Blogue de Lyne Robichaud

18 novembre 2008

Une coche plus loin dans la censure des informations par les autorités gouvernementales

Une coche plus loin dans la censure des informations par les autorités gouvernementales

Paru le samedi, 6 septembre 2008, dans la Gazette de Zonegrippeaviaire.com


Jonathan Kitchen, Photographer's Choice RF, #200517052-001

Michelle Blanc a rapporté aujourd’hui que certains billets de son blogue, qui parlent du gouvernement, ont été censurés par le gouvernement fédéral. Il semblerait ne pas s'agir de tout son site, mais d'une portion de son site: certains billets qui portent spécifiquement sur le gouvernement ne sont pas accessibles à des fonctionnaires qui tentent d'accéder à certaines pages du blogue de Michelle Blanc. La populaire blogeuse du marketing Internet (le 3e blogue le plus consultée au Québec) a appris cette nouvelle étonnante via les commentaires d’un billet de Branchez-vous.

Une personne qui se surnomme le Grand maître des anonymes a commenté le billet de Michelle Blanc en révélant que «Le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec censure aussi des blogues, des sites Internet, Yahoo, Hotmail, Mediadico, etc. Il veut interdire à ses employés de consulter des sites sans lien avec la santé… C’est de la pure ingérence dans le temps libre des employés.»

Ah bon!??? Merci beaucoup, Michelle Blanc, en tout cas, d’avoir partagé cette information! Je suis abasourdie d’apprendre cela…

J’ai appris à la dure au cours des derniers mois que le gouvernement du Québec ne veut rien entendre des communautés virtuelles. La porte est complètement fermée à des collaborations avec des groupes de citoyens qui utilisent des plates-formes et outils du web 2.0 pour discuter et analyser les politiques gouvernementales. Zonegrippeaviaire.com est un exemple, mais je parie que nous ne sommes pas les seules communautés virtuelles qui souhaiteraient pouvoir bâtir une collaboration cordiale et continue avec des membres de l’administration gouvernementale, dans le but de faire avancer les mesures et diverses politiques.


Toutefois, je ne serais jamais allée jusqu’à imaginer que le refus de collaboration avec les citoyens irait jusqu’à censurer ce qu’ils ont à dire sur des blogues! Je pensais au contraire que les blogues et les commentaires de gens sur des forums ou autres médias sociaux étaient consultés de temps à autre par des fonctionnaires. J’imaginais même les décideurs en train de se payer une bonne rigolade en lisant certains de nos commentaires. J'ai même souhaité qu'ils nous répondraient.

Pour ce qui est des commentaires et informations publiés sur Zonegrippeaviaire.com, je sais pertinemment qu’ils ne sont ni lus, ni appréciés, ni retenus par les décideurs et les planificateurs: si c’était le cas, cela aurait paru quelque part dans les politiques, et je m’en serais rendu compte au fil des mois. Nous avons recueilli plus de 21,000 articles et analyses sur le site. Ce savoir rassemblé grâce à des efforts collectifs, s’il avait été consulté, aurait certainement pu servi à mieux éclairer nos décideurs et planificateurs.

Jusqu’à ce que je lise le billet de Michelle Blanc, je pensais que cette attitude d’ignorance/suffisance de la part des autorités s’appliquait uniquement au contenu hautement controversé, tel que les préparatifs pandémiques par exemple. Je pensais aussi que je n’avais pas eu de chance d’être tombée sur un "cas" (Yves Pépin), un promoteur de la pensée conservatrice.

Je voulais encore oser croire que d’autres fonctionnaires, dans d’autres ministères de l’appareil gouvernemental, pouvaient être différents de ce monsieur Pépin et ne pas penser comme lui. Comment le savoir? Je m'accrochais à l'idée que si quelqu'un d'autre avait occupé le poste de direction de la coordination de l’information et des mesures d’urgence, cette personne aurait pu sans doute prendre des décisions différentes et aurait même pu ne pas lever le nez sur les médias sociaux et la sphère du Flublogia.


Mais je ne pouvais pas m’imaginer, au grand jamais, qu’un rejet de cette nature pouvait s’étendre à d’autres domaines d'intervention et à d’autres blogueurs!

J’étais convaincue que le contrôle maniaque de l’information s’effectuait dans un sens (one way), c’est-à-dire que les autorités gouvernementales ne voulaient pas partager leur information avec le reste de la population.

Dans un document de Services Québec intitulé «Les médias sociaux et la communication du risque», le gouvernement du Québec a déclaré qu’il ne vaut pas la peine de «dépenser ni temps ni argent dans les applications du web 2.0». Michelle Blanc a découvert quelque chose de très important ici: cette mentalité ou refus d’accueillir favorablement tout développement en lien avec le web 2.0, qui cache une allergie considérable à tout ce qui s’appelle communication avec le citoyen ordinaire, semble être étendue aux employés du gouvernement, qui seraient contrôlés afin qu’ils n’aient pas accès à ce que la population pense d’eux.

Le gouvernement mettrait-il donc des visières aux citoyens pour que nous ne sachions pas ce qui se passe, et mettrait-il également des visières à ses fonctionnaires, pour qu’ils ne sachent pas comment les citoyens perçoivent le gouvernement? C’est logique! Les blogues parlent des vraies affaires et viennent du cœur. S'il fallait que des fonctionnaires apprennent ce que la population pense réellement d’eux! Vite, il faut s’empresser de «cacher ce sein», ou encore d’interdire l’accès à ce blogue-là.

Michelle Blanc semble avoir découvert un important pan d’une pratique qui pourrait être généralisée au sein de l’appareil gouvernemental, qui vient s’ajouter à d’autres pratiques peu louables à penchant plutôt totalitariste, mais malheureusement bien réelles…

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