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Un autre billet de Jay Deragon a attiré mon attention aujourd’hui. [Je trouve ce gars carrément génial! Que voulez-vous, je consulte chaque jour son blogue avec ferveur et respect.] Le blogueur fait allusion à un autre billet controversé, mais cela est une autre histoire… Dans ‘Are You Tired of Web 2.0 Yet?’, les commentaires de Deragon m’intéressent davantage que les propos cités de Dennis Howlett.
Deragon explique la différence entre le ‘soft’ et le ‘hard’: «Historiquement, tout ce qui avait rapport avec les gens, la culture, les communications et la satisfaction a été catalogué comme étant ‘soft’. Alors que la gestion des résultats financiers, peu importe leurs actions ou leur méthodes, a toujours été considéré comme étant ‘hard’».
En français, ces éléments sont plutôt difficiles à traduire. On ne peut certainement pas parler du ‘mou’ et du ‘dur’ (oh non, cela pourrait pousser certains à divaguer vers des pensées impures). Je pense que Jay Deragon parle plutôt de choses ‘intangibles’ vs ‘concrètes’.
Là où je trouve que Deragon devient vraiment intéressant, c’est lorsqu’il se met à parler de la difficulté qu’éprouvent les «hommes» à composer avec l’intangible. «Il est difficile pour les leaders, principalement les leaders de sexe masculin, à la fois d’admettre et de composer avec efficacité avec les choses ‘intangibles’, parce que les éléments fondamentaux des solutions appropriées sont essentiellement orientés socialement.»
La suite du raisonnement de Deragon est encore plus intéressante: «Le top dix des défis et solutions ‘sociales’ exigent la coopération, la collaboration, le consensus et la gestion des «processus des gens». La plupart des entreprises souffrent aujourd’hui de division sociale, interne et externe, entre les gens, les besoins et les progrès.»
N’est-ce pas incroyable? Ce que Deragon raconte ici, c’est qu’il s’offre à nous une chance de solutionner de nombreux malaises au sein d’entreprises (et pourquoi pas de gouvernements et de sociétés) et maux sociaux, à condition que les leaders (j'insiste sur le fait que le blogueur précise «de sexe masculin») réussissent à maîtriser des choses intangibles, comme les rapports entre les gens, la culture, et les communications.
Et le Web 2.0 pourrait s’avérer un outil, même une solution!
Deragon cite en conclusion de son billet Devin Stewart, directeur des politiques d'innovations globales, au Carnegie Council: «D'un point de vue éthique, le Web 2.0 offre le potentiel de dissoudre les fausses divisions existant entre les gens - qu'il s'agisse de nations et de communautés, de producteurs et de consommateurs, ou encore de travail et de capital.»
Dans un contexte de préparatifs pandémiques, si je transpose les propos de Deragon, je retiens que les leaders (parlons des deux sexes, pour être plus poli et politically correct), seront appelés à jongler avec de nouvelles données intangibles, maintenant que le 4e Rapport intérimaire mondial sur la gestion de la grippe aviaire (voir le Synopsis en français) recommande une préparation multisectorielle (sociale, économique et politique). Jusqu’à présent, la planification de pandémie a essentiellement porté sur le domaine de la santé. Bien entendu, toute planification de pandémie comporte une très grande part d’intangible! Mais le fait que la dimension sociale soit maintenant incluse dans les directives des agences onusiennes ouvre la porte à une panoplie de nouveaux éléments de planification. Dorénavant, les planificateurs de pandémie seront appelés à faire preuve de plus de créativité dans leur planification et gestion de pandémie.
La phrase suivante, provenant du Synopsis du 4e Rapport intérimaire mondial sur la gestion de la grippe aviaire, résume avec remarquablement peu de mots toute l'ampleur de l'art de l'intangible, dont devront réussir à maîtriser avec brio les planificateurs de pandémie: «Des études ont confirmé que la traduction de la prise de conscience et de la connaissance sous la forme d’une modification efficace du comportement reste un défi.» (Synopsis, paragraphe 18). Plus intangible que cela comme défi, ce serait difficile à imaginer...
Je voudrais par ailleurs porter à votre attention que les leaders chargés de la planification de pandémie au Canada et au Québec sont majoritairement de sexe masculin. Entre autres:
> M. Tony Clement, ministre fédéral de la SantéAutre fait intéressant, plusieurs leaders d'opinion à la tête de médias sociaux de la sphère du Flublogia sont des femmes:
> M. Yves Bolduc, ministre provincial de la Santé et des Services sociaux (Québec). L'ex-ministre de la Santé était aussi un homme: Philippe Couillard.
> Dr David Butler-Jones, premier administrateur en chef de la santé publique du Canada, dirige l'Agence de la santé publique du Canada
> Dr Alain Poirier, directeur national de santé publique (Québec)
> Dr Horacio Arruda, directeur de la protection de la santé publique (Québec)
> M. Michel C. Doré, coordonnateur gouvernemental de sécurité civile, sous-ministre associé à la Direction générale de la sécurité civile et de la sécurité incendie du ministère de la Sécurité publique
> M. Yves Pépin, directeur de la coordination de l'information des mesures d'urgences, Services Québec
> M. Martin Simard, coordonnateur, comité interministériel de pandémie, ministère de la Sécurité publique
> M. John Parisella, ex-directeur général du Parti libéral du Québec, président de la firme de communications BCP, recevant jusqu'à 725,000$ par année pour produire des plans de communication, des documents d'information et effectuer une vigie médiatique en cas de pandémie. Il gère notamment le «portail veille pandémie», accessible à uniquement 20 employés du ministère de la Santé du Québec. D'ailleurs, son contrat, qui a été renouvellé ces trois dernières années, se termine le 10 novembre prochain. D'après vous, sera-t-il encore renouvelé cette année?
Il paraîtrait que le style de blogue n’est pas le même pour les hommes et les femmes. C'est ce qu'a indiqué Jennifer Keelan, lors d'une réunion de chercheurs canadiens travaillant sur le projet CanPrep. Qu’en est-il du style de gestion de pandémie? En tout cas, pour les questions sociales intangibles, les messieurs leaders chargés de la planification multisectorielle de pandémie, auraient peut-être intérêt à convier quelques dames à leur table de travail, et même à leur confier des responsabilités clé.> Mme Anne, un des piliers de InfluenzaH5N1, situé en France
> et moi-même, Lyne Robichaud, éditeur de Zonegrippeaviaire, situé à Trois-Rivières, au Québec, Canada.
Nul besoin d'aller creuser très loin pour constater que les femmes ont en tête des préoccupations et des responsabilité familiales différentes de celles des hommes. Ce sont la plupart du temps les femmes qui s'occupent de l'approvisionnement en nourriture et autres biens de consommation. [Des hommes font l'épicerie, mais dressent-ils chaque semaine la liste d'épicerie?] Combien d'hommes sont capables d'indiquer - de mémoire - le nombre exact de rouleaux de papier de toilette ou de boîte de haricots en conserve qu'il reste dans le placard ou le garde-manger? Combien reste-t-il exactement d'argent dans la jarre à biscuits à la maison? On s'en fiche pas mal, pourriez-vous me rétorquer! Mais attendez! Ce genre de détail est important en planification individuelle. Avez-vous fait l'exercice de stocker pour au moins trois mois de vivres et de biens essentiels en vue d'une pandémie? Essayez, pour voir! Vous verrez que cela requiert des compétences organisationnelles avancées... comme bien souvent les femmes arrivent à le faire avec brio et ingéniosité dans leur vie familiale quotidienne.
Ce sont les femmes qui gèrent également, en majorité, les rendez-vous et suivis médicaux des membres de la famille. Ce sont majoritairement les femmes qui tiennent le rôle d'aidantes naturelles et qui apportent du soutien à des proches. Ce sont aussi les femmes qui gèrent la plupart des éléments logistiques qui concernent la résidence. Les femmes ont un don inné pour les multitâches et la gestion familiale. Les femmes pensent à des tas de détails en même temps qu'elles accomplissent plusieurs tâches. Elles femmes sont capables de jongler avec une multitude d'éléments à planifier, sans jamais échapper le moindre morceau du casse-tête, et souvent avec des budgets mensuels serrés et des ressources réduites.
Ce ne sont là que quelques exemples très terre-à-terre de dimensions sociales qui devront être intégrées par les planificateurs de pandémie. C'est une chose d'en parler, mais c'est autre chose que de pousser des millions de personnes à passer à l'action. Pour une participation citoyenne aussi élémentaire que le vote, la dernière élection fédérale n'a généré qu'un taux de participation de 58% des électeurs canadiens. D'après moi, les campagnes de sensibilisation, pour inciter les individus et les ménages à se préparer massivement à une pandémie, devront tenir compte de cette réalité, lorsque viendra le temps de formuler les stratégies et les messages.
La solution garantissant le succès de la prochaine ronde de planification pandémique m'apparaît comme étant d'une simplicité quasi déconcertante: intégrez plus de femmes dans vos équipes de travail, et vous arriverez peut-être à inclure davantage de 'soft' ou d'intangibles éléments sociaux dans votre planification multisectorielle de pandémie. Au fond, ce n'est peut-être pas si bête que cela! Et si ça marchait? Cela vaudrait le coup d'essayer, n'est-ce pas?
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