Blogue de Lyne Robichaud

18 novembre 2008

L’intérêt des chefs des partis politiques du Québec pour le Web 2.0 est inexistant

Le bruit commence à se répandre que l’intérêt des chefs des partis politiques du Québec pour le Web 2.0 est inexistant

Paru le mardi, 11 novembre 2008, dans la Gazette de Zonegrippeaviaire.com



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Nous sommes le jour 7 de la campagne électorale générale qui se déroule présentement au Québec. Les Québécoises et les Québécois se rendront aux urnes le 8 décembre prochain. Alors que les divers partis politiques se démènent pour séduire l’électorat, naturellement, vous devinerez qu’il n’est pas tellement question dans les discours électoraux de préparatifs pandémiques, et encore moins de reconnaissance des médias sociaux.

En ce qui a trait aux préparatifs de pandémie, on peut comprendre que le sujet fait peur, bien qu’il s’agisse d’une des 13 «questions urgentes» avec laquelle le président des États-Unis nouvellement élu, Barack Obama, ainsi que le Congrès américain, seront appelés à faire face au cours de la prochaine année. Une pandémie est la menace Numéro 1 des nations, a indiqué dernièrement l’Union européenne. Mais à peu près personne ne s’en préoccupe, ici, au Québec. Étant donné que la question a été à peine effleurée lors de la dernière campagne présidentielle des États-Unis, je ne m’attends guère à ce que le sujet enflamme des débats animés au Québec.

Mais la question des médias sociaux, quant à elle, mériterait d’avoir une place au sein des grands débats d’idées de la présente campagne électorale, car le Web 2.0 aura une incidence majeure et influence sur la société, et risque de modifier la manière dont se joue la démocratie.

Lorsque certains éléments ne se retrouvent pas dans les plate-forme des partis, plusieurs personnes profitent de ces temps électoraux pour mettre à l’avant leurs préoccupations.

Nous avons pu observer dernièrement un mouvement en faveur d’un plan numérique, piloté par Patricia Tessier, consultante en Stratégie et Marketing Internet, dont j’ai déjà parlé dans la Gazette de Zonegrippeaviaire. La lettre ouverte de Patricia Tessier, adressée au premier ministre, analyse la situation concernant l’économie numérique au Québec. En quelques jours seulement, le groupe «M. Charest, le Québec a besoin d’un plan numérique» a récolté de nombreux appuis et mentions sur Facebook et dans les médias.

Cela a même conduit à la création d’un wiki consacré à cette question, une initiative de Martin Comeau: www.unplannumeriquepourlequebec.com. Il est intéressant de voir que les revendications ont conduit à la mise sur pied d’un média social, comme solution collective qui permettra de «recueillir les suggestions, une façon efficace de définir un projet numérique rassembleur et collé à la réalité de la nation québécoise

Ces derniers jours, Patricia Tessier s’est penchée sur la relation des partis politiques aux médias sociaux dans son blogue.

Dans «Campagne électorale provinciale et Web 2.0» (publié le 10 novembre 2008), Patricia Tessier a d’abord défini en quoi consiste le phénomène des médias sociaux, avec statistiques à l’appui. La blogueuse nous confie par ailleurs une sorte de manuel d’instructions sur la façon de ce comporter dans cet univers virtuel

La blogueuse va plus loin aujourd’hui, dans «L’intérêt des chefs pour le 2.0 est inexistant!», et analyse la «présence anémique des partis politiques québécois sur les réseaux sociaux

Les habitués de ce site sont déjà au courant du déni des médias sociaux par l’administration Charest (car cela fait déjà six mois que j’en parle dans quasiment chacun de mes billets. Que voulez-vous, la situation me désole! Et alors que les mois passent, l'impasse gouvernementale persiste quant à elle, et les décideurs demeurent enfermés dans leur mutisme.

Je suis soulagée de constater que d’autres personnes se penchent elles aussi sur la position des autorités gouvernementales à propos du Web 2.0.


Qui sait? Peut-être qu'à force d'en parler et de dénoncer le manque d'intérêt des décideurs québécois, pourrons-nous arriver à modifier les mentalités et renverser les positions?

Voici les commentaires que j’ai affichés à la suite du billet signé aujourd’hui par Patricia Tessier:
Non seulement l’intérêt de l’administration Charest pour le Web 2.0 est-il inexistant, mais cette administration s’est prononcée contre les médias sociaux en mai dernier.

Un document rédigé en mai 2008 par Services Québec, obtenu par Zonegrippeaviaire.com par le biais de la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels, et intitulé «Les médias sociaux et la communication du risque», conclut:
«La majorité des applications du web 2.0 n’en sont qu’à leurs premières versions et comportent des lacunes importantes, notamment en matière de réglementation et d’éthique. Il est donc suggéré d’expérimenter «SANS TROP Y INVESTIR DE TEMPS ET ARGENT avant [qu’elles] aient atteint à la fois une plus grande maturité et une plus grande crédibilité.»
Le 17 juin 2008, M. Yves Pépin, directeur de la coordination de l’information et des mesures d’urgences de Services Québec, a déclaré que l’administration Charest ne reconnaîtrait pas la sphère du Flublogia, «parce que nous ne voulons pas avoir à reconnaître les autres médias sociaux.»

Cette décision va à l’encontre des recommandations du Centre de biosécurité et de bioterrorisme de l’Université de Pittsburg, aux États-Unis, qui sont pourtant mentionnées dans le document «Les médias sociaux et la communication du risque»:
«Une étude supportée par le National Center for the Study of Terrorism and Responses to Terrorism (START) des États-Unis a démontré qu’en situation de crise telle une pandémie, l’engagement de la communauté peut augmenter les capacités des dirigeants à gouverner durant la crise, améliorer l’utilisation et la distribution des ressources disponibles durant la crise et réduire les pertes et l’impact engendrés par la crise(32). Cette étude recommande donc aux gouvernements de favoriser non seulement la consultation, mais aussi l’engagement de la collectivité à titre de partenaire complémentaire aux grandes organisations publiques, tant pour la préparation de la crise que pour la gestion de la crise elle-même.

En effet, selon l’article Community Engagement: leadership tool for catastrophic health event, l’infrastructure civique, - composée de la sagesse publique collective et de la capacité de la collectivité à résoudre des problèmes, des associations volontaires qui se forment spontanément à partir d’intérêts communs ou pour la protection du bien-être collectif, ainsi que des associations de services sociaux qui veillent au bien-être de divers groupes sociaux – est essentielle à la bonne gestion d’un événement de santé publique. La mise à profit des capacités de l’infrastructure civique implique l’instauration d’un dialogue structuré entre les autorités publiques et la communauté, l’implication de la communauté dans la résolution des problèmes liés à la préparation et à la gestion de la crise, et la participation de la communauté pour ce qui est des actions posées pour prévenir, gérer et régler la crise.» [Monica SCHOCH-SPANA et all. «Community engagement: leadership tool for catastrophic health events», Biosecurity and Bioterrorism: Biodefense Strategy, Practice and Science, vol. 5, no. 1, 2007, p. 1]
L’administration Charest met délibérément des bâtons dans les roues pour empêcher l’apport des médias sociaux dans des dossiers d’importance capitale pour le Québec, tels que les préparatifs en vue d’une pandémie.

Je suis persuadée que de nombreux autres domaines au Québec pourraient bénéficier d’un avancement notable, si seulement les autorités gouvernementales québécoises se donnaient la peine d’accepter le changement, et cherchaient à créer des ponts avec les communautés virtuelles utilisant la technologie Internet des médias sociaux pour s’impliquer dans la résolution de problématiques collectives.

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