Blogue de Lyne Robichaud

18 novembre 2008

Quand les gens ont faim et sont désemparés, il survient des révoltes populaires

Paru le mardi, 6 mai 2008, dans la Gazette de Zonegrippeaviaire.com


Révolte populaire du 5 mai, Somalie. Source image

L’inflation galopante allant jusqu’à 375% et l’intransigeance des marchands ont soulevé le 5 mai une révolte populaire en Somalie contre les prix élevés de la nourriture. Des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue. Au moins cinq manifestants ont été tués à Mogadiscio.

Lorsqu’une population a faim et n’arrive plus à se nourrir, voilà ce qui se passe. Les gens descendent dans la rue et protestent. Les gens ne se possèdent plus lorsqu’ils ont faim ou qu’ils se sentent complètement désemparés.


Michael Osterholm, CIDRAP. Source photo

De nombreuses sources scientifiques avertissent que lors d’une pandémie, il pourrait y avoir des pénuries d'à peu près tout. Le Dr Michael Osterholm, du Center for Infectious Disease Research and Policy (CIDRAP) aux États-Unis, explique:
«Je crois que la prochaine pandémie de grippe, même de nature la plus modérée, serait l'un des événements les plus catastrophiques de santé publique de notre histoire. J'arrive à cette conclusion en raison de: l'envergure de la population mondiale actuelle (approximativement 6,5 milliards, comparée à 1,2 milliards en 1918), la probabilité d'un manque de réserve de vaccins efficaces au début de la pandémie, et l'existence de l'économie "juste-à-temps" [just-in-time], qui signifie que nous épuiserons la plupart des produits et services essentiels, comme les médicaments et les vaccins, d'autres fournitures médicales, et même la nourriture, dès les premiers jours de la pandémie». (CIDRAP News)
La nécessité de constituer une réserve stratégique de denrées alimentaires, de médicaments de base, et d’équipement de protection personnelle (PPE, c’est-à-dire masques efficaces, gants et combinaisons) pour les travailleurs de la santé afin de protéger leur vie, devient de plus en plus évidente au fur et à mesure que la crise alimentaire mondiale s’accentue.

Les administrations gouvernementales qui ne réussiront pas à regarder cette problématique en face et qui ne tenteront pas de trouver des solutions pour constituer une réserve stratégique et inciter les citoyens à se préparer individuellement, risquent fort d’avoir à composer avec des révoltes populaires. Une tragédie du genre de celle qui est survenue en Somalie pourrait être évitée et ne pas survenir dans nos localités en temps de pandémie, si des dispositions sont déployées avant une pandémie pour contrer les conséquences de notre système d’approvisionnement «juste-à-temps». Ces problématiques sont dérangeantes et nécessiteront que beaucoup d’efforts et de ressources soient mobilisés. Un jour ou l’autre, il faudra bien en venir à l’évidence et se poser les questions: Comment fera-t-on pour faire manger une population entière si l’approvisionnement est interrompu ou douteux, ou perdure pendant un long moment? Comment faire pour soigner une population dans une situation où jusqu’à 50% des gens pourraient tomber malades, si l’approvisionnement en masques et en gants est interrompu ou douteux et que le manque de protection adéquat met en danger la vie des travailleurs de la santé?

La solution réside dans le stockage «agressif» à grande échelle et dans la constitution de réserves stratégiques nationales. Des antiviraux ont bien été stockés et la population a bien réagi à cette annonce, dans plusieurs nations. Il pourrait en être de même avec les denrées alimentaires et l’équipement de protection personnelle.

Lors d'une conférence prononcée en janvier dernier, Michael Osterholm a indiqué:
«La planification est insuffisante. Les gens présument que les affaires continueront de rouler comme en temps normal - ce qui ne sera pas le cas! Et personne, incluant les médias, ne porte attention à cette question. Alors que les médias ont fait beaucoup pour rapporter des nouvelles à court terme sur la menace d'une pandémie d'influenza, ils ont largement échoué à comprendre les conséquences plus complexes, et plutôt terrifiantes, d'une maladie se propageant rapidement», a indiqué Osterholm. «Les retombées d'une pandémie d'influenza pourraient inclure des manques d'énergie massifs autour du monde, une montée subite d'autres maladies infectieuses mortelles, de nombreux décès associées à la pénurie de matériel médical et de soins, et davantage.» (World must wake up to face pandemic threat: expert, The Independant Bangladesh, 31 janvier 2008)
En décembre 2007, des chercheurs de l’Université de Sydney, Australie, ont proposé une «Bouée de sauvetage de vivres en cas de pandémie». Le site Get Pandemic Ready, Idaho, États-Unis, recommande également aux individus de stocker l’équivalent de 90 jours en eau, nourriture et en biens essentiels.

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