Blogue de Lyne Robichaud

18 novembre 2008

Le «petitdoigtisage» du gouvernement du Québec pourrait nous coûter cher

Paru le lundi, 11 août 2008, dans la Gazette de Zonegrippeaviaire.com


Yasuhide Fumoto, Digital Vision. #82096115

Pour votre information, «Petitdoigtise» est l'expression que Nelson Dumais de Cyperpresse a utilisée dans un récent article qui remet en question la pertinence des blogues. Il a dit qu'il «petitdoigtise». Depuis lors, cette expression est reprise à coeur joie dans plusieurs billets et commentaires de blogueurs, portant sur le marketing Internet. Pour comprendre le contexte, vous êtes invités à prendre connaissance de l'article de Dumais, puis du billet de Michelle Blanc présenté ci-dessous.

Je désire remercier Mme Michelle Blanc pour son analyse à propos de l’impact des blogues d’affaires, intitulée «Certains médias spécialisés Québécois reconnaissent l’impact des blogues d’affaires». Je lis les billets de Michelle Blanc avec beaucoup d’intérêt et cela m’aide à cheminer dans mes propres réflexions concernant le statut de la blogosphère de mon domaine d’intervention.

Ce billet cite les propos d’Alain McKenna de Cyberpresse:
«Le jour où elles [les entreprises québécoises] tenteront de le faire pour agir sur le gouvernement n’est pas si loin, estime le professeur universitaire. «Ça pourrait arriver, dit-il. Il y a une authenticité, une désorganisation dans les blogues qui n’ont pas l’air feintes et qui ont un impact sur l’opinion publique.»
Cette réflexion d’Alain McKenna s’applique aux entreprises. Toutefois, il y a présentement des individus qui utilisent les médias sociaux et la blogosphère précisément dans le but d’influencer les politiques gouvernementales et de consolider le tissu social. C’est le cas notamment du Flublogia et du site www.zonegrippeaviaire.com, qui vise l’amélioration des préparatifs en vue d’une pandémie, étant donné que le Canada (et les provinces) est LE MOINS BIEN préparé à faire face à une pandémie parmi les pays développés du monde entier.

Puisque le gouvernement du Québec «petitdoigtise» présentement le Flublogia et Zonegrippeaviaire (voir Les médias sociaux et la communication du risque), j’ai été enchantée de découvrir l'étude intitulée Leadership d’opinion et communautés virtuelles: un état de l’art, de Younss Fejlaoui, du Centre de recherche en gestion, Institut d’administration des entreprises, Université des sciences sociales de Toulouse, en France, qui porte sur l’intégration du concept de leader d’opinion dans les stratégies marketing et de communication. L’auteur révèle que ce concept constitue le moyen incontournable d'approche des communautés virtuelles, qui s’avèrent être une nouvelle forme de communication avec un incontestable contre-pouvoir viral. D’après lui, les décideurs marketing NE DOIVENT EN AUCUN CAS LES DÉLAISSER. Ils doivent également tout faire pour mettre en œuvre des stratégies de communications qui leur seront adaptées.

La méthode décrite par l’auteur de l’étude pour entrer en contact avec les communautés virtuelles est la suivante: Tsang et Zhou (2005) suggèrent, comme étape préliminaire, une recherche de permission des participants leaders d’opinion afin de les contacter, dans le but de leur fournir des informations en avant-première et de leur proposer des articles promotionnels exclusifs.

L’étape suivante est celle qui permet de forger une relation à long terme avec les leaders d’opinion au sein de ces communautés, en les invitant à être des membres d’honneur dans leurs panels, ou des bêta-testeurs des nouveaux produits [ou le cas du Flublogia, des politiques et des mesures d’urgence].

Tsang et Zhou (2005) avancent que si ces stratégies sont menées correctement, les leaders d’opinion peuvent se transformer et devenir des transporteurs d’une information positive, et par conséquent, influencer les autres consommateurs [dans le cas du Flublogia, les citoyens] composant la communauté virtuelle.

Le gouvernement du Québec a échoué à appliquer la méthode Tsang et Zhou, en décrétant le 17 juin dernier que la sphère du Flublogia et le site Zonegrippeaviaire ne seront pas reconnus «pour ne pas reconnaître les autres». Une bien mauvaise décision, à mon avis, puisqu’il pourrait s’ensuivre une importante perte de crédibilité et de réputation, et générer bien plus de travail aux spécialistes en gestion de communication de crise, que le fait d’avoir composé en premier lieu avec les communautés virtuelles. La décision du gouvernement de fermer les yeux et d’ignorer l’existence des blogues et des médias sociaux, en pensant que ce sera plus simple ainsi, pourrait finalement ne pas être si simple que cela, puisque cette décision pourrait causer un besoin considérable en redressement d’image publique.

Dans la vie de tous les jours, cela n’est PEUT-ÊTRE pas si grave, mais dans le cas d’une pandémie, où il deviendra absolument crucial que la population québécoise écoute et se plie en tout point aux directives du gouvernement, cela pourrait être extrêmement dangereux. Le gouvernement du Québec fait fi des conseils du Centre de biosécurité de l’Université de Pittsburg (même s’il les cite dans son document Les médias sociaux et la communication du risque) et cela pourrait éventuellement nous coûter cher à tous, en termes de morbidité lors d’une pandémie. «Le dialogue, mettant à profit les savoirs individuels et la sagesse collective, peut également contribuer à l’élaboration de meilleures politiques de santé publique et améliorer la faisabilité, la fiabilité et l’ACCEPTATION de meilleures politiques de santé publique et améliorer la faisabilité, la fiabilité et l’ACCEPTATION des plans d’action mis sur pied.» (Monica SCHOCH-SPANA et all. «Community engagement: leadership tool for catastrophic health events», Biosecurity and Bioterrorism: Biodefense Strategy, Practice and Science, vol. 5, no. 1, 2007.)

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