À l’école, ou lors de formations professionnelles, lorsqu’on nous demandait de s’évaluer et de s’attribuer une note, je ne sais pas pour vous, mais en ce qui me concerne, même si j’avais travaillé sans relâche, je ne me rappelle pas avoir osé me coller un «A». J’essayais de jouer d’un peu de modestie en me donnait un peu moins, étant convaincue que les «A» étaient destinés à l’élite parfaite qui composait le Panthéon, ou leur équivalent.
Un «A» signifiait qu’on avait atteint le summum de la perfection, un peu comme la gymnaste roumaine Nadia Comaneci, qui a remporté en 1976 cinq médailles d’or aux jeux Olympiques, et qui fut la première gymnaste au monde à avoir obtenu la note parfaite de 10. Cette performance était imprévue, c'est pour cette raison que les scores des juges ont notés 1.0 au lieu de 10.0, car le tableaux des scores n'était pas défini pour marquer cette note de 10 (à cette époque, tout ne marchait pas à coup d’électronique et d’ordinateurs). Je m’en rappelle encore de ces fameux jeux Olympiques, qui se sont déroulés à Montréal, au Canada, et cette notion d’exécution parfaite, une chose qu’on ne retrouvait guère que chez les virtuoses – des êtres quasi célestes qui émergent de temps à autre au fil des siècles, comme Leonard de Vinci, par exemple. Il n’était pas question que j’imagine une seconde pouvoir faire partie de ce clan, et c’est pour cette raison que je n’ai jamais osé m’attribuer moi-même un «A» parfait.
Il faut croire que bien de l’eau a coulé sous les ponts depuis 1976 et que le symbole d’excellence et de perfection Comaneci se soit quelque peu estompé dans l’esprit des gens. Cette semaine, le CDC d’Atlanta aux États-Unis a publié un rapport d’évaluation des préparatifs de situations d’urgence, et les médias ont rapporté des commentaires au sujet de la note «A»:
"Je pense qu'en termes d'efforts et de progrès, un "A" [pourrait être attribué], a déclaré le Dr Richard Besser des Centres de contrôle et de prévention de la maladie (CDC), lorsqu'il lui a été demandé de donner une note. "En termes de quantité de travail accompli, je dirais que cela a été absolument énorme." (Traduction par Phil de Zonegrippeaviaire de cet article d'Associated Press)Comme le fait remarquer Fla_Medic d’Avian Flu, «la remarque du Dr Richard Besser du CDC, "qu'un travail absolument énorme qui reste encore à faire", n'est pas exagérée.»
C’est bien joli de discuter des préparatifs pandémiques des États-Unis… quand on est Canadienne, me direz-vous. Mais de quoi voulez-vous que je discute en ce qui concerne les préparatifs de ma région administrative, de ma province, étant donné que nous n’avons aucune idée de l’état d’avancement des préparatifs. Il n’existe pas d’évaluation comparative des préparatifs de l’Abitibi-Témiscamingue par rapport à la Montérégie au Québec, ou encore de la province de l’Alberta par rapport à la province de l’Île-du-Prince-Édouard au Canada. Où chaque région administrative en est rendue, où chaque province en est rendue dans ses préparatifs, on n’en sait pas grand chose.
Au Québec, il semble ne pas y avoir un seul député de l’Opposition officielle qui s’intéresse à la question de la grippe aviaire et d’une éventuelle pandémie. Pas un qui pose des questions et qui demande où nous en sommes.
Au Canada, c’est à peu près pareil. Essayez pour le «fun» de contacter votre député ou l’Opposition officielle, et je serais curieuse d’entendre la réponse que vous recevrez, si jamais vous en avez une.
La triste réalité est qu’actuellement, il n’y a pas de voix pour questionner où nous en sommes rendus, pour demander des compte, pour pousser afin de faire bouger la machine. Nous n’avons pas la possibilité d’entendre jaser les autorités à se sujet et nous ne les observons pas non plus se coller des «A» et ni se taper dans le dos. Parce qu’on ne parle tout simplement pas de la grippe aviaire et de la possibilité d’une pandémie par ici. Est-ce un sujet tabou, me demanderez-vous? Je n’irais pas jusque là. Je dirais plutôt que c’est un sujet qui n’est pas abordé parce qu’à peu près tout le monde s’en fiche. Un fonctionnaire m’a dit dernièrement: «On ne parle pas de la grippe aviaire à la population parce que les gens sont tannés d’en entendre parler. On parle plutôt de toutes les maladies. On se prépare pour toutes les maladies et pas pour la grippe aviaire en particulier».
C’est dommage qu’on en soit rendus là. Tannés ou incapables de se parler des vraies affaires et tannés ou incapables de communiquer les véritables enjeux de la plus grande menace à laquelle aura à faire face notre société.
Peut-être les États-Unis ne sont-ils pas encore complètement préparés, et nécessitent-ils encore d’abattre beaucoup de travail pour arriver à leur but. Mais au moins, ils ont la chance d’être capables de s’évaluer et les citoyens américains reçoivent régulièrement des nouvelles à propos de l’avancement des travaux. On peut sourire en entendant parler des «A» ou de toute autre note de passage, mais lorsque vient le temps de transposer les efforts ici, au Québec, au Canada, il n’y a qu’une série de gros points d’interrogation qui surgissent, et aucune balise ou point de repère sur lesquels s’appuyer afin de se faire une idée du chemin déjà parcouru, et du nombre de kilomètres qui restent encore à parcourir avant d’arriver à destination.
Par ailleurs, je vous annonce que le rapport d'évaluation publié aujourd'hui par Zonegrippeaviaire, attribue la note de "A+" pour les efforts de sensibilisation déployés par les utilisateurs du site de Zonegrippeaviaire.com, qui ont travaillé sans relâche depuis la mise en ligne du site en juin 2007, afin de renforcer l'autonomie des citoyens face à la menace d'une pandémie d'influenza aviaire. Et ce, sans aucun appui à ce jour des autorités gouvernementales fédérale et provinciale. D'autres membres de gouvernements étrangers nous appuient dans nos démarches (certains sont devenus utilisateurs de ce site), mais pas encore ceux du Québec et du Canada. Espérons que ça viendra dans un avenir rapporché...
Aucun commentaire:
Publier un commentaire