Une demande d'accès à l'information de Zonegrippeaviaire a été reçue le 17 juillet 2008 par le responsable de l'accès aux documents du ministère de la Sécurité publique. Cette démarche visait à obtenir un document s'intitulant "Rapport du comité interministériel de préparatifs en cas d'une pandémie d'influenza - Perspectives d'action pour 2008".
J'ai reçu le 27 août 2008 le "Plan d'action sommaire 2008-2009 provenant du Sous-comité de planification gouvernementale en cas de pandémie d'influenza".
Le Rapport interministériel concernant le plan gouvernemental «Pandémie grippale». Perspectives pour 2008 de la République française compte 90 pages.
Celui du gouvernement du Québec tient sur une page...
Dix projets sont identifiés.
Il y en a neuf en fait, mais pour faire un chiffre rond, j’ai compté la note en bas du document, concernant un focus-group portant sur le site Pandémie Québec qui doit avoir lieu à l’automne 2008, comme un projet à part entière. Cela aurait pu être un projet d'envergure, s'il avait inclus les médias sociaux... Yves Pépin m’avait informée de ce projet, mais je croyais qu’il allait se débrouiller pour trouver une manière de composer avec l’existence de la sphère du Flublogia entre temps. Ce qui n’est pas arrivé, comme vous le savez. Le 17 juin dernier il a tout simplement décidé de ne plus jamais avoir à nous parler, en décrétant que le Flublogia et le site Zonegrippeaviaire ne seraient pas reconnus pour ne pas avoir à reconnaître les autres médias sociaux. Le document «Les médias sociaux et la communication du risque» a fermé la porte jusqu’aux calendes grecques, le temps que les applications web 2.0 se développent à l’échelle de la planète. Si nous sommes chanceux, peut-être que le gouvernement du Québec daignera se pencher sur notre cas lorsque le monde entier passera en mode web 3.0? Donc le gouvernement va faire son petit projet de focus-group, et ignorer complètement l’existence du Flublogia et de la communauté virtuelle de Zonegrippeaviaire. Les 310 commentaires qui ont été produits jusqu'à présent par les utilisateurs de Zonegrippeaviaire à propos du site Pandémie Québec, des divers outils de sensibilisation développés par le gouvernement et des plans de lutte, ne seront pas pris en considération, parce qu’un fonctionnaire a décidé qu’il était moins compliqué de rejeter le Flublogia et de s’en tenir au plan d’action prévu, que d’essayer de composer avec les préoccupations de la population.
Un des projets du plan d’action sommaire est décrit comme une «actualisation du site Internet» (Pandémie Québec). La mise en ligne est prévue pour décembre 2008. Ce ne sera pas un luxe de revoir le contenu de ce site. Encore là, nous ne serons pas conviés à collaborer à ce projet-là.
Un autre projet consiste à «actualiser le plan gouvernemental et la mise à jour des outils». Il s’agit d’une révision des domaines de la santé, de l’agroalimentaire et des communications. Le document indique l’objectif suivant: «Faire évoluer le plan gouvernemental pour couvrir les cas de maladies infectieuses». Hein? Peut-être que je ne comprends pas bien, mais une pandémie d’influenza, n’est-ce pas en soi une situation de couverture de cas de maladies infectieuses? Peut-être qu’il s’agit d’autres maladies infectieuses secondaires ou parallèles aux vagues de la pandémie? Michael Osterholm, directeur du CIDRAP, a déclaré le 31 janvier dernier: "L'impact d'une pandémie de grippe, a-t-il dit, pourrait inclure des pannes massives d'énergie autour du monde, une montée subite d'autres maladies infectieuses mortelles, d'innombrables morts associées aux manques d'approvisionnement médical et de traitements, et davantage." Je doute que les planificateurs de pandémie du Québec soient des fans de Michael Osterholm et qu'ils aient pris connaissance de cette déclaration. Je voudrais tant me tromper. Si des travaux d'actualisation du plan gouvernemental sont prévus pour inclure la montée subite d'autres maladies infectieuses mortelles, comment se fait-il qu'il n'y ait pas de travaux pour tenter de trouver des solutions aux pannes massies d'énergie et au manque d'approvisionnement en général? Avec les trois phrases de description mentionnées dans le plan d'action concernant le projet d'actualisation du plan gouvernemental, il est difficile de se faire une idée de la direction que prendra les travaux. Il me semble que le projet formulé dans le plan d'action 2008-2009 est un tantinet simpliste, et qu'il manque grandement d'envergure.
Il n’y a pas l’air d’avoir de projet prévu pour pousser la réflexion sur l’impact d’une pandémie sur la société et l’économie, et pour tenter d’envisager comment réagira notre système d’approvisionnement juste-à-temps dans un contexte où il pourrait survenir de graves pénuries d’énergie et de main-d’œuvre.
Pas de travaux ne sont prévus non plus pour réfléchir aux réserves stratégiques, compter et vérifier si la réserve actuelle comporte suffisamment de produits, et ce qu’il faudrait y ajouter. Pas de réflexion sur la nécessité d’impliquer les communautés et les individus dans la constitution de réserves stratégiques.
Rien non plus n’est prévu pour comparer les travaux de préparation du Québec d’une région administrative à une autre, par rapport aux autres provinces canadiennes, et par rapport aux autres nations développées du monde entier.
Rien non plus n’est prévu pour mitiger la population. Aucun projet n’est prévu pour favoriser les préparatifs pandémiques individuels.
Il n’y a pas de réflexion prévue portant sur la mise à jour des interventions pharmaceutiques.
Il n’y a pas de réflexion prévue portant sur le développement des interventions non pharmaceutiques.
Il doit y avoir une liste impressionnante de choses qui devraient être mises en oeuvre dans les préparatifs pandémiques du Québec, que je n'ai pas mentionnées dans ce billet.
Le dernier projet du plan d'action 2008-2009 consiste en un «bilan de l’utilisation et des retombées des outils de sensibilisation développés et des activités réalisées dans la dernière année». Yves Pépin avait parlé d’un bilan gouvernemental. Je suis trop découragée pour tenter d’imaginer de quoi aura l’air ce bilan de l’utilisation et des retombées…
Si les planificateurs et les décideurs du gouvernement du Québec souhaitent que nous les prenions au sérieux, qu’ils commencent par travailler de manière plus adaptée aux préoccupations mondiales, avancées scientifiques et tendances mondiales de préparatifs pandémiques. Un programme d’échange culturel entre la République française, les Nations Unies et les États-Unis ferait sans doute le plus grand bien à nos planificateurs de pandémie. Ils gagneraient à se tourner vers l’extérieur et à observer comment travaillent d’autres administrations et d’autres États. Côtoyer des leaders les aideraient grandement à mieux orienter leur planification de pandémie.
Si l’enveloppe budgétaire ne permet pas aux planificateurs de se rendre à Paris, ou à Washington, notre communauté virtuelle aurait été enchantée de fournir de l’information et de pouvoir échanger avec les membres du comité de planification de pandémie. Cela n’aurait pas coûté très cher de tendre l’oreille aux préoccupations des citoyens québécois et d'admettre que plusieurs d'entre nous sommes capables de contribuer de manière positive au processus de planification pandémique. Comme la publicité de Mastercard l’indique , ce genre de dialogue véritable, «ça n’a pas de prix». Il est regrettable que nos planificateurs soient trop bouchés pour s’en rendre compte.
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