Blogue de Lyne Robichaud

18 novembre 2008

En plein été, le gouvernement du Québec a trouvé le moyen d’être frileux

Il a fait savoir qu’il ne reconnaîtrait pas les médias sociaux

Paru le jeudi, 31 juillet 2008, dans la Gazette de Zonegrippeaviaire.com



Denis Paul van Chestein, dans le blogue Productivité + (http://blog.analystik.ca), décortique dans une longue analyse portant sur pourquoi les entreprises québécoises ont besoin du Web 2.0. Il mentionne Zonegrippeaviaire et le fait que les élus québécois se sont montrés jusqu’à présent très réticents et peu novateurs en ce qui a trait aux outils du Web 2.0. Il parle de courage.

Je souhaiterais alerter la population au sujet de la récente position du gouvernement du Québec par rapport aux médias sociaux, qui n'a rien de bien courageux, afin que tous les acteurs utilisant les plates-formes technologiques du Web 2.0 soient au courant de ce qui se passe (ou plutôt de ce qui ne se passe pas) et de ce que cette position ferme pourrait avoir comme conséquences sur le développement de nos milieux respectifs.

Le média social www.zonegrippeaviaire.com, un site regroupant près de 500 utilisateurs répartis dans une trentaine de pays, a cogné à la porte du gouvernement du Québec en mars dernier afin de faire reconnaître le rôle des citoyens dans les préparatifs pandémiques du Québec. Aux États-Unis, ce rôle est déjà reconnu et soutenu.

Le 17 juin dernier, le gouvernement du Québec a fait savoir que la sphère du Flublogia (et le site Zonegrippeaviaire) ne seraient pas reconnus «parce que nous ne voulons pas reconnaître les autres (domaines des médias sociaux)».

Un document, obtenu le 25 juillet dernier par Zonegrippeaviaire par le biais de la loi sur l’accès à l’information, intitulé «Les médias sociaux et la communication du risque», conclut qu’il ne vaut pas la peine de dépenser ni temps ni argent dans les applications de Web 2.0, parce qu’elles manquent de maturité et de crédibilité.

Pourtant, dans ce même document, les recommandations du Centre pour la biosécurité de l’Université de Pittsburg, encourageant les autorités gouvernementales à concerter la communauté lors de la prise de décision et l’élaboration des préparatifs entourant la gestion d’une crise, y sont mentionnées (Community Engagement: leadership tool for catastrophic health event):
«L’infrastructure civique – composée de la sagesse publique collective et de la capacité de la collectivité à résoudre des problèmes – est essentielle à la bonne gestion d’un événement de santé publique [comme une pandémie]. […] Le dialogue, mettant à profit les savoirs individuels et la sagesse collective, peut contribuer à l’élaboration de meilleures politiques de santé publique et améliorer la faisabilité, la fiabilité et l’acceptation des plans d’action mis sur pied. […] Les connaissances et l’expérience vécues par les individus contribuent aussi à consolider la faisabilité des plans d’urgence sur le plan logistique, mettant de l’avant des solutions et idées originales et novatrices.»
Alors que nos voisins du sud innovent, se développent et s’appuient sur la participation des citoyens pour améliorer les mesures mises en place, ici, au Québec, les autorités sont frileuses. Les planificateurs refusent d’intégrer les citoyens dans le processus des préparatifs en vue d’une pandémie, sous prétexte de ne pas vouloir reconnaître «les autres».

Cela en dit long sur la tendance au contrôle des citoyens qui utilisent Internet pour influencer les politiques. Le résultat est que nous n’avançons pas. Nous sommes figés dans l’inertie, et cela s’avère très dangereux devant la menace d’une pandémie imminente. Le Canada est considéré comme étant le moins bien préparés à une pandémie parmi les pays développés. Amir Attaran, occupant une chaire de droit à l’Université d’Ottawa, a déclaré le 12 juin dernier: «Vous feriez mieux d’être une oie canadienne plutôt qu’une personne canadienne au cours d’une flambée de grippe aviaire, c’est embarrassant de le dire.» Ultimement, ce qui arrivera, c’est que les autres pays pourraient s’en tirer beaucoup mieux que nous lorsque la pandémie éclatera. Nous encaisserons un plus grand nombre de morts, nous subirons des dommages plus importants à l’infrastructure de la société et à notre économie.

Le refus de reconnaître «les autres» (domaines des médias sociaux) démontre par ailleurs une profonde suffisance à l’égard des citoyens, de même qu’un très regrettable penchant vers le totalitarisme. Ceci se veut donc un AVERTISSEMENT à tous les domaines du Web 2.0 évoluant au Québec. Je vous invite à prendre connaissance du document «Les médias sociaux et la communication du risque», et à évaluer, dans chacune de vos sphères d’activité, ce que signifiera pour le Québec le couperet qui est tombé sur nos têtes avec la décision du gouvernement du Québec du 17 juin dernier: «Nous ne voulons pas reconnaître les autres (domaines des médias sociaux)».


MISE À JOUR
- 31 juillet 2008 à 20 heures
COMMENTAIRE

Denis Paul van Chestein - 31 juillet 2008 à 6:17

"Ajoutons qu’il ne suffit pas de mettre le “Gouvernement en ligne” en donnant de succulents contrats à de grandes firmes telles Microsoft, pour lesquels les citoyens paieront de toute façon, pour démontrer son sens de l’innovation. Qui plus est, ces services de gouvernement en ligne agissent bien souvent comme tampon et détour de la même manière que les systèmes de répondeurs automatisés des grandes entreprises. Il y a à l’évidence, deux sortes de leaders; ceux qui font leur devoir et se posent les bonnes questions et qui finalement, auront le courage de nous proposer une vision, un plan de match: “Voici comment nous voyons les choses”. Avec ceux-là, on peut être d’accord ou pas mais au moins, ils ont quelque chose à proposer et il y a un débat qui fait avancer la société. Et il y a les autres, qui ne prennent aucun risque, qui attendent qu’on leur dise quoi faire et surtout, quoi dire!!! Avec ces derniers, point de vague sur la mer, mais aussi, point de salut!!! Aucun risque mais aucun gain
!"

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