Blogue de Lyne Robichaud

18 novembre 2008

Pénurie de main-d’œuvre au Québec en raison du choc démographique

La pénurie de main-d’œuvre au Québec en raison du choc démographique pourrait s’aggraver avec une pandémie et causer des torts incommensurables à l'économie

Paru le vendredi, 13 août 2008, dans la Gazette de Zonegrippeaviaire.com


Photo: Jacques Nadeau. Source

Les effets financiers d’une pandémie sur la société québécoise n’ont pas été jusqu’à présent tellement analysés par le gouvernement du Québec. La pénurie de main-d’œuvre annoncée par La Presse canadienne aujourd’hui, qui pourrait survenir dès 2013, en raison des effets d’un choc démographique, risque de gravement s’amplifier avec l’avènement d’une pandémie.

Dans sa planification de pandémie, le gouvernement du Québec prévoit que les principales personnes à risque seront les très jeunes enfants (de moins de deux ans), les personnes âgées, les femmes enceintes, et d’autres personnes atteintes de maladies telles que le VIH/sida, diabète, maladies du foie, etc. Le guide d’autosoins, version préliminaire, du gouvernement du Québec indique: «La plupart des gens en bonne santé guérissent par eux-mêmes de l’influenza. Il existe cependant des groupes de personnes à risque de développer des complications très sérieuses à la suite de la maladie

Les groupes à risque identifiés dans la planification de pandémie ne correspondent pas aux groupes atteints lors de la pandémie de 1918 de grippe espagnole, qui a frappé des gens en santé dans la force de l’âge. Nous observons le même phénomène depuis quelques années également avec le virus H5N1 de grippe aviaire, qui «aime» les enfants et qui cause des décès principalement chez les personnes âgées de moins de 40 ans. Michael Coston, dans son billet intitulé «Parce qu'ils sont jeunes», a indiqué:
De tous les cas enregistrés, environ 95% de toutes les victimes de la grippe aviaire étaient âgées de moins de 50 ans, et plus de 70% d'entre elles avaient moins de 30 ans. Pour des raisons qui ne sont pas encore totalement comprises, le virus a une prédilection pour les jeunes. La moitié de tous les cas étaient âgés de moins de 20 ans.

Avec la grippe espagnole de 1918, les jeunes adultes en santé ont souffert avec disproportion de la maladie, alors que ceux âgés de plus de 65 ans ont eu un taux de mortalité moins élevé que prévu. Alors il existe un précédent pour une pandémie dirigée vers les jeunes et les personnes en santé.

Ce virus aime les enfants, et les jeunes adultes. Notre emphase doit donc porter sur la protection des plus vulnérables de notre population.
Il est étrange de constater quels groupes à risque ont été planifiés par le gouvernement du Québec, car dans une présentation vidéo datant du 9 mars 2008 du Dr Alain Poirier, directeur national de la santé publique du Québec et sous-ministre adjoint, obtenue par Zonegrippeaviaire le 7 août dernier [et qui devrait être rendue sous peu disponible dans ce site], mentionne clairement quels ont été les groupes à risques pour la pandémie de 1918 et quelles sont les tendances d’infection du H5N1. Les autorités québécoises savent dont quelles tranches d’âges de la population pourraient être touchées lors d’une pandémie, mais les documents officiels de planification pointent vers d’autres groupes d’âge.

Si une bonne proportion des victimes la prochaine pandémie sont des gens en santé, les problèmes engendrés par le vieillissement de la population sur l’économie risquent d’être fortement amplifiés avec l’avènement d’une pandémie, et créer des manques à gagner catastrophiques pour le porte-feuille d’après-pandémie du gouvernement du Québec, si des milliers de travailleurs disparaissaient soudainement, emportés par un virus pandémique.

C’est pourquoi un révision des scénarios de pandémie s’impose, et que davantage de préparatifs à l’échelle de la société, en particulier ceux qui contribueront à renforcer l’autonomie des individus face à la menace pandémique, seraient nécessaires.


SOS main-d’œuvre
La Presse canadienne, La Devoir | Vendredi, 15 août 2008

Le Québec doit agir dès maintenant pour intégrer le maximum de citoyens au marché du travail car l'immigration et la natalité n'arriveront pas à compenser les effets du choc démographique qui est à nos portes.

Une analyse rendue publique hier par le département d'études économiques du Mouvement Desjardins démontre que l'économie québécoise aura du mal à trouver la main-d'oeuvre requise à compter de 2013.

C'est à compter de cette année, selon les projections de Statistique Canada, que la population âgée de 15 à 64 ans, celle en âge de travailler, commencera à décliner au Québec en raison des départs massifs à la retraite de baby-boomers et d'un nombre insuffisant de jeunes pour les remplacer.

L'agence fédérale précise que, même si le vieillissement de la population touche tout le Canada, le phénomène est plus marqué au Québec en raison d'un plus grand nombre de naissances durant le baby-boom. Ainsi, contrairement à celle du Québec, la population de 15 à 64 ans en Ontario et dans le reste du Canada continuera de croître à compter de 2013, quoiqu'à un rythme moins rapide.


[…]

Selon Hélène Bégin, économiste principale au Mouvement Desjardins, l'immigration ne viendra même pas près de combler les besoins.

«Les calculs des démographes de Statistique Canada montrent qu'il faudrait 300 000 immigrants par année au Québec pour empêcher une baisse du bassin de main-d'oeuvre, dit-elle. C'est à peu près l'immigration totale canadienne et c'est impossible à atteindre. Par contre, même si ce n'est pas la solution, c'est une partie de la solution.»

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