Le Quatrième rapport intérimaire mondial sur la gestion de la grippe aviaire recommande une planification multisectorielle
Paru le dimanche, 19 octobre 2008, dans la Gazette de Zonegrippeaviaire.com
Il y a un an de cela, en novembre 2007, le Dr David Nabarro, coordonnateur du système des Nations Unies pour la grippe, avertissait déjà qu’il existait une «préoccupation majeure sur la capacité réelle des pays à activer leurs plans en cas de pandémie, sur leur capacité à impliquer d’autres secteurs que les services de santé car une pandémie aurait des implications économiques et sociales.» (Conférence de presse du coordonnateur principal du système des Nations Unies pour la grippe, David Nabarro, 29 novembre 2007)
Cette semaine, nous pouvons constater que ce discours a évolué et a été renforcé dans le Quatrième rapport intérimaire mondial sur la gestion de la grippe aviaire [Responses to Avian Influenza and State of Pandemic Readiness: Fourth Global Progress Report]. David Nabarro, l’un des plus grands experts en santé publique, a dirigé l’équipe de l’ONU et de la Banque mondiale qui a produit ce document de 105 pages, dont le synopsis a été publié dans les six langues des Nations Unies (français, arabe, chinois, anglais, russe, espagnol).
Ce document fournit les grandes lignes directrices qui vont permettre aux États du monde entier de peaufiner leurs préparatifs en vue d’une pandémie. En plus du secteur de la santé, les experts recommandent désormais une approche multisectorielle comportant les dimensions sociale, économique et politique.
Ce qui signifie que l’implication de la société civile et du secteur privé – qui était demeurée relativement limitée à ce jour – pourrait enfin prendre sa place dans les processus de planification.
Le rapport insiste pour que toutes les parties unissent leurs efforts: «Il est essentiel que les efforts de préparation nationale à une pandémie soient entrepris conjointement par toutes les parties prenantes – représentants d’organismes du secteur public, entités privées, société civile et Croix-Rouge, organisations du secteur des médias et groupes confessionnels.» (Synopsis, paragraphe 26).
Notez ici l’emploi de l’expression «organisations du secteur des médias», qui est large. On pourrait donc y inclure les médias sociaux. La sphère du Flublogia (les blogues et les forums de discussion portant sur l’influenza et les préparatifs pandémiques) font partie du Web 2.0 et sont considérés comme étant des médias sociaux.
Le rapport souligne aussi l’importance des approches de communications. Le 30 avril dernier, l’OMS a annoncé que les conseils pour aider des pays dans la préparation à la prochaine pandémie seraient révisés et il était prévu que ces directives soient éditées vers la fin de 2008. Nous sommes à la mi-octobre, alors je ne sais pas trop si le Quatrième rapport intérimaire mondial correspond à la révision annoncée au printemps. Lors de l’annonce du mois d’avril, il avait été question d’une révision du rôle des communications au cours d'une pandémie d'influenza. Voici ce qu’indique le Quatrième rapport intérimaire mondial à propos des communications:
Voilà pourquoi il importe tant que les États s’efforcent de réduire le fossé existant entre l’administration gouvernementale et la société civile. Autant les citoyens doivent apprendre à faire confiance aux planificateurs de pandémie et aux décideurs, autant ceux qui gouvernent vont devoir apprendre à confier des responsabilités de planification, d’information et de sensibilisation à des leaders d’opinion, leaders communautaires et simples citoyens. L’ère du contrôle Top-Down pourrait faire place au Bottom-Up qui est en train d’émerger, de toute façon, avec le développement du Web 2.0.
Zonegrippeaviaire a approché le gouvernement du Québec au mois de mars 2008. En juin, le gouvernement a décidé de rejeter la sphère du Flublogia et le site Zonegrippeaviaire, pour ne pas avoir à reconnaître les médias sociaux (voir le document Les médias sociaux et la communication du risque, obtenu par le biais de la Loi sur l'accès à l'information). Espérons que les décideurs québécois réviseront leur position et intégreront les nouvelles directives proposées dans le Quatrième rapport intérimaire mondial sur la gestion de la grippe aviaire.
Le Québec pourrait remonter la pente avec les actions suivantes: réviser ses positions, admettre l’importance de l’implication de la société civile dans une planification multisectorielle (Synopsis, paragraphe 22), inviter les organisations du secteur des médias à sa table de planification de pandémie (Synopsis, paragraphe 26), proposer des mécanismes de financement approprié, (Synopsis, recommandation 3) et innover en recherchant un cadre d’actions qui ferait en sorte que la prise de conscience et de la connaissance se traduise par une modification efficace du comportement de la population (Synopsis, paragraphe 18).
Paru le dimanche, 19 octobre 2008, dans la Gazette de Zonegrippeaviaire.com
Il y a un an de cela, en novembre 2007, le Dr David Nabarro, coordonnateur du système des Nations Unies pour la grippe, avertissait déjà qu’il existait une «préoccupation majeure sur la capacité réelle des pays à activer leurs plans en cas de pandémie, sur leur capacité à impliquer d’autres secteurs que les services de santé car une pandémie aurait des implications économiques et sociales.» (Conférence de presse du coordonnateur principal du système des Nations Unies pour la grippe, David Nabarro, 29 novembre 2007)
Cette semaine, nous pouvons constater que ce discours a évolué et a été renforcé dans le Quatrième rapport intérimaire mondial sur la gestion de la grippe aviaire [Responses to Avian Influenza and State of Pandemic Readiness: Fourth Global Progress Report]. David Nabarro, l’un des plus grands experts en santé publique, a dirigé l’équipe de l’ONU et de la Banque mondiale qui a produit ce document de 105 pages, dont le synopsis a été publié dans les six langues des Nations Unies (français, arabe, chinois, anglais, russe, espagnol).
Ce document fournit les grandes lignes directrices qui vont permettre aux États du monde entier de peaufiner leurs préparatifs en vue d’une pandémie. En plus du secteur de la santé, les experts recommandent désormais une approche multisectorielle comportant les dimensions sociale, économique et politique.
Ce qui signifie que l’implication de la société civile et du secteur privé – qui était demeurée relativement limitée à ce jour – pourrait enfin prendre sa place dans les processus de planification.
Le rapport insiste pour que toutes les parties unissent leurs efforts: «Il est essentiel que les efforts de préparation nationale à une pandémie soient entrepris conjointement par toutes les parties prenantes – représentants d’organismes du secteur public, entités privées, société civile et Croix-Rouge, organisations du secteur des médias et groupes confessionnels.» (Synopsis, paragraphe 26).
Notez ici l’emploi de l’expression «organisations du secteur des médias», qui est large. On pourrait donc y inclure les médias sociaux. La sphère du Flublogia (les blogues et les forums de discussion portant sur l’influenza et les préparatifs pandémiques) font partie du Web 2.0 et sont considérés comme étant des médias sociaux.
Le rapport souligne aussi l’importance des approches de communications. Le 30 avril dernier, l’OMS a annoncé que les conseils pour aider des pays dans la préparation à la prochaine pandémie seraient révisés et il était prévu que ces directives soient éditées vers la fin de 2008. Nous sommes à la mi-octobre, alors je ne sais pas trop si le Quatrième rapport intérimaire mondial correspond à la révision annoncée au printemps. Lors de l’annonce du mois d’avril, il avait été question d’une révision du rôle des communications au cours d'une pandémie d'influenza. Voici ce qu’indique le Quatrième rapport intérimaire mondial à propos des communications:
«Des approches de la communication à long terme en vue des modifications comportementales sont nécessaires, en particulier des approches adaptées aux contextes sociaux, économiques et culturels de la population. La communication en vue des modifications comportementales est un composant complémentaire essentiel de chaque aspect des activités dans le domaine de la grippe aviaire et humaine. Les populations doivent disposer des connaissances et des moyens nécessaires à la mise en pratique des recommandations. L’instauration d’une relation de confiance entre les populations et les autorités, en particulier en ce qui concerne les mesures de contrôle qu’elles prônent, jouera un rôle crucial pour permettre aux gens de se protéger contre la grippe aviaire pathogène et de limiter les conséquences potentielles de la maladie et d’autres maladies infectieuses émergentes. Des études ont confirmé que la traduction de la prise de conscience et de la connaissance sous la forme d’une modification efficace du comportement reste un défi.» (Synopsis, paragraphe 18).En lisant entre les lignes, on peut voir que ces directives incitent les États à explorer des nouvelles manières de communiquer avec la population, afin de créer un dialogue véritable qui favoriserait la confiance. La dernière phrase est assez révélatrice du prodigieux défi que pose la communication liée à une pandémie. Même si les États émettent de l’information et publient des directives, il n’est pas garanti que la population écoutera et se conformera aux directives officielles.
Voilà pourquoi il importe tant que les États s’efforcent de réduire le fossé existant entre l’administration gouvernementale et la société civile. Autant les citoyens doivent apprendre à faire confiance aux planificateurs de pandémie et aux décideurs, autant ceux qui gouvernent vont devoir apprendre à confier des responsabilités de planification, d’information et de sensibilisation à des leaders d’opinion, leaders communautaires et simples citoyens. L’ère du contrôle Top-Down pourrait faire place au Bottom-Up qui est en train d’émerger, de toute façon, avec le développement du Web 2.0.
Zonegrippeaviaire a approché le gouvernement du Québec au mois de mars 2008. En juin, le gouvernement a décidé de rejeter la sphère du Flublogia et le site Zonegrippeaviaire, pour ne pas avoir à reconnaître les médias sociaux (voir le document Les médias sociaux et la communication du risque, obtenu par le biais de la Loi sur l'accès à l'information). Espérons que les décideurs québécois réviseront leur position et intégreront les nouvelles directives proposées dans le Quatrième rapport intérimaire mondial sur la gestion de la grippe aviaire.
Le Québec pourrait remonter la pente avec les actions suivantes: réviser ses positions, admettre l’importance de l’implication de la société civile dans une planification multisectorielle (Synopsis, paragraphe 22), inviter les organisations du secteur des médias à sa table de planification de pandémie (Synopsis, paragraphe 26), proposer des mécanismes de financement approprié, (Synopsis, recommandation 3) et innover en recherchant un cadre d’actions qui ferait en sorte que la prise de conscience et de la connaissance se traduise par une modification efficace du comportement de la population (Synopsis, paragraphe 18).
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