Blogue de Lyne Robichaud

18 novembre 2008

Les médias sociaux ont conduit à la création d’un nouveau mot, «socialutions»

Les médias sociaux ont conduit à la création d’un nouveau mot, «socialutions», d’après un spécialiste américain des TI. De mon côté, je répète comme un gramophone que le Flublogia fait partie de la solution à l’amélioration des préparatifs pandémiques!

Paru le dimanche, 31 août 2008, dans la Gazette de Zonegrippeaviaire.com


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À force de répéter sans cesse la même chanson comme un vieux gramophone, surtout quand l’interlocuteur est un gouvernement qui fait la sourde oreille et volte-face, on finit par se questionner… et peut-être même se tanner, certains jours. C’est pourquoi j’apprécie les bons billets qui offrent des analyses éclairées sur la nature des médias sociaux. Ils m’aident à maintenir le cap des objectifs à atteindre.

Cela fait des mois que je répète que la sphère du Flublogia et le site Zonegrippeaviaire.com font partie de la solution à l'amélioration des préparatifs pandémiques. Je viens d’apprendre qu’un nouveau mot vient d’être inventé pour décrire le rôle des médias sociaux: ils sont des «socialutions». Aux États-Unis, cela fait belle lurette que les autorités gouvernementales de tous les paliers ont déjà compris cela (et par elles-mêmes en plus!), alors qu'ici, au Québec, le gouvernement fait une indigestion rien qu'à entendre prononcer l'expression médias sociaux.

La lecture d’un billet signé par Jay Deragon dans SocialMediaToday, intitulé “What is the Root Cause of Social Media? “ m’a permis de me remémorer un commentaire d’un fonctionnaire gestionnaire de communication de crise au gouvernement du Québec. Le 2 avril dernier, lors d’une rencontre, il m’a dit: «Les personnes qui utilisent les forums de discussion [ou médias sociaux] ont eu quelque chose dans leur passé qui les a extrêmement déçues. Elles ont eu de grandes déceptions.». Cette déclaration m’a laissée perplexe, et j’y réfléchis encore… A-t-il voulu dire que ces gens-là sont en fait des frustrés?

Cela ferait beaucoup de gens «déçus» ou frustrés, car Jay Deragon, dans le paragraphe d’introduction de son billet, affirme qu’il y a environ 500 millions de personnes engagées dans le réseautage social du web 2.0, et qu’il existerait plus de 60 millions de blogues à travers le monde discutant de tout et de n’importe quoi, par quiconque et n’importe qui.

Au second paragraphe de son analyse, il a posé les questions suivantes: «Pourquoi les leaders d’entreprises minimisent-ils cette tendance [les médias sociaux] comme s’il s’agissait de manies et d’exagération? Vous êtes-vous tout simplement demandé pourquoi?» L’auteur du billet parle des leaders d’entreprises, mais les «manies et les exagérations» [fads and hype] pourraient aisément se comparer à l’expression «grande déception» véhiculée présentement par des décideurs gouvernementaux québécois.

Savourez la réponse-analyse de Jay Deragon:
«La tendance et les marchés, qui sont présentement formés [par les médias sociaux], sont les effets de la répression d’une liberté humaine au fil du temps, qui a désormais trouvé les moyens de s’exprimer librement et sans contrainte. Lorsque nous étions enfants, on nous a dit de nous tenir tranquilles. Dès notre plus jeune âge, on nous a encouragés à ne pas parler ouvertement et à ne pas exprimer ce que nous ressentions. Rendus à l’âge adulte, on nous a montré comment survivre dans un milieu corporatif en ne parlant uniquement que le langage corporatif.

Nous sommes tout simplement fatigués de ne pas être en mesure de nous exprimer ou d’être entendus.

[…]

Nous pouvons désormais être connectés à n’importe qui et n’importe où sur la planète par le simple clic d’une souris. Nous pouvons désormais nous exprimer librement sans l’influence des institutions. Notre capacité à nous exprimer et à nous connecter a maintenant créé les moyens de discuter et d’être entendu. Nous avons finalement trouvé la voie qui nous permet d’avoir des conversations ouvertes et honnêtes, ce qui a été compromis depuis des décennies. [Paul Gillin, dans son livre “The New Influencersparle de 150 années de répression.] Un changement [shift] s'est produit. Nous sommes libérés des influenceurs traditionnels et nous sommes devenus les influents.

[…]

Désormais, les masses [de gens] sont les marchés, et les conversations ne peuvent plus être contrôlées. Ce sont plutôt les conversations des gens qui influenceront les marchés des affaires.»
OK, dans ce cas-là, il y a réellement quelque chose qui ne va pas avec la décision du 17 juin 2008 de Yves Pépin du gouvernement du Québec de ne pas reconnaître la sphère du Flublogia et le site Zonegrippeaviaire, «pour ne pas avoir à reconnaître les autres [médias sociaux]». Le gouvernement voudrait que tout reste figé dans le temps, s'accroche au passé, et refuse d'admettre que la société change. Son refus a pour effet de paralyser l'évolution des mesures et politiques de notre société.

Cette décision a eu pour conséquences que les communications sont totalement rompues entre le gouvernement du Québec et la communauté virtuelle de Zonegrippeaviaire. Nous avons multiplié les lettres, et les appels téléphoniques de suivi, il n’y a plus AUCUNE réponse provenant du gouvernement du Québec à nos (pourtant très) nombreuses questions et préoccupations concernant la mitigation de la société dans le but de mieux faire face et gérer les épidémies de maladies ou autres situations d'urgence majeures. Le gouvernement fait comme si nous n’existions tout simplement pas.

Nous avons pu observer ces derniers jours à quel point le gouvernement du Québec s’est empêtré dans sa gestion de crise concernant la listériose. Alors que le nouveau ministre de la Santé Yves Bolduc fait des erreurs monumentales, et se donne en spectacle, que le chef de l’opposition officiel Mario Dumont semble assez perdu quelque part entre le SRAS et la grippe aviaire: le portrait général qui en résulte est un fouillis et une cacophonie désolants.

Pour un gouvernement n’ayant pas une très grande expérience de gestion des épidémies graves (on peut voir présentement que ça ne marche pas très fort leurs affaires, avec la manière dont est gérée la crise de listériose), est-ce une attitude prudente et prévoyante que de rejeter une collaboration avec des citoyens, visant à mieux planifier une pandémie d'influenza (et par conséquent une épidémie très grave)? Personne, au gouvernement du Québec, n’a écrit sur son curriculum vitae qu’il possède de l’expérience en gestion de pandémie. Parce que personne n’a vécu de pandémie, à part nos arrière-grands-parents, qui ont peut-être connu la grippe espagnole de 1918, et qui sont probablement déjà tous morts. Dans ce cas, les solutions pour passer-à-travers-une-pandémie-qui-constitue-une-inconnue-pour-nous-tous ne devraient-elles pas être toutes examinées, encouragées et SOUTENUES?

Pourquoi le gouvernement s’accroche-t-il désespérément aux vieilles stratégies du passé, aux vieux paradigmes, alors qu’il a lui-même identifié, dans son document «Les médias sociaux et la communication du risque», les effets bénéfiques d’un partenariat avec les médias sociaux? Voici ce qu’indique ce document (obtenu par le biais de la loi sur l'accès à l'information):
«La concertation du public par le biais du blogue augmenterait probablement le sentiment de contrôle de la population face à la crise imminente, réduisant l’incertitude et régulant le risque de panique sociale. Rassemblant les autorités publiques et les citoyens sur un même pied d’égalité, faisant front face à la pandémie, le blogue renforcerait sans doute la cohésion entre le gouvernement et le population.»
Ne pensez-vous pas que davantage de cohésion serait souhaitable, dans la présente crise de listériose/salmonelle/E.coli qui sévit au Québec?

Une autre conséquence du rejet des applications web 2.0 et des médias sociaux est que le projet «d’actualisation du site Internet Pandémie Québec» ne comportera probablement pas de blogue ou d'autres applications web 2.0, ni aucun projet d’interaction avec la sphère du Flublogia. Zonegrippeaviaire.com a obtenu dernièrement par le biais de la loi sur l'accès à l'information le Plan d'action sommaire 2008-2009 provenant du Sous-comité de planification gouvernementale en cas de pandémie d'influenza, et a appris que la livraison du projet d’actualisation de Pandémie Québec était prévue en décembre 2008.
Ce travail d'actualisation du site gouvernemental est en quelque sorte un gaspillage «de temps et d'argent » (oui, je reprends ici la même expression employée par le gouvernement pour décrire les médias sociaux - voir la dernière phrase du document), puisqu'il se limitera probablement à d'anciennes formes de communication.

Nous (les membres de la sphère du Flublogia) sommes les mieux informés - par rapport à la majorité des citoyens - à propos de la menace d’une pandémie, de même qu'à propos des outils et des programmes développés par le gouvernement du Québec, et pourtant, le gouvernement lève le nez sur nous et se permet de nous ignorer totalement.

Jay Deragon, spécialiste en commerce électronique, communications et technologies de l’information, à Hendersonville, Tennessee, aux États-Unis, rapporte en quoi consiste la définition du nouveau mot «socialutions»:
«Le levier technologique des gens, communautés et organisations qui leur permet d’interagir avec des personnes afin de créer de nouvelles solutions à de vieux paradigmes de communications et d’interaction, sans aucune limite et à portée infinie.»
Sans aucune limite et à portée infinie... C'est plutôt rare qu'on entende cela!

Imaginez un peu à quel point notre société pourrait s’améliorer et se développer
«sans aucune limite et à portée infinie», si seulement nos gouvernements se donnaient la peine de faire confiance aux citoyens, en accueillant favorablement les médias sociaux! Et pas uniquement la sphère du Flublogia des préparatifs pandémiques, mais aussi les autres domaines, que le gouvernement du Québec n’a notamment pas voulu reconnaître.

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