Blogue de Lyne Robichaud

18 novembre 2008

Le phénomène des médias sociaux pourrait ébranler la théorie des 6 degrés de séparation

Le phénomène des médias sociaux pourrait ébranler la théorie des 6 degrés de séparation. Quel impact cela pourrait-il avoir sur la planification d'une pandémie?

Paru le lundi, 8 septembre 2008, dans la Gazette de Zonegrippeaviaire.com


Hans Neleman, Digital Vision, #200530210-001. Libre de droits

Un billet de Nicolas G. paru dans PCInpact.com rapporte qu’une récente étude portant sur les médias sociaux, réalisée par le Groupe O2, une société paneuropéenne de télécommunications du domaine de la téléphonie, a révélé que la théorie des six degrés de séparation entre toute personne [Stanley Milgram et Jeffrey Travers, 1969] est ébranlée par l’intégration des médias sociaux dans notre existence.
D’après les travaux de Jeff Rodrigues du Groupe O2, «Il existe trois réseaux essentiels: la famille, les amis et le travail. Sur les réseaux sociaux, cependant, on partage des éléments de notre vie qui sont axés sur les loisirs, le quartier où l'on vit, la religion, la sexualité et la politique. Ainsi, la chaîne des six degrés par les échanges de point de vue sur ces cinq éléments tend à s'amoindrir et se résume à trois niveaux de séparation.

[…]

Quarante-cinq ans après l'étude de Stanley Migram, les résultats tendent à montrer que la manière dont nous interagissons désormais n'a jamais été aussi simple pour lier contact et nous construire des réseaux».
Je trouve que les conclusions de cette étude sont vraiment emballantes. Dans un contexte de préparatifs en vue d’une pandémie, le fait de savoir que les degrés de séparation entre les personnes sont réduits par les médias sociaux pourrait peut-être aider les planificateurs de mesures d’urgence et les gestionnaires de crise à convaincre un plus grand nombre de personnes à se préparer en vue d’une pandémie.

Peut-être avez-vous remarqué qu’il existe un seuil d’environ 10% de réponse à des campagnes de prévention de mesures d’urgence.

En ce moment, nous traversons une crise de listériose au Canada. Les autorités québécoises ont publié le 6 septembre dernier un communiqué de presse pour réitérer à la population que «la listériose est une maladie sérieuse, qui entraîne fréquemment une hospitalisation, et parfois des décès. Le ministère de la Santé et des Services sociaux rappelle l'importance de prendre certaines précautions pour éviter cette maladie.»

Je n’ai pas en main les statistiques concernant le degré de prise au sérieux de la situation et de conformité aux directives gouvernementales de la population depuis le début de la crise de listériose, mais en me basant sur les commentaires publiés dans des sites Internet de grands quotidiens, j’en déduis que ma théorie du 10% pourrait s’appliquer à la présente situation.



Lorsque le gouvernement suisse a recommandé à sa population de stocker 50 masques par personne en vue d’une pandémie, un sondage réalisé au début de 2008 par le Bureau fédéral de la santé a révélé que «seulement un Suisse sur dix s'est donné la peine de stocker des masques de protection pour être utilisés en cas de pandémie de grippe.» C’est ce qu’a indiqué Michael Coston dans son billet Des trous dans le plan pandémique suisse.

Par ailleurs, un autre billet de Michael Coston, datant de la même époque (février 2008) et intitulé L’intérêt pour la pandémie est peu élevé, révèle un sondage canadien, parle aussi de 10% de gens sensibilisés: «Seulement un sur 10 a élaboré en quelque sorte au plan de secours, que ce soit sur la manière dont leur famille y ferait face, si jamais une pandémie devait se produire

Je vais le répéter ENCORE UNE FOIS: le fait d’avoir rejeté la sphère du Flublogia et le site Zonegrippeaviaire n’était vraiment pas une décision stratégique. M. Yves Pépin, directeur de la coordination de l’information et des mesures d’urgence, le 17 juin dernier, a décidé qu'il ne serait pas reconnus par le gouvernement du Québec, «parce qu’il ne voulait pas avoir à reconnaître les autres médias sociaux». Cette décision s’est appuyée sur le document de Services Québec «Les médias sociaux et la communication du risque».

Pourtant, à la lumière des conclusions de l’étude réalisée par le Groupe O2, et les pourcentages de participation des citoyens répondant aux directives de divers États, je suis bercée par l’espoir que les médias sociaux pourraient peut-être venir à bout des obstacles qui empêchent les gens de se conformer aux directives de prévention et de préparation en vue d’une pandémie.

Il y a tellement de facteurs qui empêchent les gens d’écouter (apathie, indifférence, perte de confiance dans les autorités gouvernementales, peur de la grippe aviaire, peu de disposition pour la prévoyance et la vision à long terme, etc.), que je me dis que toutes les chances et solutions permettant d’augmenter le pourcentage de participation de la population aux directives de santé publique devraient être considérées par les autorités gouvernementales. Y compris les médias sociaux, qui réduisent apparemment de moitié les six degrés de séparation, et qui donc (selon ma logique) devraient augmenter de 50% la participation citoyenne aux mesures d’urgence…

Au lieu de 10% de participation, en utilisant le levier des médias sociaux, on arriverait peut-être à convaincre 20%, ou peut-être même davantage de gens. Face à la menace d’une pandémie, où des millions de personnes pourraient être emportées par le virus à travers le monde, ce sont des facteurs non négligeables qui devraient être intégrés dans les stratégies de planification.

Ce qui est fait depuis longtemps aux États-Unis, alors qu’au Canada, même avec un très gros marteau, il n’y aurait peut-être pas moyen de faire rentrer cela dans la caboche de n’importe quel décideur ou planificateur de pandémie!

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