Blogue de Lyne Robichaud

18 novembre 2008

Vaudrait-il mieux être une tranche canadienne de jambon cuit qu'une personne canadienne en pleine crise de listériose?

Paru le lundi, 1er septembre 2008, dans la Gazette de Zonegrippeaviaire.com


Photo source

Je désire porter à votre attention une liste / compilation des cas humains de listériose au Canada (liste MISE À JOUR 1er sept. 12h45), un travail de moine effectué hier par Mado.

Une fois la liste sous les yeux, on arrive à comprendre un peu mieux la situation, mais elle comporte tellement de cases vides que le résultat est pire que les listes de cas suspectés de grippe aviaire que nous avons vues par exemple pour l'Égypte, l'Inde et l'Indonésie.

Il n'y a pas de quoi être fier, c'est sûr! [Je ne parle pas de la compilation de Mado, mais bien du travail bâclé de nos autorités publiques.] Disperser les données à ce point nous empêche d'avoir un portrait global de la situation, à tel point qu'on peut finir par penser que la crise de listériose n'est pas si importance qu'elle en a l'air. Applaudissons,c'est réussi!

Je me demande si les autorités arriveront à donner "l'heure juste", comme le dit le nouveau ministre de la Santé Yves Bolduc. Les autorités manquent tellement de transparence dans leur gestion (publique) des cas d'épidémie, la pente est si longue à remonter avant qu'ils n'atteignent un niveau où nous pourrions les suivre avec plus de facilité, que je m'inquiète sérieusement sur ce que sera la situation pendant la pandémie d'influenza. Je suis persuadée qu'ils sont très forts dans les analyses en laboratoire, et le traitement des patients. C'est la partie des relations publiques qui laisse à désirer. Font-ils exprès pour ne rien dévoiler, ou presque? Nous n'avons qu'à observer l'extrême précision avec laquelle les autorités nous sortent des listes de produits contaminés, pour réaliser qu'il existe une trop grande disparité entre la qualité des informations concernant les produits, et la qualité des informations concernant les victimes contaminées.

Pour la tranche de jambon contaminée, les autorités nous indiquent la sorte de produit, la marque du produit, le poids de l'emballage, la date de péremption et le code de produit. Pour une mortalité causée par la listériose, de salmonelle ou de E.coli, on nous dit qu'il est survenu un cas quelque part dans l'une des provinces canadiennes. Et c'est à peu près tout. Au moins pour la tranche de jambon contaminée, l'entreprise finit par nettoyer et désinfecter la machinerie qui coupe la viande. Mais nous, consommateurs, garderons la même hantise face aux denrées qu'il faut acheter pour se nourrir et au moment de consommer autant les fruits que les légumes, la viande, les fromages, etc.

Devrait-on concocter une déclaration à la manière d'Amir Attaran, du genre:
"Il vaudrait mieux être une tranc
he canadienne de jambon cuit qu'une personne canadienne en pleine crise de listériose", pour faire comprendre aux gens qu'il existe un trop grand écart entre la gestion des éléments liés aux produits contaminés, et celle des être humains contaminés au Canada?

À quoi correspond au juste l'information qu'on nous donne à propos d'une moyenne d'âge de 79,4 ans pour les cas de la listériose cette année, et d'autres données ridiculement imprécises? La moyenne d'âge est peut-être effectivement de 79,4 pour les cas survenus entre janvier et août 2008, mais qu'en est-il de la véritable moyenne d'âge des cas survenus au cours de l'épidémie actuelle uniquement? La compilation de Mado démontre que des jeunes gens en bonne santé, de 25 ans, ont été très malades en raison de la listériose. Ils ont récupéré, c'est un fait. Ils n'ont pas été testés, c'en est un autre. Combien y en a-t-il dans le même cas?

Rappelez-vous bien des données qu'on nous sert: moyenne d'âge de 79,4 ans, ou encore une personne "d'environ 30 ans souffrant de problèmes de santé", parce que vous allez en voir à la pelletée des données de la sorte pendant une pandémie. Le manque de données précises concernant les victimes cacherait-il quelque chose? Qui sont les véritables victimes de la listériose? Étaient-elles toutes âgées de plus de 75 ans, et seraient-elles toutes mortes de toute façon, s'il n'y avait pas eu la listériose entre temps pour les achever? J'ai l'impression que nous ne saurons jamais qui sont ces personnes qui ont succombé dernièrement aux suites de la listériose... J'ai l'impression aussi que les autorités se rabattent sur le groupe à risque des aînés pour minimiser le fait que des cas de contamination pourraient survenir chez des adultes. Peut-être que je me trompe, mais je ne me sens pas à l'aise avec les coins tournés beaucoup trop ronds sur les détails qui concernent les victimes, pour avoir une confiance aveugle en les autorités.

Quand les autorités canadiennes et québécoises nous donneront-elles enfin des informations sur les cas humains d'infection qui soient claires, nettes, précises et bien détaillées... autant que pour les tranches de jambon infectées???

Aucun commentaire:

 
TwitterCounter for @Lyne_Robichaud