Blogue de Lyne Robichaud

18 novembre 2008

Être ou ne pas être un «geek» de la communication marketing

Être ou ne pas être un «geek» de la communication marketing, et l’impact de cela, quand le gouvernement du Québec n'en est pas un, sur les communautés virtuelles et les préparatifs pandémiques du Québec

Paru le dimanche, 10 août 2008, dans la Gazette de Zonegrippeaviaire.com


Vanina Delobelle, dans un billet intitulé «Pionniers web 2.0? Plus trop…», explique que dans le domaine de la communication marketing, pour garder une longueur d’avance – si naturellement le but est de se positionner comme leader – il faut sans cesse parfaire ses connaissances.

La blogueuse compare le leader en communications marketing à un «geek». Wikipédia définit ce terme anglais comme étant un stéréotype décrivant une personne passionnée, voire obsédée, par un domaine précis, généralement l’informatique. Ce terme s'étend aujourd'hui de plus en plus fréquemment au monde du jeu vidéo.

Vanina Delobelle, quant à elle, applique le terme «geek» au monde de la communication marketing.
«Suivant chaque cycle de vie, indéniablement, la connaissance suit le même cycle de vie que celui des produits. Ainsi le geek, leader, afin de préserver sa position, va adopter des stratégies d'attaque telles que définies par Kotler:
  • Défense de position: renforcement de son savoir
  • Recherche de nouvelles utilisations: regroupement de connaissances, associations avec d'autres geeks, collaboration sur différentes initiatives.»
Philip Kotler, né en 1931 à Chicago aux États-Unis, est professeur de marketing international à la Kellogg School of Management de l'Université Northwestern. Kotler a largement contribué à fonder le marketing comme discipline académique. On lui doit également la formalisation du marketing mix, qu’il a largement vulgarisé, sur la règle dite des 4 P, ces quatre politiques qui définissent le produit au sens large et ses implications commerciales.

Or, et c’est ici que cela devient intéressant pour nous, les médias sociaux, si le modèle vulgarisé par Philip Kotler demeure l'un des fondements du marketing, certains auteurs ajoutent d'autres dimensions comme le Client ou encore plus récemment le «P» de participation, issu des techniques du Web 2.0, et plus particulièrement du Marketing 2.0.

Si ces éléments sont valables pour les entreprises, ils le sont également pour les administrations gouvernementales, quand vient le temps de communiquer leurs «produits», c'est-à-dire leurs politiques et mesures. Le «P» correspondant à la participation des «clients», dans le cas des gouvernements, les citoyens, fait donc partie de la réalité des communications des administrations gouvernementales, et cette réalité, même si elle dérange les pratiques établies, ne doit pas être ignorée par tout communicateur qui se respecte.

Le truc recommandé par Vanina Delobelle pour survivre aux nouveautés et de ne pas se retrouver un jour complètement dépassé, dans le domaine de la communication marketing, est de renforcer son savoir. Elle propose également de faire un regroupement de connaissances, d’effectuer des associations avec des leaders du domaine et de s’aventurer dans diverses initiatives.

Si je transpose les conseils de Vanina Delobelle au domaine de la l’information et des mesures d’urgence des préparatifs pandémiques, ils pointent vers l’exploration d’avenues de collaboration avec les communautés virtuelles, vers une mise en commun des connaissances avec la sphère du Flublogia et le site Zonegripeaviaire et vers des associations avec des leaders d’opinion ou même avec d’autres administrations gouvernementales, qui se positionnent comme des leaders dans leur manière de composer a) avec les médias sociaux; b) avec la gestion de la planification de pandémie.


RENFORCEMENT DU SAVOIR

Le renforcement du savoir a déjà été entamé par la direction de la coordination de l’information et des mesures d’urgence avec la rédaction du document «Les médias sociaux et les communication du risque». Nous pouvons observer un certain effort de développement des connaissances à propos des applications du web 2.0 et leur impact sur la gestion des préparatifs pandémiques. Il est regrettable que ce document ait dû être obtenu par la voie de la Loi sur l’accès à l’information, et qu’il n’ait pas été partagé par M. Yves Pépin avec la communauté virtuelle de Zonegrippeaviaire.

J'ai couvert hier le
concept de leader d’opinion dans les stratégies marketing et de communication, un billet basé sur les résultats de recherche de Younss Fejlaoui, dans l'étude intitulée Leadership d’opinion et communautés virtuelles: un état de l’art, du Centre de recherche en gestion, Institut d’administration des entreprises, Université des sciences sociales de Toulouse, en France. À mon avis, c'est le genre de réflexion et d'analyse qui auraient dû se retrouver dans le document «Les médias sociaux et les communication du risque», qui semble avoir délibérément ignoré les possibles avenues de collaboration avec les communautés virtuelles pour ne pas avoir à reconnaître la sphère du Flublogia et le site Zonegrippeaviaire.

Nous avons appris qu’un renforcement du savoir s’effectuait au sein du gouvernement du Québec, en ce qui a trait à la veille d’information sur la grippe aviaire. Le journaliste Denis Lessard de La Presse a obtenu, encore une fois par le biais de la Loi sur l’accès à l’information, l’information qu’il existerait un contrat pour un «portail veille pandémie» entre le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) et l'agence de communications BCP, dirigée par John Parisella, l’ex-directeur général du Parti Libéral du Québec. M. Yves Pépin a affirmé que ce portail «n’existait plus». Il a dit aussi qu’il y avait des gens au sein de son équipe qui avaient pour mandat d’effectuer une veille d’information. Pour quelles raisons les résultats de cette veille d’information ne sont-ils jamais publiés sur le site de Pandémie Québec, qui n’affiche quasiment rien dans sa section Actualités, me sidère. Pour quelles raison le gouvernement engage-t-il entre 775,000$ à 2 millions de dollars par année dans son contrat (renouvelable automatiquement) avec la firme BCP pour fournir des produits tels que le «portail veille pandémie» et des DVD sur la grippe aviaire, si la population ne voit jamais la couleur de ces outils-là, me sidère également. Quand on voit la quantité phénoménale d’informations qui sont affichées sur les sites gouvernementaux consacrés à l’influenza aviaire et aux préparatifs pandémiques des États-Unis (par exemple PandemicFlu) et d’autres nations, il y a de quoi s’interroger et se poser de sérieuses questions sur le travail effectué en cachette dans le dos des citoyens québécois par l’association MSSS/BCP.

Le HHS (Health and Social Services) diffuse des émissions portant sur les préparatifs pandémiques (intitulées PlanFirst Webcast Series), qui resssemblent à des émissions de télévision, avec un animateur, et plusieurs conférenciers, sur Internet.
La formule permet à n'importe quel citoyen de transmettre ses questions et de se faire répondre en direct par les conférenciers invités. Si le gouvernement des États-Unis se donne la peine de produire ces émissions, et de les diffuser sur son site Internet, pour qu'elles soient accessibles à tous les citoyens, pourquoi donc n'aurions-nous pas droit, au Québec, aux DVD sur la grippe aviaire qui sont produits par la firme BCP? Comment se fait-il que ces outils, qui sont j'en suis convaincue, d'une qualité exceptionnelle, ne sont-ils pas affichés sur les sites du MSSS et de Pandémie Québec?

S’il existe une quelconque forme de renforcement du savoir concernant la grippe aviaire au Québec, il serait nécessaire d’en apprendre davantage à ce sujet, sous quelle forme la veille d’information a-t-elle lieu, quel genre de rapports sont produits pour colliger ce qui ressort du travail de veille d’information, à qui sont envoyés ces informations, qui en prend actuellement connaissance, et par quel processus ces informations sont-elles intégrées dans la machine de gestion des préparatifs pandémiques. C’est une chose de dire qu’il s’effectue un travail de veille d’information, mais c’est une autre chose de constater qu’il y a des résultats de ce travail de veille, et que cela se transpose ultimement par une redéfinition constante des mesures et un souci de mise à jour des plans et politiques de gestion des mesures d’urgence en temps de pandémie. Davantage de transparence serait nécessaire de la part du gouvernement du Québec dans ce domaine, pour que nous puissions évaluer la pertinence et l’efficacité de l’application des résultats de la veille d’information sur la grippe aviaire dans les préparatifs pandémiques du Québec.


REGROUPEMENT DES CONNAISSANCES

Le regroupement des connaissances n’a pas lieu en ce moment, en raison du refus de M. Yves Pépin de Services Québec de reconnaître le rôle de la sphère du Flublogia et le site Zonegrippeaviaire comme solution à l’amélioration des préparatifs pandémiques du Québec. Les 20,000 messages affichés par les utilisateurs de Zonegrippeaviaire contiennent une foule d’informations, d’analyses et de commentaires, dont pourrait bénéficier le gouvernement du Québec, mais également les citoyens québécois, si ce travail était porté à leur connaissance par le biais de campagnes de communication et de sensibilisation.

Le regroupement de connaissances, au lieu de consister à intégrer une quelconque application web 2.0 dans le site officiel gouvernemental existant Pandémie Québec, comme cela est analysé dans le document daté de mai 2008 «Les médias sociaux et la communication du risque», aurait pu consister à explorer des terrains de collaboration avec la communauté virtuelle Zonegrippeaviaire et voir quelles auraient pu être les manières de soutenir le travail d’information, de sensibilisation, d’échange, d’analyse et d’empowerment effectué par les nombreux utilisateurs du site. Sans avoir à intégrer la totalité des contenus de Zonegrippeaviaire dans le site de Pandémie Québec, il aurait pu être possible de faire pointer un hyperlien dans Pandémie Québec vers Zonegrippeaviaire.


S’AVENTURER DANS DIVERSES INITIATIVES

On ne fait pas que chialer dans la communauté virtuelle de Zonegrippeaviaire. Des démarches positives sont entreprises chaque jour, des partenariats et collaborations ont été mis en place, et le gouvernement du Québec, s’il se donnait la peine de reconnaître la pertinence et la valeur de la sphère du Flublogia et le site Zonegrippeaviaire, pourrait plonger facilement et rapidement dans des nouveaux projets et bénéficier du travail de réseautage effectué par plusieurs utilisateurs de la communauté virtuelle de Zonegrippeaviaire.

Par exemple, en termes de diverses initiatives, il a été proposé par Zonegrippeaviaire à M. Yves Pépin de Services, de collaborer au projet de partenariat avec le comté de Lewiston-Nez Perce en Idaho, aux États-Unis, pour la traduction en français des contenus du site de conseils en préparatifs individuels Get Pandemic Ready. Le comté de Lewinston-Nez Perce a autorisé Zonegrippeaviaire à traduire les contenus de Get Pandemic Ready. Nous avons la chance d’avoir parmi nos utilisateurs une traductrice professionnelle, sugarquill, qui effectue un travail de traduction de qualité exceptionnelle. Je vous invite à consulter ses traductions des contenus de Get Pandemic Ready. Le gouvernement du Québec aurait pu s’associer au projet à plusieurs niveaux: en soutenant financièrement le projet de traduction; en allant chercher la participation du gouvernement fédéral canadien; en allant solliciter la collaboration d’autres pays francophones du monde à un effort collectif de diffusion de l’information; en affichant son partenariat sur le site de Pandémie Québec; en encourageant les citoyens québécois à suivre les conseils proposés par Get Pandemic Ready dans le but d’augmenter leur autonomie face à la menace d’une pandémie.

En refusant de reconnaître la sphère du Flublogia et le site Zonegrippeaviaire, le gouvernement du Québec perd l’occasion de développement d’une possible association avec un des leaders mondiaux du domaine des préparatifs pandémiques, le comté de Nez Perce. Ce comté, à ma connaissance, est le plus avancé au monde dans ses recommandations, conseils, réflexions et planification communautaire du domaine des préparatifs pandémiques. Le fait de pouvoir travailler avec leur équipe, de rencontrer Melvin Johnson, le directeur de la gestion des mesures d’urgence, aurait certainement bénéficié au gouvernement du Québec.

Par ailleurs, le comté de Lewiston-Nez Perce a poussé récemment encore plus loin ses réflexions et sa planification pandémique avec la sortie récente d’un nouveau guide. Michael Coston a rapporté qu’un nouveau guide pour développer des équipes de secours dans le voisinage [NET, ou Neighborhood Emergency Teams] a été publié par le comté de Nez Perce:
«La capacité de chaque communauté de monter un contrôle quotidien de ses citoyens, de porte-à-porte, pendant un désastre prolongé tel qu'une pandémie sera primordial si le nombre maximum de vies doit être sauvé. Pour la plupart des communautés, des volontaires [ou bénévoles] seront nécessaires. À cet effet, une réponse organisée et sanctionnée est souhaitable. Le comté de Lewiston-Nez Perce, Idaho fait ce que chaque communauté devrait faire. Ils instruisent activement leurs résidents au sujet de la menace d’une pandémie, leur enseignent les qualifications qu'ils auront besoin pour survivre, et encouragent les citoyens volontaires à aider dans un désastre. Maintenant que leur cadre a été publié, et rendu disponible gratuitement à chacun, il incombe à d'autres communautés de suivre le mouvement.»
Voilà donc une occasion ratée pour le gouvernement du Québec.

Un autre exemple de diverses initiaves est survenu eu de temps après la décision du 17 juin de ne pas reconnaître le rôle de la sphère du Flublogia dans les préparatifs pandémiques du Québec, Zonegrippeaviaire a pris contact avec un autre leader du domaine des préparatifs pandémiques, le comté de Seattle et King, également aux États-Unis. Leur équipe de santé publique a développé un projet de bande dessinée intitulée «No ordinary flu» dans le but de promouvoir les préparatifs en vue d’une pandémie. Le département de la santé publique de Seattle – King County, a été au premier rang de l'éducation et de l'état de préparation pour la pandémie pendant des années. Le 24 juillet dernier, Michael Coston a rapporté qu’ils ont «lancé quelque chose de vraiment unique, une bande dessinée de 12 pages sur la grippe espagnole de 1918, avec plusieurs pages d'information sur l'état de préparation pour la prochaine pandémie.» Cette bande dessinée a été traduite par Seattle – King County en 12 langues différentes, mais malheureusement pas en français.

En collaborant avec Zonegrippeaviaire à un projet de traduction de «No ordinary flu» en français, le gouvernement du Québec aurait bu bénéficier du savoir-faire de cette équipe de leaders et de modèle d’excellence dans le domaine des préparatifs pandémiques, et les citoyens québécois auraient pu avoir à leur disposition un outil vulgarisateur par excellence, une bande dessinée, pour aider à sensibiliser leurs proches, amis et connaissances, à l’éventualité d’une pandémie, et renforcer la résilience des individus et communautés.

Voilà donc une autre occasion ratée pour le gouvernement du Québec.

D’autres diverses initiatives sont présentement développées par Zonegrippeaviaire, et de nouvelles collaborations prennent forme. Ces occasions seront toutes ratées par le gouvernement du Québec, parce qu’il ne veut pas composer ni travailler avec la sphère du Flublogia et la communauté virtuelle de Zonegrippeaviaire.

Finalement, cela fait beaucoup d'occasions ratées pour le gouvernement du Québec.

Aucun commentaire:

 
TwitterCounter for @Lyne_Robichaud