Paru le vendredi, 12 septembre 2008, dans la Gazette de Zonegrippeaviaire.com
Le ministre américain de la santé, Mike Leavitt a été invité au début de la semaine, à une rencontre des ministres de la santé des 27 États membres de l'Union européenne, qui s'est déroulée à Angers en France.
Ce n'est pas demain la veille que nous verrons Mike Leavitt être invité au Canada pour venir discuter de la grippe aviaire et de préparatifs pandémiques... Les poules risquent d'avoir des dents avant que cela se produise!
Mais même si nous savons que de telles invitations n'arriveront que dans nos rêves les plus fous, nous sommes toutefois en mesure d'apprécier les organisations et les nations qui ont assez de plomb dans la tête et de professionalisme pour planifier du mieux qu'elles le peuvent en vue d'une pandémie d'influenza.
Il y a quelques semaines, le Royaume-Uni a déclaré qu'une pandémie était désormais considérée comme la menace NUMÉRO 1 de la nation, et supplantait toutes les autres menaces.
La semaine dernière, le délégué interministériel à la Lutte contre la grippe aviaire de l'Union européenne, Didier Houssin, a déclaré quelque chose équivalent à la position des Britanniques: "Une pandémie grippale reste la principale menace qui pèse sur l'Europe en matière de santé".
La rencontre des 27 ministres de la santé permettra sans doute de niveler l'état de préparation de chacun des États membres de l'Union européenne. Cette stratégie assurera au continent européen une force égale de combat face à la menace de pandémie, et évitera que certains pays soient davantage touchés par un virus mortel, et viennent compromettre les mesures et infrastructures des autres pays limitrophes.
Il est difficile d'oublier cette citation de Julie Gerberding, experte en maladies infectieuses, directrice du Centre for Disease Control (CDC) aux États-Unis: "Nous sommes seulement aussi forts que notre lien plus faible." L'Union européenne semble apparemment déterminée à appliquer cette stratégie de renforcement et de mitigation de sa communauté d'États membres.
En ce qui concerne le gouvernement du Québec, j'ai pu vérifier lors d'une rencontre ayant eu lieu le 30 mai dernier avec deux hauts fonctionnaires en charge de la planification de pandémie, qu'ils n'ont aucune idée, ni aucun outil, qui leur permettrait de déterminer où en est rendu l'état de préparation de chacune des agences provinciales, et l'ensemble des municipalités du Québec. Le gouvernement du Québec n'a pas d'outil qui lui permette de comparer l'état de préparation des diverses régions administratives de son territoire.
Le gouvernement du Québec ne sait pas non plus où il se situe par rapport aux autres provinces canadiennes, et encore moins par rapport aux autres nations développées du monde entier. Le gouvernement du Québec est convaincu d'être "bon" et plusieurs s'imaginent qu'il figure parmi les meilleurs, et que ses préparatifs en vue d'une pandémie sont excellents. Les fonctionnaires du gouvernement ne cessent de répéter qu'ils reçoivent des louanges pour leurs travaux de planification. On ne sait pas trop d'où proviennent au juste cette pluie de louanges, mais les gens qui ont parti ces rumeurs ont fait du bon travail (mais ceux qui ont parti cela sont des vraiment bons leaders d'opinion), car cette perception erronée de l'avancement des préparatifs du Québec en vue d'une pandémie semble être partagée par de nombreux employés du gouvernement, répartis dans plusieurs ministères de l'appareil gouvernemental.
Aux États-Unis, des fondations (Trust for America’s Health (TFAH) et Infectious Diseases Society of America (IDSA)) travaillent depuis des années à mettre sur pied un système de comparaison entre les divers États qui composent les États-Unis d'Amérique. Les États reçoivent annuellement une note (sur une échelle de 1 à 10) pour leur état général de préparation. Plusieurs éléments sont évalués et les États savent en quoi ils excellent et dans quels domaines ils affichent des lacunes et nécessitent des améliorations.
À ma connaissance, il n'existe pas de système de cette nature au Canada, qui permettrait d'avoir un portrait global de l'avancement de l'état de préparation des provinces et territoires canadiens.
Le Canada fait partie d'un regroupement continental (nord-américain), et des accords ont été conclus avec les États-Unis et le Mexique à propos des préparatifs en vue d'une pandémie. Le partenariat nord-américain pour la sécurité et la prospérité comporte des clauses de coopération portant sur la grippe aviaire. Mais depuis le sommet du mois d'août dernier, qui s'est déroulé à Montebello, au Québec, il n'y a pas eu à ma connaissance d'information récente publiée dans les médias à propos de ce qu'il est advenu de cet accord. Le communiqué officiel du PSP datant du mois d'août 2007 a mentionné que "beaucoup de progrès ont été réalisés pour relever les défis auxquels font face nos trois pays nord-américains". Je trouve qu'il est difficile d'évaluer en quoi consiste exactement l'expresssion "beaucoup de progrès", et si "beaucoup de progrès" dans ce dossier a eu lieu ou non depuis un an.
Voici un article du Figaro, qui rapporte les propos de Mike Leavitt lors de sa visite en France. Le ministre de la santé a rappelé que la menace de la grippe aviaire pesait toujours, et que l'épée de Damoclès pend encore au-dessus de nos têtes, même si nous n'en entendons pas vraiment parler dans l'actualité...
Grippe aviaire: menace "toujours réelle"
9 septembre 2008 | AFP, Le Figaro
Le secrétaire américain à la Santé, Michaël Leavitt, a estimé aujourd'hui que la menace d'une pandémie liée au risque de mutation du virus de la grippe aviaire H5N1 était "toujours aussi réelle", même si elle suscite moins d'intérêt qu'au moment de son apparition en 2003.
"Le virus continue de se répandre dans le monde, il ne suit pas le gré des médias et la menace est toujours aussi réelle qu'il y a quelques années", a déclaré le ministre à l'usine Sanofi-Pasteur de Val-de-Reuil (Eure).
Il a notamment visité une unité en cours de qualification qui pourrait être mobilisée pour fabriquer en grande quantité des vaccins en cas de pandémie.
Le secrétaire à la Santé a souligné que les actions de préparation comme celles menées par Sanofi en France ou aux États-Unis ne visaient pas que le virus H5N1 mais les pandémies "en général".
Source: www.lefigaro.fr
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