avantages et développer sa relation avec les citoyens. Voir ma série: composantes favorisant l'empowerment individuel, communautaire, organisationnel, et ce qui favorise la valorisation.
Afin que la sagesse populaire soit réellement mise à contribution, il faut davantage que des pages Facebook et des comptes Twitter. Espérons que l'équipe de M. Gautrin arrivera à articuler cela et à convaincre le reste du gouvernement de les suivre dans un projet de transformation. Une transformation en gouvernement ouvert offrirait la plus haute forme de relation possible entre le gouvernement du Québec et les citoyens.
Les mois filent rapidement. L'équipe de M. Gautrin saura-t-elle faire preuve de suffisamment d’agilité et de souplesse pour prendre en compte dans son analyse la totalité du champ des possibles, en ce qui concerne le «potentiel du Web 2.0»?
2 commentaires:
Excellent article! Ça devrait être une lecture obligatoire dans les organisations publiques. :-)
Merci, c'est un point de vue très intéressant... Je me permettrai de vous citer quand j'aborderai cette question...
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