Blogue de Lyne Robichaud

18 novembre 2008

Problématique des masques: «Je préfère conduire une Cadillac plutôt qu’une Volkswagen», compare Michael Coston

Paru le lundi, 12 mai 2008, dans la Gazette de Zonegrippeaviaire.com


Cadillac. Photo source

Lors d’une interview ayant été diffusée en direct le 12 mai sur les ondes de Radio Sandy Springs à Atlanta, aux États-Unis, Michael Coston (Fla_Medic), le blogeur floridien (voir son site Avian Flu Diary consulté par des visiteurs de 70 pays) passé maître en questions de préparatifs individuels en vue d’une pandémie, a utilisé la métaphore des voitures pour faire comprendre aux auditeurs que le choix des masques de protection N-95, par rapport aux masques chirurgicaux, était plus approprié.

Le blogeur nous a répété à plusieurs reprises dans son site Avian Flu Diary à quel point le débat sur les travailleurs de la santé lui tient à cœur, étant donné qu’il est lui-même un ex-ambulancier, et que la majorité de ses amis travaillent dans le milieu de la santé. Dernièrement, il nous informait qu’un récent sondage réalisé par le site Allnurses.com a révélé que plus de 50% des travailleurs de la santé refuseront de travailler si jamais l’approvisionnement en masques venait à cesser. [Voir «Le débat des travailleurs de la santé continue».]

Or, dans notre contexte d’économie de «juste-à-temps», de nombreux experts scientifiques ont averti que dès le début d’une pandémie, nous allons probablement manquer de tout, incluant des équipements de protection personnelle pour les travailleurs de la santé. Michael Coston a mentionné dans un blogue que personne ne s’attend à ce qu’un pompier se jette dans un immeuble en feu sans vêtements de protection. Alors, personne non plus ne devrait s’imaginer (en particulier les planificateurs de santé publique et les décideurs), que les travailleurs de la santé iront travailler au péril de leur vie, si jamais l’équipement de protection approprié venait à manquer. Les masques chirurgicaux ne protègent pas suffisamment des infections. Bien qu’ils coûtent moins cher, ils constituent un très mauvais choix, non politically correct, peut-on entrevoir, car le stockage de ce type d’équipement par des établissement de santé envoie le message aux travailleurs de la santé que leur vie ne compte pas à leurs yeux.

Une autre raison pour constituer des réserves stratégiques d’équipements appropriés de protection personnelle est l’anticipation d’une réaction du grand public. En effet, imaginez un instant le très profond désarroi et l’incommensurable colère des citoyens, lorsqu’ils comprendront qu’ils ne pourront pas recevoir de soins professionnels en temps de pandémie, uniquement parce que les planificateurs et les décideurs n’auront pas planifié et n’auront pas décidé correctement AVANT la pandémie, s’ils ne constituent pas de réserves stratégiques d’équipements de protection personnelle à travers le pays.

Michael Coston a indiqué dans son interview radiophonique que pour les travailleurs de la santé, la question des masques chirurgicaux ne devait même pas être considérée. Cela ne se pose tout simplement pas pour des raisons évidentes pratiques et éthiques. Toutefois, en ce qui concerne les individus, si pour certains, les masques N-95 s’avéraient trop onéreux, des masques chirurgicaux pourraient être utiles pour les scénarios de foule. Mais il a insisté sur le fait «qu’il n’y a aucune garantie que quelque masque que ce soit vous préviendra de contracter l’influenza. Nous pouvons mitiger le risque, mais nous ne pouvons pas l'éliminer».

Alors, que faire dans ce cas? Michael Coston a parlé de distanciation sociale. C’est à ce moment dans l’interview qu'il a introduit la suggestion de stockage d’une réserve d’eau, de nourriture et de biens essentiels, tel que recommandé par une étude réalisée dernièrement par des chercheurs de l’Université de Sydney (Bouée de sauvetage de vivres en cas de pandémie). Il a également recommandé de consulter le site Get Pandemic Ready, auquel il a donné un coup de main pour la constitution des contenus. Zonegrippeaviaire a annoncé récemment un partenariat avec Get Pandemic Ready. Vous pouvez consulter les traductions en français des contenus de ce site réalisées à ce jour ici.

Un fait intéressant a été soulevé par Michael Coston, à propos de l’éternelle problématique des gens qui font toujours tout à la dernière minute. Cette fâcheuse habitude pourrait mettre bien des familles dans l’embarras et en danger, si des gens persistent à appliquer cette philosophie à leur stratégie de préparation en vue d’une pandémie. Michael Coston a parlé de la situation qui prévaut en Floride, où inlassablement, des ouragans surviennent sur une base annuelle. Pourtant, environ 50% des gens ne se préparent pas et attendent l’annonce de l’approche du prochain ouragan pour se ruer en toute hâte dans les magasins et acheter les produits nécessaires pour passer à travers de la tempête. Et il ne s’agit souvent que de quelques jours, rien à voir avec les longs mois où perdurera une pandémie.

Nous avons pu observer, via divers sondages effectués par plusieurs pays, que grosso modo 9 à 11% de la population est actuellement sensibilisée à la menace d’une pandémie, et que le même pourcentage a répondu à diverses directives. Par exemple, en Suisse, moins d'un ménage sur dix s'est procuré les 50 masques recommandés par le gouvernement. Alors, si jamais des États se mettaient à intensifier leurs communications et recommandaient aux gens de stocker des vivres en vue d’une pandémie, combien de personnes répondront réellement à ces directives? On sait que même en Floride, là où il survient constamment des catastrophes naturelles, la moitié de la population est plutôt insouciante face aux situations d’urgence annuelles causées par les ouragans. Il pourrait arriver qu’un pourcentage équivalent soit observé pour les préparatifs individuels en vue d’une pandémie. Ce qui signifie qu’au moins la moitié de la population – et peut-être même davantage – pourrait souffrir de malnutrition sévère en temps de pandémie, et ce, dans un contexte où les gouvernements demanderaient à répétition aux citoyens de se préparer sur une base individuelle. Les gouvernements seront-ils en mesure de constituer des réserves stratégiques de nourriture pour répondre aux besoins en nutrition à long terme d’un pourcentage aussi élevé de population? Vous êtes-vous déjà posé la question: De combien de sacs de farine dispose actuellement l’Armée? Après avoir subsisté de peine et de misère de maigres galettes de farine pendant des mois, et souffert de la faim, en plus du fléau des infections causées par le virus pandémique, pouvez-vous imaginer ce qui pourrait se passer ensuite? Ces choses-là sont plutôt difficiles à visualiser, mais elles pourraient arriver, si nous ne déployons pas les efforts suffisants pour planifier en conséquence en vue d'une pandémie.

C’est pourquoi il vaut mieux se lancer dès maintenant dans des préparatifs individuels et collectifs. Michael Coston a d’ailleurs déclaré avec sagesse lors de son interview à la radio: «Les plans ne servent pas à grand-chose. Par contre, la planification, elle, fait toute la différence. Nous devons commencer à apprendre à être auto-suffisants.».

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