Blogue de Lyne Robichaud

18 novembre 2008

Combien de temps encore le gouvernement du Québec rejettera-t-il le nouveau système d’influence?

Paru le mardi, 14 octobre 2008, dans la Gazette de Zonegrippeaviaire.com


Art Glazer, Stock Illustration RF. # 71277885, libre de droits

Je lis chaque jour l’excellent blogue de Jay Deragon, The Relationship Economy. Toutefois, il m’est arrivé une sorte réaction physique / répulsion ces derniers temps, qui a quelque peu modifié ma perception de ce genre de littérature quotidienne. Chaque fois que j’aperçois maintenant le mot «innovation» associé au domaine des médias sociaux, on dirait qu’il me pousse des boutons imaginaires de frustration. Je me dis en soupirant, «c’est bien joli tout cela», mais ce discours appliqué aux médias sociaux ne s’applique malheureusement pas au contexte du gouvernement du Québec, qui ne s’est pas positionné pas comme leader lorsqu’est venu le temps d’accueillir les médias sociaux, et qui n’a pas non plus suivi le courant du changement du développement mondial du Web 2.0. Donc, il reste la troisième option pas tellement reluisante: le Gouvernement du Québec n’est pas du tout dans le coup. Et cela a de fâcheuses répercussions sur ceux et celles qui tentent d’avancer, en dépit du déni et des barrières imposées par ceux qui nous gouvernent.

Aujourd’hui, Jay Deragon ramène naturellement son message habituel dans un autre billet à propos des médias sociaux, et de la nécessité de les intégrer si vous êtes à la tête d’une entreprise. Dans ‘Is ‘It’ a system of influence?’, il insiste sur le fait que les médias sociaux sont des systèmes d’influence. Une phrase en particulier m’a sauté aux yeux: «Appelez «cela» une mode, une «chose qui plait aux enfants» ou n’importe quoi d’autre, mais ignorer sont influence est comme déclarer que «notre entreprise n’a besoin d’aucun client».

Par les gestes qu’il a posé le 17 juin dernier, le gouvernement du Québec sous-entend que son administration n’a besoin d’aucun citoyen.

Vous vous rappelez certainement que j’ai déjà mentionné que le gouvernement du Québec a refusé de reconnaître la sphère du Flublogia et le site Zonegrippeaviaire, parce qu’il ne veut pas avoir à reconnaître les autres médias sociaux. Si vous êtes un lecteur de ce site, cela fait environ quatre mois que j’en parle… Que voulez-vous, la décision était tellement choquante et à contre-courant des tendances actuelles de la société, que je ne digère pas ce déni, venant de la part de «petits esprits, qui pensent petit, à l’unisson» (je reprends ici une phrase percutante de Revere, d’Effect Measure, et vous recommande d’ailleurs chaleureusement de lire son billet fort instructif à propos des mesures d’exportation de vaccins de grippe aviaire des États-Unis, intitulé «Cervelles d’oiseaux de grippe aviaire et cervelles de l’administration Bush»).

Comme l’indique aujourd’hui Jay Deragon, à moins que vous ne viviez isolé sur une île déserte et soyez totalement déconnecté des nouvelles, vous avez certainement dû entendre parler à quel point les médias sociaux influencent désormais les politiques, la publicité, les achats, la distribution et plein d’autres marchés et processus d’affaires.

Mais au gouvernement du Québec, ils l’ont l’affaire! Il n’est pas question d’influence: les décideurs n’ont qu’à totalement ignorer l’existence des médias sociaux, et des citoyens par le fait même. Et le tour est joué! Bouchons-nous les oreilles et fermons-nous les yeux, en espérant que le citoyens vont enfin se tanner et qu’ils nous ficheront la paix: voilà ce qu’ils se disent.

Les mois passent, et puisque le gouvernement du Québec rejette le rôle des communautés virtuelles dans les préparatifs pandémiques, de très nombreuses opportunités d’information et de sensibilisation de la population à la menace d’une pandémie sont perdues, jour après jour.


David Nabarro. Photo source

Hier, un article publié par IRIN a rapporté les propos de David Nabarro, coordonnateur sénior du système d'influenza des Nations Unies (UNSIC): «Je suis impressionné par le progrès réalisé [dans les préparatifs en vue d'une pandémie], mais je dis qu’il reste encore beaucoup à faire, en particulier dans les préparatifs multi-sectoriels. Il n’y a également pas suffisamment de préparation en ce qui concerne les conséquences plus larges sociales, économiques et politiques».

Les communautés virtuelles peuvent jouer un rôle considérable dans les préparatifs de pandémie, justement dans le secteur des conséquences plus larges sociales dont fait mention David Nabarro.

Selon le document «Les médias sociaux et la communication du risque» (celui-là même sur lequel s’est apparemment basé le gouvernement du Québec pour rejeter le Flublogia):
Une étude supportée par le National Center for the Study of Terrorism and Responses to Terrorism (START) des États-Unis a démontré qu’en situation de crise telle une pandémie, l’engagement de la communauté peut augmenter les capacités des dirigeants à gouverner durant la crise, améliorer l’utilisation et la distribution des ressources disponibles durant la crise et réduire les pertes et l’impact engendrés par la crise(32). Cette étude recommande donc aux gouvernements de favoriser non seulement la consultation, mais aussi l’engagement de la collectivité à titre de partenaire complémentaire aux grandes organisations publiques, tant pour la préparation de la crise que pour la gestion de la crise elle-même.

Selon l’article Community Engagement: leadership tool for catastrophic health event, l’infrastructure civique, - composée de la sagesse publique collective et de la capacité de la collectivité à résoudre des problèmes, des associations volontaires qui se forment spontanément à partir d’intérêts communs ou pour la protection du bien-être collectif, ainsi que des associations de services sociaux qui veillent au bien-être de divers groupes sociaux – est essentielle à la bonne gestion d’un événement de santé publique. La mise à profit des capacités de l’infrastructure civique implique l’instauration d’un dialogue structuré entre les autorités publiques et la communauté, l’implication de la communauté dans la résolution des problèmes liés à la préparation et à la gestion de la crise, et la participation de la communauté pour ce qui est des actions posées pour prévenir, gérer et régler la crise.
Pourquoi dans ce cas avoir rejeté la sphère du Flublogia? Je pense que la réponse est évidente: «Nous ne voulons pas reconnaître les médias sociaux», ce qui signifie clairement, «Notre administration n’a besoin d’aucun citoyen».

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