Blogue de Lyne Robichaud

18 novembre 2008

Nabarro: Le contrôle du H5N1 endémique nécessite d’adopter une approche élargie du système alimentaire

Paru le lundi, 17 novembre 2008, dans la Gazette de Zonegrippeaviaire.com


David Nabarro. Photo source

Lors d’une conférence prononcée le 13 novembre dernier par David Nabarro, coordonnateur du système des Nations Unies pour la grippe, au Centre for Strategic and International Studies, il a été question d’une foule d’éléments et stratégies de développement des préparatifs pandémiques, qui permettraient d'arriver à combler l'écart de 60% de l'objectif général de l'état de préparation mondial en vue d'une pandémie.

Ces deux dernières années, le nombre de pays ayant déclaré des foyers d’infection d’influenza aviaire s’est considérablement réduit. Cela pourrait être attribuable à de plus amples préparatifs en vue d’une pandémie, à un système de surveillance plus développé, ou encore à une quelconque transformation du virus qui pourrait être en train de couver. Car avec l’influenza, on ne sait jamais trop à quoi s’attendre...

Toutefois, la présente situation, avec le H5N1 passablement bien contrôlé dans la majorité des pays, à l’exception des endroits où il a été déclaré endémique, permet de resserrer l’approche de contrôle du virus et de concentrer les efforts et interventions aux emplacements où le contrôle s’est avéré plus difficile jusqu'à ce jour.

Là où la maladie est endémique, appliquer la traditionnelle stratégie d’abattage et de compensation des fermiers dont les élevages sont touchés par le virus, n’est de toute évidence plus suffisante pour contrôler l’influenza aviaire. Par ailleurs, cette stratégie prive des millions de gens, qui vivent souvent avec des ressources extrêmement limitées, d’avoir accès à une source de protéines et d’être privés de revenus. Il s’avère que cette approche ne peut être soutenue dans les pays avec H5N1 endémique, étant donné que les gouvernements et les citoyens pourraient ne pas être en mesure de l’endosser pour des raisons évidentes et fondamentales de lutte pour la survie.

Il semble donc se développer un consensus pointant vers une approche progressive s'appuyant sur l’économie de la maladie. Il n’y a pas eu à ce jour d’incitatifs économiques majeurs pour les pays aux marchés d’exportation avicole peu développé, qui auraient pu les pousser à maintenir un environnement dépourvu de la grippe aviaire.

Cette nouvelle approche des préparatifs pandémiques ne consisterait donc désormais plus à simplement détruire les élevages infectés (ou potentiellement infectés) par la grippe aviaire, mais à protéger l’investissement (dans le secteur avicole).

Nous pouvons donc assister à un changement de mentalité: une différente logique semble se profiler à l’horizon.


Toutefois, David Nabarro a indiqué qu’une problématique majeure devait être d’abord solutionnée avant de pouvoir régler celle du H5N1 endémique: il s'agit du mauvais fonctionnement du système alimentaire. «Il y a des éléments de notre système alimentaire qui ne fonctionnent pas, en particulier pour les populations sous le choc de catastrophes naturelles ou autres».


Photo source

Il a rappelé que l’impact de l’augmentation des prix du riz, du blé et du maïs a été dévastateur pour les gens les plus démunis de la planète. Ces personnes ont soudainement dû faire face à une facture beaucoup plus lourde des denrées alimentaires, alors qu’elles dépensaient déjà 60% de leurs revenus pour se nourrir. Cela a créé une situation désespérée, conduisant dernièrement au constat qu'il y a désormais un milliard de personnes sous le seuil de pauvreté dans le monde.

«Afin d’arriver à mieux soutenir les fermiers de petites entreprises avicoles à combattre le virus de l’influenza aviaire, nous devons d’abord adopter une approche élargie de la nutrition, l’alimentation et l’agriculture dans le monde», a-t-il déclaré.

«Nous demeurons extrêmement préoccupés qu’une crise économique puisse avoir un impact dévastateur sur la crise alimentaire mondiale», a conclu David Nabarro.

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