Le 13 novembre dernier, le Centre for Stategies and International Studies a invité David Nabarro (coordonnateur du système des Nations Unies pour la grippe) et l'ambassadeur John E. Lange (responsable de l’engagement des États-Unis avec les gouvernements étrangers et organisations internationales, pour aider à se préparer à la menace de pandémie) à parler de l’avancement et des défis des préparatifs de pandémie (visionnez la vidéo de cette conférence) .
Lors de cette conférence, d’une durée de 90 minutes, le premier leader en matière de préparatifs pandémiques fait le point sur la situation, quelques semaines après l’avènement de la 6ième Conférence ministérielle internationale sur l'influenza aviaire et l'influenza pandémique, qui s’est tenue à Sharm El-Sheikh, en Égypte, et à quelque temps d'une prochaine rencontre importante prévue en décembre à Genève, qui portera sur le partage des souches du virus de l'influenza aviaire.
Non seulement David Nabarro a-t-il remarquablement fait le tour de la situation mondiale – dans un contexte de crise économique -, mais il s’est avancé pour chiffrer (en pourcentage) l’avancement des efforts mondiaux des préparatifs pandémiques, une estimation qui à ma connaissance n’a encore jamais été publiée.
Répondant aux interrogations de J. Stephen Morrison, directeur, politiques de santé mondiale, au Centre for Stategies and International Studies, il a déclaré qu’il évalue à 40% de l'objectif global l’état de préparation mondiale en vue d’une pandémie. Il a précisé qu’il est en mesure de défendre cette estimation, qui s’appuie sur les travaux réalisés dans le cadre du 4e Rapport intérimaire mondial sur la gestion de la grippe aviaire, en particulier sur les quelque 35% des pays préparés avec plans de pandémie ayant été testés.
Par ailleurs, David Nabarro a indiqué que les agences internationales avaient préparé un certain nombre de plans, qui seront mis en oeuvre en 2009, et qui devraient provoquer davantage de préparation. Il entrevoit que l’état mondial de préparation pourrait alors grimper à 60%, voire 70%, de l’objectif global.
Toutefois, il a souligné que l’état mondial de préparation demeure «très inégal». Il a mentionné l’Australie et Singapour comme ayant développé à un degré avancé leurs préparatifs. Il a indiqué que certains secteurs, tels que le secteur financier et le tourisme, ont tendance à être mieux préparés, étant donné qu’ils ont eu quelque mauvaise expérience avec le SRAS. Les militaires investissent davantage que d’autres dans les préparatifs de pandémie, de même que les pays ayant été touchés par l’influenza aviaire.
Les préparatifs en vue d’une pandémie ont d’énormes capacités de renforcement des systèmes de santé publique. La préparation à une pandémie demeure, aux yeux de David Nabarro, malgré un contexte de crise économique, un élément vital de sécurité nationale. Il insistera donc au cours des prochains mois pour que le financement des nations des activités de préparation à une pandémie soit maintenu. Mais il sait pertinemment qu’il pourrait avoir à se battre pour éviter des coupures budgétaires.
David Nabarro a également parlé des trois éléments entérinés par les 120 pays ayant participé à la Conférence de Sharm El-Sheikh:
> Poursuivre les efforts, avec une préparation multisectorielle, sociale, économique et politique. Au sein des pays, entre les pays, et avec les agences internationales. Nabarro a insisté sur ce point: cela nécessitera une action mondiale de même qu’un engagement considérable de groupes non gouvernementaux.Pourquoi devrions-nous être préoccupés par une pandémie? David Nabarro est conscient qu’il existera toujours des pressions pour financer des projets concurrents. Néanmoins, il a déclaré que le monde ne peut se permettre de délaisser les préparatifs de pandémie, puisque l’impact d’une pandémie s’avère tout simplement trop important. «Même en ces périodes tumultueuses, nous ne pouvons courir ce risque », a-t-il déclaré.
> Soutenir les efforts pour contenir le virus de la grippe aviaire, et ultimement, en venir à l’extermination du H5N1.
> Entreprendre des actions à long terme afin d'intervenir dans le cadre d'autres maladies émergentes.
David Nabarro a également souligné le remarquable leadership des États-Unis: «Lorsque l’histoire sera écrite, il s’avèrera évident qu’une des influences majeures concernant les efforts sera provenue des États-Unis.»
John Lange. Photo source
John Lange, quant à lui, a déclaré: «Aucune nation, incluant les États-Unis, n’est vraiment prête pour une pandémie».
«Comment pouvons-nous ne pas nous préparer pour quelque chose de cette ampleur?», s'est-il interrogé.
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