Blogue de Lyne Robichaud

12 juin 2011

Coalition pour l'avenir du Québec, première à prendre au sérieux le gouvernement ouvert?

Hier (11 juin 2011), j'ai transmis une suggestion de gouvernement ouvert à Charles Sirois, le co-fondateur de la Coalition pour l'avenir du Québec, sur le site de la CAQ. (Voir mon billet à ce sujet.)

J'ai cité Yogi Berra, «Quand vous voyez une fourchette sur la route, ramassez-la

Je ne sais pas jusqu'à quel point on ramasse les fourchettes à la CAQ. Je n'ai pas encore eu l'occasion de discuter en personne avec ces gens, et de les voir à l'œuvre dans des dossiers relatifs au gouvernement ouvert. Jusqu'à quel point cette formation politique est-elle en mesure de saisir les enjeux d'un gouvernement ouvert, et de transformer cela en propositions concrètes? Dans l'éventualité que la CAQ devienne éventuellement un parti politique, et participe aux prochaines élections générales provinciales au Québec, cela fera-t-il parti du programme?

Si c'est pour nous concocter un gouvernement ouvert de style canadien, non merci! Les citoyens ne sont pas dupes, et savent pertinemment que les déclarations de gouvernement ouvert par Stockwell Day (voir mon billet), Tony Clement (voir mon billet) ou le Gouverneur général du Canada dans un discours du Trône (voir mon billet), ne signifient concrètement pas grand chose. Ce n'est pas pour rien que Démocratie en surveillance accorde une note de 61% au Canada pour la mise en œuvre de la législation et des programmes. Des lacunes et des failles, et une application faible, portent atteinte au système. Ce qui justifie la faible note de 61. (Voir mon billet à ce sujet.)

Aujourd'hui, j'ai reçu cette réponse de la CAQ, via Twitter: «Merci de votre suggestion Mme Robichaud. Nous prenons très au sérieux la proposition de gouvernement ouvert

La Coalition pour l'avenir du Québec est la première formation politique au Québec à répondre ouvertement dans une sorte d'affirmative, concernant des questions de gouvernement ouvert.

Je discute depuis cinq mois avec l'équipe du bureau du leader parlementaire adjoint, Henri-François Gautrin. Cinq mois à répéter les mêmes affaires. Et cinq mois à entendre les mêmes réponses. Il s'est établi une communication (je reconnais que celle-ci est privilégiée). Il y a des échanges d'information. Les interlocuteurs comprennent les enjeux. Mais est-ce que cela signifie que les questions de données ouvertes et de gouvernement ouvert sont prises au sérieux?

L'espérance ne me fait pas défaut. Il reste encore environ 5-6 mois avant le dépôt du rapport sur le potentiel du Web 2.0, commandé par Jean Charest à Henri-François Gautrin.

Même en demeurant optimiste que ce mandat d'analyse donne lieu à des recommandations d'implantation d'une initiative de données ouvertes et de gouvernement ouvert, cela repousse à 2012 quelque action dans ce domaine.

La gourou du gouvernement ouvert, Beth Noveck, a indiqué en mars dernier, lors d'un témoignage à ETHI Canada, «Soyez agiles. Favorisez les innovations qui peuvent être mises en œuvre dans un délai de 90 jours ou moins. Obligez les organisations à agir plus rapidement, découragez la bureaucratie et encouragez le remue-méninge créatif et l'innovation. Le besoin de rapidité encourage une volonté d'aller vers les autres, y compris dans le secteur public.» (Voir mon billet à ce sujet.)

Le mandat d'analyse du potentiel du Web 2.0 a débuté en octobre 2010, et se terminera vers décembre 2011, ou même possiblement après. Soit une période d'environ 15 mois, alors que Beth Noveck suggère des délais de 90 jours ou moins. Pendant toute la durée du mandat d'analyse en cours, on pourrait y planifier jusqu'à 5 périodes de 90 jours. Ce qui accorderait amplement de temps pour concevoir et implanter un projet pilote de données ouvertes / gouvernement ouvert.

Ce qui pourrait nous arriver, c'est que justement rien ne nous arrive!
Le mandat d'analyse du Web 2.0 pourrait se terminer fin 2011, début 2012, sans aucune recommandation en faveur d'un gouvernement ouvert. Le gouvernement actuel pourrait miser sur le statu quo, et axer son action sur les communications.

Au moment des élections, le PLQ pourrait être remplacé par un autre parti.

Jusqu'à quel point pouvons-nous espérer que le prochain gouvernement au Québec implante une initiative de données ouvertes / gouvernement ouvert?

Il faudrait que ces questions soient dès maintenant au cœur des préoccupations dans les débats politiques. Il faudrait que des parlementaires questionnent Henri-François Gautrin à l'Assemblée nationale sur l'avancement de ses travaux d'analyse à la rentrée en septembre, et ne le lâchent pas d'un poil jusqu'à ce qu'il publie son rapport, et qu'entre temps, il y ait des questions au premier ministre sur sa vision, pourquoi le gouvernement ouvert est exclu du mandat d'analyse du potentiel du Web 2.0, et ce qu'envisage de faire son gouvernement dans ce domaine. Il faudrait que l'Opposition réclame systématiquement une plate-forme de données ouvertes chaque fois qu'il est question de dossiers peu transparents nécessitant qu'on y voit clair. Il faudrait que chaque fois que se pose une problématique, il soit suggéré que celle-ci soit transformée en défi sur une plate-forme de gouvernement ouvert, et que les citoyens soient conviés à co-créer et co-produire des idées, à trouver les solutions qui conviennent le mieux aux situations.

Il faudrait que cela soit constamment sur toutes les lèvres.

Il faudrait que des leaders politiques s'engagent très sérieusement et s'appliquent à travailler tous les jours pour transformer l'appareil gouvernemental actuel en gouvernement ouvert. Il s'agit d'une tâche colossale, qui, comme l'explique John F Moore, «n'est pas du tout que de la technologie; la technologie en est tout simplement le catalyseur.» Je pense que ce n'est pas en fait si sorcier que cela, et qu'il s'agit avant tout d'un leadership transformationnel, qui fait cruellement défaut au Québec. J'aspire à ce que soient identifiés et formés des leaders de gouvernement ouvert au Québec.

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